1440 minutes

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editions d'autre part

vendredi 30 novembre 2012

je pense aux boniments du miracle


Le tableau est une réserve de cartouches. Le jardin lèche ses égratignures. La prairie allume un dernier pissenlit. La vigne dresse le procès-verbal des ecchymoses.

Araignée des siècles d’insomnies, infamies.

Un homme catapulte son âme au-dessus du pré de foire. Il détricote ses péchés en pelotes de peines. Ses paupières sont vert-de-grisées, ses poings sont usés, et ses genoux fragiles. Il pense à la tristesse des piétas de Cotolengo.

Il crache sur les boniments du miracle.

Il y eut une dent cassée au mécanisme des litanies. Il y eut un cliquetis de chapelet sur la table des factures. Il y eut des étrennes dérobées. Il y eut des chattes dégriffées.

Araignée des siècles d’insomnies, calomnies.

Je cause à une chapelle de mésanges dans le bouleau dénudé. J’armistice des cadavres de libellules pris dans le premier gel. Je découpe le ciel tombé dans la nuit. Je mange des spaghettis de comètes sauce pivoine. Je rêve de romans de cimetières où les feux follets s’habillent de strings en dentelles de brillants.

Une araignée de lupanar faufile des lumignons aux guirlandes.

Je pense aux tornades des mésaventures.

jeudi 29 novembre 2012

je pense à l'épanouissement des orties

Le tableau amidonne sa vareuse. Le jardin s’inquiète des brandebourgs. La prairie remonte le col en prévision des congères. La vigne s’encagoule.

Araignée de la première neige, cortège.

Un homme fait provision de sel. Il croque des baies de genièvre en effeuillant le calendrier des foires. Il fabrique des crécelles avec des pinces-à-linge et des ressorts de trappes à souris. Il les vendra pour la noël des gosses handicapés. Il pense à la poitrine accueillante de la cheffe éducatrice.

Il ricane de l’épanouissement des orties.

Il y eut un discours de pain d’épices. Il y eut une messe trisomique. Il y eut une quête sparadrap. Il y eut un père fouettard en préventive.

Araignée de la première neige, sacrilège.

Je descends dans la nef des bardanes et des rosa carmina. Je fais le suisse à la banque populaire. Je paie la dîme sur l’alcool avec des lingots de chocolat blanc. J’accuse réception des récriminations du ravi. Je rêve de romans liturgiques où les hosties de Pentecôte se couchent en bas résille sur la langue des paroissiens.

Une araignée grégorienne ficelle les quintes de l’orgue.

Je pense aux boniments du miracle.

dimanche 25 novembre 2012

je pense à la torpeur des drames de l'ennui

Le tableau se souvient des lignes de fuite. Le jardin renonce au grand soleil. La prairie joue à pigeon-vole avec les ombres des choucas. La vigne fomente une épidémie d’ivresse.

Araignée de l’ouverture du musée, névrosée.

Un homme cultive des vitamines dans le laboratoire du cœur. Il défragmente les missels d’indulgences. Il macère des formules d’antimoine dans le calendrier des prouesses. Il pense à un champ de course pour sprinteuses anabolisées.

Il détaille l’imagerie des torpeurs des drames de l’ennui.

Il y eut un faux départ. Il y eut des poitrines bardées de bandelettes. Il y eut des fesses en titane. Il y eut les yeux clos de la défaite.

Araignée de l’ouverture du musée, épuisée.

Je traverse l’imaginaire des cors des alpes dans les couloirs du sanatorium. Je franchis l’insolite du triangle et du fifre. Je ranime les braises des chansons du Rhône. Je mets en ligne des ronéotypes de partitions pour fanfares. Je rêve de romans de fêtes populaires où les théâtreux sont colporteurs et les conteuses, des gitanes.

Une araignée en costume soulève son sarrau et pisse debout.

Je pense à l’épanouissement des orties.

samedi 24 novembre 2012

je pense aux mauvaises pensées orphelines

Le tableau est une diagonale d’ardoises folles. Le jardin est un salmigondis de recettes assassines. La prairie subit l’outrage du cheval. La vigne s’escrime à la perte.

Araignée d’un furieux contre-jour, désamour.

