1440 minutes

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editions d'autre part

mercredi 31 décembre 2014

assermenter la gardienne


la soucoupe de fruits secs sur la table de chevet
le livre qui se ferme devant les outrages
la syntaxe agenouillée devant l’acte d’accusation
l’orphelin qui dessine des ailes sur son livre de prières
et la musique qui reprend son souffle sur la mappemonde
 
graisser les roues dentées de la souffrance
ventiler au curcuma le séchoir à larmes
assermenter la gardienne des condoléances
 
que vienne l’expert en langue morte devant le catafalque

maquiller la cafardeuse


la gare terminus pour les valises délaissées
le tapis de soies de porc sur le quai des ruptures
le marchand de kebabs et son alcool de patates
le haut-parleur qui brame un blues déchiré
et la jouvencelle qui collectionne les capsules de bière
 
composter le chagrin à la borne peinte en noir
donner un mégot de cannabis au pigeon neurasthénique
maquiller la cafardeuse avec du rouge carmin
 
que vienne le train imbécile de nos résolutions boiteuses

lundi 29 décembre 2014

s'amouracher de la démystificatrice


l’empressement du myosotis à dévorer de l’ombre
l’agacement du rouge-gorge dans son rôle de sentinelle
le noyer qui ronchonne un vent venu du nord
le silence de la fontaine devant l’effroi du thermomètre
et la nostalgie qui refuse de sortir de prison
 
découper la panoplie du sauveur dans une toile de jute
incendier la bannière dorée des certitudes
s’amouracher de la démystificatrice des dénonciations
 
que vienne un tapis de bienvenue devant le palais de justice

embrasser la coquine


le réveille-matin qui sonne le piquet de grève
la barricade de linge sale et d’almanachs rouges
le clairon qui bégaie le cri des grenouilles
la soupe populaire de rutabagas et d’os à moelle
et la bibliothèque clandestine des poèmes bannis
 
étouffer le bruit du pavé avec une pluie de coquelicots
dessiner des gibets à l’encre sympathique
embrasser sur la bouche la coquine de l’arsenal
 
que vienne sur la place une fanfare d’intègres et de joyeux

mardi 23 décembre 2014

prier la canonnière


la litanie des errants devant les barbelés
l’inclinaison des ailes de l’ange devant le mépris
la déclinaison des excuses en lettres miliciennes
la généalogie des perdus sur l’épine-vinette
et la génuflexion des opprimés devant nos offrandes
 
souffler sur les braises de la colère
agiter les mouchoirs face aux convois imbéciles
prier la canonnière de tout mettre à feu
 
que vienne une minute solennelle sur nos contritions

lundi 22 décembre 2014

engrosser une femelle inuit


les stalagmites de sel sous le pied des marins
les corridors de saumons sous le fleuve gelé
le phosphore sur les ailes du martin-pêcheur
la météo des solitudes un soir de solstice
et la graisse de phoque pour ressouder la banquise
 
incendier la taïga pour éloigner les renards
étendre la couverture sur un parterre d’étoiles
engrosser une femelle inuit durant la nuit arctique
 
que vienne une aurore violine sur un vol de pétrels

dimanche 21 décembre 2014

déchirer la camisole de la pensionnaire


les bras ouverts sur un fantôme d’accordéon
le rimmel qui prend le chemin de la houle
la recette du diable pour rissoler les aveux
le costume de carnaval dans l’armoire du presbytère
et la veuve qui ouvre le bal dans sa robe moirée
 
dégriser l’après-midi avec un vermouth aux épices
épousseter la musique avec le plumeau des mariages
déchirer la camisole de la pensionnaire de l’hospice
 
que vienne un fou de Bassan au-dessus de cette heure gracieuse

mercredi 17 décembre 2014

pister la débusqueuse de nids


la Vénus déplumée sur l’autel du tropique
la voilette de tulle accrochée au grand mât
la houle polyphonique secouant les écoutilles
le sextant éberlué à la vision centripète
et la pêche au loup dans la baignoire de Cendrillon
 
faire danser la vigne vierge au son du fifre
charruer le guano des frégates sur une île trop vieille
pister la débusqueuse de nids les nuits sans lune
 
que vienne un iceberg de grâces dans le courant des âmes

lundi 15 décembre 2014

vacciner la nourrice


le poids du rituel dans les transports amoureux
la porte entrebâillée sur l’intranquillité
le guéridon où sommeille un semis de parjure
le savon de racines pour relaver la tendresse
et le torchon de coton pour la vaisselle du quotidien
 
