la
musique éberluée dans le couloir d’avalanche
le
violoncelle qui rebrousse chemin devant le rocher du diable
la
peur devant le fusil, la crainte devant dieu
le
poème imprégné de la sueur du repris de justice
je
repasse la chemise qui a traversé les outrages
le
tamtam sur la tempe pour rythmer la terreur
le
piano de la fugue dévalant la dérupe
la
niverole qui pleure sa descendance gelée
l’ombre
chinoise sur le mur du barrage masquant la faille
je
repasse les futaines du contrebandier des fleurs
le
cliquetis des ongles sur la table en formica
le
tuba qui sépare les nuages des tempêtes
la
chapelle cambriolée pour sa réserve d’eau bénite
l’oratorio
du gel qui fait chanter les pierres
je
repasse le bustier de la bergère désorientée
le
sifflement de la trachée en recherche d’oxygène
le
cor anglais affrontant les vents de Sibérie
la
plaidoirie du casse-noix, la sentence de l’hermine
la
condamnation du gypaète dans une bouteille de génépi
je
repasse la cravate oubliée dans le confessionnal
je
chiffonne le mouchoir qui se croit innocent