Un homme prend le commandement du sel et de l’impôt. Il poste ses mercenaires sur les ponts et aux portes des cités. Il paie des informateurs dans les gares routières. Il pense au sel noir des volcans sur la peau d’une mulâtresse.

Il s’immisce dans la moelle des mauvaises pensées orphelines.

Il y eut un gel éclair sur l’étang. Il y eut un cortège de hérons énervés. Il y eut la mort des nénuphars. Il y eut un sommeil de couleuvre.

Araignée d’un furieux contre-jour, non-retour.

J’affronte l’insoluble dans les racines des mots. Je tresse des lianes de sens dévoyés, de sons grimés, de lumières suggérées. J’attache des phrases aux pitons des frontières. Je recueille un jus d’humanité dans un calice de bronze. Je rêve de romans candélabres où des carmélites pénitentes soulagent les plaies et les bosses.

Une araignée diabétique pompe le jus sucré d’une abeille pleine.

Je pense à la torpeur des drames de l’ennui.

mercredi 21 novembre 2012

je pense à la veillée d'armes des rocs

Le tableau prend les devants sur les constats. Le jardin divise les subversions. La prairie dissémine les garde-chiourmes. La vigne exécute un rondin-picotin

Araignée de l’heure des Bisounours, débourse.

Un homme sculpte des comètes dans la pierre de taille. Il calcule la trajectoire sur la cime des genévriers. Il connait les chevelures et les orbites. Il boit à l’horloge à eau des traits d’années-lumière. Il pense aux femelles extraterrestres qui se caressent le téléphone.

Il déclame, lyrique, le poème de la veillée d’armes des rocs.

Il y eut un fracas dans la falaise. Il y eut des moutons noyés dans le barrage. Il y eut un scherzo de confettis d’étoiles. Il y eut la bataille des glaciers.

Araignée de l’heure des Bisounours, rembourse !

Je cultive des colchiques sur une tombe renégate. J’essuie mes souliers de montagne sur le paillasson de l’ermite. Je donne du ressentiment à la biche qui avorte. Je salue quand même un corbeau sur le toit de la contrainte. Je rêve de romans thanatologues où les médecins légistes sont des femmes nordiques aux ongles vernis rouges.

Une araignée d’autopsie aiguise son rostre de vampire.

Je pense aux mauvaises pensées des orphelines.

mardi 20 novembre 2012

je pense au délaissement des feuilles mortes

Le tableau est un armistice en quinconce. Le jardin sentinelle une valériane. La prairie maugrée une remontée de cailloux. La vigne ouvre le bal des choucas.

Araignée du rituel du vin nouveau, caniveau.

Un homme dépose un galet du ruisseau dans le cuvier des fermentations. Il brûle une brassée de sarments devant la porte de la cave. Il plante son couteau dans une cardère sèche pour dérouter les fées mauvaises. Il pense à l’effeuilleuse qui lui a montré ses fesses.

Il ne comprend pas le délaissement des feuilles mortes.

Il y eut un concerto pour fromages. Il y eut la chanson des pains de seigle. Il y eut le folklore de l’ivresse du berger. Il y eut un bénédicité.

Araignée du rituel de vin nouveau, bravos.

Je compulse les légendes des vallées, à la recherche des excentricités naturelles. Les inondations, les incendies, la débâcle et le tremblement de terre. Qui relate l’exode par manque de soleil ? Je rêve de romans de déluges et d’orages où des géantes bienveillantes protègent les villages sous les plis de leur poitrine.

Une araignée traverse la ravine sur un pont de cordages.

Je pense à la veillée d’armes des rocs.

dimanche 18 novembre 2012

je pense à l'effervescence d'un piquet de grève

Le tableau se revendique de la verticalité. Le jardin explose sa citrouille. La prairie est cernée de braseros. La vigne aligne ses calicots.

Araignée de la séparation des ventricules, renoncule.

Un homme s’invente des ruelles pavées aux devantures anicroches. Marchand de poussière et de détonateurs. Comptoir des jurisprudences et des escarmouches. Vente au surplus des utopies. Démarques de cagoules et d’explosifs. Il pense à la vierge terroriste et ses septante ovaires.

Il sniffe l’effervescence d’un piquet de grève.

Il y eut des barrières de police. Il y eut un ministre ingrat. Il y eut un chant patriotique. Il y eut une marmaille délurée.

