1440 minutes

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editions d'autre part

mardi 27 décembre 2011

je compte sur les doigts

la nuit s’arque boute
au ciel si sombre
on aimerait un filet de lune
on aimerait une étoile au moins
rien
seule la lueur falote
des réverbères du hameau
un renard glapit
la nuit se renfrogne

je compte sur les doigts
les prénoms de femmes
absentes disparues
l’annulaire me refuse un prénom


la nuit est un couvercle de tombeau
la fonte sonne un glas maigre
on aimerait une chaufferette
on aimerait une bougie au moins
rien
seul le craquement du fer
qui se rétracte sous le froid
une chevêche chuinte
la nuit se renferme

je compte sur les doigts
les millésimes qu’on aurait bus
le pouce me refuse un vin de Pâques


la nuit empaquette les souvenirs
dans une trappe sourde
on aimerait un bon mot
on aimerait une louange au moins
rien
seul un refrain de capucine
sur le chemin de l’école
la nuit se resserre

je compte sur les doigts
les baptêmes et les communions
le majeur me refuse une sentence


la nuit ferme les bistrots
avant l’heure de police
on aimerait une chope de bière
on aimerait un verre de genièvre au moins
rien
seul un vieux slow rayé
dans le tournis du juke-box
le patron somnole
la nuit ressuie les verres

je compte sur les doigts
les danses miraculeuses
l’auriculaire me refuse un tango


la nuit empile les rêves et les songes
dans l’armoire à linge
on aimerait un bouquet de lavande
on aimerait un savon de Marseille au moins
rien
seul un remugle de naphtaline
dans le tiroir à chaussettes
l’amour patiente
la nuit se touche

je compte sur les doigts
les plaisirs fantasmés
l’index me refuse un péché

27 décembre 2011

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