1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 30 août 2015

la partition de l'oralité


la partition de l’oralité dans le désordre du mensonge
 
la désorientation
le carrefour, la mise en erreur
le geste de la main qui contrarie ce qui est dit
la bonne foi, la preuve sur le papier
la couleuvre qui ferme les yeux pour n’être pas témoin
tu vois ce que je veux dire
 
la partition de l’oralité dans les épreuves de force
 
le soudoyer
la crainte de dieu, le parjure
le regard qui fuit le regard de l’autre
le signe de croix, le vol Saint-Esprit
le merle qui siffle à l’imposture dans une langue inconnue
tu vois ce que je veux dire
 
la partition de l’oralité pour la prière inversée
 
la diversion
la promesse du vin, la récompense
les épaules qui signalent la défaite proche
le rachat du crédit, la confiance amochée
le singe qui s’assied sur le devoir de morale
tu vois ce que je veux dire
 
la partition de l’oralité quand la poésie se fait musique

samedi 29 août 2015

la dépouille de la gélinotte


la dépouille de la gélinotte devant la grille du reposoir
 
l’occultation
le questionnement, le fourvoiement
la prière qui exhale un parfum de charogne
l’augure, le mauvais signal
le souvenir des disparus avalés par les gouffres
à la queue du diable !
 
la dépouille de la gélinotte au beau milieu du pèlerinage
 
la halte imprévue
la gourde d’eau croupie, le lard rance
les injures qui dansent le menuet
l’itinéraire brisé, l’éboulement
les fantômes qui chantent le tango des parvenus
à la queue du diable !
 
la dépouille de la gélinotte dans le réceptacle de la source
 
l’intoxication
l’étourdissement, la nausée
le purin d’ortie qui imprègne la chemise
le non-sommeil, le bivouac
le patriarche qui dit que nous sommes perdus
à la queue du diable !
 
la dépouille de la gélinotte devant l’arole foudroyé

vendredi 28 août 2015

la stratégie du fessier


la stratégie du fessier sur le sofa langoureux
 
la détermination
la vaporisation, l’éventail
la liqueur d’amandes qui colle un peu les lèvres
l’apaisement, la caresse
l’épaule qui se dénude pour une invitation
on aurait tort
 
la stratégie du fessier sur la chaise de la cuisine
 
la préméditation
la prune éclatée, le bol de crème
l’alcool de fruits à noyaux qui allume le ventre
le bourdonnement, le vertige
la goutte de sueur qui perle entre les seins
on aurait tort
 
la stratégie du fessier sur le rebord du mur
 
la pamoison
le raisin éclaté, la grive soûle
l’eau de la fontaine qui repousse l’incendie
l’âme liquide, l’apnée
le sang qui reflue vers le centre du monde
on aurait tort
 
la stratégie du fessier sur le fil du rasoir

mardi 25 août 2015

la béquille posée


la béquille posée sur le rebord de la fenêtre du 7e étage
 
l’immobilisation
la peur et le vide, la peur du vide
c’est dans la tête que le fémur claudique
la serviette humide, le bouton de sonnette
le pigeon qui tire la langue à la vieille dame
mais vous pensez
 
la béquille appuyée contre le cheval de bois
 
la décalcification
le sabot orthopédique, le sac d’avoine
c’est dans la tête le parcours de sauts d’obstacles
le chronographe, la décalcomanie
la guêpe qui s’envole avec l’envie de piquer
mais vous pensez
 
la béquille posée en travers du passage secret
 
l’interdiction
la pelle qui gifle, la pioche qui perfore
c’est dans le muscle la blessure de la fuite
la médaille miraculeuse, le placébo
la mante religieuse qui vomit un mari trop gras
mais vous pensez
 
la béquille suspendue au fil de l’étendage

dimanche 23 août 2015

le trophée des questions


le trophée des questions sur l’étagère du boudoir
 
la transmutation
l’isolement, la stratégie
le papier d’Arménie qui dit la nostalgie
la cicatrisation, la concentration
l’urgence du pays dans un ventre de femme
de bonne guerre
 
le trophée des questions après le micro-trottoir
 
la retransmission
l’essoufflement, la répétition en boucle
le bâton d’encens qui dit la convalescence
la promenade, le ça ira mieux demain
l’hymne patriotique dans le poumon d’acier
de bonne guerre
 
le trophée des questions dans le cabinet des curiosités
 
la dissection
les arrangements, le cérémonial
le bois de cade qui dit la désinfection
la salle des grimoires, le couloir de l’oubli
le souffle du pays dans la trachée-artère
de bonne guerre
 
le trophée des questions dans le buffet des avanies

vendredi 21 août 2015

la serviette de bain


la serviette de bain laissée au négligé sur une chaise
 
la suffocation
le sel de sueur, le feu sur la peau
l’alouette qui en oublie son cri d’alerte
la boussole confuse, le sud éparpillé
la fontaine qui brasse ses litanies
ah ! ça
 
la serviette de bain se fait mémoire des désirs
 
l’abandon
la pudeur sans soif, la jubilation
le grillon désaccorde sa machinerie
le midi à midi, le crépuscule à midi
le robinet dit ses mensonges à la gourde
ah ! ça
 
