1440 minutes

1440 minutes
editions d'autre part

dimanche 15 juillet 2012

on raconte

forcément forcené le vieil homme
la gorge ouverte
les mots dépenaillés conscrits
les libellules torréfiées dans la cervelle
la mémoire dans les gravats
les gravillons dans la trachée

on me raconte des fiefs de liberté
des rafiots conquérants
des femmes porte-drapeaux
des encensoirs des renoncements
des soubresauts de la fortune
des enfantements
et des oublis parfois


forcément en vacances le vieil homme
les pieds sanglés
les mots dépoitraillés livides
les scarabées dans la rétine de l’angélus
l’imprimatur des très grandes fautes
l’argile dans les bronches

on te raconte de lambeaux d’orgues
des pirogues dans le plasma
des femmes accoucheuses de rois
des visas pour les arbres à palabres
une erreur de destinée
des effacements
et des oublis certains


forcément les pieds sur terre le vieil homme
la main tendue
les mots dynamités recuits
les sauterelles cousues sur le diaphragme
la confesse à pleines mains
la gravelle dans la vésicule
 
on se raconte des armadas de concorde
des brise-glace dans les dancings
des femmes au sexe mauve
des contrats des délits de fuite
un mensonge sur le passeport
des embrassades
et des oublis parfumés


forcément terrassé le vieil homme
les yeux présents
les mots brancardisés saignants
les lucanes se dressant devant le front
la rémission avant l’aurore
le granit dans le souvenir
 
on raconte trop les griffes de la morale
des sous-marins de purgatoire
des femmes qui se retournent
des factures sous X des pansements
une promesse sous l’écorce
une belle finitude
et des oublis dans l’abîme

15 juillet 2012

mardi 10 juillet 2012

renarde-moi


le crapaud s’épouse l’asphalte
une danseuse des grands chemins s’envole
un colporteur de graines rares s’abreuve à la fontaine
j’accroche ma chemise à un échalas de vigne
j’ai l’âme cornaline et la soif des verjus
renarde-moi renarde
renarde-moi des trombes d’eau
des brisures de vent
de l’agacement du coucou
et de la colère du roi
renarde-moi
renarde

la libellule géomètre la piscine
une danseuse des places publiques s’affole
une marchande de glaces dénude son cornet
j’accroche ma chemise à la glycine
j’ai l’âme fleur de sel et la soif des mauresques
renarde-moi renarde
renarde-moi des grands rafiots
des déchirures de misaines
du ricanement du goéland
et de la bouderie du mousse
renarde-moi
renarde

le pigeon éberlué fait la cour à un chapeau
la danseuse des toboggans tourneboule
un primeur fatigué épluche son rutabaga
j’accroche ma chemise au harnais d’une mule
j’ai l’âme papillote et la soif des vins de messe
renarde-moi renarde
renarde-moi des déchetteries urbaines
des bordures d’amiante
de l’aveuglement de la bondrée
et de la hargne du moissonneur
renarde-moi
renarde

le scarabée distrait butine une culotte à l’étendage
la danseuse du grand manège virevolte
une dame au tire pipe se penche sur un garnement
j’accroche ma chemise à sa carabine
j’ai l’âme poudre noire et la soif des pétillants
renarde-moi renarde
renarde-moi des tombereaux de ribaudes
des brûlures de caresses
de la folie du merle
et du rire gras de la samaritaine
renarde-moi
renarde

10 juillet 2012