1440 minutes

1440 minutes
editions d'autre part

lundi 31 décembre 2012

la tordeuse de cuillères


la tordeuse de cuillères s’installe devant la brasserie
elle sale et resale les bortchs, les garbures, les minestrones
dans son brasero elle met des boules de charbon finlandais et les notifications de l’impôt
elle insulte les mômes avec des grimaces maléfices
elle tape du pied sur une tôle ondulée
 
un parfum de groseille dans l’échancrure des seins
les paroles d’une chanson dans la poche-revolver
le numéro de téléphone d’un psychiatre ou d’un avocat dans le poudrier
une blessure d’amour dans la chaussure
 
on fait griller des saucisses et du boudin
un vigneron vend son vin par estagnons
ça sent l’ammoniac et le patchouli
un accordéon relance sa soufflerie
j’ouvre le feu des bacchanales
 
la tordeuse de cuillères s’envole dans une mazurka avec un aiguiseur de faux

 

dimanche 30 décembre 2012

la chanteuse de charme


la chanteuse de charme compte le tempo sur sa main valide
elle connait des romances méditerranéennes et des polkas sauvages
elle a cousu sa robe de dentelles noires et carpates
 
un flamand qui boite
une cigogne bègue
le jour renonce à une catastrophe
une salamandre kamikaze
un triton gelé
le jour déroule le tapis rouge à l’ivresse
 
on amène des bières de fruits, des dattes et des pois chiches
un gamin édenté fume un cigarillo à la caisse de la salle
sa mère vend des médailles miraculeuses
le patriarche ouvre le bal avec une future épousée
 
la chanteuse de charme économise de l’argent pour un pèlerinage aux miracles

mardi 25 décembre 2012

l'institutrice saltimbanque


l’institutrice saltimbanque distribue les gommettes du diable
ses escarpins sont ignifuges
sa robe est un creuset de braises
 
un chant d’étincelles et de métal sort de la fosse à vidange
 
une fouine bientôt ivrogne fait le ménage chez une vieille avocate
les enfants de l’école font un loto de carambars
les platanes roulent des hanches
les moineaux se bécotent
la fouine réclame une rasade de porto
 
le guitariste porte des lunettes de soudeur
le journaliste enquêteur déchiffre les partitions
 
l’institutrice en transe dérobe les soupirs
et suspend sa jupe aux doubles-croches

lundi 24 décembre 2012

l'hôtesse d'accueil


l’hôtesse d’accueil de l’hôpital donne le numéro de la morgue en se grattant le nombril
le fleuriste a mis un nez rouge de clown
près du cendrier à l’extérieur un gamin joue sur une boîte à musique un blues de chemise d’opéré
 
des chats pouilleux et colériques rôdent vers les poubelles
une buse borgne fait le guet aux urgences
on annonce une naissance par le taxiphone
 
le temps d’une cigarette la boîte à musique reprend son bal sombre
 
dans un sous-sol un chirurgien révise sur internet une opération délicate
 
le blues déchire sa chemise
l’hôtesse d’accueil couchera ce soir avec le fleuriste

samedi 22 décembre 2012

la demoiselle d'honneur

la demoiselle d’honneur a desserré son corset
le jeune tambour s’est maquillé de khôl
on jouera des valses et des polkas sur la place publique
ainsi va la vie de la fanfare du village
on les mariera avant la fin de l’année

l’automobile décorée de fleurs
la charcutière fière de son pâté
l’école fermée
la cave ouverte
la tombola pour le nouveau costume
le scrutin de carnaval
le vote de confiance
 
la demoiselle d’honneur a les seins qui gonflent
le jeune tambour a trouvé de l’embauche
à la guerre, ma petite dame, à la guerre et tralala

vendredi 21 décembre 2012

je pense à une escale sous la lune


Le tableau descend dans le caveau des archives. Le jardin console une martre veuve. La prairie ressuie les chiffons du peintre. La vigne se réjouit des fumées bleues du printemps.

Araignée de la dernière fêlure, échancrure.

Un homme met sa vie dans une valise de cuir. Il brûle des lettres et des livres. Il enveloppe une peinture avec un journal de bonnes nouvelles. Il dessine sur un carton un itinéraire centripète. Il nettoie ses chaussures de ville et plie avec soin une chemise de lin. Il pense à une femme qui lui avait fait la promesse de sa présence lors d’un dernier soir.

Il réserve une chambre pour une escale sous la lune.