engraisser la marmaille pour affronter l’hiver
dessiner des soleils sur la tapisserie
vacciner la nourrice contre la neurasthénie
 
que vienne un vent de légèreté sur le jardin public
 

dimanche 14 décembre 2014

lutiner la maîtresse de maison


le papier-carbone qui brouille la mémoire
le parfum de la mer qui remonte de la cave
la généalogie de l’incertitude qui montre le chemin
le ressort abimé dans la pendule familiale
et l’annuaire des soucis sur le livre des comptes
 
poncer les esquilles sur la planche de salut
encaustiquer le petit salon des rencontres
lutiner la maîtresse de maison pendant la messe basse
 
que vienne le chant du coucou à la sainte table

soutenir la bibliothécaire


le chagrin des libellules à la mort du facteur
la cuisine des papillons juste après la rosée
la désorientation de la semaine juste après l’orage
l’arrogance du bouc attaché à la frontière
et la patience du vieux cheval revenu de la guerre
 
plier la métaphore pour en faire un chapeau
essorer la syntaxe pour délivrer la parole
soutenir la bibliothécaire jusqu’à l’accouchement
 
que vienne la bénédiction de l’églantine sur nos abominations

jeudi 11 décembre 2014

anoblir l'apicultrice


la clinique ophtalmique dans un champ de colza
la borne kilométrique plantée par les barbares
la musique des criquets dans la nomenclature des céréales
la bouteille de porto sur le banc de granit
et le carnet de santé des ouvrières agricoles
 
cultiver des rétines de synthèse sur un rosier grimpant
tester des lunettes-filtres élaborées au pôle nord
anoblir l’apicultrice pour son miel de fleurs noires
 
que vienne un non-lieu en papier crépon sur nos regrets faméliques

mardi 9 décembre 2014

envelopper la doyenne


la fenêtre donnant sur un pèlerinage d’oiseaux
la fanfare des herbes sous la baguette du tremble
le professeur calculant l’algorithme des feuilles mortes
la sirène de l’usine annonçant la messe du dimanche
et la pomme en cage pour bonification
 
remercier la vigne pour son engagement
charruer un arpent de ciel pour accueillir la neige
envelopper la doyenne dans un châle fantaisie
 
que vienne un soleil blanc au-dessus de la ville

lundi 8 décembre 2014

répudier la geôlière


la pastille de mousse d’Islande sur la langue du mourant
le merle qui se demande si c’est décent de chanter
l’éclairagiste de la rue qui nettoie les ampoules de deuil
l’orgue de barbarie qui se souvient des barbaries
et la barrière électrifiée qui contient les sans-papiers
 
paraffiner la colère dans des pots de conserve
aiguiser les gouges à sculpter les audaces
répudier la geôlière parce qu’elle est frivole
 
que vienne un pianiste éberlué à cheval sur son piano

dimanche 7 décembre 2014

lutiner la plumeuse de coqs


le bouc aux sabots d’argent trottinant sur le pavé
le bouc aux cornes d’or traversant la rue des horlogers
le temps d’une polka pour l’envol de la trapéziste
le chapiteau du cirque sur l’édredon des amours
et la sciure de la piste recueillant les parfums du rut
 
ramasser le crottin pour le rosier du cimetière
convoquer le canard boiteux pour l’enterrement du clown
lutiner la plumeuse de coqs derrière le hangar
 
que vienne la fanfare du cirque à la sortie de la messe

samedi 6 décembre 2014

endoctriner la pénitente


le crapaud fait des patiences avec des ailes de libellules
l’impatiente ronchonne parce que sa chaise est en retard
le marchand des quatre-saisons n’a plus des soucis et du mouron
la fée clochette regrette de n’avoir plus de préservatif
et les enfants d’adultère ont de l’inquiétude dans le regard
 
