1440 minutes

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editions d'autre part

vendredi 23 octobre 2015

j'onomatope


le soleil craque le bec du pic
le soleil croque les piques des becs
 
j’onomatope la cruauté
crû oté
Théo cru
au crû thé
ho ! t’es cru
je phtongue
je diphtongue
je sonne
je consonne
j’onomatope
top top tetop top
 
le soleil triture le marais salant
le soleil torture le salé marrant
 
j’onomatope le fou rire
file roule
foule lire
fil lourd
lit four
je phtongue
je diphtongue
je sonne
je consonne
j’onomatope
top top tetop top
 
le soleil lacère la peau du dos
le soleil la serre à l’appeau dodu
 
j’onomatope le sentiment
sans temps mis
sans mi-temps
sang menti
tant ciment
je phtongue
je dis
je diphtongue
je sonne
je consonne
je voyou
tu voyelles
j’onomatope
top top tetop top
top top tetop top

dimanche 18 octobre 2015

que si ! que no !


no ! si ! que si ! no !

siderons la plaine sous la caillasse et la vase
considérons le talus de ronces et de rhododendrons
solidons le remord
consolidons toute jouissance
 
le vacarme du charivari des libations
la fontaine de liqueurs d’agrumes
le verglas des fous rires
le verjus des raisins amers
 
no ! si ! que si ! no !
 
sacrons les pelouses interdites
consacrons le banc des amoureux
tactons les mamelles indolentes
contactons les femelles affranchies
 
le tintamarre des rogatons
le tonneau des vins indociles
le bord du chagrin dessoûlé
le rebord du vide sidéral

le rebord du vide considérable

que si ! que no !
 
je poste un angélus en courrier prioritaire
je composte un aller-retour vers le purgatoire
livrons un charroi de regrets
délivrons les parfums de miséricorde

l’intendance des reproches et des conciliation
le saloir des blessures interlopes
le corridor vers l’ascèse
le bidon de bleu pour barbouiller les étoiles
 
que si ! que no ! no !
 
je tiens la vanité par le bout de la queue
je contiens des jus inavoués inavouables
tentons la face nord des délivrances
contentons-nous des forges et des poisons
 
le chuchotement des pardons
le garrot des contraintes
l’illumination des cierges délabrés
le jeu de passion sans esbroufe
l’enjeu de passion sans griffe
l’enjeu de compassion escogriffe
 
no ! si ! que si ! no !
 
signons signons l’acte de mitraille 
consignons de bon aloi
consignons la déclaration de guerre
 
si ! no ! que no ! si !

vendredi 9 octobre 2015

le cagnard cogne


Le cagnard cogne.

Comme une pluie de graviers sur le chien qu’on ne connait pas, sur le boumian qui sent l’ail, sur l’étrangère qui veut nous imposer sa marmaille.
 
Le cagnard cogne.

Et dzim ! et dzam ! Comme une ligne électrique à haute tension qui tombe sur le bétail, comme la lanière du fouet sur les peaux condamnées, comme la bêtise sur une tige de coquelicot.

Le cagnard cogne.

Je suis couché sous la chorégraphie des pistons dans la salle des machines. Je ressens des mouvements de pulsion dans mes tuyauteries. J’esclandre et je purge. J’entends les détonations dans les clapets. Ça fume, ça siffle. Le diable a fait fortune dans ces recoins. Je vocifère et je pêche. La mort remet sa petite culotte.

Juste après le moment précis de la bombe H, du grésillement du bombyx, de la frénésie du bambou. Juste après l’iconographie des assassinats de taureaux, juste après l’hydrométrie des larmes des chamelles, juste après l’épuisement des chattes cancéreuses.

Le cagnard cogne.

Pourquoi ces relâchements ? Pourquoi ces mugissements ?

Des enfants pissent contre les cyprès du cimetière. Des enfants crachent dans le sens du vent. Des enfants piétinent les tomates destinées à la cantine.

Que cogne le cagnard sur la cabosse des femmes rebondies !
Que cogne le cagnard sur le caillebotis des anges !

La femme pacotille a pendu son voisin aux baleines de son soutif. Elle collectionne les métacarpes de ses amants pour en faire des pendants d’oreilles, qu’elle vend sur le marché à touristes.

Des monceaux d’envies d’amour s’évaporent de la plage. On a besoin de vent et d’un peu de compassion. Un tourteau imbécile grince de la pince au passage d’une naïade. Je lui promets une recette de rouille et de piments. La naïade se déguste en agrumes. Et en papaye, le dimanche.

Que cogne le cagnard sur le croupion du coq en coqueluche !
Que cogne le cagnard sur la conque des femmes rétives !

L’orthophoniste exerce l’articulation des injures et des mots d’amour.
Le tambourinaire syncope une cadence trachéotomisée.

