Le tableau est une armoire de pigments et d’argiles. Le jardin
est en papier Japon. La prairie s’aquarelle dans les creux. La vigne est un
fusain délabré.
Araignée de l’heure de la fermeture, vergeture.
Un homme boit des estagnons de vin jaune. Il vernisse des
tickets de bistrot avec de la peinture à doigts. Il macère de la chélidoine
dans un alcool de betteraves. Il sculpte dans des quartiers de viandes des
querelles d’insectes. Il pense à la dame des poux qui danse devant l’école.
Il filme au ralenti la colère de la mante religieuse.
Il y eut une explosion dans le hangar des citernes. Il y
eut un mélange de cadmium et de minium. Il y eut une fuite d’eau soufrée. Il y
eut dans la ventilation un amoncellement de fleurs d’oseilles.
Araignée de l’heure de la fermeture, imposture.
Je balbutie des sanguines et des marines sur des cartons
d’isolation. Je remonte des segments de bleu de Prusse et de vert Véronèse. Je bois des sirops sans colorant. Je suce des
caramels de sucre roux. Je rêve de romans d’arcs-en-ciel où la marchande de
couleurs se badigeonne les seins de jus de cerises.
Une araignée fatiguée trempe ses pattes dans l’asphalte
et travers la feuille blanche du poète.
Je pense à la découverte du rouge absolu.
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