éparpiller la cendre sous le saule sacré
tendre un fil barbelé pour le gouter du pie-grièche
endoctriner la pénitente et son corse de cilice
 
que vienne un nouveau code civil sur la place publique

jeudi 4 décembre 2014

abreuver la camionneuse


le renard ivrogne à la buvette de l’autoroute
la réclame pour steak frites au cinéma muet
le bidon de peinture verte pour la journée plein air
la gazinière de camping dans le parking souterrain
et la couverture militaire pour le pique-nique amoureux
 
lézarder la certitude dans la maison familiale
attacher le remords au poteau de torture
abreuver la camionneuse avec le pinard du curé
 
que vienne l’équipe de sauvetage pour garantir l’oubli

 

mercredi 3 décembre 2014

féconder la pochtronne


la bise insatisfaite sur l’avenue des platanes
le chaudron qui balance comme un battant de bourdon
l’horloger qui bégaie le tictac des alarmes
le parasol qui se lamente des funérailles de juin
et la prise de poids de la mélancolie fatiguée
 
fendre le courant des mauvaises nouvelles
égrapper la colère accrochée à la moelle
féconder la pochtronne au jardin des navets
 
que vienne une pluie violente sur la sale prudence

mardi 2 décembre 2014

allaiter la défroquée


la cheminée qui signale en morse un feu de forêt
la citerne d’eau de pluie qui sert de piscine
la distillerie qui dissout les vertiges
le patron qui fait la paie à la sortie de la messe
et le balayeur qui dit la poésie aux pigeons
 
décaper les amitiés au détecteur de mensonges
abreuver la vouivre d’une eau de soufre
allaiter la défroquée à mon sein protecteur
 
que vienne une armée de lutins pour garder les hosties

lundi 1 décembre 2014

épouser la caravanière


 
la nuit qui plombe l’angélus des mangeurs de patates
la bougie qui met de l’ambre à ce vinaigre madéré
le chat qui rote la panique de l’orvet
le livre qui radote toujours le même chapitre
et la femme-soldat qui ne sait plus prier
 
déterrer un tibia d’un animal de course
traverser le glacier pour un sachet de pigments
épouser la caravanière et son outre de vin
 
que vienne le congrès des fennecs un lundi de pluie

dimanche 30 novembre 2014

dépuceler la passionaria


les aventures des chiennes dans la châtaigneraie
le jus de la guimauve sous la source de tuf
le corbillard dérupité dans le pierrier du torrent
la couronne de fleurs en plastique sur la croix des missions
et le berger qui fait boucherie d’une brebis boiteuse
 
allumer des contre-feux pour conjurer l’hiver
promener une brouettée de choux à la sortie de la messe
dépuceler la passionaria l’après-midi du grand soir
 
que vienne le chant du clairon à la porte du dispensaire

samedi 29 novembre 2014

entretenir un commerce avec la dame-pipi


le caillou dans la chaussure du mille-pattes
la rancœur qui mijote dans le sang du jaloux
la crise de foie de la mante religieuse
la brume qui s’invite dans les yeux de l’amoureuse
et la panoplie de Tarzan dans l’armoire à balais
 
tirer le rideau sur une mélancolie malpropre
essuyer la vaisselle des mots de divergences
entretenir un commerce avec la dame-pipi du théâtre
 
que vienne l’allumeur de lanternes à la soirée de veille

vendredi 28 novembre 2014

vouvoyer la douairière


la livraison retardée d’une pinte de bon sang
le mousqueton du chasseur-alpin oublié au bistrot
la chanson viking sous le balcon de l’amoureuse
l’envie de voyage incrustée dans les ovaires
et le ticket de tramway pour donner illusion
 
composter le chagrin à la sortie du supermarché
parfumer la literie d’un jus de crocus
vouvoyer la douairière à la porte de la chambre
 
que vienne l’échanson avec son vin de noces

jeudi 27 novembre 2014

gourmander la cousine


le démembrement de la poulie dans les viscères
la cartouche à dessein dans la poche à gousset
la carte d’anniversaire postée à fausse date
les miettes de pain dans le caleçon du samedi
et la mélancolie pitonnée dans un ressaut de falaise
 
raboter une fatigue vieille sur la nuque
décompter les soucis dans le bidon à récurer
gourmander la cousine nue dans la cabane de chantier
 
que vienne un salmigondis de ressentiment dans les interstices de l’âme

mercredi 26 novembre 2014

délacer le corset de la flûtiste


les pives de mélèzes déversées dans la hotte
le casse-noix qui grince dans le talus d’en face
le berger des nuées mâchouillant une racine de gentiane
le chien de rouge qui retrouve la trace de l’abattoir
et le gardien des heures sombres qui s’ennuie à mourir
 
mêler le calendrier des saints au carnet des saillies
brasser la bière amère des chemins de croix
délacer le corset de la flûtiste avant l’allegretto
 
que vienne la métaphore d’une nuit de l’Avent

lundi 24 novembre 2014

embarquer la sommeilière


le genou qui transhume les scories du bal
l’escarpin qui brille de salive et de bière
l’euphonium qui ronfle un excédent de vinasse
la tombola qui ravive une parcelle de dieu
et la mélancolie du torchon ressuyant les verres de cantine
 
