1440 minutes

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editions d'autre part

lundi 23 avril 2012

je te rêve

danse des lentilles d’eau
sous le premier rayon de soleil
danse que la foulque ignore
et qui désespère la photographe
et le sourire du chat

je te rêve en pointillés


danse des bourdons
sur les fichus des vigneronnes
danse que le guêpier raffole
et qui morfond le cantonnier
et le bâillement du renard

je te rêve en sépia


danse des joncs
sous la brise de midi
danse que le busard brade
et qui apaise la jument dans le pré
et la fuite de la couleuvre

je te rêve en trait tiré


danse des araignées d’eau
sur le frisson du miroir
danse que le martinet contrecarre
et qui déroute l’orpailleur dans son trou
et la plainte de l’agnelet
 
je te rêve en noir et blanc


danse des massettes
sous le vent du soir chagrin
danse que le héron tourmente
et qui fait vaciller le bûcheron
et le chant du crapaud

je te rêve en couleurs


danse de la cloche
dans la vibration de la nui
danse que le hibou flagelle
et qui macère la cueilleuse de lune
et le sourire du loup
 
je te rêve en 3d
je te rêve en 3d
je te rêve en 3d

23 avril 2012

dimanche 15 avril 2012

je plante un clou

quand le spoutnik s’accorde au violoncelle
quand la vitesse fait plier les diagonales
quand recule l’arrêt de l’arbitre
quand l’immobile fuit par les coursives du diable
et la cardère renonce à la pluie

je plante un clou dans la montagne
pour le paletot du moutonnier


quand le parapente tire les fils de la harpe
quand la vitesse prend l’omnibus
quand on décompte les jambons
quand la misère prend la parole
et l’arole pisse contre le vent

je plante un clou dans la falaise
pour le bivouac de l’aiglon


quand le soleil renfile sa Wind jack
quand la vitesse change de cap
quand la myrtille s’ecchymose
quand baisent l’arnica et la pulsatile
et le géomètre s’agenouille devant la borne

je plante un clou dans le rocher
pour le calendrier des orages

quand l’étoile pue de la gueule
quand la vitesse digère le son
quand le sentiment se donne en compresse
quand le chagrin fait des petits
et la boussole sa lessive

je plante un clou dans le bois du lit
pour les dentelles des jours meilleurs

15 avril 2012

vendredi 13 avril 2012

aller plus loin

la neige retarde le convoi des morts
l’accueil des tulipes
et la vente des fromages

aller plus loin
plus loin que la brosse à dents
plus loin que l’hémoglobine
plus loin que le nœud au mouchoir
plus loin que l’araignée et la larve du hanneton

aller plus loin
allez
plus loin que les factures de téléphone
plus loin que le tampon de la poste
plus loin que l’anévrisme
plus loin que le portail des rides
plus loin que l’escargot et la semence des pissenlits


la neige retarde le livreur de mazout
le travail du levain
et la vente du lard

aller plus loin
allez allez
plus loin que le pupitre du lundi
plus loin que l’amphore
plus loin que la vendange de novembre
plus loin que le sel et le germe des patates

aller plus loin
allez allez viens
plus loin que l’amour en cachette
plus loin que septembre
plus loin que les segments de l’Afrique
plus loin que le vaudou et le chant du poulet
 

la neige fait reculer les nomades
la bile des anges
et la vente de la chocroute

aller plus loin
allez allez viens venez
plus loin que les promesses des mariages
plus loin que la dernière vidange
plus loin que l’ivresse
plus loin que l’angélus et la fiente du merle

aller plus loin
allez allez viens stop
là où le fleuve gèle
là sous le poirier des délires
là devant l’embarcadère
là où la soudure

