c’est l’heure où le hameau compte ses feux
tiens Marcel et sa compagne ont déserté
dans le talus des effluves de boucherie
je ferai des pommes confites à la bergamote pour mon quatre heures
le poète citadin fait griller deux poissons ironie de bible
les jours rallongent les manches de la vie
le haut-de-cry a grandi dans le blanc du ciel
c’est l’heure où les chats grattent pour rentrer
tiens le vieux matou s’est effilé l’oreille
dans le fumoir des senteurs de genièvre et de saumure
je ferai de la caillette au génépi pour mon quatre heures
la jeune femme accroche des larmes à ses cactus
les jours rallongent le retour de guerre
le haut-de-cry a grossi dans le zoom de la première étoile
c’est l’heure où la nostalgie embue la fenêtre
tiens le pianiste et son épouse ont relevé la couette sur un accord raccord à leur accord
dans le cellier ça sent le coing et le gingembre
je ferai une brioche aux épices pour mon quatre heures
la femme qui chante tricote un orage sur son île
les jours rallongent la sauce malgache
le haut-de-cry vibre dans la nuit trop froide
c’est l’heure où le feu aimerait faire autre chose que crépiter
tiens une ambulance s’est arrêtée devant chez Marcel et sa compagne
dans le garage traine une odeur de benzine et de tripaille
je vous ferai ma femme une potée de baisers pour mon quatre heures
elle allume un cierge devant mon lac gelé
les jours rallongent le bonheur de cette nuit
sans gêne ni rapière
26 décembre 2008