1440 minutes

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editions d'autre part

vendredi 31 décembre 2010

le jour ne s'est pas levé

le jour ne s’est pas levé
brouillard givre et fumée
le merle est muet cloué sur le prunier
je jette un livre dans le feu
j’ai encore des milliards de mots pour t’aimer
quel temps est-il à ton horloge

le jour ne s’est pas levé
brouillard givre et fumée
le chat rêve d’une fanfare de pinson
je jette un calendrier dans le feu
j’ai encore des milliards de jours pour t’aimer
quel temps fait-il à ton sextant

le jour ne se lèvera pas
brouillard givre et fumée
le lit se creuse sous nos baisers
je jette une bûche de cade dans le feu
j’ai encore des milliards de caresses pour t’aimer
quelle est la couleur des soupirs

pas de frontière pour le désir
pas de frontière pour le plaisir

sans gêne ni rapière

31 décembre 2010

jeudi 30 décembre 2010

au coeur de la souche

au cœur de la souche
les rêves du monde
les enjeux de la forêt
et d’amours acharnées
au cœur de la souche
l’essence de sève
cette nuit sera longue à devenir demain

au cœur de la miche de pain
les envies d’agapes
l’ironie de la famine
les secrets des champs de seigle
et d’amours remoulues
au cœur de la miche de pain
la bile du moulin
cette nuit sera longue à devenir demain

au cœur de la rétine
les ailes des papillons
les prairies de coquelicots
les désespoirs des peintres
et d’amours noires et blanches
au cœur de la rétine
l’humeur arc-en-ciel
cette nuit sera longue à devenir demain

au cœur de la cervelle
les souvenirs essentiels
les songes liturgiques
les sortilèges de la danse
et d’amours sensuelles
au cœur de la cervelle
le parfum des muqueuses
cette nuit sera longue à devenir demain

30 décembre 2010

mercredi 29 décembre 2010

le silence enfin

le silence enfin
la ville sommeille de brume
une fouine est en chasse
le président choisit ses journalistes
et croque du raisin de Sicile
enfin le silence

le silence enfin
la rue éteint ses vitrines
une chatte est en rôde
le président bannit son adversaire
et croque une figue de Barbarie
enfin le silence

le silence enfin
le théâtre fait relâche
un renard tombe le masque
le président torture son prisonnier
et croque des piments de Habanera
enfin le silence

le silence enfin
le donjon grelotte sous la glace
une hulotte saigne un mulot
le président fait pendre son frère
et croque une grenade de Babylone
enfin le silence

le silence enfin
la braise veille sous la cendre
un faucon surprend une tourterelle
le président caresse sa favorite
et croque la framboise de son téton
enfin le silence

29 décembre 2010

mardi 28 décembre 2010

un cierge sur le muret

un cierge sur le muret
les âmes des morts
sont alignées sur le givre
une paroissienne prie une vielle rédemption
c’est l’heure du laitier canaille
et des trahisons sereines
je selle mon cheval dans le pré aux mystères

un cierge sur le muret
les âmes des morts
terrorisent un cantique
les chérubins scandent une patenôtre
c’est l’heure de la traite
et des contrats d’esclavage
j’éperonne mon cheval sur l’échiquier du doute

un cierge sur le muret
les âmes des morts
esquissent un pas de valse
un séminariste ivre yodle son credo
c’est l’heure du dernier tram
et des amours vergognes
j’attache mon cheval au poteau des rêves

un cierge sur le muret
les âmes des morts
embarquent leur progéniture
une diaconesse siffle un confiteor
c’est l’heure des éboueurs fidèles
et des rencontres impatientes
je panse mon cheval dans la cour des miracles

un cierge sur le muret
les âmes des morts
voyagent en satellite
une femme du monde confesse un beau péché
c’est l’heure de la rentrée sournoise
et du bercail inquiet
je donne mon cheval à la danse des anges

28 décembre 2010

mercredi 22 décembre 2010

vingt dieux le temps

des gens pressés dans du papier de fête
des écharpes d’écrivains
des vestons d’architectes
des défibrillateurs de luxe
et des ambulances monospace
ça sent la cannelle et la canneberge
je chante un chant toxique et saturé

vingt dieux le temps est à l’inavouable
et au constat d’échec


des gens colmatés de paillettes
des animaux en conserve
des tisanes enrubannées
des perfusions d’argent liquide
et des fourgons de commerciaux
ça sent le crédit et le credo
je chante un chant de change et de dividende

vingt dieux le temps est à l’injure
et à police secours


des gens empaquetés de morve
des blâmes et des mauvaises notes
des départs et des exclusions
des pansements têtes de gondole
et des caddies endimanchés
ça sent l’indemnité et l’usurier
je chante un chant de deuxième main

vingt dieux le temps est au mépris
et à l’assistance publique


des gens en béquilles et en folie
des cabas d’infirmières
des cannettes et des briquettes
des diagnostics de brasero
et des triporteurs de vin chaud
ça sent l’orange et le petit salé
je chante un chant de nonnes et de carabins

vingt dieux le temps est à l’insulte
et à l’ordonnance de tri


des gens en papillotes de sourires
des couvertures de survie
des tickets de restaurant
des ordonnances d’alcool de patate
et des brouettes d’amitiés
ça sent la promesse et la pirouette
je chante un chant de grand soir camarade

vingt dieux le temps est au refus
et aux barricades
vingt dieux le temps est à la colère
et aux soldats de plomb
vingt dieux le temps est à la guérilla
et à la jambe de bois