Araignée de la séparation des ventricules, mon cul.

Je construis des barricades avec les Lego de la petite école. Je joue à l’infirmière avec l’ambulance Play mobil. Je programme sur mon ordinateur un nouveau chant des bigarreaux. Je rêve de romans historiques où des suffragettes sans-culotte pissent contre les réverbères privilèges.

L’araignée aux treize étoiles barricade le coffre-fort démocratique.

Je pense au délaissement des feuilles mortes.

samedi 17 novembre 2012

je pense à la mélancolie de l'ânesse

Le tableau s’épanche vers le mauve. Le jardin récite une supplique d’abandon. La prairie révèle le fatras des intentions qui-vive. La vigne est sur ses gardes, derrière les échalas.

Araignée de l’instant de capitulation, affliction.

Un homme dessine au charbon des arbres defeuillés. Il affronte les limites du monochrome, le pic au croupion rouge ricanant dans le saule. Il trempe sa mine dans le miroir du geai. Il attend du corbeau des dentelles de veuves. Il pense à une marchande d’adjectifs, le rose de ses joues, le pervenche de ses yeux.

Il silhouette sur son cartable la mélancolie de l’ânesse.

Il y eut une injonction au pilier public : le rouge est banni jusqu’à la Noël. Il y eut un dépit de rhapsodie. Il y eut un piano à l’angélus. Il y eut un sermon dans la galerie marchande.

Araignée de l’instant de capitulation, crucifixion.

Je tricote une tendresse pour le mendiant qui s’accroche. Je suggère des catastrophes pour le mouton inutile. J’essaie des loups de paillettes pour le souper du personnel. Je rêve de romans de conventions collectives où les préposées aux ressources humaines distribuent des sous-vêtements de charme.

Une araignée à la patte cassée prépare sa vieillesse dans le tiroir des bas de laine.

Je pense à l’effervescence d’un piquet de grève.

vendredi 16 novembre 2012

je pense à la déroute des certitudes

Le tableau recalcule le nombre d’or. Le jardin est annexé par le rouge-gorge. La prairie émet des doutes sur la bienveillance du givre. La vigne fait rempart à la dictature du faucon.

Araignée de la première mandarine, Mélusine.

Un homme vend du boniment en papier crépon. Des couvertures de survie pour la caisse de pension. Des os de mammouths pour le pot-au-feu. Des écharpes en croco pour le bal des pompiers. Il pense à la Mère Noël, l’odeur de lait caillé sous le manteau rouge.

Il dessine une carte où perdre les certitudes.

Il y eut un panne d’électricité au Bancomat. Il y eut un chœur d’angelots dans la galerie marchande. Il y eut un krach sur l’importation des traineaux. Il y eut la révolte des dindes.

Araignée de la première mandarine, cabotine.

Je bricole des cadeaux avec des vieilles lunes et des velours de chevreuils. Je confisque un chameau chargé de dattes et de figues. Je séquestre un étoile pour un poème d’amour. Je rêve de romans de caravanes où des femmes berbères trafiquent le poivre de leur peau.

Une araignée vierge sage transporte son cocon dans la crèche des génisses.

Je pense à la mélancolie de l’ânesse.

mercredi 14 novembre 2012

je pense à l'abnégation d'une dame de compagnie

Le tableau est une recuite de bortch. Le jardin dodeline de fleurs de rutabagas. La prairie sèche sur l’étendage. La vigne rétrécit sous la pluie trop chaude.

Araignée de la deuxième visitation, punition.

Un homme décapite au coupe-chou des repousses de poésie. Il mitonne des rhizomes et bastonne les souvenirs des chaudronnées. Des quatrains de riz-de-veau, des sonatines de pièce du boucher. Il pense à l’équarrisseuse, les mains fines dans les viscères.

Il paie en sourire l’abnégation de la dame de compagnie.

Il y eut une échauffourée de beuses et de licols. Il y eut un bœuf dans la vitrine. Il y eut une recette de saumure. Il y eut une directive sur les viandes rouges.

Araignée de la deuxième visitation, réveillon.

Je vends de la caillée au marché des célibataires. Je fais rimer des satellites aux sacoches du facteur. Je lâche des missives dans le troupeau des sols dièses. Je rêve de romans de scherzos où les tourneuses de pages font et défont la houle de leurs hanches.

