1440 minutes

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editions d'autre part

jeudi 30 juin 2011

je dormirai une heure

saignée dans le ciel
ligne de fuite dans les maïs
je dormirai une heure
avec les libellules
et le parfum de la terre
l’été est une halte
je boirai le solstice
dans une coupe d’argent
et le parfum de la terre

trainée de poussière
saute de vent dans les carrières
je dormirai une heure
avec les lucanes
et le parfum de la terre
l’été est un dévaloir
je boirai la sève des mélèzes
dans un gobelet de fer-blanc
et le parfum de la forêt

vibrations de l’air
touffeur dans les ruelles
je dormirai une heure
avec les lézards
et le parfum de la terre
l’été est un argument
je boirai la source de tuf
dans un creuset de forge
et le parfum des cendres

perles de soleil
griffure dans le silence
je dormirai une heure
dans le seigle
avec les martinets
l’été est un coup de sang
je boirai la sueur des amours
sur le frisson des nuques
et le parfum du plaisir

30 juin 2011

mardi 28 juin 2011

ceci a été dit

je viens d’un pays
où les fleurs sont sales et difformes
où les maisons ont trois verrous
pour la honte l’argent et le mensonge
où les femmes agenouillées
sculptent des rosaires de mauvaise peine

ceci a été dit
sans venin ni grabuge
il l’a dit sans même regarder
ses mains qui pleuraient


je viens d’une ville
où les lampadaires dansent un vieux jerk
où les cafés ont trois alcools
pour le cœur le ventre et les pieds
où les soldats jouent de l’harmonica
pour une vieille infirmière

ceci a été dit
sans reproche ni surprise
il l’a dit sans même regarder
ses compagnons qui buvaient


je viens d’une rue
où les arrière-cours chantent et ripaillent
où les boîtes à lettres ont trois prénoms
la mère la fille et leur amant
où les anges dorment dans les fleurs de sureau

ceci a été dit
sans ivresse ni fanfare
il l’a dit sans même regarder
ses pieds qui dansaient
ses pieds qui dansaient

28 juin 2011

dimanche 26 juin 2011

ce chant d'oiseau

ce chant d’oiseau est inutile
les petits ont quitté le nid
le vieux matou est mort
sur la grand-route
ce chant d’oiseau est inutile
je te plais tu me plais
ça suffit
nous plongerons dans les jonquilles
un matin d’avril

ce chant d’oiseau ne sert à rien
les étoiles ne s’éteignent pas
la fouine bouffe du caoutchouc
sur le parking
ce chant d’oiseau ne sert à rien
je te plais tu me plais
c’est bien
nous plongerons dans la bourrache
un jour de mai

ce chant d’oiseau est ridicule
l’horloge cherche quatorze heures
les graines de chanvre fermentent
dans le gésier
ce chant d’oiseau est ridicule
je te plais tu me plais
c’est lundi
nous plongerons dans les tagètes
un soir de juin

ce chant d’oiseau est énervant
le réveil a posé ses congés
la caravane rouille
sous l’églantier
ce chant d’oiseau est énervant
je te plais tu me plais
il fait soleil
nous plongerons dans les orties
à la Saint-Jean

26 juin 2011

samedi 25 juin 2011

fait la grimace aux enfants

le pèlerin de l’immobile
vend son passeport
à la criée aux apatrides
s’assied devant le contrôle des habitants
sourit aux femmes étrangères
fait la grimace aux enfants
et chante en zoulou
les tables de la loi

le pèlerin de l’immobile
vend sa gourde
au bédouin du bar du soleil
s’assied à la caisse du parking
sourit aux femmes automobilistes
fait la grimace aux enfants
et chante en patois
le nom des grandes villes

le pèlerin de l’immobile
vend son petit cheval
à la gardienne du parc
s’assied devant la mare aux truites
sourit aux femmes pécheresses
fait la grimace aux enfants
et chante en viking
des histoires de marins