22 décembre 2010

lundi 20 décembre 2010

c'est à la tombola

c’est à la tombola
que la jeune fille
a gagné le droit d’ouvrir le bal
avec le moniteur des gymnastes
un numéro tout tordu
sur un billet jaunasse
et la cheville imbécile
et la sueur au-dessus des lèvres
va-t-il parler mariage
ou seulement de la granges aux mystères

c’est à la pêche miraculeuse
que la jeune femme
a gagné le droit d’une valse
avec le capitaine des pompiers
un hameçon tout rouillé
sur une canne de ronces
et les omoplates qui grincent
et la boule au ventre
va-t-il parler mariage
ou seulement de la grange aux adultères

c’est au loto de l’église
que la jeune veuve
a gagné le droit du dernier tango
avec le valet de ferme
des numéros de cirque
sur une grille insensée
et les hanches qui chantent
et la poitrine qui tressaille
va-t-il parler de la grange aux délices
ou seulement de mariage

20 décembre 2010

dimanche 19 décembre 2010

femme sans attente

cette femme est sans attente
qui remonte la rue des cosmétiques
des vitrines technicolor
des néons de lumière froide
une musique de radio commerciale
des limonades rouges
cette femme est sans attente

dans le livre de ses amours
des pages écornées

cette femme est sans ennui
qui remonte la rue des aventures
des vitrines catamaran
des fanaux de tempête
une musique de vent du désert
des jerricans d’eau dessalée
cette femme est sans ennui

dans le livre de ses amours
des pages tachées

cette femme est sans regret
qui remonte la rue des contritions
des vitrines ostensoirs
des cierges indulgences
une musique de carême
cette femme est sans regret

dans le livre de ses amours
des pages consumées

cette femme est sans colère
qui remonte la rue des batailles
des vitrines d’armes blanches
des projecteurs infrarouge
une musique de montée au combat
des pintes de sang noir
cette femme est sans colère

dans le livre de ses amours
une page qui manque

19 décembre 2010

jeudi 16 décembre 2010

un kilo de vie

un kilo de vie dans le fait-tout
un sac de haine
de la poudre et du plomb
un cœur en fonte
un chagrin de titane

elle avance dans le gaz
et boit du jus de lune
je la regarde s’évanouir dans la cité


un kilo de vie dans la soupière
une julienne de rancœur
du concentré de muscle et d’os
un cœur en cavale
une promesse d’antimoine

elle avance dans l’écume
et boit de la sueur d’ange
je la regarde s’évanouir dans l’étang


un kilo de vie dans le caddie
un dégoût à la consigne
du plasma et du colostrum
un cœur au sirop
un espoir en particules

elle avance dans l’allée à crédit
elle boit du gazoline en promo
je la regarde s’évanouir dans le parking


un kilo de vie sous vide
une tonne de honte
du fiel et des larmes
un cœur en miettes
un retour de flamme

elle avance dans le vide
et boit le sang du diable
je la regarde s’évanouir dans la foule

je la regarde s’évanouir

16 décembre 2010

lundi 13 décembre 2010

une rose trémière sur le givre

un grand soleil safran caresse la vigne
un vol de corbeau sépare le ciel
je dessine du vent et du gel sur le lac
dans son hangar le gardien des céréales
jalouse une chanson d’or blond et de nacre
je dessine une rose trémière sur le givre

la falaise réinvente le mauve et le mauve
le vol du corbeau souligne l’horizon
je dessine une valse sous les trembles
dans son silo le prince des avoines
découd une cantate de graines et de son
je dessine un gratte-cul sur le givre

le ciel est conquis de Prusse
le vol du corbeau est un trait de flèche
je dessine l’angélus sur mon potager
dans son grenier le préposé aux seigles
rythme une rengaine de pain noir
je dessine une capucine sur ton miroir

13 décembre 2010

jeudi 9 décembre 2010

comment parler d'amour

de la neige mouillée
sur le tapis du monde
du givre sur l’océan
des prières dans le ciel

des gens vont sur les routes
parmi les braseros
et sous les caméras

comment parler d’amour
quand le cœur est sous zéro


du sable mouillé
sur le paillasson des villes
du givre sur les cours d’écoles
des réclames sur les clochers

des gens sommeillent sur les places publiques
vers les fontaines
et sur les bancs de pierre

comment parler d’amour
quand le cœur est livide


des brins d’herbe mouillés
sur le perron de l’hôtel
du givre sur la table de chevet
de l’ennui sur les dentelles

des gens fument dans les couloirs
avec les femmes de chambre
sous les ventilateurs

comment parler d’amour
quand le cœur est sans musique


de la cendre mouillée
sur le seuil du pays
du givre sur les lois
une charte sur les braises

des gens se taisent dans les rues
parmi les cache-misère
et sous les contraintes

comment parler d’amour
quand le cœur est à la frontière

comment parler d’amour
quand le cœur est à la morgue

comment parler d’amour
et avec qui

9 décembre 2010

mercredi 8 décembre 2010

et un prénom de femme

regarde bien c’est là
à hauteur de pénombre
entre les feux des réverbères
et les larmes des trottoirs
un soldat désarmé assis
sur un tabouret de lune
chante ses pansements
et un prénom de femme

qui dira le poids du ciel
et le silence des portes

regarde n’aie pas peur
à l’orée de solstice
entre le chagrin des moussons
et les larmes des forêts
un trapéziste sans filet à genoux
dans les mousses et les fougères
chante son vieux costume
et un prénom de femme

qui dira l’odeur des nuages
et le silence des portes

regarde bien regarde
à portée de fanal
entre les trouées de feuillages
et les larmes des grilles
un chanteur usé mais debout
sur le lutrin du soir
chante son paletot de bronches
et un prénom de femme

qui dira la couleur de la fugue
et le silence des portes

8 décembre 2010