Il y eut une musique de cuivres dans le brouillard. Il y eut un renard dans le poulailler. Il y eut un busard dans le nid des pies. Il y eut un train arrêté en rase campagne. Il y eut une femme court-vêtue rebroussant chemin.

Araignée de la dernière fêlure, forfaiture.

J’achète au marché aux puces une valise de cuir usagé. Elle est trop grande pour ma vie. J’y trouve une lettre avec un prénom de femme. Le brocanteur me propose aussi un vieil horaire de train et un itinéraire fatigué. Je lui fais plaisir puisque demain je rejoins la femme que j’aime. Je rêve de romans d’amour où des araignées industrieuses et déterminées seraient les gouvernantes des sentiments.

Une femme en robe de soirée m’attend sur le perron de sa maison.

Je pense à une sensation de fin du monde.

jeudi 20 décembre 2012

je pense à l'abnégation de la fontaine


Le tableau est une compilation de remords. Le jardin accroche des fanfreluches aux solives. La prairie recense ses colchiques et ses coprins. La vigne signe des décrets catastrophes.

Araignée de l’aurore boréale, virginale.

Un homme écrit des histoires grises dans la salle d’attente d’une gare alémanique. Ses personnages font des acrobaties et du mime sous la grande horloge. Les trains qui vont au nord s’attardent jusqu’à la fin du spectacle. Il boit du café fertig avec un chausson aux pommes. Il pense à une contrôleuse rousse qui voulait lui poinçonner l’oreille pour marquer sa conquête.

Il s’imprègne de l’abnégation de la fontaine.

Il y eut un vendeur de marrons grillés. Il y eut des migrants sans valises. Il y eut une femme enceinte ruisselant de sueur. Il y eut un appel au calme dans le haut-parleur.

Araignée de l’aurore boréale, baptismale.

Je sème dans le petit matin des graines de contrebande. Je cautérise les chagrins d’enfants avec des gratte-culs. Je compose des rengaines de genoux fébriles et de dents cassées. J’accepte un pacte de renoncement avec le manuel d’histoire. Je rêve de romans ferroviaires où le balancement des essieux donne un roulis de plaisir à la passagère vis-à-vis.

Une araignée pudique tisse un rideau de velours sur la porte de la cabine.

Je pense à une escale sous la lune.

mercredi 19 décembre 2012

je pense à la peur des périodes glaciaires


Le tableau délivre des retours de flammes. Le jardin est une danse d’ombellifères. La prairie rêve de cavalcades et de combats d’étalons. La vigne déroule ses pansements.

Araignée des rapports de police, maléfice.

Un homme balaie le trottoir de la rue des banques. Il collectionne les reçus du bancomat. Il s’invente des sodokus avec des numéros de comptes. Il imagine des achats tourmentés d’envies, de névroses ou de contraintes. Il pense à une femme un peu grosse qui achète des chapeaux et des porte-cigarettes.

Il donne du grain à la peur des périodes glaciaires.

Il y eut une annonce dans le journal local. Il y eut une serre horticole à vendre. Il y eut une citerne de mazout déversé sur la route. Il y eut une fleuriste en pleurs sur un lit de pensées.

Araignée des rapports de police, préjudice.

J’empaquète des sortilèges dans des boîtes à musique. Je cloue des masques de veuves sur les portes des hangars. Je peins des nuages noirs sur les carlingues. Je brûle un cierge à l’amicale des instituteurs retraités. Je rêve de romans de caisses noires où des guichetières en costume jouent du cerceau sur des comptes anonymes.

Une araignée légionnaire fait la garde sur la route de la soie.

Je pense à l’abnégation de la fontaine.

mardi 18 décembre 2012

je pense à l'abandon de la boussole


Le tableau conteste les calculs de la règle d’or. Le jardin aligne des points de fuite. La prairie s’allonge monochrome sur des horizons d’arcs-en-ciel. La vigne accroche des bouées aux murets en faillite.

Araignée de l’hésitation des carrefours, belle-de-jour.

Un homme détourne les pôles magnétiques dans les contreforts de sa cervelle. Il soudoie les brise-glace avec des harems de lamantins. Il lance des cordées scientifiques dans les couvercles des volcan. Il dénombre les pères noëls usés sur la plateforme dépotoir. Il pense à une femme inuit sans lèvres et sans dents à l’odeur de saumon.

Il invoque l’abandon de la boussole.

