j’ai rempli ma brouette
des surplus de mes placards
des sorciers des fantômettes
un huissier mal ficelé
une cousette détricotée
un cadavre encore chaud
un aïeul empaillé
un carton de prothèses
au marché j’ai vendu
aux gens des gens
des tordus des manchots
des trop maigres
des malfrats sans tralala
un apprenti curé
des ménagères au kilo
et de faux nouveaux nés
quand il n’est rien resté
je suis rentré en brouette
jusqu’à mon talus
j’ai rempli ma remorque
des fonds d’armoire à balais
des sorcières des lutines
un militaire en kit
une greffière sous morphine
une épousée presque veuve
un cageot d’os et de couennes
un trousseau de jarretières
au marché j’ai vendu
aux gens des gens
des cassés des rapiécés
des trop longs
des assassins en saumure
une nonne en retraite
des pré pubères en bottes
et des cyclistes sous vide
et quand il n’est rien resté
je suis rentré dans ma remorque
jusqu’à mon gourbi
j’ai rempli ma hotte
des restes de mes tiroirs
des héroïnes des figurants
une bergère derrière son loup
un pianiste dyslexique
un condamné impatient
les cendres d’un pyromane
une corbeille de liquettes
au marché j’ai vendu
aux gens des gens
des brûlés des faux nègres
des trop laids
un chômeur avec notice d’emploi
un enfant de chœur sous garantie
des expulsés en cage
et des peaux d’âne crottes de bique
quand il n’est rien resté
je suis rentré dans ma hotte
jusqu’à mon trépas
9 juin 2011
jeudi 9 juin 2011
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