1440 minutes

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editions d'autre part

lundi 25 mai 2015

huiler les épaules de la couturière


le foulard du désemparé pour pendre une heure sombre
l’eau de rinçage du chandail pour arroser les glaïeuls
l’absence du rhododendron, la fuite de l’arnica
le savon pour les pieds, la brosse à récurer les sentiments
et l’abattage du noyer pour éloigner la mort
 
fusiller le printemps au poteau de contrition
abraser la nuque du soumis avec un soleil blanc
huiler les épaules de la couturière avec du jus de lin
 
que vienne une marée d’équinoxe sur la grève des illusions

jeudi 21 mai 2015

attacher la vigneronne


le tango du pilote d’hélicoptère quand il revient sur terre
l’odeur de kérosène sur le jardin de roses
la colère des pies, la panique de la buse
le silence ravagé, le repos qui s’émiette
et le soleil aveugle qui lâche son chien-guide dans la ville
 
allumer les roseaux, incendier la guérite
offrir le gîte et le couvert au héron désorienté
attacher la vigneronne à son tonneau de vin doux
 
que vienne un maquillage de sulfate de cuivre sur nos têtes blondes

inviter l'exécutrice testamentaire


la balance pour les poudres et les chimères
les enveloppes de papier kraft pour les héritages
la clochette qui annonce les rituels
l’avalanche imbécile qui ne respecte pas les morts
et l’énigme de la colonne de secours dans la solution des mots fléchés
 
brouiller les pistes avec des effluves de chacal
dresser la table avec des fleurs de rosa canina
inviter l’exécutrice testamentaire pour la soupe aux cailloux
 
que vienne un désir de lucidité dans nos colloques familiaux

mercredi 20 mai 2015

dérider la diaconesse


la poussière de foin qui ensemence le poème
l’expérience de la charrue et son silence volontaire
le crottin de cheval dans le reliquaire des philosophies
le banc devant la maison pour ravauder les idées
et le geste mille fois répété pour ciseler la bonne fortune

délimiter la conscience avec des murets de pierre
servir du vin de liesse à la buvette du séjour des morts
dérider la diaconesse  avec de fausses nécrologies
 
que vienne un temps de libation après les grands travaux

mardi 19 mai 2015

séduire la médecin-légiste


l’avion tombé sur la montagne un dimanche de neige
le pilote dans l’avalanche, le cockpit en rappel dans la paroi
le gypaète qui pleure son nid, le chocard qui danse
la colonne de secours qui bivouaque dans l’éboulis
et le champ de linaigrettes qui miment la tempête
 
insulter le baromètre et la feuille de route
corriger la nomenclature sur la carte topographique
séduire la médecin-légiste dans le vestiaire du laboratoire
 
que vienne un soleil indulgent pour le rapatriement des cadavres

lundi 18 mai 2015

détourner la soldate


l’égout qui refoule un surplus de fête votive
le samaritain qui torche un sermon diarrhéique
la nonne volubile, la folie cachée dans les graines du chapelet
le bûcher pour les mauvais sentiments et pour les saucisses
et l’ancolie qui radote et le coquelicot qui se signe
 
abreuver les chevrettes dans la Gorge du Loup
nouer la gerbe des peines quotidiennes
détourner la soldate de ses manœuvres guerrières
 
que vienne un temps de pénitence sur nos prochains mensonges

samedi 16 mai 2015

éloigner la femme de ménage


le bonus du printemps dans la musette de la pluie
la plainte du pic épeiche devant le pillage du nid
le lys martagon qui prie, la pivoine qui vomit
l’herbe coupée fermente, le seigle moisit sur pied
et la nouvelle lune qui se fait attendre pour le bal du dimanche
 
désherber les repousses d’éoliennes pour une meilleure ventilation
drainer la sueur et la rosée vers l’étang de décantation
éloigner la femme de ménage de ses détergents le temps d’un baiser
 
que vienne la libération des libellules sur le jardin détrempé

vendredi 15 mai 2015

délaisser la maraîchère


le wagonnet à crémaillère transportant les peines quotidiennes
le savon de Marseille pour laver les calomnies
la chemise du lundi qui doit tirer jusqu’au samedi
la marque de la crue du torrent gravée sur la jambe de bois
et l’orage repoussé par la ferveur paysanne
 
se souvenir de l’alouette les matins de chagrin
inviter un ennemi à sa table pour défausser la colère
délaisser la maraîchère et son cortège de salades
 
que vienne un parfum de pêche sur la réconciliation

jeudi 14 mai 2015

soudoyer la Mère Supérieure


le cerf qui broute la vigne avant le passage de la grêle
le massacre du printemps devant le jardinet
le vol du hanneton fusillé sans sommation
le procès du doryphore, la plaidoirie du machaon
et la double-peine du hérisson sur le passage clouté
 
partager un panier de fraises avec des enfants sales et bruyants
vénérer la pivoine blanche durant le mois de Marie
soudoyer la Mère Supérieure pour un charroi de désirs
 
que vienne une valse d’hélicoptère pour baptiser le vignoble

mardi 12 mai 2015

baguer l'ornithologue


l’ivresse de la chute dans le protocole de l’envol
la portance de l’air dans l’usine des poumons
l’apnée du balbuzard au moment de l’impact
le miroir de l’eau brisé par le fracas
et la victoire de l’écume sur l’inertie moribonde
 
essorer les ailes du désir pour un bonheur acéré
défier la statue du général sur le radeau du risque
baguer l’ornithologue pour qu’elle revienne au nid
 
que vienne un nouveau bestiaire sur nos inquiétudes

dimanche 10 mai 2015

dégrafer le bustier de la nourrice


la lampe à carbure sur la table de chevet
la macération de chauve-souris dans un godet plastique
le livre des comptes caché sous l’horoscope
le fruit confit posé sur la bénédiction d’une sainte martyre
et le premier chant du merle pour libérer l’insomnie
 
épingler les bons vœux avec des épingles d’entomologiste
aligner les nœuds de mouchoirs sur la corde à linge
dégrafer le bustier de la nourrice pour une goulée de vie
 
que vienne une saute de vent tiède sur la prairie de pissenlits

vendredi 8 mai 2015

déplumer la trapéziste


la fanfare qui se perd dans les corridors du château
le mausolée qui fait reposoir pour les piafs et les mésanges
l’absurde du poème devant la maladie
la vacuité d’une lettre, la vacance des souhaits
et l’indulgence pelée au couteau des miradors
 
saluer l’aconit renégat et le mouton trisomique
désherber les platebandes de chagrin pour une floraison flamboyante
déplumer la trapéziste avant sa mise à terre
 
que vienne un festival de bugles sur nos remparts fatigués

vendredi 1 mai 2015

démarier l'horticultrice


le vase au fond de l’étang qui s’ennuie de la goutte
la pluie aveugle et forcenée sur les jets d’eau
la grenouille qui se savonne avant la décrue
la soupière qui prend l’eau, le chou qui écope
et la chute d’un glacier qui bouscule le sismographe
 
apprendre à nager dans le dortoir des larves de libellules
respirer le vent parfumé de la roselière
démarier l’horticultrice dans le semis de muguet
 
que vienne une arche sur le fleuve pour sauver le troupeau