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c’est une alouette ensevelie sous les gravats de l’été
c’est une alouette assommée par les promesses du vent
c’est une alouette célibataire au-dessus du seigle
c’est une alouette agenouillée sur le remord du ruisseau
la musique réveille le coquelicot
et le tambour fesse la citrouille
le pizzicato essore la citronnelle
et le triolet fait trébucher la renoncule
on se vautre parmi les couleuvres et les mensonges
on s’assoit devant la guérite avec la robe du juge
on aiguise la faucille avec une pierre de lune
on essuie la torpeur sur le crâne et les omoplates
l’été s’enrhume
la rosée moisit
le thermomètre tousse et crache
août est mis en quarantaine
le milouin perd le nord, la sarcelle lui a volé sa
boussole
la poule casse ses œufs, le renard a des vers
le cincle plongeur dégoupille sa bonbonne, le méthane
remonte au pré
le faucon égrène son rosaire, c’est la neuvaine des
musaraignes
l’alouette meurtrie ébroue le sang de sa livrée
j’épouserai l’angélique avant que la guimauve ne soit
confite
c’est une chemise fonctionnaire sur les épaules du
cheval
c’est une chemise torchon sur les secrets familiaux
c’est une chemise aux coutures ailées pour les évasions
c’est une chemise sans col pour les nuques condamnées
plume corsaire du butor
bec-croisé sur les parjures
mitaine de la buse pattue
circaète dans le cauchemar
on fomente la passion dans un lit de rosée
on calcule la formule de la rencontre
on passe au papier-de-verre les écorchures
on salue le frelon, le chardon et la ronce
l’entaille de la corde sur la poutre
le son grêle de la cloche fêlée
la fourche menaçant l’orgueil de la sorcière
la sciure pour le sang, le copeau pour l’écharde
le rapport à l’humain à l’heure de l’angélus
la prévision du temps dans le bac à viscères
l’annonce d’un congé pour une grande manœuvre
le chagrin essoré sur la corde à linge
la chemise froissée par la moisson et l’amour
j’épouserai l’infante des bleuets sur un sac de farine
c’est un pourrissement de l’étoile dans le cartable de la
pluie
c’est un pourrissement des rancœurs sur la table du
dimanche
c’est un pourrissement des avoines sous les chiures des
criquets
c’est un pourrissement de la vallée sous le racisme des
torrents
chaise-longue pendue au crochet à nuages
fleurs coupées vautrées dans la brouette
pêcher de la discorde sur le testament de la vigne
parasol sous barbiturique sur le lit du cabanon
on noue les lacets de la contrainte
on arrose les chrysanthèmes du mépris
on cuisine des sentiments dans le faitout du diable
on digère l’amertume avec la bile et le fiel
cliquetis dans la cervelle et missive fermentée
pétarade des globules et rime assourdie
chuintement de la trachée et dictionnaire étouffé
forge de la tempe et verbe ligoté
l’étoile assujettie au pieu du propriétaire
le projectile fiché dans l’arbre de l’émeutier
le galet de la fronde dans la chaussure du géant
le drapeau blanc lavé à la cendre de rosier
le pourrissement des bourgeons de comètes
j’épouserai la balayeuse de l’observatoire et ses
poussières de ciel
c’est un cheminement de luxure dans la rue du fanal
c’est un cheminement erroné dans les gouffres
c’est un cheminement de comète dans le ciel de vingt
heures
c’est un cheminement construit sur la topographie de l’échiquier
l’aqueduc effondré sous l’averse
la chenille processionnaire noyée dans son cortège
le magnificat essoré un vendredi saint
la voie d’eau dans l’arche du barrage
on sélectionne les nuages par ordre d’ancienneté
on détourne le bisse vers le cimetière
on tranche le cou des buveuses au lever du jour
on salue la vieille dame aux pattes palmées
chant d’adolescent sous la fenêtre du lupanar
trompe marine dans la grotte des stupres
sifflement de météorite dans la soupe du soir
cri de l’enfant muet devant le saut de l’ange
le bâton de pluie fiché dans le désert
le poteau de torture dans le massif de pivoines
le piquet de la barrière flottant sur l’étang
le pèlerin n’assied plus sa soif sur la pierre des
fontaines
le cheminement des éclopés sur les routes de l’exil
j’épouserai la boiteuse rebelle un jour de marché des
béquilles
c’est une coquinade accrochée à la grappe du sorbier
c’est une coquinade qui se dore la croupe en plein midi
c’est une coquinade qui lâche du lest sur le trottoir
miséricorde
c’est une coquinade agrippée à la hanche d’une fredaine
bustier récitant les lunes pleines
faux-cils démesurant les œillades
corset hosanna taché de salive
escarpin déchiré par trop de danses
on trace les itinéraires du désir sur le pré de fauche
on délimite les fissures des partages
on fait feu des mandibules des mantes religieuses
on couche dans les fougères les fausses promesses des
ovaires
tenailles dans la poche de la vareuse
carte topographique séchant sur la corde à linge
rabot du dimanche sur la croix de sapin
chasse-clou de mélancolie à la boutonnière
bière de malt et de mûres
liqueur de coing dans le décolleté
accordéon à la cire d’abeille
senteurs d’agrumes sur les muqueuses
la coquinade tangote jusqu’à point d’heure
j’épouserai la femme-centaure décortiquant les plaisirs
c’est une patte de lapin attachée au guidon de la moto
c’est une patte de lapin sur les anneaux du mariage
c’est une patte de lapin sur le calendrier des récoltes
c’est une patte de lapin à la serrure du tabernacle
noisettes chipées au camarade écureuil
prunier sauvage dans le talus de vernes
fleur d’arnica sur une blessure de cœur
radis disputés à une colonie de limaces
on improvise un chant de grêle
on cuisine des baies sauvages avec du romarin
on aère les litières d’herbes sauvages
on collecte les cadavres de lucanes
cris dans la forêt
plumée de pic épeiche sur le chemin
écorces de mélèze sur le toit du reposoir
la couleuvre amoureuse s’essaie au nœud coulant
accroche-cœur ou attrape-nigaud
brin de chance tombé dans la paille
amulette en crottes de bique
jour de guigne reporté au printemps
patte de lapin rendue au clapier à roulettes
j’épouserai la prisonnière tueuse de nénuphars