1440 minutes

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editions d'autre part

lundi 28 mars 2011

aux vitrines du monde

du bosquet de frênes
aux vitrines du monde
le vol d’un oiseau
un épervier
sans doute
la flèche de son vol
partage le vallon

c’est une colère plein nord
qui déboule de la pente
rocs et troncs
larmes et brisures
le sérac vacille
le glacier craque
demain un autre monde
un nouveau torrent dans le couloir

la palombe inquiète
meurt
nuque brisée
par les serres

du bosquet de frênes
aux nouvelles du monde


de la haie d’ormeaux
aux vitrines du monde
le vol d’un oiseau
un pivert
sans doute
la vague de son vol
boursouffle la clairière

c’est une furie plein sud
qui ronge le talus
racines et caillasses
larmes et fêlures
le mur déroche
la vigne dévale
demain un autre monde
un nouveau sentier dans les terrasses

la grive fébrile
tombe
poitrail ouvert
par la grenaille

de la haie d’ormeaux
aux nouvelles du monde

28 mars 2011

dimanche 27 mars 2011

c'est une musique

c’est une musique qu’on ne peut danser
c’est une prairie brûlée
c’est une écorchure un signal
c’est un cri de honte un fanal
c’est une musique et un tempo raté

l’intimité est mise à sac
sur les trottoirs du samedi

c’est une musique qui fait boiter
c’est une récolte perdue
c’est une blessure un envol
c’est un cri de tristesse un bémol
c’est une musique et un désaccord

l’intimité est mise à l’étal
sur les trottoirs du samedi

c’est une musique qui tire à la corde
c’est la grêle sur la vendange
c’est une griffure un accroc
c’est un cri de colère un garrot
c’est une musique et un silence tronqué

l’intimité est mise à mal
sur les trottoirs du samedi

c’est une musique qui déshabille
c’est un orage sur les moissons
c’est une morsure un poison
c’est un cri de mépris un tison
c’est une musique et un fracas

l’intimité est mise à prix
sur les trottoirs du samedi

c’est une musique qui fait tanguer
c’est le foin qui fermente
c’est une brûlure une tenaille
c’est un cri d’infamie une entaille
c’est une musique et un acouphène

l’intimité est mise en bière
sur les trottoirs de ce dimanche

27 mars 2011

lundi 21 mars 2011

à l'heure de l'ivresse

la chatte qui renonce
au poker des oiseaux
le noisetier qui frime
aux caresses du vent
et le glaïeul assis
sur le perron du diable
du diable

à l’heure de la messe
les pervenches se penchent
à l’heure de l’ivresse
les jonquilles vacillent
vacillent

le pantalon qui sèche
sur la prairie de lin
la cloche qui ressasse
le temps des rogations
la renoncule inquiète
devant la faux du diable
du diable

à l’heure de la messe
les pervenches se penchent
à l’heure de l’ivresse
les jonquilles vacillent
vacillent

le courrier qui retarde
la sortie d’hôpital
l’églantine qui gonfle
les amours enfantines
un vieux soldat de plomb
dans le creuset du diable
du diable

à l’heure de la messe
les pervenches se penchent
à l’heure de l’ivresse
les jonquilles vacillent
vacillent

le cheval qui remâche
le sainfoin du dimanche
la soupe refroidie
au bordeaux supérieur
et les monnaies du pape
dans le vase du diable
du diable

à l’heure de la messe
les pervenches se penchent
à l’heure de l’ivresse
les jonquilles vacillent
vacillent

le renard qui tricote
un gilet de groseilles
un cachet d’aspirine
pour l’entorse d’un cœur
l’air de la marguerite
sur les amplis du diable
du diable

à l’heure de la messe
les pervenches se penchent
à l’heure de l’ivresse
les jonquilles vacillent
vacillent

le pied du rossignol
cassé par l’adultère
la porte de l’hôtel
murée sur le mensonge
pilule sans lendemain
au semainier du diable
du diable

à l’heure de la messe
les pervenches se penchent
à l’heure de l’ivresse
les jonquilles vacillent
vacillent

