1440 minutes

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editions d'autre part

mercredi 31 décembre 2014

assermenter la gardienne


la soucoupe de fruits secs sur la table de chevet
le livre qui se ferme devant les outrages
la syntaxe agenouillée devant l’acte d’accusation
l’orphelin qui dessine des ailes sur son livre de prières
et la musique qui reprend son souffle sur la mappemonde
 
graisser les roues dentées de la souffrance
ventiler au curcuma le séchoir à larmes
assermenter la gardienne des condoléances
 
que vienne l’expert en langue morte devant le catafalque

maquiller la cafardeuse


la gare terminus pour les valises délaissées
le tapis de soies de porc sur le quai des ruptures
le marchand de kebabs et son alcool de patates
le haut-parleur qui brame un blues déchiré
et la jouvencelle qui collectionne les capsules de bière
 
composter le chagrin à la borne peinte en noir
donner un mégot de cannabis au pigeon neurasthénique
maquiller la cafardeuse avec du rouge carmin
 
que vienne le train imbécile de nos résolutions boiteuses

lundi 29 décembre 2014

s'amouracher de la démystificatrice


l’empressement du myosotis à dévorer de l’ombre
l’agacement du rouge-gorge dans son rôle de sentinelle
le noyer qui ronchonne un vent venu du nord
le silence de la fontaine devant l’effroi du thermomètre
et la nostalgie qui refuse de sortir de prison
 
découper la panoplie du sauveur dans une toile de jute
incendier la bannière dorée des certitudes
s’amouracher de la démystificatrice des dénonciations
 
que vienne un tapis de bienvenue devant le palais de justice

embrasser la coquine


le réveille-matin qui sonne le piquet de grève
la barricade de linge sale et d’almanachs rouges
le clairon qui bégaie le cri des grenouilles
la soupe populaire de rutabagas et d’os à moelle
et la bibliothèque clandestine des poèmes bannis
 
étouffer le bruit du pavé avec une pluie de coquelicots
dessiner des gibets à l’encre sympathique
embrasser sur la bouche la coquine de l’arsenal
 
que vienne sur la place une fanfare d’intègres et de joyeux

mardi 23 décembre 2014

prier la canonnière


la litanie des errants devant les barbelés
l’inclinaison des ailes de l’ange devant le mépris
la déclinaison des excuses en lettres miliciennes
la généalogie des perdus sur l’épine-vinette
et la génuflexion des opprimés devant nos offrandes
 
souffler sur les braises de la colère
agiter les mouchoirs face aux convois imbéciles
prier la canonnière de tout mettre à feu
 
que vienne une minute solennelle sur nos contritions

lundi 22 décembre 2014

engrosser une femelle inuit


les stalagmites de sel sous le pied des marins
les corridors de saumons sous le fleuve gelé
le phosphore sur les ailes du martin-pêcheur
la météo des solitudes un soir de solstice
et la graisse de phoque pour ressouder la banquise
 
incendier la taïga pour éloigner les renards
étendre la couverture sur un parterre d’étoiles
engrosser une femelle inuit durant la nuit arctique
 
que vienne une aurore violine sur un vol de pétrels

dimanche 21 décembre 2014

déchirer la camisole de la pensionnaire


les bras ouverts sur un fantôme d’accordéon
le rimmel qui prend le chemin de la houle
la recette du diable pour rissoler les aveux
le costume de carnaval dans l’armoire du presbytère
et la veuve qui ouvre le bal dans sa robe moirée
 
dégriser l’après-midi avec un vermouth aux épices
épousseter la musique avec le plumeau des mariages
déchirer la camisole de la pensionnaire de l’hospice
 
que vienne un fou de Bassan au-dessus de cette heure gracieuse

mercredi 17 décembre 2014

pister la débusqueuse de nids


la Vénus déplumée sur l’autel du tropique
la voilette de tulle accrochée au grand mât
la houle polyphonique secouant les écoutilles
le sextant éberlué à la vision centripète
et la pêche au loup dans la baignoire de Cendrillon
 
faire danser la vigne vierge au son du fifre
charruer le guano des frégates sur une île trop vieille
pister la débusqueuse de nids les nuits sans lune
 
que vienne un iceberg de grâces dans le courant des âmes

lundi 15 décembre 2014

vacciner la nourrice


le poids du rituel dans les transports amoureux
la porte entrebâillée sur l’intranquillité
le guéridon où sommeille un semis de parjure
le savon de racines pour relaver la tendresse
et le torchon de coton pour la vaisselle du quotidien
 
engraisser la marmaille pour affronter l’hiver
dessiner des soleils sur la tapisserie
vacciner la nourrice contre la neurasthénie
 
que vienne un vent de légèreté sur le jardin public
 

dimanche 14 décembre 2014

lutiner la maîtresse de maison


le papier-carbone qui brouille la mémoire
le parfum de la mer qui remonte de la cave
la généalogie de l’incertitude qui montre le chemin
le ressort abimé dans la pendule familiale
et l’annuaire des soucis sur le livre des comptes
 
poncer les esquilles sur la planche de salut
encaustiquer le petit salon des rencontres
lutiner la maîtresse de maison pendant la messe basse
 
