1440 minutes

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editions d'autre part

mardi 28 septembre 2010

je tresse des calembredaines

je tresse des calembredaines

c’est du chagrin en contrebande
c’est du chagrin en container
c’est du chagrin en courtepointe
c’est du chagrin en cartouchière

où je vas quoi je fas
je file la ligne des crêtes
je tourne le dos au monde
où je vas quoi je fas
je tresse des calembredaines

c’est du chagrin que l’on dispense
c’est du chagrin en liseré
c’est du chagrin en uppercut
c’est du chagrin délibéré

où je vas quoi je fas
je descends dans la sonde
j’empile des pierres à briquet
où je vas quoi je fas
je tresse des calembredaines

c’est un jeu de rupture
c’est la folie diagonale
c’est le point de fuite
c’est l’abandon des dimanches

où je vas quoi je fas
je remonte la falaise
je copie un mode d’emploi
où je vas quoi je fas
je tresse des calembredaines

c’est un geste d’invite
c’est une larme de diamant
c’est une caresse méridienne
c’est un carquois de la Saint-Jean

où je vas quoi je fas
je maquille la mappemonde
j’éparpille les déserts
où je vas quoi je fas
je tresse des calembredaines

c’est du chagrin qu’on détricote
c’est du chagrin en bas résille
c’est du chagrin dans un faitout
c’est du chagrin un peu ragoût

où je vas quoi je fas
je négocie des passages
je détourne les fleuves
où je vas quoi je fas
je tresse des calembredaines

c’est du chagrin à la braconne
c’est du chagrin à la criée
c’est du chagrin sauce grand veneur
c’est du chagrin cicatrisé

où je vas quoi je fas
je file la ligne des crêtes
je tourne le dos au monde
où je vas quoi je fas
je tresse des calembredaines

28 septembre 2010

dimanche 26 septembre 2010

hip-hop tulipe

un moineau sort en p’tite liquette
rendez-vous des corbeilles à pain
mène sa clique à la baguette
et fiente son chant du matin

hip-hop tulipe
valse glycine
hip-hop tulipe
coquelicot tango

la p’tite souris sort en chemise
rendez-vous des coffrets à dents
grignote le cours des devises
crotte sur le chant des partisans

hip-hop tulipe
valse glycine
hip-hop tulipe
coquelicot tango

un merle sort en p’tite nuisette
rendez-vous rue des bigarreaux
turlutte une fanfare de fête
et chie un concert de noyaux

hip-hop tulipe
valse glycine
hip-hop tulipe
coquelicot tango

le petit rat sort en pantoufles
rendez-vous aux heures de pointe
attiré par l’opéra-bouffe
et pétole un accord de quinte

hip-hop tulipe
valse glycine
hip-hop tulipe
coquelicot tango

un corbeau freux sort en peignoir
rendez-vous des champs de labour
avale sa ration du soir
lâche une merde de chant d’amour

hip-hop tulipe
valse glycine
hip-hop tulipe
coquelicot tango

je rentr’ chez moi en pyjama
rendez-vous café insomniaque
bouffe ma vie panorama
lâche un vent de chanson patraque

hip-hop tulipe
valse glycine
hip-hop tulipe
coquelicot tango

hip-hop tulipe
valse narcisse
hip-hop tulipe
et guimauve tango

26 septembre 2010

mercredi 22 septembre 2010

dans sa boîte à lait

à perte d’envie à perte
des corridors obstrués
par la langueur des jours
l’aspirateur sur la palier
le paillasson crotté
un accordéon chiale
dans l’entresol

je dépose un dahlia écarlate
dans sa boîte à lait

à perte d’argent à perte
des guichets désertés
par les décrets de l’usure
la machine à monnaie
la caméra sur le cours du change
un bugle ricane
devant le fourgon blindé

je dépose un bouton d’or
dans sa boîte à lait

à perte de vue à perte
des horizons disparus
sur la ligne des chagrins
le rideau de chaleur sur la route
l’estagnon explosé
un banjo dégouline
sur le pont d’un camion

je dépose une euphorbe
dans sa boîte à lait

à perte d’amour à perte
des chambres condamnées
par la clef des ruptures
la valise jetée devant la porte
la photo déchiquetée
un trombone renifle
à l’entrée du parking

je dépose un chardon
dans sa boîte à lait

à perte de vie à perte
des chemins défoncés
par la colère absurde
le linceul de fortune
la messe des morts bâclée
un orgue de barbarie grince
devant le cimetière

je dépose un chrysanthème
dans sa boîte à lait

22 septembre 2010

mardi 21 septembre 2010

une belladone sur le chemin

des nénuphars raccommodés sur la grande voile
des effarvattes aplaventrées sur les massettes
des libellules rouges
des violons aiguisés
une belladone sur le chemin
je jette un défi aux castagneux

des joncs des tonneliers en silhouette
des rousseroles agenouillées devant le saule
des papillons noirs
des pianos écartelés
une belladone sur le chemin
je jette un défi aux castagneux

des liserons amoureux en houppelande
des turdoïdes crucifiées sur les roseaux
des scarabées d’argent
des clarinettes endimanchées
une belladone sur le chemin
je jette un défi aux castagneux

des gratte-culs éclatés sur le banc de bois
des jaseurs ficelés dans les lierres
des cétoines vermillon
des tambours éventrés
une belladone sur le chemin
je jette un défi aux castagneux

des argousiers égrappés sur la barrière
des gravelots amputés sur la grève
des abeilles carmin
un tuba cabossé
une belladone sur le chemin
je jette un défi aux castagneux