Une araignée sourde emprisonne des croches sur la portée des lendemains inquiets.

Je pense à la déroute des certitudes.

dimanche 11 novembre 2012

je pense à un destin de fruit conft

Le tableau est un soldat percussionniste. Le jardin est en syncope. La prairie est une vacance d’oiseaux. La vigne est un contrechant de caillasse.

Araignée de l’averse, controverse.

Un homme claudique dans les jardins du commissariat. Il ramasse des noix et des noisettes. Il nourrira les fils du préposé aux poursuites. Il séduira d’une branche de houx une secrétaire médicale.

Il pense à ses ganglions, à sa prostate dans un calice de sieste.

Il vole des fruits confits dans une confiserie de luxe pour les donner au rouge-gorge.

Il y eut un chant de guitare électrique dans la galerie marchande. Il y eut un chanteur à la voix maigre pour veuves ensorcelées. Il y eut des contrats de téléphonies. Il y eut des cartes-fidélité pour des chagrins au sirop.

Araignée de l’averse, perverse.

Je note dans mon calepin des couleurs de réclames. Je colle des gommettes sur des objets insalubres et menteurs. Je collectionne des regards sans gêne, des clins-d ‘œil sans stupre. Je rêve de romans de commerce où les comptables raccommodent leurs dentelles avec du fil de pêche.

Une araignée polyglotte traduit les conseils d’aubade.

Je pense à l’abnégation d’une dame de compagnie.

samedi 10 novembre 2012

je pense à un sourire embuscade

Le tableau dégouline de principes et d’intromissions. Le jardin est un signal de rencontre. La prairie ouvre des barrières. La vigne s’agrippe à une question de soif partagée.

Araignée de la minute œcuménique, panique.

Un homme tient le registre de ses bonnes actions. Il les traduit en espérances capitalisées. Dans la compétition des indulgences, il veut être le premier. Sur la ligne droite du paradis, aussi. Il penses aux fesses de la dame patronesse.

Il dépose sur le miroir un sourire embuscade.

Il y eut un péché de chair. Il y eut un crime de sang. Il y eut une caisse claire dans les entrailles. Il y eut une déflagration de plaisir dans le cervelet.

Araignée de la minute œcuménique, fornique.

Je déterre des promesses de jours doux et sereins. La terre est meuble et acide de tourbe. Je donne des larves de hannetons au blaireau. Et des bulbes d’iris commun au talus des lessives. Je rêve de romans jardiniers où les rhizomes font des prouesses érotiques.

Mon almanach dit que la lune de novembre est fongicide. Mes coprins seront toxiques.

Une araignée au ventre rouge joue à la bête-à-bon-dieu.

Je pense à un destin de fruit confit.

jeudi 8 novembre 2012

je pense au droit à la parole

Le tableau est un test psychologique. Le jardin est un conflit bienheureux d’herbes et de fleurs. La prairie est une prise de risque. La vigne s’avoue une addiction aux grives.

Araignée à la petite semaine, migraine.

Un homme trafique des coquelicots sur la place de la bourse. Il subtilise des fonds de pension et des promesses de chiendent. Il distribue du pain biscôme aux enfants et des leçons de morale aux parents. Il dormira ce soir dans une limousine qui n’a pas de cendrier. Il pense à une geisha de supermarché qui vend des robots de soin et beauté.

Il donne le droit de parole aux pompes à insuline.

Il y eut un braquage à main armée au rayon pyrotechnique. Il y eut flagrant délit à l’automate à café. Il y eut arrestation à la litière pour animaux. Il y eut procès sur le plot du boucher.

Araignée à la petite semaine, sirène.

Je croque des cachous devant les écrans de tiercé. Mon cheval favori pète de la dopamine. Je bois une bière rousse au passage de la rivière. Je rêve de romans de champs de courses où des palefrenières sournoises cuisinent de la vache enragée.

Un panneau dans la vitrine dit qu’un joueur s’est farci de pépètes.

Une araignée « le faucheux » a gagné d’une encolure.

Je pense à un sourire embuscade.

mercredi 7 novembre 2012

je pense à la pilule-retard

Le tableau est un portrait de madone en piété. Le jardin protège une courge parturiente. La prairie est en gésine. La vigne produira encore de l’humagne blanche.