Il y eut un Canadair, les soutes pleines de vodka. Il y eut un incendie au drugstore de l’homme blanc. Il y eut une révolte de jeunes phoques. Il y eut des touristes japonais et une chorégraphie coréenne.

Araignée de l’hésitation des carrefours, désamour.

Je dirige l’orchestre des manchots et des macareux. Je marque le contrepoint des icebergs. Je décore les desserts glacés de poudre d’aurores boréales. J’habille le premier violon d’une peau d’ours blanc. Je rêve de romans surgelés où la femme du frigoriste joue de son corps pour faire fondre les banquises.

Une araignée norvégienne couve son œuf dans une marmite solaire.

Je pense à la peur des périodes glaciaires.

lundi 17 décembre 2012

je pense à la promesse des jonquilles


Le tableau s’est empalé sur un campanile mécréant. Le jardin resquille ses plates-bandes. La prairie range son bataillon de ciguës. La vigne jardine une cuite fraîche.

Araignée de l’heure des silhouettes, liquette.

Un homme mesure la hauteur des pavés dans la rue des mensonges. Il farfouille les trous-à-rats et le tronc pour Saint-Antoine. Il perd sa gourde d’innocence et retrouve à son mouchoir un nœud de questions. Il pense à une couturière sourde et sa boutonnière de satin.

Il marguerite une à une les promesses des jonquilles.

Il y eut une invasion de campagnols dans le jardin des senteurs. Il y eut un grésillement de criquets dans la torpeur des laitues. Il y eut un chant de campanule dans la directive de la diète. Il y eut du vacarme dans le local de la fanfare.

Araignée de l’heure des silhouettes, reconquête.

J’attache des ressorts de matelas à la porte de la salle de sport. Je tresse des gerbes d’avoines aux encolures des taureaux. J’entrave des moutons au journal télévisé. J’apprends par cœur la météo du charcutier. Je rêve de romans cochonnailles où des femmes sans concourir me montrent leurs fesses roses.

Un araignée sans morale détricote le string du fil d’Ariane.

Je pense à l’abandon de la boussole.

dimanche 16 décembre 2012

je pense à la décourverte du rouge absolu


Le tableau se morfond de brumes et de mauvaises nouvelles. Le jardin récrimine la cendre et le liseron. La prairie fait des rêves de gnous et de lemmings. La vigne tutoie une corneille dépressive.

Araignée d’une seconde d’absence, insolence.

Un homme délivre des arquebusiers sur l’avenue syndicale. Il distribue des calicots aux éboueurs et aux clochardes. Il allume des feux d’espérance dans l’impasse de la liberté. Il pense à une femme république, rougeaude et dépoitraillée, qui le sauvera de l’insulte.

Il donne un peu de son sang à la découverte du rouge absolu.

Il y eut du cor de chasse dans le porte-voix. Il y eut du vin chaud et le canon à confettis. Il y eut un terroriste de bons mots. Il y eut un jongleur de lois et un funambule de justice.

Araignée d’une seconde d’absence, délivrance.

J’invente des fleurs à colibris et des abreuvoirs à perruches. Je crucifie les dogme et brûle au pied de la croix des bâtons de dédain. Je salue la perce-neige et l’épervier. Je rêve de romans barricades où des bohémiennes en sarrau alimentent les braseros des grands soirs.

Les araignées démocrates dégrafent les bulletins de vote.

Je pense à la promesse des jonquilles.

vendredi 14 décembre 2012

je pense à la colère de la mante religieuse


Le tableau est une armoire de pigments et d’argiles. Le jardin est en papier Japon. La prairie s’aquarelle dans les creux. La vigne est un fusain délabré.

Araignée de l’heure de la fermeture, vergeture.

Un homme boit des estagnons de vin jaune. Il vernisse des tickets de bistrot avec de la peinture à doigts. Il macère de la chélidoine dans un alcool de betteraves. Il sculpte dans des quartiers de viandes des querelles d’insectes. Il pense à la dame des poux qui danse devant l’école.

Il filme au ralenti la colère de la mante religieuse.

Il y eut une explosion dans le hangar des citernes. Il y eut un mélange de cadmium et de minium. Il y eut une fuite d’eau soufrée. Il y eut dans la ventilation un amoncellement de fleurs d’oseilles.

Araignée de l’heure de la fermeture, imposture.

Je balbutie des sanguines et des marines sur des cartons d’isolation. Je remonte des segments de bleu de Prusse et de vert Véronèse.  Je bois des sirops sans colorant. Je suce des caramels de sucre roux. Je rêve de romans d’arcs-en-ciel où la marchande de couleurs se badigeonne les seins de jus de cerises.

