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editions d'autre part

dimanche 19 août 2012

la ville déroule ses jours


la ville déroule ses jours
comme autant de pétales
des bouquets des mariages

un café qui ferme
les travaux à l’école
un décret sur les chats
le ricanement des fouines
la fête d’un quartier modèle
 
lorsqu’il arrive en ville
cet homme divise les pensées et les lieux communs
il ne dit rien
mais son regard est clair comme les chansons des dimanches
il dépose sur le parvis
des pignes d’arolle
un collier de gratte-culs
et une boule à neige de la Dent-Blanche


la ville déroule ses jours
comme autant de groseilles
du potager de la vieille dame
 
un galetas qui brûle
le cancer de la boulangère
une loi d’hygiène des bénitiers
le dédain des crapauds
et l’amicale des landaus

lorsqu’il arrive en ville
cet homme inquiète les pigeons et le clergé
il ne parle pas
mais son regard est clair comme un livre de poésie
il donne au marché
des crottes de chamois
des écuelles de myrtilles
et des timbres-poste en patois de Savièse

la ville déroule ses jours
comme autant de suffrages
des sourires des nouveaux arrivants
 
une caserne qui musique
la mésalliance des courgettes
un directive pour les chocards
la résistance des perruches
et la révolution des lampadaires
 
lorsqu’il arrive en ville
cet homme sépare les eaux et les fanfares
il dit des mots graciles dans une langue ancienne
et son regard est clair comme le myosotis
il offre aux bancs publics
des plumes de lagopèdes
des boutons de rhododendrons
et les rires des tchagattas
 
 
la ville déroule ses jours
comme autant de grains de raisins
aux pressoirs syndiqués
 
une bibliothèque qui danse
les archives du chœur d’église
un règlement sur les déchets carnés
la tristesse du gypaète
et la confrérie des ossuaires
 
lorsqu’il arrive en ville
cet homme tourmente la justice et le souvenir des potences
il sanctionne en volapük
et son regard est clair comme l’eau des glaciers
il expose aux plus offrants
un cristal de roche
un bout de poutre millésimé
et du béton de la Grande-Dixence
 
19 août 2012

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