que vienne le chant du coucou à la sainte table

soutenir la bibliothécaire


le chagrin des libellules à la mort du facteur
la cuisine des papillons juste après la rosée
la désorientation de la semaine juste après l’orage
l’arrogance du bouc attaché à la frontière
et la patience du vieux cheval revenu de la guerre
 
plier la métaphore pour en faire un chapeau
essorer la syntaxe pour délivrer la parole
soutenir la bibliothécaire jusqu’à l’accouchement
 
que vienne la bénédiction de l’églantine sur nos abominations

jeudi 11 décembre 2014

anoblir l'apicultrice


la clinique ophtalmique dans un champ de colza
la borne kilométrique plantée par les barbares
la musique des criquets dans la nomenclature des céréales
la bouteille de porto sur le banc de granit
et le carnet de santé des ouvrières agricoles
 
cultiver des rétines de synthèse sur un rosier grimpant
tester des lunettes-filtres élaborées au pôle nord
anoblir l’apicultrice pour son miel de fleurs noires
 
que vienne un non-lieu en papier crépon sur nos regrets faméliques

mardi 9 décembre 2014

envelopper la doyenne


la fenêtre donnant sur un pèlerinage d’oiseaux
la fanfare des herbes sous la baguette du tremble
le professeur calculant l’algorithme des feuilles mortes
la sirène de l’usine annonçant la messe du dimanche
et la pomme en cage pour bonification
 
remercier la vigne pour son engagement
charruer un arpent de ciel pour accueillir la neige
envelopper la doyenne dans un châle fantaisie
 
que vienne un soleil blanc au-dessus de la ville

lundi 8 décembre 2014

répudier la geôlière


la pastille de mousse d’Islande sur la langue du mourant
le merle qui se demande si c’est décent de chanter
l’éclairagiste de la rue qui nettoie les ampoules de deuil
l’orgue de barbarie qui se souvient des barbaries
et la barrière électrifiée qui contient les sans-papiers
 
paraffiner la colère dans des pots de conserve
aiguiser les gouges à sculpter les audaces
répudier la geôlière parce qu’elle est frivole
 
que vienne un pianiste éberlué à cheval sur son piano

dimanche 7 décembre 2014

lutiner la plumeuse de coqs


le bouc aux sabots d’argent trottinant sur le pavé
le bouc aux cornes d’or traversant la rue des horlogers
le temps d’une polka pour l’envol de la trapéziste
le chapiteau du cirque sur l’édredon des amours
et la sciure de la piste recueillant les parfums du rut
 
ramasser le crottin pour le rosier du cimetière
convoquer le canard boiteux pour l’enterrement du clown
lutiner la plumeuse de coqs derrière le hangar
 
que vienne la fanfare du cirque à la sortie de la messe

samedi 6 décembre 2014

endoctriner la pénitente


le crapaud fait des patiences avec des ailes de libellules
l’impatiente ronchonne parce que sa chaise est en retard
le marchand des quatre-saisons n’a plus des soucis et du mouron
la fée clochette regrette de n’avoir plus de préservatif
et les enfants d’adultère ont de l’inquiétude dans le regard
 
éparpiller la cendre sous le saule sacré
tendre un fil barbelé pour le gouter du pie-grièche
endoctriner la pénitente et son corse de cilice
 
que vienne un nouveau code civil sur la place publique

jeudi 4 décembre 2014

abreuver la camionneuse


le renard ivrogne à la buvette de l’autoroute
la réclame pour steak frites au cinéma muet
le bidon de peinture verte pour la journée plein air
la gazinière de camping dans le parking souterrain
et la couverture militaire pour le pique-nique amoureux
 
lézarder la certitude dans la maison familiale
attacher le remords au poteau de torture
abreuver la camionneuse avec le pinard du curé
 
que vienne l’équipe de sauvetage pour garantir l’oubli

 

mercredi 3 décembre 2014

féconder la pochtronne


la bise insatisfaite sur l’avenue des platanes
le chaudron qui balance comme un battant de bourdon
l’horloger qui bégaie le tictac des alarmes
le parasol qui se lamente des funérailles de juin
et la prise de poids de la mélancolie fatiguée
 
fendre le courant des mauvaises nouvelles
égrapper la colère accrochée à la moelle
féconder la pochtronne au jardin des navets
 
que vienne une pluie violente sur la sale prudence

mardi 2 décembre 2014

allaiter la défroquée


la cheminée qui signale en morse un feu de forêt
la citerne d’eau de pluie qui sert de piscine
la distillerie qui dissout les vertiges
le patron qui fait la paie à la sortie de la messe
et le balayeur qui dit la poésie aux pigeons
 
décaper les amitiés au détecteur de mensonges
abreuver la vouivre d’une eau de soufre
allaiter la défroquée à mon sein protecteur
 
que vienne une armée de lutins pour garder les hosties

lundi 1 décembre 2014

épouser la caravanière


 
la nuit qui plombe l’angélus des mangeurs de patates
la bougie qui met de l’ambre à ce vinaigre madéré
le chat qui rote la panique de l’orvet
le livre qui radote toujours le même chapitre
et la femme-soldat qui ne sait plus prier
 
déterrer un tibia d’un animal de course
traverser le glacier pour un sachet de pigments
épouser la caravanière et son outre de vin
 
que vienne le congrès des fennecs un lundi de pluie