la serviette de bain se fait refuge du pardon
 
le renoncement
la tentation acceptée, la découverte
le couple de tourterelles qui fait ses affaires en plein vol
la muqueuse apaisée, l’épanchement
le gobelet de fer-blanc injurie les chagrins
ah ! ça
 
la serviette de bain bataille contre les moisissures

mercredi 19 août 2015

l'enjeu des serrures


l’enjeu des serrures à la porte du cimetière
 
la stupéfaction
la culpabilité, le doute
la bruyère raconte une histoire de sexe
la suspicion, la salive
le calice se remplit d’un vin fourbe
on a beau dire
 
l’enjeu des serrures devant le trousseau de clefs du renard
 
la couvaison
la médisance, le malaise
les orties se querellent sur le fumier
l’accusation tenace, l’obstination
le pain partagé a un goût de poussière
on a beau dire
 
l’enjeu des serrures aux fenêtres de l’exil
 
l’humiliation
l’hébétude, les barrières
la capucine se moque du pied-bot
le pot-de-vin, l’incompréhension
le sourire niais ne nourrit pas son âme
on a beau dire
 
l’enjeu des serrures sur la nuit sans mémoire

mardi 18 août 2015

la fatigue qui prend le sentiment


la fatigue qui prend le sentiment par le revers
 
la dénonciation
la pudeur, l’excuse
le pont de cordes qui se détricote
l’absence de communication, le vide
les villageois font du feu pour réchauffer le talisman
c’est pas rien
 
la fatigue enfermée dans des boites de poudres
 
la conversation
la main ouverte, la langue offerte
la couche qu’on réserve au pèlerin malade
la poule sacrifiée, le moulin à prières
le forgeron répare la cloche des fiançailles
c’est pas rien
 
la fatigue déposée en offrande dans la pirogue de la vie
 
le remerciement
le chant de l’accueil, le tambourin joyeux
l’eau de la fontaine parfumée de jasmin
la négociation, la promesse
la femme qui dit être prête à quitter le village
c’est pas rien
 
la fatigue qui prend le large avec le vent du matin

samedi 15 août 2015

la flaque qui s'offusque


la flaque qui s’offusque au passage des sabots
 
la pérégrination
la bâche en plastique, la pèlerine
l’avant-toit où se regroupent les têtes en cheveux
le sandwich mouillé, le thé trop sucré
la halte forcée qui met les nerfs à vif
c’est de bonne guerre
 
la flaque qui avance vers le pas de porte
 
l’insinuation
la serpillière, le sac de sable
la boue sur le plancher de la salle à boire
la soupe rallongée, l’anisette noyée
la clarinette qui déchire les pensées pourries
c’est de bonne guerre
 
la flaque qui frémit en vaguelettes
 
la bénédiction
le parapluie qui goutte, le feu qui fume âcre
l’assoupissement malaisé dans le chandail humide
le morbier qui tousse, la cloche qui renifle
c’est de bonne guerre
 
la flaque qui se prend pour l’Atlantique

vendredi 14 août 2015

l'escargot qui s'ennuie


l’escargot qui s’ennuie sur Radio Tropiques
 
la disculpation
la fuite, la trace
l’itinéraire forcené vers le ventre de la grive
le radar brouillé, la cible perdue
le conflit entre la ventouse et l’aspirateur
c’est bien la peine
 
l’escargot qui digère une solution acide
 
la décantation
la table mise, la muqueuse repue
la feuille de route imprimée sur la salade
l’alarme de l’écureuil, le passage de la poule
la sentence sans appel ni plaidoirie
c’est bien la peine
 
l’escargot qui monte dans un wagon de réfugiés
 
la destinée
le drapeau blanc, la croix rouge
la protection factice d’un arrêté urgent
le désordre de la faim, la soif du vide
le sursis pendant l’orage et la grêle
c’est bien la peine
 
l’escargot qui fait son Golgotha sans conscience ni regrets

jeudi 13 août 2015

le concerto qui graisse


le concerto qui graisse les maillons de sa chaîne
 
la désertification
l’archet tendu, la baguette
la serviette pour la sueur sur le dos de la chaise
l’attente, la tension
le premier violon sort à nouveau pour pisser
ça se chante si ça ne se dit pas
 
le concerto répété en silence du bout de la chaussure
 
la mortification
l’embouchure du cor, le clapet du basson
les fourmis qui dansent sur la partition
les cordes de la harpe, le diapason
le premier violon se racle la gorge
ça se chante si ça ne se dit pas
 
le concerto mis en pièce devant le maestro
 
la soumission
la dictature du rythme, le silence vacarme
le tremblement de la jambe pour détendre les nerfs
l’inspiration, l’apnée
le premier violon demande la permission de partir
ça se chante si ça ne se dit pas
 
le concerto rappondu sur mesure

dimanche 9 août 2015

la limonade maison


la limonade maison qui soudoie les abeilles
 
la conviction
la mélasse, la feuille de menthe
les glaçons qui crépitent leur bonheur
le parasol, le ventilateur
les mains qui poissent un peu l’oisiveté
tenez-le pour dit
 
