1440 minutes

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editions d'autre part

samedi 31 janvier 2015

tendre la main à la fugitive


la luminosité de la quête des âmes
la paranoïa des ombres des anges
la respiration de l’angoisse
la musique des fanfares du sang aux tempes
et le destin en perfusion aux heures matinales
 
déverrouiller les cages aux remords
aérer la vallée d’une volée de cloches
tendre la main à la fugitive à l’heure du laitier
 
que vienne une neige de février sur nos confettis charitables

mardi 27 janvier 2015

écœurer la goitreuse


la parole jetée au moins gourmand des diacres
l’évangile des boissons chaudes au bar des fins de nuit
l’offense à demi-nue couchée sur le comptoir
le jeu de dé sur la croupe de la croupière
et le jeton posé sur une dame de pique
 
sabrer un bière fauve avec le sabre d’un diablotin
tenir le manteau d’une renarde le temps d’une pause-pipi
écœurer la goitreuse avec de vaines grimaces
 
que vienne un temps d’amnistie sur nos tourments féroces

dimanche 25 janvier 2015

payer l'horticultrice


la plume trempée dans du fonds de veau
le papier buvard pour la sueur sous les omoplates
le ventilateur branché sur le moulin du hasard
la grenouille confite à la guimauve de son amant
et la progéniture de la ville au bal des capucins
 
dessaler le remords avec l’eau de lessive
faire germer dans le coton les graines du destin
payer l’horticultrice avec de la monnaie du pape
 
que vienne une journée d’arrosage sur nos maigres prairies

samedi 24 janvier 2015

encenser la prêtresse


la perruche tétraplégique dans la vitrine du pharmacien
la boite de crayons de couleurs dans la trousse du vétérinaire
les recettes de grand-mères sur Radio-Amnésie
le scanner de l’archange pour déceler sa descendance
et la courbe de température des bons sentiments
 
disséquer le poème pour retrouver la tension
arroser la grammaire d’un jus de primevère
encenser la prêtresse d’un parfum sacrifice
 
que vienne un chant aigrelet sur notre rosaire anxieux

vendredi 23 janvier 2015

fomenter avec la couturière


la vareuse sur un cintre accrochée au noisetier
la sauge qui renonce à servir la chanteuse
le cadavre d’un soldat qui prend le large sur un radeau
la pluie qui se fait attendre
et la veuve énervée qui détourne le car postal
 
vaporiser du jasmin sur le jardin des culottes
fabriquer une colombe avec des pinces à linges
fomenter avec la couturière une révolte des boutonnières
 
que vienne un esprit de lessive sur les secrets familiaux

mardi 20 janvier 2015

déshabiller la chamelière


les raisins secs d’Anatolie piqués sur la quenouille
la poche raglan remplie de pistaches
l’âne qui somnole dans la prairie de chardons
la chapelle trop blanche dans le talus d’ardoises
et la cloche qui tait les drames de la vallée
 
juguler le vent dans les toiles de jute
conserver du vin de charme dans une jarre terra cota
déshabiller la chamelière dans la fontaine de l’oasis
 
que vienne une palabre de raison sur nos délires bestiaux

dimanche 18 janvier 2015

décoiffer la princesse


le fusain agenouillé sous le premier soleil
le millepertuis qui falsifie le code des serrures
les miasmes et les bactéries sur les gants blancs de la voisine
le ballet des feuilles mortes dans l’opéra de la rue
et la guêpière mitée sur la corde à linge
 
dégrafer le corset d’un sommeil d’hiver
assommer le chrysanthème d’un coup de goupillon
décoiffer la princesse dans sa boule à neige
 
que vienne un chant de pinson dans le saule gelé

samedi 17 janvier 2015

graisser la patte à la femme de chambre


la pastille à la menthe pour faire mentir l’archange
le sirop de verveine au bar de l’hôtel
les rideaux qui sentent la fumée et la friture
la fenêtre qui donne sur le parking des camions citernes
et le morbier qui ne sonne que les quarts d’heure
 
repasser le costume du séminariste
ôter le moisi sur le pot de confiture
graisser la patte à la femme de chambre pour la soirée cinéma
 
que vienne un jour de libation sur cette ville austère

vendredi 16 janvier 2015

enlever la chérubine


la lettre du devoir au bas des filiations
la généalogie gravée sur les armoiries de la ville
le sacristain fatigué qui compte les fêlures
la moquerie des béatifiés sur les cloches païennes
et les sanglots montant des étables les nuits de grand vent
 
dénombrer les clefs des portes de secours
contrôler le verrouillage des caves et des âmes
enlever la chérubine dans le parc des veaux
 
que vienne un parfum de figue dans le corridor des attentes

mercredi 14 janvier 2015

rappeler la sage-femme


l’entonnoir à rêves dans la dame-jeanne des sacrifices
la pommade cicatrisante sur le code pénal
l’industrie des complots et des traquenards dans la cave à vin
la mélancolie qui surgit sur la place de jeux
et le tribunal des amours devant le gibet du doute
 
dégrossir la mappemonde des capitales inutiles
lubrifier l’usine à oblitérer les passe-droits
rappeler la sage-femme au chevet des couleuvres
 
que vienne un air tzigane sur nos têtes névrosées

mardi 13 janvier 2015

dévergonder la vagabonde


la tablature en sol pour fleurir demain
les écoutilles ouvertes sur les vibrations
le fleuve qui fait silence au passage des morts
l’alouette qui s’en fout et qui répète le tube de l’été
et le jardin qui balance entre la vanité et le besoin
 