Une araignée fatiguée trempe ses pattes dans l’asphalte et travers la feuille blanche du poète.

Je pense à la découverte du rouge absolu.

mercredi 12 décembre 2012

je pense à l'itinéraire des sursis

Le tableau est délavé d’eau de Javel. Le jardin pète son méthane. La prairie succombe de tendresse. La vigne se bricole un feu de sarments pour son quatre heures.

Araignée de l’heure de l’angélus, collapsus.

Un homme invente des trajectoires d’autobus : le chêne foudroyé, le trou de la sitelle torche-pot, la chapelle sans cloche, la prison sans porte, la trachée oubliée. Il fait des tarifs différenciés pour les vierges et les iguanes. Il engage des chauffeurs borgnes et des vidangeurs tétraplégiques. Il pense à l’hôtesse unisexe, ambidextre et glabre.

Il composte en riant l’itinéraire des sursis.

Il y eut un péage aztèque sur la route du Nord. Il y eut une corde à linge sur l’équateur. Il y eut un gouffre dans la cuisine du méridien. Il y eut une idée de volcan sur l’Himalaya.

Araignée de l’heure de l’angélus, terminus.

Je découpe des dents de timbre-poste sur des cartes bancaires. Je contrebande des assurances-vie pour les abeilles tueuses. J’habille des écolières avec des peaux de caméléons. J’illumine les dortoirs avec des branches de gratte-cul. Je rêve de romans de musées d’histoires naturelles où des libellules s’embrassent sur des fossiles de starlettes.

L’araignée gardienne de la salle des chauves-souris brouille l’ordonnance des ultra-sons.

Je pense à la colère de la mante religieuse.

dimanche 9 décembre 2012

je pense à la vanité des regrets soldés

Le tableau entre dans la quinzaine de blanc. Le jardin est un calvaire du Haut-Valais. La prairie renonce au mystère glorieux. La vigne s’encolère de querelles d’échalas.

Araignée des gospels de l’Avent, rugissants.

Un homme remonte une ruelle de petits commerçants. Il vend un almanach de bons mots et un calendrier perpétuel de jours de peines. Il calcule des rabais de bienvenue sur un boulier de crottes de lapins. Il dit des mots pashtouns et souabes. Il pense à une femme d’Orient, ses petits seins blancs et son collier d’ambre.

Il accroche à son chapeau un brin de vanité des regrets soldés.

Il y eut une descente de police. Il y eut une échauffourée du syndicat des Pères Noëls. Il y eut une bagarre de boules bleues et rouges. Il y eut des bougies Molotov.

Araignée des gospels de l’Avent, survivants.

J’aligne des cacahuètes sur les vendredi de paie. Je plante des bâtons d’encens sur des mandarines givrées. Je donne en étrennes des miettes de vieux fromage à un couple de mésanges à moustaches. Je salue un roi mage vautré sous un candélabre. Je rêve de romans hivernaux où des courtepointières cousent des rideaux rouges pour des femmes en vitrines.

Une araignée maquerelle traduit la jurisprudence du code pénal.

Je pense à l’itinéraire des sursis.

je pense à un nouvel ordre des choses

Le tableau est une forge d’avalanches. Le jardin s’est dissout d’urine de chat. La prairie raconte les blessures des faucilles. La vigne ronfle une ivresse de vin canaille.

Araignée d’un matin d’ecchymoses, couperose.

Un homme mesure le débit et la hauteur du fleuve. Il salue un héron dépressif et pouilleux. Il lance des pierres à un renard étranger. Il sait les indices des amours aux épines des argousiers. Il signale dans son calepin le passage d’un tronc ou d’un noyé. Il pense à une mangeuse d’hommes dans la rue des églantines.

Il ouvre les vannes d’un nouvel ordre des choses.

Il y eut une crue maladroite de limon et de glace. Il y eut du bétail en débandade. Il y eut une glissade d’un pêcheur. Il y eut un soleil absent.

Araignée d'un matin d'ecchymoses, nécrose.

Je diagnostique les affections des animaux. La tendinite de l’écureuil, l’arthrose du crapaud et l’urémie de la belette. Je dissèque le chagrin du seigle et l’espérance de la tomme. Je délivre des ordonnances pour les poules et les morbiers. Je rêve de romans garagistes où les vendangeuses de l’âme ont des gants de latex et des masques vénitiens.

