1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 28 octobre 2012

c'est un cortège d'oiseaux tristes

c’est un cortège d’oiseaux tristes
dans les tournesols gelés
le paysan compte ses veaux maigres
et ses bouteilles de vin gras
ses filles partent vers la ville
apprendre la musique et le commerce
le vent raconte des misères
et dieu n’en mène pas large
ce dimanche d’ennui
 
c’est un cortège de chats colériques
dans la cour de l’école
le jongleur compte ses quilles sales
et ses diabolos désaxés
ses filles partent vers le sud
apprendre la trompette et la guérilla
le vent raconte des mensonges
et dieu n’en mène pas large
ce vendredi-saint de grêle
 
c’est un cortège de rats boursouflés
dans les laboratoires du crime
le juge compte ses cigares humides
et ses jours de peines trop salées
ses filles partent vers la légende
apprendre les grandes orgues et les maisons closes
le vent raconte des boniments
et dieu n’en mène pas large
cette toussaint de givre
 
c’est un cortège de moutons désossés
dans les couloirs du ramadan
le croyant compte ses poissons sans tête
et ses pénitences à la douzaine
ses filles partent vers l’occident
apprendre la fanfare et la voile
le vent raconte des histoires
et dieu n’en mène pas large
à la noël du diable

28 octobre 2012

samedi 27 octobre 2012

dans le mouvement d'écrire

dans le mouvement d’écrire
un geste de descente
le long des parois carotides
dans le Niagara des bronches
dans les trous de viscères
l’identité parfois se cache dans la vésicule
 
une escarbille une escarmouche
des billes et des mouches
des escarres surtout des escarres
 
 
dans le mouvement d’écrire
un geste de plongée
le long des gosiers échoués
dans le creuset du bol alimentaire
dans la marée de vessie
l’identité parfois se cache dans le mucus
 
une escarbille une escarmouche
des billes et des mouches
des escarres surtout des escarres
 
 
dans le mouvement d’écrire
un geste d’envol
le long des omoplates célestes
dans l’orgue des alvéoles
dans les réacteurs des méninges
l’identité parfois se cache dans les synapses
 
une escarbille une escarmouche
des billes et des mouches
des escarres surtout des escarres
 
 
dans le mouvement d’écrire
un geste de glissade
le long du glacier cervelet
dans le toboggan des sciatiques
dans les vagues surrénales
l’identité parfois se cache dans les trous de nez
l’identité parfois se cache et se tait
 
une escarmouche une escarbille
des mouches et des billes
des escarres surtout des escarres
des escarres sous la quille
 
27 octobre 2012

vendredi 19 octobre 2012

traverser la cour

traverser la cour de l’école
avec un quatre heures périmé
un trou à la culotte
et un chagrin d’amour
lourd comme une punition
je ramasse un marron
et un poème en miettes
 
le geste du lanceur de cailloux
un après-midi de congé
 
 
traverser la cour de justice
avec un classeur de reproches
un surplus de fiel
et un désir de vengeance
gros comme un baleinier
je ramasse une poignée de clous
et un poème en passoire
 
le geste du vannier
un matin de tribunal
 
 
traverser le carnaval
avec une bière fausse blonde
un talon cassé à la Guggenmusik
et la cervelle en exil
usée comme un pétard mouillé
je ramasse un confetti noir
et un poème en sac de billes
 
le geste du prince
un soir de bal nègre
 
 
traverser la bourse du travail
avec un salaire piétiné
un trou au syndicat
et un sentiment de haine
droit comme un piquet de grève
je ramasse un calicot
et un poème au poing levé
 
le geste du fléau
un matin de grand-soir
 
 
traverser le jardin des mémoires
avec des histoires cassées
un tacon à la corde
et des racines acérées
dans une chape de béton
je ramasse un almanach
et un poème en litanies
 
le geste de l’horloger
une nuit d’insomnie
 
19 octobre 2012

mardi 16 octobre 2012

dans la ville en pente

dans la ville en pente
un militaire en treillis
souffle les lampadaires
c’est l’heure des chats squelettiques
et des filles à venin
je cherche un sommeil aigre
une écharpe de cashmere
un clou pour mon béret
la chouette de vingt-trois heures
boulotte un piaf endormi
 
dans la ville en pente
un diplomate en pied-de-poule
dort sur un banc de pierre
c’est l’heure des fouines colériques
et des filles à champagne
je cherche une confession amie
une chemise de lin bleu
une larme pour mes crimes
la chouette de vingt-trois heures
rote une cervelle de moineau
 
dans la ville en pente
un président en papillote
referme la gare
c’est l’heure des louves chasseresses
et des filles à chagrin
je cherche un plan de bonheur
un point de non-retour à mon chandail
un revers pour mon médaillon
la chouette de vingt-trois heures
lâche un pet de plume
 
16 octobre 2012

dimanche 14 octobre 2012

la montagne devant moi

la montagne devant moi
convoque les archanges
c’est une célébration
un vent du matin dans les herbages roux
une chaille qui glisse sous le pas du chamois
le carillon du hameau
appelle à la messe chantée
un amour adolescent dans un vol de casse-noix
 
c’est une sonate de trompette
dans la mine de cuivre
 
 
la montagne devant moi
déroute les diablats
c’est un complot
un vent de foehn dans les aroles
des galets qui grondent dans le torrent
le tocsin du hameau
signale l’incendie
un amour incandescent dans le sac de la cigogne
 
c’est un oratorio de cor de chasse
dans la mine de cuivre
 
 
la montagne devant moi
fait danser les fées
c’est une sarabande
un vent de verroterie dans les martagons
du quartz qui pétille dans les ardoises
la campanelle du hameau
annonce la fête votive
un amour déférent dans le piaulement de l’aigle
 
c’est un solo de tuba
dans la mine de cuivre
 
 
la montagne devant moi
repousse les barbares
c’est un ralliement
un vent de tourmente sur le glacier
des séracs qui s’écroulent sur la moraine
le glas du hameau
dit que c’est une jeune femme
un amour interdit dans l’œil de l’épervier
 
c’est un final de cuivres
dans la mine de vent
 
14 octobre 2012

samedi 6 octobre 2012

c'est une peur fermentée

c’est une peur fermentée
au rendez-vous des bacilles
c’est une tisane de vendange flétrie
c’est carnaval dans le torrent
c’est un quadrige pour la messe des baptêmes
c’est la soupe aux cailloux
pour le repas de l’ogre
 
la généalogie du cheval
au fond du sac d’avoine
 
 
c’est une peur aiguisée
au lendemain de couteaux
c’est un sirop de sang flétri
c’est vendredi-saint dans la fromagerie
c’est un carrousel pour les rogations
c’est la soupe aux orties
pour le repas du curé
 
le caractère du cheval
dans la botte de foin
 
 
c’est une peur araignée
au carrefour des méninges
c’est un bouillon de coq flétri
c’est pentecôte dans les vernes
c’est un paddock pour la messe des anges
c’est la soupe du chalet
pour le repas du docteur
 
le portrait-robot du cheval
dans le mouchoir du forgeron
 
 
c’est une peur cartouchière
pour un lundi de jeûne
c’est un vin de canaille flétrie
c’est fête-dieu sous la cantine
c’est une voltige pour la confesse
c’est la soupe à la grimace
pour le repas du diable
 
l’identité du cheval
dans la brouette à crottin
 
6 octobre 2012