éteindre son mégot d’un talon présomptueux
ordonner au petiot de surveiller les verres
embarquer la sommelière dans un tango ravagé
 
que vienne un solo de trompette pour saluer le désir

dimanche 23 novembre 2014

lacérer la robe de la pacificatrice


l’ectoplasme du juge dans le miroir de l’étang
le nénuphar pendu parce qu’il ne sait pas se noyer
l’absence d’intention dans l’œil du crapaud
le coupeur d’osier s’excusant auprès du butor
et le carré de chocolat fondu dans la poche de l’écolière en fugue
 
jeter la tarte aux pommes parce que personne n’est venu
ravauder la toile d’araignée dans la chambre d’ami
et lacérer la robe de la pacificatrice des affligés
 
que vienne l’armistice des vents de dessiccation

jeudi 20 novembre 2014

blâmer la démarieuse


le balai-de-riz sur l’escalier des mariages
les confettis qui dansent sous la bise mesquine
le dormeur du banc public qui ronfle du Wagner
la marchande de nems dans sa roulotte en carton
et le pigeon qui rame sur le trottoir encombré
 
remonter le ressort de la stupéfaction
rassembler les bons mots pour les salutations
blâmer la démarieuse des accouplés de la nuit
 
que vienne un service de voirie sur nos résolutions

caresser à rebrousse-poil la brodeuse de corsets


le rideau souffreteux ajouré par l’araignée
l’idée d’un feu de cheminée dans le pouls de la carotide
la chaussette impaire accoudée à la fenêtre
la chemise imprégnée d’odeur de choucroute
et la pamoison d’une rose sur l’édredon des lundis
 
recuire la nostalgie dans un jus de saindoux
abreuver le cancrelat grignotant le cortex
caresser à rebrousse-poil la brodeuse de corsets
 
que vienne l’abandon des agapes familiales

mercredi 19 novembre 2014

étreindre la savetière


la tronçonneuse manchote dans la saulée
l’huile de ricin brûlée dans le chiffon d’étoupe
le mazout de chauffage dans l’amorce de la pompe
le bois de lune pour les lattes du sommier
et les rémiges du canard dans la minuterie
 
relancer toutes les machineries pour rallumer le doute
mettre dans le bas de laine la mansuétude du mouton
étreindre la savetière dans le hangar des sauvagines
 
que vienne sur la table de la cuisine l’excuse de l’usurier

lundi 17 novembre 2014

abreuver la diamantaire


la ronde des couleurs dans le lit des tempêtes
les nuances d’affliction sur le calendrier
le point noir comme un trou au milieu de l’horloge
le point cardinal émacié au creux de la main
et la cartographie des roseaux sur le pain quotidien
 
abraser les aspérités des jours de la semaine
vernisser les écorchures de la rancœur
abreuver la diamantaire avec un jus de réglisse
 
que vienne l’heure des courriers du cœur

dimanche 16 novembre 2014

enfermer l'oiseleuse


l’écorce du bouleau qui raconte les anges
le fauteuil Voltaire sur le tapis de feuilles mortes
le thermos de thé de Chine trop sucré de miel
le gingembre confit pour réchauffer les entrailles
et la plainte du roitelet abandonné
 
rincer la vie à l’eau des torrents
colmater la conscience avec la vase de l’étang
enfermer l’oiseleuse dans la cage des ressentiments
 
que vienne un chant de repos et de contrition

samedi 15 novembre 2014

enlacer la mercière


le silence emmuré dans la queue d’une comète
la déchirure de l’après-midi sur un seul coup de vent
l’avoine fermentée pour l’ivresse d’un vieux cheval
la fatigue déshabillée sur la banquette d’une salle d’attente
la nuit qui tire son coup au premier coup de l’horloge
 
délacer avec tendresse la prison d’un corset
délaisser la musique sur un piano en déroute
enlacer la mercière et ses attaches câlines
 