21 mars 2011

dimanche 20 mars 2011

le merle du dimanche

des gens s’en viennent à l’église
en costume en corbillard en landau
on agite un mouchoir
on écrase un mégot
le chagrin qui s’avance
assomme une prière
le merle du dimanche
a cassé son refrain

des rats remontent vers le caniveau
en cortège en déroute en aventure
on sonne la flutiste
on affame les chats
le chagrin qui s’installe
dépiaute un chrysanthème
le merle du dimanche
a bousillé son nid

des amoureux s’éparpillent dans les bosquets
en menuet en fanfare en ribote
on gazouille dans l’herbette
on tire le rideau
le chagrin qui fout le camp
sifflote un hosanna
le merle du dimanche
lui a bouffé la cerise

20 mars 2011

lundi 14 mars 2011

les morts qui parlent

la rumeur s’est assise
devant le soupirail de police
les morts qui parlent
parfois disent des sottises
l’œillet pleure la funambule
son fil était branché sur haute tension
les acrobates feront la mise en terre

la rumeur s’est couchée
sur le plot du boucher
les morts qui rient
parfois rient pour des sottises
le narcisse pleure la narcisse
la grêle a brisé les miroirs
l’éclusier effectuera la mise en eau

la rumeur s’est agenouillée
devant la chasuble du séminariste
les morts qui pensent
parfois pensent des sottises
la rose pleure la dame patronnesse
la passion subit son chemin de croix
l’enfant de chœur actionnera la mise à feu

14 mars 2011

dimanche 13 mars 2011

un trompette

le carnaval est parti
derrière les peupliers
un paravent de brume
un pétard chinois
toute la clique pisse dans le fossé
un trompette s’est perdu
dans les ruelles
il pleure ˮô mein Papaˮ
dans un hoquet de bière

plan plan
rataplan
quel talent
pon pon
patapon
quel gnafron


le carnaval est mouru
sur la place des fêtes
une balayeuse de la voirie
un tambour crevé
le commissaire s’endort dans le fossé
un trompette s’est agenouillé
devant la chapelle
il sanglote ˮRigolettoˮ
sous la cloche de cinq heures

plan plan
rataplan
quel talent
pon pon
patapon
quel gnafron


le carnaval est guillotiné
sur la place publique
une pousse de dent-de-lion
un chant de merle
le masque est tombé dans le fossé
un trompette dort
dans le cimetière aux enfants
il ronfle ˮDouce nuitˮ
sous la dernière étoile

plan plan
rataplan
quel talent
pon pon
patapon
quel gnafron

13 mars 2011

jour de mars

sépia de lumière sur les vignes
le monde est à l’arrêt
matin de mars matin d’attente
un pic en habit du dimanche
foulard rouge et culotte rouge
tambourine son amour
sur un poteau télégraphe

son désir est si fort
que seul un tsunami nippon fait réponse


blanc de titane sur les bouleaux
le monde est en sommeil
jour de mars jour de passage
deux pies en redingote
chemise blanche et veston bleu nuit
se chamaillent le décor du nid
sur un frêne excessif

leur querelle est si forte
que seul un printemps arabe fait réponse


coulée anthracite sur la forêt plein nord
le monde est en partance
soir de mars soir d’exil
trois merles en costume
chapeau noir et paletot noir
chantent la fin du jour
sur le saule de l’étang

leur chant est si clair
que seul ton sourire fait écho

demain le vent peut se lever

13 mars 2011

lundi 7 mars 2011

à peu près les notes

à peu près les notes d’honoraires
pour un contrat sur le vide et l’oubli
une rencontre de soi-même dans un miroir forcené
un appel d’air dans les amitiés fourvoyées
un désir de se perdre dans les corridors sanitaires
et les fenêtres foraines

tu viens ma louloute
y a des saucisses moutarde et des bières rousses
des fleurs en plastique et des champions du monde
viens ma louloute