Araignée de la perte des eaux, ciseaux.

Un homme vole un bouquet de violettes à la marchande des quatre saisons. Est-ce un pardon, est-ce un merci ? Il ne le dira à personne. Il sait simplement la joie et le malheur. Il dépose son bouquet et un petit canif bleu à la porte de la chambre d’hôpital. Il pense à un dimanche de première communion.

Il relit la notice sur l’emballage de pilules-retard.

Il y eut un reniflement. Il y eut un cri de corbeau. Il y eut une cigarette sur un banc au soleil. Il y eut une envie de vomir un surplus de vie.

Araignée de la perte des eaux, fuseau.

Je cherche un prénom parmi les fleurs et les saintes. Je remonte la filière des grand-mères et des tantes sans enfant. J’approche de l’anonymat et des signes distinctifs. Je rêve de romans d’enquêtes où les prénoms sont des énigmes et des formules magiques.

La greffière pense que Jésus est un nom d’emprunt.

Une araignée ursuline tisse une barboteuse pour le tiroir à bébés.

Je pense au droit à la parole pour les myosotis.

mardi 6 novembre 2012

je pense à la découverte du frisson

Le tableau a vibré sous l’intensité des couleurs. Le jardin se revendique de la gouache. La prairie rutile. La vigne est un patchwork médusé.

Araignée de l’heure du laitier, poudrier.

Un homme défait sa valise sur le quai de marchandises. Il refait les plis de sa chemise du dimanche. Refait aussi une jeunesse à sa casquette en laine. Il embrasse une fleur en papier. Jette sur les voies un magazine pour camionneurs. Et sourit à la cantinière qui réchauffe du café. Il pense à la ville qu’il a quitté, ses enfants et son cheval.

Il sent au fond des reins une envie de frisson.

Il y eut un vol de clé à la consigne. Il y eut un accordéon dans le sous-voies. Il y eut une lampée de rhum et un brasero dans le hangar.

Araignée de l’heure du laitier, encrier.

Je découpe des silhouettes tordues dans le journal du jour. Je parie un sandwich à la tomate sur le retard de la correspondance. Je rêve de romans de gare où des doctoresses font se dissoudre les voyageurs imberbes.

Le haut-parleur informe que le train de la vallée a rebroussé chemin.

Une araignée ridicule et forcenée tisse une toile dans la sortie du tunnel.

Je pense à la pilule-retard pour croire aux lendemains.

dimanche 4 novembre 2012

je pense à une méthode de séduction


Le tableau a convoqué des couleurs épatantes. Le jardin lisse ses pinceaux. La prairie s’étire en camaïeu. La vigne frémit d’un vol d’étourneaux.

Araignée de l’heure de la none, madone.

Un homme ramasse des feuilles de saule. Il en fait un feu qui sent le marais et fait passer le mal de tête. Il parle aux couleuvres. Et aux vouivres aussi. Pour les promesses et les jeux de hasard. Ses amours du dimanche ont le gout de la tarte aux pommes et de la liqueur de coing. Il pense à une géante de velours flasque.

Il décortique la séduction.

Il y eut un chant de grive musicienne. Il y eut une rose qui s’étiole. Il y eut une tisane de sauge et une envie de caresses.

Araignée de l’heure de la none, maldonne.

Je distille du jus de nénuphar pour séduire les grenouilles. Je soudoie le saunier pour un bouquet de massettes. Je rêve de romans de marigot où les princesses hérons se pourlèchent de larves de libellules.

Quelques bulles de méthane éclatent à la surface de l’eau et disent la rancœur de la vase.

Une araignée d’eau trace des portées de sonate.

Je pense à la découverte du frisson.

samedi 3 novembre 2012

je pense à un lendemain de fiançailles

Le tableau penche vers la sortie Le jardin est en cavale. La prairie est en prière sous la rosée. La vigne a mis une petite laine.

Araignée du quart d’heure syndical, carnaval.

Un homme prépare son bois de chauffage à l’aide d’une scie à ruban à moteur à deux temps. La lame grince, les nœuds giclent, la résine brûle. Un bol de vin chaud, un morceau de lard aux changements de lames. Un crachat dans les mains, un juron quand le moteur cale. Il pense à un poêle neuf pour sa fille.

Il prévoit ses fiançailles.