que vienne une flambée de bois de rose dans le ventre de la veuve

mercredi 12 novembre 2014

soûler la montreuse d'ours


l’alcool de cafard dans la gourde abimée
le mouchoir sale de sueur fatiguée
la trappe à souris dans le buffet des conquêtes
le chaudron de soupe à la misère
et le calendrier sans jour de fête
 
raviver la verrue d’un coup d’ongle noir
essorer la liquette dans la cuve à soucis
soûler la montreuse d’ours avec de l’hydromel
 
que vienne la neuvaine des tornades et des tremblements

dimanche 9 novembre 2014

soudoyer la pêcheresse


le cri de la sarcelle au-dessus de l’étang
le vélo couché au bord de la roselière
le peintre exténué qui lèche son bleu de Prusse
le chagrin de la clématite abandonnée sur un banc
et le chant sublime de la jeune femme sur sa barque
 
tremper son pinceau dans une grenouille rousse
détourner la perspective du tableau
soudoyer la pêcheresse avec une cuiller en argent
 
que vienne la pêche miraculeuse des bonbons colle-aux-dents

samedi 8 novembre 2014

séduire la sacristaine


l’incendie de la forêt à l’arrière d’une ville trop blanche
le fleuve qui charrie des pénitences et de la cendre
la fontaine qui goutte le fiel du rituel
le béret du violoniste pour faire la quête
et le remords de la grenouille qui coagule le sang des pauvres
 
harmoniser le chant du corbeau
repeindre les pétales de la rose gelée
séduire la sacristaine derrière la Vierge aux Cent Douleurs
 
que vienne l’hébétude sous l’assommoir indulgent

jeudi 6 novembre 2014

racheter une esclave


l’envol du bouquet au-dessus d’un paravent
le lit de noces dans une boule à neige
l’incertitude comme un caillou dans la chaussure
le livre des prénoms sous le livre des heures
et le sang des menstrues sacrificielles
 
lire l’avenir dans le foie d’un coq
marier le chardon avec le myosotis
racheter l’esclave pour le prix d’un diamant
 
que vienne la mousson sur un désir de mariage

mardi 4 novembre 2014

réchauffer la colonelle


le soldat endormi sur son quart de vin
les feux de balises étouffés par la pluie
le clairon rouillé sous le lit de camp
la carte des denrées bouffée par les rats
et l’ennemi qui siphonne un verjus de victoire
 
repriser la bannière avec du gros fil de cuivre
écrire un couplet sombre à l’hymne du canton
réchauffer la colonelle avec du baume tranquille
 
que vienne la relève dans cette nuit chahutée

dimanche 2 novembre 2014

caresser le jarret de la vétérinaire


les plumes du choucas pour conjurer la neige
la mue du serpent pour camoufler les rides
la flambée de bois résineux pour feu d’artifice
la porte de la grange ouverte aux bohémiennes
et le trombone qui renonce à l’angélus
 
négocier au rosier une rose de dentelles
plumer une poularde pour un anniversaire
caresser le jarret de la vétérinaire
 
que vienne la poussière de Vénus sur le drap de lit

 

samedi 1 novembre 2014

mentir à l'infirmière-visiteuse


la contrition des amoureux au motel des fleurs
la serviette de bain qui sent le musc et le forçat
le géranium qui ment sur le bord de la fenêtre
la mésange sans pudeur ni scrupule
et l’incendie de la chapelle des mariages
 
ouvrir la barrière du parc au vieux cheval
saler la soupe aux choux avec du petit lard
mentir à l’infirmière-visiteuse le lundi matin
 
que vienne un brouillard de rédemption sur le séjour des morts

vendredi 31 octobre 2014

dessiner le visage de la paysanne


la table de jardin sous le givre
le grabuge des fins de vendanges
la crucifixion de l’étourneau
la tisanière qui renonce
et la trompe marine dans le verger
 
scarifier les pieds de choux
ajourner la permission de soleil
dessiner le visage de la paysanne
 
que vienne du cellier un chant de béatitude

 

jeudi 30 octobre 2014

baiser la dompteuse de fennecs


l’enveloppe affranchie de millepertuis
le cachet de cire au goût de pâte de coing
le papier buvard imbibé de lavande
le bec de plume sans adresse
le pèse-lettre sans mémoire
 
exiger un droit de réponse du désert
désarmer l’imbécillité de l’outre
baiser la dompteuse de fennecs sur la dune
 
