je reçois ce printemps
comme on reçoit une nouvelle
inattendue et pareille à rien
dissonante et semblable
un amour s'est trompé de train
un cancer est parti sous les tropiques
un chanteur s'est tu
la montagne débâcle
je reçois ce printemps
comme on reçoit un os
avec assez de nerf et de moelle
avec un peu de viande et de suc
un amour se ronge au soleil
cette caresse est humide et salée
un tambour donne l'assaut
la falaise décroche
je reçois ce printemps
comme on reçoit un tocsin
torrent qui déborde
pinède qui flambe
un amour crépite sous le vent
une braise consume les ventres
un violoncelle miaule et ricane
le talus déboule
je reçois ce printemps
comme on reçoit une vigne
loyale et patrimoniale
obligée et festive
un amour fermente dans le cuvier
l'ivresse brûle la caillasse
un fifre picoulette les labeurs
le muret déroche
je reçois ce printemps
comme on reçoit une forge
souvenir de la mine
danse devant l'enclume
un amour s'engouffre dans le soufflet
une promesse marquée au fer rouge
un trombone époumone l'étreinte
l'ardoise délite
je reçois ce printemps
comme on reçoit un cheval
désir de steppe et d'écurie
éperon d'argent et sac d'avoine
un amour piaffe et rue sur le pavé
un bouquet d'anémones sur le pommeau de la selle
une guitare flamenque la voltige
le lac dégèle
je reçois ce printemps
comme je reçois ta venue
je reçois ce printemps
comme je prends ton amour
sans gêne ni rapière
19 mars 2010
vendredi 19 mars 2010
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