13 avril 2012

saluer la patrouille des pivoines

envahir la luzerne et le sarrasin
débusquer le lapereau et le traquet
saluer la patrouille des pivoines


quelle heure est-il à ton solfège
le chagrin en bras de chemise
descend dans les laminoirs
sécher son cœur
et roussir sa fiche de paie



piétiner les orchis et les anémones
siffler le bouvillon et l’alouette
saluer la patrouille des pivoines


quelle heure est-il à ton journal
le chagrin en salopette
creuse des fouilles démocrates
limer ses os
et bêcher sa caisse de retraite



traverser les orties et les bardanes
épingler l’agneau et le chardonneret
saluer la patrouille des pivoines


quelle heure est-il à ton pardon
le chagrin en bleu de travail
rabote le plancher de sa vie
briser les nœuds
et dorer à la feuille les quatre bois de son cercueil




quelle heure est-il à ton sommeil
le chagrin dans son linceul d’iris


13 avril 2012

lundi 9 avril 2012

il faut parfois mentir

il faut parfois mentir
aux fleurs et au goudron
une voiture rouge aux rideaux de dentelle
une vitrine trompe-la-mort
une fontaine d’eau carmélite
un vieux cheval devant l’église
et son crottin qui fume

il faut parfois mentir
la fiancée est disloquée
sa robe est tachée de menstrues
le fiancé erre dans le pré


il faudrait parfois mentir
au karaoké des mésanges
et à l’hôtel de police
l’enfant de chœur baise le miroir
la fille de la mercière gratte son bouton
la patronne paie deux décis au fossoyeur
et le bouc fait son travail dans le pré
derrière l’école

il faudrait parfois mentir
la fiancée est en carafe
son bustier noyé d’eau bénite
le fiancé traverse le mystère


on se tue parfois à mentir
aux hérissons et aux escaliers
la rue des médecins et des salles à boire
le presbytère pour l’effraie et la grenouille
la place d’armes pour les mariages
le vieux cheval devant l’église
et son crottin qui fume
 
on se tue parfois à mentir
la fiancée est en prison
sa jarretière en barbelés
le fiancé git dans la fontaine

9 avril 2012

jeudi 5 avril 2012

houspillez grognez

l’innocence a l’haleine chargée
de mains liées
de garrots
quelques sourires angelots
et des larmes non salées

houspillez grognez
le bénédicité dans la soupe à la bourrache
le pardon dissout dans le béton de chape


l’innocence a les genoux torves
d’omissions charognes
d’épingles
quelques fables d’enfant sage
et des ragondins pour dent-de-lait

houspillez huez
le confiteor dans la soupe au gruau
le magnanime dans un trou de vidange

houspillez houspillez
feu sur le dogme et ses servants de messe

5 avril 2012

lundi 2 avril 2012

j'armerai l'arquebuse

poussière sur les costumes
rouille sur les cintres
la cheville de l’acrobate
et le nez déchiré du clown

j’armerai l’arquebuse
pour juguler l’assassinat du printemps


griffures sur les masques
mites dans les draperies
la baguette du tambour
et le tutu déchiré de la danseuse

j’aiguiserai la baïonnette
pour trancher la gorge du gel


taches de sang sur les dentelles
coulées de cire sur le décor
l’amnésie du lion
et la fierté déchirée de Monsieur Loyal

je baiserai la femme-canon
pour dérouter les icebergs


et je mourrai d’un coup de lune

2 avril 2012

dimanche 1 avril 2012

avril chante le jaune

un parachute tombe sur l’angélus
une cloche miaule une plainte maigre
avril chante le jaune

un veau femelle a mordu le berger
un geai chagrin grince dans les ormeaux
jour de jaune au marché

des chemisiers des blouses valsent sur l’étendage
un merle fiente un excès de pissenlit
avril chante le jaune

le vent du sud dépose du Sahara sur les névés
le saule pleureur et le camion de la poste
avril chante le jaune

on annonce des conflits des récessions
on prédit des soleils absents et des météores distraits
un crachat de bile et les yeux jaunes
avril est un poète ricaneur et boiteux

j’enfile une chemise rose
descends au jardin faire la causette au bourdon

la jonquille se fait vieille
se renfrogne et quitte le paysage

avril est un chroniqueur menteur et salace
avril chant le jaune

1 avril 2012