1440 minutes

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editions d'autre part

vendredi 27 février 2015

graisser la patte à la concierge


la pilule du lendemain sans décalage horaire
les vitamines pour les ovaires au petit déjeuner
la nuisette avec les petits cœurs et les petits culs
les tisanes secrètes et les incantations
et l’itinéraire trompeur jusque sous la couette
 
mettre le carton « ne pas déranger » sur la porte de l’hiver
déneiger la place des sentiments et des fébrilités
graisser la patte à la concierge pour le récurage des amours
 
que vienne une voilette de deuil sur nos faces de carême

délier la tortionnaire


l’antenne de la sauterelle sur le radar militaire
le chant de l’alouette qui brouille le vol du drone
le succédané de la poitrine de dinde
le torchon de couleur berçant la pattemouille
et le fil à ravauder les chaussettes de la fièvre
 
déposer le bilan des jours de jeûne
relaver l’écuelle du mendiant avec du vin millésimé
délier la tortionnaire du secret de fonction
 
que vienne le jugement du mois sur nos fautes vénielles

mercredi 25 février 2015

lutiner la poissonnière


la flamme de la bougie bousculant la miséricorde
la fenêtre qui se renfrogne de la peur de demain
le nœud aux rideaux pour ne pas oublier la nuit
le traversin qui se vacance un amour de jeunesse
et le canal qui fait demi-tour pour ne pas déranger
 
descendre vers les tropiques à l’heure du crépuscule
amarrer l’esquif au ponton du chagrin
lutiner la poissonnière accrochée au filet
 
que vienne une marée trompeuse sur la grève des âmes

mardi 24 février 2015

soulager la prévaricatrice

le fauteuil qui s’étire du côté du soleil
l’ombre effrontée du cyprès sur le mur de la maison
le bruit de la fontaine dérangée par la bise
le pigeon qui prend l’eau au rencart de la paix
et le drapeau du brancardier traversant le jardin
 
imposer un accord législatif par délégation divine
négocier un échappatoire par le point de fuite du fleuve
soulager la prévaricatrice d’un ulcère imbécile
 
que vienne le recueillement du persil devant la rose trémière

lundi 23 février 2015

outrager la vendeuse de mimosa


le pizzicato du mille-pattes sur le fil à repriser
la secousse électrique sur la boussole anesthésiée
l’itinéraire rabroué à cause du courrier postal
la chaussure sans lacet pour la garde-à-vue
et la camisole des interrogatoires sur le porte-jarretelle
 
déneiger le saut-de-loup pour éclairer la double peine
désosser le carême pour célébrer le sacrifice
outrager la vendeuse de mimosa au sortir de la messe
 
que vienne la reddition des indulgences de pacotille

dimanche 22 février 2015

amadouer la dame patronnesse


la grimace du singe devant le masque de carnaval
la chaîne de pétards chinois dans le bourdon du clocher
les confettis découpés dans des déclarations d’amour
la cornemuse qui couine au rayon lingeries
et la nostalgie qui se prend un coup de poing en pleine gueule
 
volet l’argent de la tombola pour une tournée de tripes
renvoyer l’enfant de chœur à son mystère douloureux
amadouer la dame patronnesse avec de la bière à la cerise
 
que vienne un roulement de caisse claire pour annoncer la trêve

samedi 21 février 2015

caresser la sacristaine

le vent du sud qui fait des vagues sur l’eau de vaisselle
la bulle de savon qui pète dans l’aorte
le cafard qui pond ses œufs dans le carnet d’épargne
la tulipe en plastique qui se bouche le nez
et la poubelle qui raconte les guerres de la semaine
 
ressuyer l’angélus après la soupe du soir
ravauder la trousse de secours avec du barbelé
caresser la sacristaine sous son sarrau de jute
 
que vienne un soleil mercenaire pour sécher nos chagrins

vendredi 20 février 2015

dessiner à la suie la fille aux corbeaux


le retard des menstrues au calendrier des petits pois
la mauvaise herbe sous les buissons du chemin de l’école
l’eau-de-vie de gentiane pour tremper les biscottes
la radio qui fait la météo des soirs d’anniversaires
et la musique compressée de soupirs en apnée
 
frictionner la musculature des vicaires de montagnes
distiller les simples avec les poires à choucroute
dessiner à la suie la fille aux corbeaux sur les nuées
 
que vienne une pluie aventureuse sur nos sentiments ruraux

jeudi 19 février 2015

harnacher l'esclave


le mendiant qui joue au roi devant le palais
les noisettes qui font munition contre la sentinelle
le chacal et la hyène qui se partagent un enfant mort-né
la mandragore et le nénuphar qui puent la mort
et l’outre de vin souillé de gasoil
 
haranguer l’étoile qui fait fausse route
maudire le vent de midi qui rabat les fumées
harnacher l’esclave de lanières de cuivre
 
