1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 29 mars 2015

faire valser la trapéziste


le peintre du dimanche nourri au myosotis
la martre rasée de frais marchant sur la toile
le jus de la chélidoine  et l’œuf du coucou
le graffiti du rouge-queue, la rature du corbeau
et le pissenlit qui fourbit ses armes dans le parc du cheval
 
piler tous les pigments des âmes
viser le point de fuite au creux de l’estomac
faire valser la trapéziste au-delà du cadre
 
que vienne une macération de primevères sur nos vertèbres usée

dimanche 22 mars 2015

enduire les mamelles de la sorcière


la mouche qui prend ses aises et détruit les cervelles
le sable jaune pour les trous, la terre rouge pour les murs
l’asperge qui traverse le goudron
la crécerelle qui crève le tambourin
et la renarde qui jappe dans les lavandes
 
monter la garde devant le donjon effondré
surveiller le niveau de l’eau à chaque orage
enduire les mamelles de la sorcière d’une graisse de bouc
 
que vienne le vent de la mer pour ressuyer les drames

mercredi 18 mars 2015

donner le pain sec à la palefrenière


la statue du commandant qui fend le préau de l’hospice
les jonquilles qui bavardent, le rouge-queue qui frétille
l’odeur d’urine et de poire sur la terrasse
le sarrau violine, à la mode l’autre siècle
et les mots qui perdent le chemin au milieu de la phrase
 
cultiver la ciguë pour guérir les outrages
semer le doute dans les plates-bandes de l’oubli
donner le pain sec à la palefrenière, elle est si maigre
 
que vienne la journée des colombes pour s’évader

mardi 17 mars 2015

trafiquer avec la sexothérapeute


le plumeau des anniversaires sous le lit conjugal
les fruits dans la soucoupe qui bavardent et spéculent
la crousille des vacances pour un projet de roulotte
le chiffon à poussière sur les sautes d’humeur
et la petite culotte rouge à la poignée de la porte
 
désencombrer les poumons des scories de l’habitude
huiler les coudes et les genoux pour la promenade matinale
trafiquer avec la sexothérapeute les risques de chute et de rechute
 
que vienne une floraison de narcisses sur nos dépotoirs

lundi 16 mars 2015

scanner la ligne de vie de l'anesthésiste


le simulacre de longue vie sur la table de chevet
le livre des heures, le livre des saints et celui des lunaisons
le parfum de lavande sur le mouchoir des sueurs
la bougie qui tourne le dos et calcule les jours de grâces
et la musique des machines qui raconte les corps
 
javelliser la tornade des diagnostics
essorer les électrocardiogrammes
scanner la ligne de vie de l’anesthésiste
 
que vienne un hélicon furieux dans la valse des bourreaux

dimanche 15 mars 2015

séquestrer la carillonneuse


les mésanges à longue queue revenues dans le sureau
le rouge-gorge qui acquiesce cette mauvaise fortune
les vents contraires soulevant la poussière de la route
le paysan qui lustre sa vieille moto Guzzi devant la fumassière
et le taureau au pré qui broute une véronique
 
rompre les os des repousses du désespoir
noyer la mélancolie dans un tonneau de vinasse
séquestrer la carillonneuse pour lui emprunter sa corde
 
que vienne une brusque giboulée pour effacer toute trace

samedi 14 mars 2015

soûler la futurologue


la calcification des rêves les nuits de somnifères
la sclérose des projets familiaux
la chape de plomb sur les festivités des rencontres
la tétraplégie des sentiments à la fin de la semaine
et le besoin de purger les vieilles fatigues
 
tronçonner les branches des mauvais souvenirs
arracher les fleurs violettes, celles qui font pleurer
soûler la futurologue, qu’elle se trompe de mensonge
 
que vienne un bûcheron de l’enfer pour aérer nos fourrés

mardi 10 mars 2015

huiler la peau de la cerf-voliste


la dramaturgie des genêts face à la mer
l’espace entre deux galets chargé de sel
la réplique de la vague avant les trois coups
la comédienne en bikini qui fait la sirène
et le souffleur écarlate qui a bouffé un oursin
 
découper une serviette de bain dans la literie de la grève
nourrir les nuages avec le pain des mouettes
huiler la peau de la cerf-voliste avant les grandes chaleurs
 
que vienne une bouteille de la mer avec un message en braille

dimanche 8 mars 2015

éplucher les deuils de l'infirmière


la part de féminin de nos tourments au fond d’une barrique
la soif de l’absolu et de l’éternel devoir
le rouleau de sparadrap pour rapiécer la vie
l’essoufflement de l’araignée à tisser du spleen
et l’éblouissement du premier pissenlit
 
ressuyer les habitudes à la brise des dimanches
broder les initiales des mariages printaniers
éplucher les deuils de l’infirmière de nuit
 
que vienne un signe de légèreté sur nos armoires à secrets

samedi 7 mars 2015

dépoitrailler la chenegaude


les paquets de neige sale ronchonnant au bord de la route
l’allée de peupliers fuyant vers le sud-ouest
la maison du cantonnier pour la belette, les guêpes et les amours
le bassin de décantation et son brochet au gasoil
et le bosquet de genévriers pour abriter la sieste
 
encourager les rapts des mauvaises habitudes
semer du lin et de la moutarde sur les plates-bandes en congé
dépoitrailler la chenegaude pour boire à ses mamelles
 
que vienne un sabbat lumineux pour trucider l’hiver

vendredi 6 mars 2015

convoquer la cajoleuse


l’après-midi qui jouit d’une langueur tiède
le fauteuil qui chuchote une invite à l’amour
le missel qui ferme les yeux et transpire
l’odeur de pain d’épices et de safran brûlé
et la robe de lin qui raconte des choses
 
dépoussiérer le carnet des promesses enjouées
mettre à feu la compassion inutile
convoquer la cajoleuse pour le désordre des corps
 
que vienne une prescription de laudanum avant le crépuscule

jeudi 5 mars 2015

effeuiller la Marguerite


le phacochère qui s’oublie devant la nurserie
le passage clouté décoré de bonbons à la gomme
le patrouilleur scolaire avec un nez rouge de clown
le bar qui ne sert que des petits noirs et du pastis
et le billet de loterie pour dormir un jour sur deux
 
balayer devant le carton du sans-abri
pisser sur le muguet pour noyer la chance
effeuiller la Marguerite qui ne veut que mon bonheur
 
que vienne une poule boiteuse pour pondre un bienfait

mercredi 4 mars 2015

abandonner la médiatrice


le quadrillage des pâquerettes dans un carré de soleil
la colonie de fourmis qui jouent au Monopoly
le coup de vent rigolard et ravageur
le recul du scolopendre vers sa part d’ombre
et les confettis de pluie sale sur la vitre
 
renouer le lacet des bandages printaniers
faire le tri des manœuvres et des renoncements
abandonner la médiatrice au rayon des insultes
 
que vienne un vol de canards sur le vallon qui se repent

lundi 2 mars 2015

consoler l'inspectrice


la gomme pour les couleurs de la neurasthénie
le nœud au mouchoir pour ne pas oublier de rire
l’angoisse qui joue aux billes sur le préau
la musique qui prend l’eau sur le radeau des soupirs
et la sonnette du vélo qui sonne o sole mio
 
tartiner de margarine les faux mercredi après-midi
apprendre sa leçon dans les plis des jupes des cousines
consoler l’inspectrice avec des équations de faux semblants
 
que vienne la remise des prix avant la Saint-Glinglin