C’est l’incendie des baraquements. C’est la crucifixion de la cigale. C’est l’heure des braves et la minute vernaculaire.

La roubine refoule les rejets des chalutiers. Les mouettes transpirent un jus d’anchois et de seiche.

Je presse une contrition alanguie. J’essore le vent et les galets. Je file du glacier aux îles vierges. Des tortues antiques ricanent et m’envoient au Musée de l’Homme. Pour voir !

Regarde le rostre des libellules, regarde la grimace de l’araignée.
Déguste le suc gastrique de la couleuvre à collier.

Je gobe un œuf de flamant rose. Je croque des salicornes.

Oh ! les voltes fatiguées des chevaux dans le paddock, l’agacement de la palefrenière sur le fumier, la tourbe qui se raconte des histoires de chevalerie !

Le sable se souvient.

Le cagnard cogne.

Comme un plan de bataille avortée. Comme une chute de limaille sur les peaux renégates. Comme un cancer de l’os qui choisit la vertèbre.

Le cagnard cogne.
Et dzim ! et dzam !

C’est l’histoire d’un ventre qui dissout les cailloux, la pharmacie des pétoles de chamois et de l’arnica, la désertification des glandes à venin. Le salut de l’humain.

Que cogne le cagnard sur la crousille de l’estropié !
Que cogne le cagnard sur les coquilles d’œufs des lézards !

J’ai demandé au taureau, le taureau n’a pas voulu.
J’ai demandé au chevau, le chevau n’a pas voulu.
J’ai demandé au vélo, le vélo n’a pas voulu.
J’ai demandé au pied-bot, et je suis arrivé.
Bonjour, je suis en avance.

L’orthophoniste onomatopée sa fanfreluche. Elle échafaude son nombril de consonnes gutturales. Je lui dirai des râles d’amour et des ronflements.

Je pulse, j’expulse.
Je purge, j’expurge.
Je pire, j’empire.
Je t’empereurerai la houle sur la plage des couteaux et des vives.
Je t’Attila et Alexandre, mon amour.

Que cogne le cagnard sur la Carabosse et sa carabistouille !
Que cogne le cagnard sur les croquemitaines d’escarmouches !

Le plus beau poème est celui qui s’inscrit sur le sable les soirs de demi-lune, et que la marée efface et dissout dans le sel de la mer.

Implorons la mémoire des cœlacanthes !

Le plus beau des poèmes sèche et craquèle sous la canicule.
En attendant, la cervelle se met en danseuse sur son petit vélo.

Le cagnard cogne.

Le souffle, le sang.
Je ne bronche pas, je me bats.

lundi 5 octobre 2015

Holà! le vent sur les chevaux


Holà ! le vent sur les chevaux ! Holà ! le vent sur le convoi !
 
Hey hey hey hey hey ! ssh ssh ssh !
 
J’habite un plumard rempli de chaille bleue. Ma peau porte les stigmates de poèmes non datés, cruels et sobres comme le tranchant du sabre.

J’habite un container arrimé à la falaise là-haut, sur une falaise plein sud, là-haut plus hautque les trois mille, là-haut vers les parapentistes oubliés.

J’habite un scaphandre dans la marne, dans une retenue de lies, dans le cuvier de noyaux fermentés.
 
Mon territoire s’étend d’un roman de gare dévoreur de pucelles au poème kirghize qui apaise les chevaux, sans oublier les borborygmes énamourés des pensionnats.

Holà ! le vent sur les corbeaux ! Holà ! le vent sous les soutanes !

Hey hey hey hey hey ! ssh ssh ssh !

Les tourments seront enfin calmés quand mes os seront brisés par un vol de lucanes veufs. Je pourrai alors suer un jus de libellules vierges. Je pourrai renifler une morve de blaireau.

Pardon, Monsieur le Commissaire, j’ai écrasé dieu en reculant devant l’humilité. Je ne le referai plus. J’irai de l’avant, promis, juré, craché. J’irai vous en acheter un autre au comptoir des amibes, à la boutique deuxième main des machineries grotesques, au marché des esclaves trop voûtés.

Heya ! Heya ! Heya ! Hop !

Heya ! Ssh !

Dans le couloir de la flibuste, les araignées vont gaillard devant, les recoins en plein centre, les guet-apens au vu de tous les renégats.

Dans le corridor des rapines, les belettes sifflent la carmagnole. Rongés les fils électriques, brisées les ampoules à coups de queues.

Dans le placard des coupe-gorges, la mouche à merde compte les fioles de sang séché, se nettoie les pattes avec le mucus du diable, organise ses pontes dans le désordre des chairs.

Mes excuses, Madame la Juge, j’ai étranglé la bonne conscience en m’exerçant au nœud de cravate. Je ne manque pas d’air quand il s’agit d’aiguiser la schlague, de nouer le garrot. Bah ! vous en trouverez d’autres par paquets de douze au supermarché des madones, dans les dortoirs des saints, chez la confrérie des anges au cul pelé.