Il y eut un caillou dans la souche. Il y eut la lame qui casse. Du sang sur le bras. Il y eut de la gnôle pour désinfecter, de la gnôle pour la douleur.

Araignée du quart d’heure syndical, hôpital.

Je gratte une croûte à mon genou. Souvenir des jeux de l’enfance. Des trottinettes bancales, des pistes de luge dans les vignes. Je marchande au scieur de bûchilles d’allumage. Je paie en fromage et en petit salé. Je rêve de romans pour bûcherons salaces et matrones en liquette.

Les statistiques des divorces ne disent rien des chambres sans fourneau.

Une araignée assidue tricote une écharpe pour étrangler son mari.

Je pense à une méthode de séduction.

vendredi 2 novembre 2012

je pense à la reconquête

Le tableau voudrait fuir vers le nord. Le jardin est un joyeux pourrissement. La prairie sent le blaireau. La vigne s’ennuie des travailleuses croates.

Araignée du jour des morts, croquemort.

Un homme descend dans les égouts de la ville. Il y dort chaque soir, apprivoisant les rats avec des restes de pizzas et des berceuses flamandes. Sa doudoune porte un nom de haute montagne. Cela lui suffit pour voir passer nos vies. A la lampe frontale, il lit des récits de voyages et de baises avec toutes les ethnies du monde. Il pense à sa sœur et ses cousines.

Il dit la reconquête.

Il y eut la parade de la fanfare sur la place de la cathédrale. Il y eut un vin d’honneur et une leçon de morale. On y pensera une petite semaine.

Araignée du jour des morts, matamore.

Je suce une pierre de lune pour donner du courage. Je parlemente avec le vicaire épiscopal une concession de paradis sur terre. Je revendique une sonnette de vache pour la baronne. Je rêve d’un roman guilleret où les sentiments sont ficelés dans des jarres de vin cuit.

La radio annonce que l’eau du robinet est avariée.

Une araignée verte suce une mouche bleue.

Je pense à un lendemain de fiançailles.  

jeudi 1 novembre 2012

je pense à un tableau à réinventer

Le tableau ouvre sur l’ouest. Le jardin potager est un parfait désordre. La prairie attend le gel. La vigne regarde la lune attardée sur la crête blanche.

Araignée de neuf heures, facteur.

Un homme m’écrit des missives dessinées, peuplées de gens qui sont mes frères, sortis d’un bal nègre. Je répondrai lundi des histoires de pluies froides et chagrines. Des ouvrières vendangent un dernier raisin surmaturé. Cela fera du vin de mariage. Le village sourit sous le soleil. Le cimetière attend la fanfare et le vin d’honneur. On mangera des châtaignes rôties et du vieux fromage.

Il y eut trois nuits de gel et un vent venu d’Italie. Les frênes se déshabillent. Les voisins sont plus proches. On les saluera plus souvent.

Araignée de neuf heures, docteur.

Je croque des pastilles de valériane. Je dessine des buissons d’automne en attendant le moment de la musique. Je rêve d’un roman imbécile où les objets dictent la loi des habitudes. Au chapitre deux, des fouets mécaniques terrorisent les enfants d’Halloween.

On signale un retour des chansons de Bob Dylan.

Une petite araignée noire tisse sa toile entre la chaise et le ficus.

Je pense à la reconquête.

le grand cairn


ils ont fermé le haut de la vallée
là où la forêt renonce
ils ont parlé de barbares et d’orages
ils ont parlé d’effondrements
ils ont parlé d’argent aussi
 
les pâturages sont devenus paysage
les rochers inutiles droit de passage
les torrents amenées d’eau
la moraine barrage
 
le grand cairn solide et tranquille
sur sa table de granit
savait de toute éternité
les lois de la montagne
les ruptures du gel
les traces des passeurs
la migration des rapaces
et l’anniversaire des marmottes
 
le grand cairn savait la cupidité et l’amitié
les enlèvements et le troc
les avalanches et la débâcle
les faillites et les abandons
 
sous un grand soleil frileux
il a pris la parole
et déroulé ses aveux
 
il y eut des déflagrations
il y eut des éclats de pierres
des soldats désœuvrés jouaient du lance-mine
 
le grand cairn fusillé
le haut de la vallée fermé
et mort
 
1er novembre 2012