étuver les remords comme des liquettes
amidonner le faux-col de l’envie de partir
dévergonder la vagabonde sous l’ombre d’un nuage
 
que vienne une météo clémente pour les effeuilles

dimanche 11 janvier 2015

soûler la semeuse rousse


la poule qui ronchonne un maïs trop pâle
le ver de terre suicidé au carrefour des taupes
le chat sans domicile épuisé de vermines
le compost qui exhale une avant-première de printemps
et la choucroute qui pourrit sur le bord de la fenêtre
 
dessiner de nouvelles planches pour le potager
irriguer quelques phrases d’un jus de radis
soûler la semeuse rousse d’inquiétants idiomes
 
que vienne une plume de freux sur l’armoire à testaments

samedi 10 janvier 2015

honorer la correctrice


la tramontane qui partisane le cortège des fourches
l’odeur de foin coupé dans la salle de rédaction
la viande qui rassit sur la fenêtre du mercredi
la listes des choses à faire avant de sombrer
et la lettre du merle à l’encre de pissenlit
 
faire la trace à la machette dans la broussaille des mots
panser la bête de somme à l’entrée de la bibliothèque
honorer la correctrice avec des gommes parfumées
 
que vienne une syntaxe universelle sur l’annuaire des insurrections

vendredi 9 janvier 2015

inviter la douanière inuit


la famille pinson refoulée des vacances
l’exode transsibérien des wagons blindés
le chant amérindien traduit sur Radio-Béring
la banquise qui prend l’autoroute vers un pays d’infidèles
et la baleine à bosses trafiquant l’arnica
 
faire fondre de la neige pour la soupe de poissons
manger un foie de pétrel pour supporter l’hiver
inviter la douanière inuit au grand bal costumé
 
que vienne une aurore boréale pourpre dans nos téléviseurs

mardi 6 janvier 2015

charivarir la pucelle


le tumulte dans les arbres un soir de fête
la danse du pied-bot devant le kiosque à musique
la boisson troublée par l’angoisse d’une rencontre
la guirlande électrique qui clignote au clocheton de la chapelle
et les portes du pensionnat qui battent la mesure
 
tresser des couronnes de houx pour les plus beaux danseurs
donner des friandises à la marmaille pour qu’elle s’éloigne
charivarir la pucelle au son de l’harmonica
 
que vienne une douce pluie pour disperser les amoureux

lundi 5 janvier 2015

dégrafer la robe de la cartomancienne


l’habit du toréador vendu en deuxième main
le cheval qui danse le charleston derrière l’arène
la véronique et la pervenche s’embrassant à pleine bouche
la sangria trop tiède dans des gobelets plastique
et la tombola pour la rançon de la bohémienne
 
ramasser le crottin pour les plants de tomates
chercher dans les lavures la bague de fiançailles
dégrafer la robe de la cartomancienne pour sa ligne de cœur
 
que viennent les pèlerins de la mer dans nos champs de glaïeuls

dimanche 4 janvier 2015

sourire à l'ambulancière


la grimace du pinson dans sa cage rouillée
la pluie qui s’embarrasse de la mémoire des marins
le fauteuil de la veuve fatigué de sueur
le calendrier qui compte douze mois de janvier
et la folie qui castagnette dans le corridor
 
jeter les cendres du poêle sur la neige du potager
tracer l’itinéraire du bonheur sur le carnet des dépenses
sourire à l’ambulancière avant de se dissoudre
 
que vienne la floraison du mimosa sur nos déconvenues

samedi 3 janvier 2015

danser avec la garde-malade


les cerneaux de noix sur le bord de la fenêtre
la tisane astringente tiédie au lait de chèvre
le tricot de chandail sous la lumière froide du néon
l’oratorio qui renâcle sur Radio-Solitude
et le fumet d’un requiem qui monte de la soupière
 
congédier l’illusionniste pour incapacité de miracle
brûler le livre des remèdes de grand-mère
danser avec la garde-malade sur une vieille polka
 
que vienne une armada de clarinettes sur le parvis des dimanches

vendredi 2 janvier 2015

griffer la poitrine d'une calabraise


le troupeau de bovins galopant dans la neige
les vapeurs des sueurs et des urines
le lait mauvais jeté dans le canal
le vacher buvant la gnôle et reniflant la défaite
et la palombe qui se demande si l’on est bien lundi
 
demander à la nuit l’armistice des fièvres
brûler des souches de sureau à la porte des granges
griffer la poitrine d’une calabraise implorant sacrifice
 
que vienne un convoi de fourrage aseptisé pour nos veaux femelles

jeudi 1 janvier 2015

dérouter la patrouilleuse


la fièvre dans le registre des donneurs de sang
le plasma qui s’empile dans les dortoirs charitables
le fourmilier qui s’invite à la table de l’anesthésiste
le livre des records pour bloquer le brancard à roulettes
et la panoplie de Superman au vestiaire de la morgue
 
balayer les seringues sur le parking des urgences
livrer le diagnostic au pigeon-voyageur
dérouter la patrouilleuse vers le bar des convalescents
 
que vienne une rosée de légèreté sur le catalogue des infirmités

lécher la dresseuse de singes


la tranquillité étouffée dans la boite à secrets
l’escalier généalogique qui remonte à la horde
l’arbre à palabres dans un dictionnaire lapon
la chaussette de la mère qui se troue aux remords
et la poussière des morts qui trouble le rhésus
 
dessiner un jardin sans rose trémière
réécrire la poésie des fontaines de tuf
lécher la dresseuse de singes
 
que vienne le chant du coq sur nos pardons excessifs