Une araignée contrebassiste invoque les rideaux du purgatoire.

Je pense à la vanité des regrets soldés.

jeudi 6 décembre 2012

je pense à l'alchimie des alcôves

Le tableau est une orgie de blanc angora et mohair. Le jardin est une relique d’amidon. La prairie se lamente sur Radio Béring. La vigne allume des balises sur la banquise.

Araignée du guichet d’hibernation, rémission.

Un homme vent des thermomètres qui ont passé l’été sous l’équateur. Il promet des coups de soleil au solstice d’hiver. Il détient l’interrupteur du soleil. Il détruit le compteur röntgen de l’hôpital. Il calcule le nombre de mois d’aout au bord de la piscine du réacteur. Il pense aux très beaux cernes bleus de la chimiothérapeute.

Il saupoudre d’amiante l’alchimie de l’alcôve.

Il y eut le bal des débutantes à la banque populaire. Il y eut des sandwiches au trombone. Il y eut du vin xylophone. Il y eut un vacarme pompier et grandes orgues.

Araignée du guichet d’hibernation, rédemption.

J’organise la grande guerre des légumes au cellier du brigadier de réserve. Je nourris les fantassins de rutabagas et les tringlots de gratinées d’oignons. Je dis que l’ennemi a peur et s’évapore au-dessus des gibets. Je rêve de romans de capitulations où la veuve du colonel s’abouche au bourreau et à la mère supérieure du dispensaire.

Une patrouille d’araignées espionnes escamotent les brancards.

Je pense à un nouvel ordre des choses.

dimanche 2 décembre 2012

je pense à l'hébétude des têtes de veaux

Le tableau est un squelette de frêne. Le jardin dégoupille ses viscères. La prairie est à jeun avant la narcose. La vigne donne sa dernière feuille à une parturiente.

Araignée de l’heure de la messe chantée, désorientée.

Un homme dessine des plans de cimetières sur des panneaux de formicas. Il imagine des allées pour les soldats et des contre-allées pour les artistes. Il souhaite des remparts pour les régentes et des échappées pour les chanteuses. Il pense à une épitaphe pour une caresseuse indolente.

Il se garde un pré-carré pour l’hébétude des têtes de veaux.

Il y eut un requiem pour enfants bâtards. Il y eut une oraison pour la généalogie des coucous. Il y eut un collier de verroteries pour l’amante reniée. Il y eut soupçons de meurtre au salon-lavoir.

Araignée de l’heure de la messe chantée, diamantée.

Je cuisine des pot-au-feu monstrueux dans des chaudrons bourgeoisiaux. Je vends du cholestérol de gras jaune aux tables des invités. Je décris les amibes bienveillants et la corvée de la saignée. Je soudoie l’anesthésiste avec du miel de valériane. Je rêve de romans telluriques où des sourcières assoiffées font vibrer d’étranges baguettes.

Une araignée gardienne du microscope brode des formes érotiques dans le convexe des lentilles.

Je pense à l’alchimie des alcôves.

samedi 1 décembre 2012

je pense aux tornades des mésaventures

Le tableau s’effiloche aux jointures. Le jardin ouvre une fenêtre de l’Avent. La prairie s’enfuit derrière les bougies. La vigne s’habille de papier rocher.

Araignée de l’armoire aux chaussures, parjure.

Un homme rassemble ses juments fatiguées. Il les nourrit de pommes reinettes et de pains d’avoine. Il leur parle de plaines vertes, de cactus et de rosée. Il cajole la tristesse au fond de leurs yeux. Il pense à l’andalouse amazone et ses chiens d’Amérique.

Il repousse à grands cris les tornades des mésaventures.

Il y eut un coucher de soleil sur le fleuve malade. Il y eut un feu de feuilles mortes devant la distillerie ambulante. Il y eut des poires cuites dans du vin rouge. Il y eut des chants de ripailles montagnardes.

Araignée de l’armoire à chaussures, écorchure.

Je traverse le marché aux viandes dans le respect des salaisons. Je salue les équarrisseurs et les garçons de plot avec des rituels cochonnailles. Je leur dis des poèmes de tripes et de jarrets. Je rêve de romans charcutiers où des femmes en tabliers de côtes-de-mailles se parfument de saindoux et de caillette.

Une araignée de forfaiture fuit les genièvres et les lauriers.

Je pense à l’hébétude des têtes de veaux.