à peu près des notes de crédit
pour un contrat sur l’ennui et l’oubli
un concours de célibataires pour une chambre à coucher
une parure de literie panthère
un désir de se perdre dans les ambassades torves
et les bals costumés

tu viens mon chéri
y a du flamenco et de la sangria tiède
des peluches de taureaux et des Carmen en fusion
viens mon chéri


à peu près des factures non soldées
pour un contrat sur l’immonde et l’oubli
une candidature sur la table de chevet
un petit cadeau dans la bottine
un désir de se perdre dans les escaliers de service
et les flonflons démocrates

tu viens ma gironde
y a du jambon au porto et du porto
des tombolas miraculeuses et des députés tout neufs
viens ma gironde


à peu près des avis de saisie
pour un contrat sur la peur et l’oubli
une destinée désaccordée hors de portée
un semainier vide sur le lit
un désir de se perdre dans la première lueur de l’aube
et le chant des matines

tu viens mon fantôme
y a des feux follets et du vin de calice
des chasubles en latex et des prêtresses folles
viens mon fantôme

7 mars 2011

dimanche 6 mars 2011

derrière chaque porte

ce corridor est un sentier de guerre
derrière chaque porte des non-dits
des bouquets de mensonges dans des vases rouillés
une vareuse un ceinturon
sur une chaise en formica
une médaille un bréviaire de soldat
un médaillon une lettre d’amour
un prénom de fleur

ce corridor est un terrain de chasse
derrière chaque porte des trophées
des portées de rouge pour des clairons
une gibecière une cartouchière
sur un banc de pierre
une médaille un code de mitraille
un médaillon une carte de district
un prénom de corne

ce corridor est un quai d’embarquement
derrière chaque porte un continent
des terres promises sur des grandes orgues
un laissez-passer un permis de séjour
cousu sur le paletot
une médaille une directive
un médaillon une lettre décachetée
un prénom de ville

ce corridor est une vallée de sentiments
derrière chaque porte des cageots de rires
des bidons de larmes dans des amours au sirop
un serment un serrement
une médaille un contrat de mariage
un médaillon un poème à l’eau de rose
un prénom à oublier

6 mars 2011

lune parfumée

les mains traversent
les mots tintent aux parois du monde
il y a du sable dans les fissures
une blessure de pivoine
balzane de une cheval de fortune
le cheval à bascule a le sabot qui rouille

lune parfumée d’œillet et d’ammoniac

les mains s’agitent
les idées sombrent dans un fût de vidange
il y a de l’étoupe dans les pansements
une blessure de coquelicot
balzane de deux cheval de gueux
le cheval à bascule a de la gale sous l’encolure

lune parfumée d’origan et de teinture d’iode

les mains dessinent
les espoirs pleuvent dans le creuset du diable
il y a de la sciure sur les hématomes
une blessure de pervenche
balzane de trois cheval de roi
le cheval à bascule est couronné aux genoux

lune parfumée de lavande et d’éther

les mains sculptent
les rêves brûlent les tables de la loi
il y a de la cendre sur les ecchymoses
une blessure de pissenlit
balzane de quatre cheval à abattre
le cheval à bascule a de l’arsenic sous le mors

lune parfumée de chrysanthème et d’encens


6 mars 2011

jeudi 3 mars 2011

tango rouge

givre gris
bise noire
tango rouge
l’architecte dessine une forteresse
sur l’échine de son amante
l’éclaireur et le lancier
dansent sur l’omoplate
hey hey les palombes et les panicauts


givre beige
bise brune
tango fauve
l’artificier prépare un pyrogame
avec les mèches de son amante
le guetteur et l’alchimiste
dansent sur la nuque
hey hey les chevaliers et les nielles


givre rose
bise bleue
tango mauve
le cosmonaute lance un amour perpétuel
dans l’orbite de son amante
l’ingénieur et l’archange
dansent sous l’arcade
hey hey les circaètes et les luzernes


givre safran
bise sable
tango blond
le nomade creuse une oasis
sous les dunes de son amante
le sourcier et le jardinier
dansent sous l’étoile
hey hey les tourterelles et les figuiers


givre gris
bise noire
tango rouge

3 mars 2011