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editions d'autre part

dimanche 25 septembre 2016

la cavalcade est une furie


je devrais me dire que la cavalcade des juments de l’Oural est une furie inventée par le syndicat d’initiative, fenêtre ouverte sur l’Orient et charbonnade offerte par l’association des maîtres-bouchers

je devrais dire les échanges commerciaux et culturels par un don de couvertures militaires et les poèmes d’alpage recopiés en caractère cyrilliques

je dois me dire que la désalpe sous la pluie est prélude à la déprime des bergers et protocole de prévention contre les vols de fromages

je dois dire le mouchoir brodé de la bergère, gage d’amour envers le fils de l’équarrisseur

je me dis que l’économie du village tient grâce aux mariages arrangés entre la corporation animalière et les arrivants du tourisme, de la mafia, voire de l’exil

je dis la méfiance de la contamination des fourrages et l’interdiction des inséminations artificielles, la désinfection des wagons et la fouille des vétérinaires

je me, pédiluve et laboratoire d’analyses

je, trop longtemps j’ai renoncé au steak haché

mercredi 21 septembre 2016

la tierce grelotante


je devrais me dire que la tierce grelotante est tombée du violoncelle sur le tapis de prières, couche pour le chien endolori et belliqueux, silence du talon-aiguille devant l’Ave Maria

je devrais dire la partition divisée par le souffle des silences, la confusion de l’archet devant le digicode du conservatoire, coma éthylique ou mort imminente de la concierge

je dois me dire que la compotée de fruits d’automne moisit dans le thermos pour la journée de chantier, grève du tunnelier et cascade de roches blanches

je dois dire le sifflement agacé de la marmotte, occupée de transhumance et du carnet d’épargne pour les petits, détournement des eaux et pompage du silence

je me dis que le cheval gris de la Camargue peut bien donner son crin à la musique et son crottin aux roses trémières de la maison amarrée du gardian

je dis les vacances des torrents, les ponts sur les rivières et la retraite du barrage, absence du Rhône et disparition du glacier

je me, dérupe nécessaire et marée dans le baptistère

je, trop longtemps mon âme a chaviré dans le tourbillon

dimanche 18 septembre 2016

la cartouche est promise


je devrais me dire que la cartouche est réservée promise au déserteur des troupeaux endoloris par le fer rouge et les carrefours imbéciles, cautèles fourvoyées, aberration du coordinateur

je devrais dire la cartographie des falaises et des trous, les échappées vers la contrainte et le minimal arc-en-ciel au-dessus de la source

je dois me dire que le détonateur est volontairement égaré dans la poche du secouriste, lui-même abandonné dans la cabine d’essayage des défibrillateurs, envol du papillon azuré

je dois dire la course d’orientation à travers les rosiers et les herbes-à-coutures, sous le contrôle d’une crécerellette aux rémiges trop pâles et d’un épouvantail au chapeau mité

je me dis que la poudre noire est avant tout de la mine de crayon aux idées propagandistes d’un bonheur obligatoire et quantifié, le préposé aux poids et démesures assermenté par la pivoine

je dis le plan du trésor caché dans le buffet de cuisine, entre le bicarbonate de soude et la réserve de chocolat militaire, mémoire de la grand-mère qui a connu la guerre et la faim

je me, territoire occupé et chant résistant

je, trop longtemps j’ai maudit l’ingénieur des frontières

jeudi 15 septembre 2016

la cloche de midi est un rappel


je devrais me dire que la cloche de midi est un rappel de l’innocence des prairies de septembre, papillons goguenards et reines-des-prés veuves et sèches

je devrais dire la capsule de poison oubliée sur la table parmi les denrées et les factures obscènes

je dois me dire que le carillon du soir répète obséquieux les mauvaises heures du mal de dos et du cheval couvert de taons

je dois dire la pomme avariée et la grappe de raisins abandonnée de prières, qu’on a déposées lâchement sur la tombe d’un curé adultère

je me dis que le grelot de minuit est une vrille dans les vertèbres de l’amour pour l’infirme dans sa coquille

je dis l’ovulation dans le ventre de madame vampire dans les dortoirs chérubins

je me, fourmillement et délivrance

je, trop longtemps j’ai bu à la bouteille le verjus de la fantôme

dimanche 11 septembre 2016

la guêpe du béton est architecte


je devrais me dire que la guêpe du béton est un exemple de volonté architecte colonialiste, abnégation devant l’exclusion, certitude de la couleuvre et gesticulation de l’infirme

je devrais dire la démence du thermomètre et l’angoisse de la pinède devant l’incendie, la sieste du capricorne et le chant de la résine

je dois me dire que les insectes sont une formule mathématique différée de l’ennui et de la neuroscience, démangeaison du cortex et surchauffe du cervelet

je dois dire la sérénité du pivert devant la marquèterie de la chambre à coucher, le vin de noix sur la coiffeuse et la désillusion de la princesse

je me dis que l’algorythme des ailes d’un papillon éphémère est une insulte à l’éolienne, que la démultiplication de la roue dentée n’y pourra rien, vacarme du télégraphe et vaine endurance du don quichotte

je dis le désintérêt du dé à coudre devant la purge du barrage, la partition de l’inutile et le solo du triangle

je me, termite de musée et corridor effondré


je, trop longtemps j’ai jeûné devant la sauterelle

lundi 5 septembre 2016

la mule est trop grasse


je devrais me dire que la mule trop grasse ne fait pas de bonnes saucisses, que l’artichaut de montagne donne une liqueur aigre, et que la parole du charlatan est frelon et chardon

je devrais dire la culpabilité des enfants quand le vin de messe a pourri dans les gourdes de la promenade d’école

je dois me dire que le bélier sans corne est si malheureux dans son troupeau qu’il l’emmène sur la voie ferrée, trahison du berger et papier froissé dans la clochette

je dois dire le purgatoire des adolescentes dans les boutons de fièvre et les démangeaisons des mamelons

je me dis que la gélinotte gratte la pamoison dans les traces des bouquetins en rut et le névé de juillet, mélancolie de l’alpiniste et sourire de l’orchis

je dis le paradis des jeunes mariés dans le désordre du trousseau et l’ordonnance de la batterie de cuisine

je me, économie et consignation

je, trop longtemps j’ai dérangé le pierrier

dimanche 28 août 2016

les avoines sont parties prenantes


je devrais me dire que les avoines sont parties prenantes de la musique, quand le vent fait le tempo, quand la crécerelle chasse, bourdonnement du lucane et torpeur de la veuve

je devrais dire la symphonietta du retour d’âge, la harpe du désir, les vibrations des ovaires et la tension de la corde de l’arc

je dois me dire que les seigle est un chœur d’hommes païen et de service public chantant devant les portes de la ville, blatèrement de la chamelle et gloussement du berger amoureux

je dois dire le chant du muezzin devant le supermarché, parmi les emballages, les cendriers, les mendiants, le distributeur de préservatif défoncé par l’urgence

je me dis que le sainfoin est l’allié du percussionniste, sous la bise, sous la fourche, dans le char à foin des amoureuses, étonnement du criquet et essoufflement de l’adultère

je dis les grandes orgues du pardon et le carillon des espérances, le frottement des peaux et l’incendie de la croix des missions

je me, accotement du stupre et  fossé de pénitence

je, trop longtemps j’ai baisé des anges