1440 minutes

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editions d'autre part

lundi 16 mars 2009

couvre-feu

il y eut une lueur derrière le roc
il y eut un cri de ralliement

une femme est remontée dans le dévaloir
dans sa besace une tomme du village des érables
un baril de vin cornalin et une pomme reinette
dans ses mains une pépite de pigment bleu et un couteau de peintre

un ouvrier constate qu’il manque trois pavés devant l’hôtel de ville

il y eut un signal de torche derrière les écuries
il y eut une imitation de cri de chouette

un homme a longé la berme de l’autoroute
dans son sac de sport une bible une fronde et un harmonica
dans ses mains une bombe de peinture et un chablon de soldat

un infirmier constate qu’il manque trois fioles d’éther dans sa pharmacie

il y eut un éclair derrière la gare
il y eut un cri de terreur

la fille est sortie de la camionnette
dans son sac à main un peu de monnaie une adresse de toubib
et un sachet de poudre pour le nez
dans sa main une absence de ligne de cœur et une cicatrice

un agent constate qu’il manque un réverbère dans l’impasse

il y eut un feu de détresse devant le supermarché
il y eut un chant de douleur

le sniper s’est glissé au rayon boucherie
dans son cabas un roman de gare un cahier de mots fléchés
et des crayons de couleur
dans ses mains le chapelet de sa maman

un juge constate qu’il n’y a plus de case prison à son monopoly

il y eut un incendie à la station d’essence
il y eut une explosion

le garçon a éteint son téléviseur
dans son cartable un somnifère un poing américain
et un gros manuel d’ennui
dans ses mains une bille et trois boulons


le président constate un vandalisme agaçant
sur la banderole lumineuse
le h de ville heureuse a été décloué
il pendouille misérablement et ressemble à un p


like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman


16 mars 2009

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