le pèlerin de l’immobile
vend sa valise
à un passant qui s’est perdu
s’assied sur le banc de la gare routière
sourit aux femmes contrôleuses
fait la grimace aux enfants
et chante en espéranto
de belles correspondances

le pèlerin de l’immobile
achète un droit de couche
à une belle sœur de charité
s’assied sur les marches du couvent
sourit aux portraits des femmes saintes
fait la grimace aux enfants de dieu
et chante en grégorien
des chansons paillardes


le pèlerin de l’immobile
refait un tour du monde
sur le manège de sa ville

25 juin 2011

jeudi 23 juin 2011

le voyageur le sait bien

sur le carrelage de la galerie marchande
je cueille les fleurs du monde
les légumes d’Orient
le parfum de la lune
un fromage des Alpes
le vent de l’Oural
une radio pour la guerre
le domino des plaisirs
un vernis pour le cœur
le top-ten de l’artichaut

le voyageur le sait bien
qui cherche du réconfort
pour la peau
pour la peau


sous le banc de l’abribus
je cueille les fruits du monde
une recette d’amour
la cartographie du sexe
un poème d’humiliation
le numéro d’un digicode
un manuel de chômage
le jeu du pendu
une insulte pour dieu
l’adresse d’un marabout

le voyageur le sait bien
qui cherche du réconfort
pour la cervelle
pour la cervelle


sur le zinc du comptoir
je cueille les miroirs du monde
un rimmel de porto
les cacahuètes de la chance
un désert dans la gorge
le geste « t’en remets une »
un répertoire de filles
le livre d’or des conneries
des baisers de Québec
les blessures pour l’ardoise

le voyageur le sait bien
qui cherche du réconfort
pour le cœur
pour le cœur


dans la poubelle de l’hôtel de ville
je cueille la mémoire du monde
un rapport de bonnes mœurs
le bilan des lundis
un impôt sur le rire
le planning des promesses
une note de la danseuse
les directives du social
un discours sur l’école
la liste des indigents

le voyageur le sait bien
qui cherche du réconfort
pour la nuit
pour la nuit


le voyageur le savait
qui noie son réconfort
dans la vie
dans sa vie

23 juin 2011

lundi 20 juin 2011

la main dans l'églantier

il a plongé la main
dans l’églantier
pour libérer un oisillon
une fatigue de béton
une envie de pleurer
un prénom sur un médaillon

elle a tendu les bras
vers les collines
elle a dit
je veux une maison dans les vignes
avec des huppes et des cigales
je veux des amis et un amant


il a croisé les doigts
sur une promesse
pour dompter le destin
un incendie dans la nuque
une envie de pleurer
un numéro de téléphone

elle a poussé la porte
et ouvert les volets
elle a dit
je te veux dans ma maison dans les vignes
avec des grives et des lézards
je te veux dans mon lit
parfumé de lavande


il a caressé un ventre de femme
pour libérer l’hirondelle
elle a brisé une étoile
pour s’en faire des diamants

20 juin 2011

dimanche 19 juin 2011

l'âme du chat

une corne de brume dans le potager
les poireaux et les choux
arment la flibuste
feu sur les campagnols !
et la dîme aux limaces
l’âme du chat
édicte l’ordre de marche
et les soucis flamboient

une trompe dans le bosquet
le gobe-mouche et le pie-grièche
arment la torture
feu sur les criquets !
et la gabelle des mouches vertes
l’âme du chat
placarde le couvre-feu
et la capucine complote

une sirène dans le poirier
le geai et la pie
arment la révolte
feu sur la valetaille !
et l’impôt sur les verroteries
l’âme du chat
fredonne le chant des cerises
et la gaillarde dégoupille la grenade

