au ciel si sombre
on aimerait un filet de lune
on aimerait une étoile au moins
rien
seule la lueur falote
des réverbères du hameau
un renard glapit
la nuit se renfrogne
je compte sur les doigts
les prénoms de femmes
absentes disparues
l’annulaire me refuse un prénom
la nuit est un couvercle de tombeau
la fonte sonne un glas maigre
on aimerait une chaufferette
on aimerait une bougie au moins
rien
seul le craquement du fer
qui se rétracte sous le froid
une chevêche chuinte
la nuit se renferme
je compte sur les doigts
les millésimes qu’on aurait busle pouce me refuse un vin de Pâques
la nuit empaquette les souvenirs
dans une trappe sourdeon aimerait un bon mot
on aimerait une louange au moins
rien
seul un refrain de capucine
sur le chemin de l’école
la nuit se resserre
je compte sur les doigts
les baptêmes et les communions
le majeur me refuse une sentence
avant l’heure de police
on aimerait une chope de bière
on aimerait un verre de genièvre au moins
rien
seul un vieux slow rayé
dans le tournis du juke-box
le patron somnole
la nuit ressuie les verres
je compte sur les doigts
les danses miraculeuses
l’auriculaire me refuse un tango
dans l’armoire à linge
on aimerait un bouquet de lavande
on aimerait un savon de Marseille au moins
rien
seul un remugle de naphtaline
dans le tiroir à chaussettes
l’amour patiente
la nuit se touche
je compte sur les doigts
les plaisirs fantasmésl’index me refuse un péché
27 décembre 2011
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