la limonade maison sanctifiée dans son cruchon
 
la déperdition
la sueur, le sucre roté
l’harmonica qui joue un air de sieste
le chat boude, la libellule chuinte
la chiquenaude pour commander au nuage
tenez-le pour dit
 
la limonade maison répandue sur la nappe
 
le sacrifice
l’eau de Javel, le chiffon
la semelle du sabot qui colle au parquet
la moustiquaire, la glycine
le pouce dans la poche retourné vers le sol
tenez-le pour dit
 
la limonade maison qui fait danser les anges

vendredi 7 août 2015

le sang de la grenouille


le sang de la grenouille sur l’assiette du héron
 
la divination
la fermentation, le sel
les pétales de la marguerite au reposoir du Bon-Secours
le lumignon, la neuvaine
l’espoir à la grenaille pour la santé de la descendance
juste à côté
 
le sang de la grenouille dans la macération bénéfique
 
la croyance
la réactivité, le destin
les pinces du lucane pour pendants d’oreilles
le jour béni, le tabernacle
l’espoir au compte-goutte dans le protocole de dieu
juste à côté
 
le sang de la grenouille dans le calice de la passion
 
la certitude
la médaille, la cloche
la patte de lapin pendue au crucifix
la pénitence, la miséricorde
l’espoir à la mitraille pour l’assurance du salaire
juste à côté
 
le sang de la grenouille séché sur le chemin de croix

mercredi 5 août 2015

l'absinthe écrasée


l’absinthe écrasée entre les doigts pour dérouter la sueur
 
la profanation
la langue épaisse, le caillou dans la chaussure
le banc de pierre, chauffé sous le cagnard, qui se refuse
le bâton cassé, la gourde percée
l’itinéraire mal choisi qui s’arrête dans un trou
faut pas croire
 
l’absinthe qui parfume un papillon nacré
 
la discrimination
le caillou blanc, l’ardoise bleue
le tronc de mélèze qui se prend pour un pont
la gerbe d’eau, le froid qui pénètre
l’itinéraire qui se trompe de raccourci
faut pas croire
 
l’absinthe bue au goulot de la fontaine
 
l’imprégnation
le poème acéré, la phrase choc
le rythme inversé du quatrain soliloque
la syncope, le rejet
l’itinéraire qui se moque du renvoi
faut pas croire
 
l’absinthe qui rend fou le remord paysan

mardi 4 août 2015

l'absoute de l'orage


l’absoute de l’orage sur les peupliers
 
la pulvérisation
le mouvement chaotique, le déhanchement
les branchages en apnée sur la voie ferrée
le jet de vapeur, le sifflement
l’agacement des xylophages dans ce vacarme
arrête un peu
 
l’absoute de l’orage sur le poteau télégraphique
 
la retranscription
la lancinance, le crépitement
le rappel de l’éclair sur la touche dièse
le message étranglé, l’horloge arrêtée
le bannissement des cigales dans un trou d’ombre
arrête un peu
 
l’absoute de l’orage sur le toit de la grange
 
la transmutation
la fleur de foin, la fourche
la génisse qui rumine le poids des responsabilités
la tétine gonflée, l’insémination
l’abandon du ver de farine noyé dans l’abreuvoir
arrête un peu
 
l’absoute de l’orage sur le coq du clocher

lundi 3 août 2015

le patrimoine qui range les fleurs


le patrimoine qui range les fleurs avec les pioches

la dissimulation
l’épine, le venin
la fanfare qui prend congé sur le chemin de terre
le bouquet, le vin d’honneur
la promesse de récolte dans les urnes
ça peut suffire

le patrimoine qui ficelle le rôti du dimanche

l’appropriation
la sauce Grand-Veneur, le vin de pays
la partition tombée sous le botte-cul
le pesage du lait, la part de sérac
l’ardoise qui tire la langue chez l’épicier
ça peut suffire

le patrimoine mis en bouteilles avant la Fête-Dieu

la répartition
le prix des denrées, les fournitures scolaires
le chant patriotique par le chœur de castrats
l’impôt sur le sang, le PIB du bonheur
le budget du troufion les soirs de permission
ça peut suffire


le patrimoine outragé pour un franc au bilan

samedi 1 août 2015

le bestiaire de la poésie


le bestiaire de la poésie qui vient à l’abreuve
 
la stupéfaction
le clepsydre, la foudre
la respiration qui scande la frénésie
le guet-apens, le massacre
l’esquisse à la craie sur le trottoir inculte
béni soit dieu merci
 
le bestiaire de la poésie dans une classification propre
 
la juxtaposition
le mélange, l’isolement
les sentiments qui deviennent des choses et des gestes
le survol, le calcul
l’embarras des afflictions à l’entrée de la grotte
béni soit dieu merci
 
le bestiaire de la poésie devant la vitrine charcutière
 
la décomposition
l’ergot, le fiel
les épices qui font s’ébouriffer la vie
la salaison, la fumigation
le courage du lendemain agrippé aux rides
béni soit dieu merci
 
le bestiaire de la poésie en liberté dans les pacages