19 juin 2011

vendredi 17 juin 2011

altimètre

j’entends des chants d’oiseaux des accenteurs des niverolles des piafs alpinistes un couple de choucas rhumatisants j’entends des chants d’oiseaux un déchirement dans l’air une explosion des chutes de pierres un rock’n’roll de pitons sur l’arête j’entends des chants un gros coup de blues dans le vallon le monde remue la terre vacille plus de frein j’entends des gens marchent dans les herbages les enfants pleurent une femme chante une invocation j’entends j’entends

imètrealtimètremonaltimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrvertigeealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtiprendmètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètreadeltimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtlaimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealthauteurimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtim

je regarde des prairies de fauche des graminées des cigües des orchis cuisiniers un plantain et un réglisse je regarde des prairies de fauche un souffle de pollen des agacements d’abeilles un charleston de sauterelles je regarde des prairies une suffocation dans les gerbes le monde crisse la terre vrille plus de frein je regarde des prêtres et des juges parlementent sous l’arolle un chamois siffle une jeune fille tourne la tête je regarde je regarde

imètrealtimètremonaltimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrvertigeealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtiprendmètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètreadeltimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtlaimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealthauteurimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtim

je dessine une ligne de crêtes des pierriers des frondaisons des à-pics tchagattas des balcons et des tuiles je dessine une ligne de crêtes un cri dans le vide des nœuds de rappels une mazurka de bivouac je dessine une ligne une respiration dans les crevasses le monde glisse la terre s’écrase plus de frein je dessine des écoliers et un funambule repeignent un becquet le gardien du refuge est muet un ange se signe je dessine je dessine

imètrealtimètremonaltimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrvertigeealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtiprendmètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètreadeltimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtlaimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealthauteurimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimèrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtimètrealtim

17 juin 2011

mardi 14 juin 2011

racines de ma rue

les réverbères de ma rue
ont des racines qui tricotent
un chandail d’amoureux
un flamenco carmin
monte du soupirail
je cherche un talon aiguille
dans une botte d’Italie
je renifle un poème à quatre temps
un temps pour couiner
un temps pour glisser
un temps pour tomber
un temps pour se relever

les sémaphores de ma rue
ont des racines qui crochètent
un rendez-vous galant
une valse humide
coule des persiennes
je cherche une espagnolette
dans une guêpière d’Espagne
je marmonne un poème à trois temps
un temps pour glisser
un temps pour tomber
un temps pour se relever

les poteaux de ma rue
ont des racines qui brodent
une promesse sur une lettre
une marche béate
tombe d’un balcon
je cherche un bâton de majorette
dans un rêve d’Amérique
je scande un poème à deux temps
un temps pour tomber
un temps pour se relever

le banc de ma rue
a des racines qui faufile
un serment sur un patron
un pas de un
dort dans une poubelle
je cherche un SOS
sur la pointe de Terre-Neuve
je tais un poème sur un seul temps
un temps pour se relever


les racines de ma rue
tissent des pièges
sur mes vies toutes faites
une valse sans illusion
traine sur la terrasse
je recommande un chagrin sans sucre
au patron du Cent Soleils
et
je recrache un poème à quatre temps
un temps pour la couenne
un temps pour la glisse
un temps pour la tombe
un temps pour la relève

14 juin 2011

lundi 13 juin 2011

c'est ton jour de lessive

c’est ton jour de lessive
plein de poudre et de fiel
les bustiers des offenses
et les blouses des jours tristes
un peu d’amidon sur ton chagrin
madame
c’est au son du tambour
que tu blanchis ta vie

que feras-tu de ton lissu
madame
un vin de messe
un parfum lourd

c’est ton jour de lessive
plein de taches et de sueur
les tabliers des épluchures
et les fourreaux des grands travaux
un peu de romarin sur ton chagrin
madame
c’est au son du tambour
que tu rinces tes draps

que feras-tu de ton lissu
madame
une tisane amère
un sirop fermenté

c’est ton jour de lessive
plein de larmes et de sang
les robes des outrages
les chemisiers des grands pardons
un peu d’adoucissant sur ton chagrin
madame
c’est au son du tambour
que tu essores le monde