que vienne un déshabillé de constellation dans un ciel d’hiver

mardi 28 octobre 2014

valser avec le sabot de la bergère


 
la bronchite de l’accordéon
le bras cassé de la trompette
la rustine sur le tambour
l’arc électrique sur la portée
et le ver à soie sur la corde vocale
 
rendre gorge devant l’écharpe du mouton
sabrer la peluche du loup
et valser avec le sabot de la bergère
 
que vienne le paquebot des fiançailles

lundi 27 octobre 2014

rhabiller la faucheuse d'orties


la dépigmentation des peaux de lézards
le buvard des ailes de cormorans
la soie des prières carmélites
les escarres de la truie allaitant
et le maquillage de la chienne pistant le rouge
 
appréhender le hibou des marais
foutre le feu au tapis de feuilles mortes
rhabiller la faucheuse d’orties après l’amour
 
que vienne l’indulgence pour le péché à commettre

dimanche 26 octobre 2014

capturer l'équarrisseuse avant la nuit


la décollation d’une libellule rousse
la corrosion des pinces du lucane
l’amputation manquée du mille-pattes
la strangulation de l’orvet
et la trachéotomie du rossignol
 
brancarder l’agneau de l’année
défenestrer les remords
capturer l’équarrisseuse avant la nuit
 
que vienne l’incendie des lamentations

samedi 25 octobre 2014

saluer la gardienne d'araignées


le doute de la fermentation des pommes
le tictac du chagrin
la veuve devant son miroir
la crucifixion du machaon
et l’incendie du séchoir à lavandes
 
désinfecter l’armoire à souvenirs
tricoter des pivoines
saluer la gardienne d’araignées
 
que vienne le repos du ventre

vendredi 24 octobre 2014

embrasser la factrice


la mise à feu des noyers
le pirouli des fifres
la couleuvre dans son nœud coulant
le psaume en pièces détachées
et la tache de vin rouge sur la chemise
 
repeindre le volet de la chambre
préparer une compotée de grives
embrasser la factrice
 
que vienne le premier gel d’octobre


mardi 21 octobre 2014

signal de contrition


c’est un signal de fin de vie sur le monitoring de la retraite
c’est un signal de contrition pendant la sieste du dimanche
c’est un signal d’arrêté urgent pour le défraiement des étrennes
c’est un signal de laisser-passer pour les guerres et les virus
 
l’étoile du berger éclaire la piste du loup
la lampe-torche signale l’effondrement du chemin
la caméra infrarouge surprend les pérégrinations des sexes
le falot-tempête se faufile parmi les granges
 
on arraisonne un convoi de céréales
on engraisse le veau avec des prières et des promesses
on collecte des galets pour la fronde de la sentinelle
on suçote des petits verres de gnôle pour désinfecter le remords
 
le vent siffle sous le toit un oratorio de froidure
la belette se calfeutre dans la malle aux chandails
le fourneau réclame sa part de tourteau et de bûche
le courrier du cœur attend la première gelée
 
la courbe des températures sur le carnet du lait
la marque des apnées sur la planche à dessin
le diamètre des soirs de bal et des matins de séparation
l’angle mort des amours sur l’équerre des caresses
 
le signal d’une pulsion de vie sur le catalogue des gratitudes
j’épouserai la secouriste et ses remèdes de bonne femme

jeudi 16 octobre 2014

abside déroutée


c’est une abside entre le pariétal et l’hippocampe
c’est une abside posée sur le rebord du dimanche
c’est une abside entre la pâque et le grand soir
c’est une abside agrippée à la planche de salut
 
des mots devant la cage des inséparables
une phrase torturée sur l’autel d’un ingrat
un chapitre sans accroche, sans police ni caractère
le grand livre en jachère au bout du cimetière
 
on lâche des cerfs-volants ans un ciel de défaite
on pratique le brûlis lors des fêtes votives
on ensemence la tourbe avec des fleurs cannibales
on éduque les renards à traverser les routes
 
la tremblante du mouton et la fièvre du chien berger
l’épilepsie de la fourmilière et l’infarctus du torcol
la gangrène du millepatte et la confusion de l’orvet
la psychose du taureau et le désœuvrement de la vache
 
à quoi sert une abside dans la mesure du chagrin ?
une brouette de feuilles et une pelletée de fumier
un accordéon malingre pour le bal des renoncules
une assiettée de silence au déjeuner du diable
 
l’abside déroutée vers les méninges du grand nord
j’épouserai la vieille monarque dans ses tentures, et son accent de toundra