je rentre au cabanon
manger des ravioles de têtards

21 septembre 2010

samedi 18 septembre 2010

je couche

les lèvres de la rue
le chat de la concierge
l’arbitre des vélos
la vendeuse de pizzas
et les néons biscornus
je couche
je couche dans le laboratoire pharmaceutique

le couloir des landaus
le perroquet du kiosque
la stratégie pianiste
le roi du bar à vin
et l’abribus en plein vent
je couche
je couche dans la salle de rédaction

la grille du square
les piafs endimanchés
les miettes de la lune
le forain du tire-pipe
et le carrousel sans musique
je couche
je couche dans le presbytère des dames

la porte de l’hôtel
le molosse à képi
le chasseur de diamants
le champion du shaker
et le tapis rouge désabusé
je couche
je couche dans la guérite du veilleur

le sphincter du métro
le pigeon de la vielle dame
l’archange des dessous
la marchande de rêves
et la poubelle débordée
je couche
je couche dans la salle des maîtres

le judas digicode
le rat dedans la loge
le garage à chariots
la demoiselle qui tangue
et le tourniquet du malheur
je couche
je couche dans le centre de transfusion

18 septembre 2010

lundi 13 septembre 2010

sur la toile

l’infirmière bosniaque
cherche un mari
sur la toile
un mari
une souris
un rat
patatras

la médiatrice blafarde
cherche un miroir
dans le voile
un effroi
une croix
un talent
rataplan

l’avocate libérée
cherche une peine
sur la toile
un pilori
une souris
un malfrat
patatras

la libre penseuse fière
cherche un désir
dans le voile
un exploit
une croix
un tourment
rataplan

l’enseignante retraitée
cherche une recette
sur la toile
un rôti
une souris
un estouffat
patatras

la photographe éreintée
cherche une ombre
dans le voile
une proie
une croix
un galant
rataplan

la caissière invalide
cherche un amant
sur la toile
une envie
une souris
un castrat
patatras

l’assistante esseulée
cherche un pardon
dans le voile
un émoi
une croix
un serment
rataplan

la pleureuse éhontée
cherche un fou rire
sur la toile
un débris
une souris
un mascara
patatras

la batelière apatride
cherche un report
dans le voile
un pavois
une croix
un salant
rataplan

13 septembre 2010

dimanche 12 septembre 2010

l'amour se vend

carnaval de choux et de nèfles
brin de lavande brin de persil
la marchande a des yeux pervenche
croque la pomme croque la pomme
elle vend des carrosses en tranches
et des sabots de vénus
la rue fleurit tour de magie
l’amour se vend au marché primeur
l’amour se vend

accordéon manouche et les yeux noirs
brin de laine brin de paille
le musicien a des yeux de nacre
mains sur les hanches mains sur les hanches
il fait tourner les manants en bras de chemise
et des princesses aux ailes blanches
le plancher brille tour de valse
l’amour se trousse au sanatorium
l’amour se trousse

litanie des cognées et des lames
brin d’épilobe brin de copeau
le bûcheron a des yeux de sève
croque le pigne croque le pigne
il dresse des mâts de caravelles
et des charpentes de cathédrales
la forêt vrille tour de force
l’amour s’abat à la coupe de bois
l’amour s’abat

carrousel de triolets et de syncopes
brin d’ancolie brin d’harmonie
la chanteuse a des yeux de blues
claquent les mains claquent les mains
elle lance des chansons de rupture
et des rengaines à boire
la salle vibre tour de chant
l’amour se glisse à la symphonietta
l’amour se glisse

train de cadences et d’équipes
brin de fatigue brin de tabac
l’ouvrier a des yeux de plomb fondu
compte les heures compte les heures
il met du rêve en boîte
et des vacances en conserve
la sirène raccroche tour de carte
l’amour part en vélo à la sortie d’usine
l’amour part en vélo

coffre à révolte boîte à outils
brin de mystère brin de colère
le clandestin a des yeux d’océan
casse la corde casse la corde
il dessine des cartes de séjour
et des fleurs d’espérance
la frontière disparaît tour de passe-passe
l’amour se met en branle à la salle des machines
l’amour se met en branle

12 septembre 2010

mardi 7 septembre 2010

l'avenir est un peu grand

l’avenir est un peu grand
on éteint les projecteurs
replie la carte

un pied carré de soleil
deux tagètes sur le perron
le territoire est ami
une envie dans la poche
un salut à la merlette
le trottoir est camarade
l’avenir est un peu grand
le trottoir camarade

l’avenir est un peu lourd
on gonfle les ballons
largue les contrepoids

une arête de nuage
deux arolles sur la crête
la montagne est connue
un harmonica dans la poche
un salut au chocard
le sentier est fidèle
l’avenir est un peu lourd
le sentier fidèle

l’avenir est un peu large
on déboîte les coudes
joue de l’épaule

une trouée verticale
deux marches dans le granit
le refuge est ouvert
un mousqueton dans la poche
un salut à l’aigle
la course est aventure
l’avenir est un peu large
la course aventure

l’avenir est un peu haut
on retire l’échelle
dénoue la corde

un ourlet d’ombre
deux revers sur le col
le paletot est à la mesure
une thune dans la poche
un salut au coucou
la piste est balisée
l’avenir est un peu haut
la piste balisée

l’avenir est un peu vaste
on range le sextant
passe son tour de quart

un palier de vagues
deux marées sur la ville
les amarres sont solides
une boussole dans la poche
un salut à la frégate
l’itinéraire est tranquille
l’avenir est un peu vaste
l’itinéraire tranquille

7 septembre 2010