que feras-tu de ton lissu
madame
une eau-de-vie
une eau bénite

13 juin 2011

jeudi 9 juin 2011

au marché j'ai vendu

j’ai rempli ma brouette
des surplus de mes placards
des sorciers des fantômettes
un huissier mal ficelé
une cousette détricotée
un cadavre encore chaud
un aïeul empaillé
un carton de prothèses

au marché j’ai vendu
aux gens des gens
des tordus des manchots
des trop maigres
des malfrats sans tralala
un apprenti curé
des ménagères au kilo
et de faux nouveaux nés

quand il n’est rien resté
je suis rentré en brouette
jusqu’à mon talus


j’ai rempli ma remorque
des fonds d’armoire à balais
des sorcières des lutines
un militaire en kit
une greffière sous morphine
une épousée presque veuve
un cageot d’os et de couennes
un trousseau de jarretières

au marché j’ai vendu
aux gens des gens
des cassés des rapiécés
des trop longs
des assassins en saumure
une nonne en retraite
des pré pubères en bottes
et des cyclistes sous vide

et quand il n’est rien resté
je suis rentré dans ma remorque
jusqu’à mon gourbi


j’ai rempli ma hotte
des restes de mes tiroirs
des héroïnes des figurants
une bergère derrière son loup
un pianiste dyslexique
un condamné impatient
les cendres d’un pyromane
une corbeille de liquettes

au marché j’ai vendu
aux gens des gens
des brûlés des faux nègres
des trop laids
un chômeur avec notice d’emploi
un enfant de chœur sous garantie
des expulsés en cage
et des peaux d’âne crottes de bique

quand il n’est rien resté
je suis rentré dans ma hotte
jusqu’à mon trépas

9 juin 2011

mercredi 8 juin 2011

et le salaire au mérite

des imageries miserere
sur l’écran de fin de mois
une valise anti-terroriste
sur le tarmac du gouverneur
un téléphone cellulaire
pour un satellite en tôle
un linceul de chanvre
sur la mort inutile
un soleil avorton
pour compter le blé
une tranche de pain perdu
au guichet de charité
un permis de souffrance
renouvelable à bon gré
une frontière éclair
coincée dans la doublure
et le salaire au mérite
pour le préposé à la peur

des infrasons saturés
dans des virus exportés
un spray contre les sectes
à la messe du dimanche
une bible en volapük
sur une puce made in China
une couverture de gros sel
sur un chagrin d’amour
une lune couvre-feu
pour couvrir les avoines
un chéquier du tonnerre
contresigné de grêle
un paludisme ancien
vendu à la criée
un paletot de ronces
sur un négligé de marque
et le salaire au mérite
pour le préposé à la foi

des trilles de pixels
sur un vrai certificat
un vaccin en sucette
pour les blessures incestes
le droit des opprimés
sur papier carambar
un châle en barbelé
sur des épaules incendiées
une étoile-retard
donnée sans ordonnance
un bas-de-laine en soie
sur des jambes miracle
un choléra mystique
pour rejoindre le ciel
un pansement velcro
sur une envie de rire
et le salaire au mérite
pour le préposé à rien

8 juin 2011

lundi 6 juin 2011

un mot d'abandon

les pivoines sont passées
je guette un vent de quiétude
un mot d’abandon
je compte les matins d’amours
comme autant de parades
et de chants d’oiseaux

les sureaux s’alanguissent
je guette un vent de langueur
un mot d’abandon
je compte les après-midi d’amours
comme autant de promesses de pêches
et de vin d’abricot

les iris pavanent
je guette un vent de senteur
un mot d’abandon
je compte les soirs d’amours
comme autant de bijoux
et de pendants d’oreilles

les roses s’épanchent
je guette un vent de caresse
un mot d’abandon
je compte les nuits d’amours
comme autant de désirs avoués
et de plaisirs partagés

un vent de caresse
un mot d’abandon
un vent d’abandon
un mot de caresse

6 juin 2011