Ssh ! ssh ! ssh ! ssh ! hey ! hey !

Je suis né jour de boucherie. Mon premier cri était un couinement de cochon affolé. Par la Saint Sacrifice, j’ai été accouché dans le jardin potager, parmi les rutabagas, les scorsonères, les rattes et les choux, of course.

J’ai été mis à rassir avec les jarrets, les boudins, les atriaux, les têtes de veaux, les museaux de bœuf. Les oreilles et la queue, of course aussi.

Heya ! heya ! ssh !

Ma couveuse était une barquette d’endives, une corbeille de noix, un panier de poires à cuire. Mon école s’est faite à la choucroute, à la compote de raves, au petit salé, of course encore.

Quatre hivers dans le saloir,
Trois automnes dans le fumoir,
Deux étés sur l’alpage,
Un printemps sur le ventre des femmes.

Ssh ! ssh ! ssh !

Holà ! le vent sur les tréteaux ! Holà ! le vent dans les grandes orgues !

Je quitte le trottoir des renonciations avec la gourde pleine d’un distillat d’injures et d’une remontée de rumination.

Je quitte la rue des estropiés sur un brancard à roulettes tiré par une chèvre haut-valaisanne.

Je quitte la ville des potences et des lapidations avec la bénédiction sacrilège d’une clandestine trop belle pour mes mains.

Pardon, ma Seigneurie, j’ai noyé votre miséricorde en lavant ma chemise. Le savon noir, l’eau trouble du ruisseau. Je vous en ramènerai du talus des bannis, de la clairière des infirmes, de la prairie des enfants mort-nés.

Ho ! ho ! ho ! ssh !

Je pue. Je conspue.
Je presse. Je compresse.

Ce soir est une tombola.
Ce soir est un jeu de l’oie.
Ce soir est un jeu de massacre.

Holà ! le vent sur les roseaux ! Holà ! le vent sur les lumignons !

Cette nuit est un tombeau.
Cette nuit n’est pas un jeu.
Cette nuit est un chamboultou.

Je pue. Je presse.
Je fonds.
Je confonds.

Hey hey hey hey hey ! ssh ssh ssh !

dimanche 4 octobre 2015

au corps à corps


la messe basse se dit entre quatre z’yeux
dans les coursives de la nuit
qui nous laisse foutraques
agenouillés de miséricorde
hohohohoho !
la grande messe se dit à quatre mains
dans les corridors du matin
qui nous laisse sans raison
décérébrés d’alléluias
hohohohoho !
la messe chantée se dit au corps à corps
dans les allées du crépuscule
qui nous laisse dans la petite mort
irradiés de béatitude
hohohohoho !
 
la fauche de sainfoin se fait entre quatre z’yeux
sur les colonnes antiques de midi
qui nous fait la vie sauve
couchés parmi les immortelles
hohohohoho !
la fauche de luzerne se fait à quatre mains
sous les auvents des nuages de quinze heures
qui nous fait la vie brève
assis parmi les myosotis
hohohohoho !
la fauche d’avoine se fait au corps à corps
sous les cyprès bandés dans le soir
qui nous fait la vie intense
debout parmi les chrysanthèmes
hohohohoho !
 
le tango de salon se danse entre quatre z’yeux
sur la moquette pourpre d’un après-midi soyeux
qui nous laisse boiteux
rincés de désir
hohohohoho !
le tango de barbarie se danse à quatre mains
sur le pavé rouge d’un soir inquiet
qui nous laisse pied-bot
essorés de plaisir
hohohohoho !
le tango de mise à mort se danse au corps à corps
dans la fosse commune d’une nuit soûle
qui nous laisse cul-de-jatte
asséchés de tempête
hohohohoho !
 
la septième vague de la marée se mesure entre quatre z’yeux
sous la bénédiction de l’ange
qui nous délivre mélancolie
mouillés d’embruns salés
hohohohoho !
la septième vague de la marée de compte à quatre mains
sous les enluminures des déesses
qui nous dispense de grâces
auréolés de sueurs sacrées
hohohohoho !
la septième vague de la marée s’oublie au corps à corps
sous les haubans de la sainte
qui nous absout pour la journée
dénués de mauvais sentiments
hohohohoho !
 
la remontée vers les crêtes se fait entre quatre z’yeux
sous la guidance  de la vouivre
qui nous desserre la jugulaire
essoufflés de dénivelés abrupts
hohohohoho !
la remontée vers les nuages se fait à quatre mains
sous la bienveillance de l’aigle
qui nous pousse vers les thermiques
assoiffés d’oxygène
hohohohoho !
la remontée vers le ciel se fait au corps à corps
sous le ventilateur du désir
qui nous ouvre l’ivresse
fusillés d’éternité
hohohohoho !