que vienne un cortège de prieuses pour rassurer les heures de nuit

mardi 17 février 2015

réchauffer la modèle nue


la fenêtre de tir sur le lapis-lazuli
le peintre qui rabroue un pigment réfractaire
l’horloge des céphalées derrière le miroir
la couvée d’anges éclose un mois de Marie
et les morceaux de ciel tombé dans le bénitier
 
asperger la palette d’une huile bienveillante
essuyer le pinceau des ombres portées
réchauffer la modèle nue avec des plumes de frégates
 
que vienne un éclat de vermillon sur la ligne d’horizon

lundi 16 février 2015

chatouiller la gouvernante


l’empreinte du seigle dans les prairies du hameau
le sentier des chèvres qui file sous la charmille
le chardon bleu sous la croix des missions
le banc de pierre qui ouvre sur le val sud
et la falaise aux rapaces qui craque sous le dégel
 
graisser les serrures avec du suif propre
tailler le rosier pourpre à l’entrée du jardin
chatouiller la gouvernante en train de nettoyer les carreaux
 
que vienne une brise adolescente sur nos sacrifices

dimanche 15 février 2015

vénérer la démiurge


la prière du matin lancinée par le pic épeiche
la lune blanche qui dansote une échappée vers l’ouest
l’odeur du café italien et celle du pain à la vanille
la chemise de nuit qui prend l’air dans le premier soleil
et le chat qui mâchonne en rêve des moinillons apéritifs
 
dissoudre une volonté de nuire dans un fruit confit
tricoter une brebis dans une trame de pissenlit
vénérer la démiurges des purges printanières
 
que vienne un tir d’arquebuse sur le glaçon qui pend du toit

samedi 14 février 2015

écrire à l'horticultrice


l’orange piquée de girofle sur le fourneau à bois
la grive ensanglantée qui demande pardon
la ravine qui saute par-dessus les murs de vignes
la troupe de saltimbanques déplaçant leurs roulottes
et la perce-neige qui replonge en apnée
 
graisser les dents de la pioche avec la graisse de marmotte
couper le rance du lard et le jeter aux moineaux
écrire à l’horticultrice pour réserver ses bulbes
 
que vienne une semaine de confettis sur le jardin qui s’ébroue

vendredi 13 février 2015

se consoler d'une joconde


la passementerie de lilas sur les rideaux de la chambre
la tapisserie assortie en dégueulis de mauve
la liqueur de cassis et le curaçao pour faire joli
le lit défait de trop de cauchemars amoureux
et le parfum de violette pour embaumer la mémoire
 
scarifier le remords dans son trou à rat
lyophiliser le sel des larmes et le tanin des amours
se consoler d’une joconde dont on ne connait le lignage
 
que vienne un documentaire déconcertant sur l’écran de nos cervelles

jeudi 12 février 2015

allonger la cueilleuse de boutons d'or


la comptabilité des pansements à la bonne saison
les épines des ronces et les brûlures d’orties
l’eau du bassin qui recèle un goût de crottin
la sieste sous le mélèze interrompue par des fourmis rousses
et l’alcool de gentiane pour digérer la vie
 
faire un feu de pives et de pins d’arole
chasser le casse-noix à coups de cailloux
allonger la cueilleuse de boutons d’or derrière le reposoir
 
que vienne un instant de ferveur pour sourire la semaine

mardi 10 février 2015

rejoindre la lavandière


l’imprécation des salopettes les jours de longue peine
la clef du vestiaire pour les chaussures de ville
la mauvaise mine du patron et les camions vides
le corbeau qui boite sur la route de la déchetterie
et la sonnette du vélo qui tinte une fin du monde
 
dégraisser la chemise de la sueur et de la colère
décrotter la cervelle avec du jus de nénuphar
rejoindre la lavandière sur le ponton plein sud
 
que vienne une marée salée sur la grève du lundi

dimanche 8 février 2015

solliciter la bourgmestre


le nuage triste et malade escamotant le barrage
la congère conquérant la porte de la chapelle
la niverolle exténuée recroquevillée sous un cairn
l’avalanche qui menace le territoire des bouquetins
et le glas qui sonne le trépas d’une paysanne
 
tailler un chemin dans la glace jusqu’au four banal
séquestrer du bois de feu particulier pour la cause commune
solliciter la bourgmestre pour la rénovation de la morgue
 
que vienne un orgue de Barbarie pour réchauffer les pieds

samedi 7 février 2015

disculper la crémière


la pomme qui fermente un souvenir de bal d’été
le chou qui ronchonne les graillons de lard
les vaches noires courant dans la neige
l’odeur de l’écurie sur le paletot du dimanche
et les godillots bouseux devant le confessionnal
 
dénombrer les vêlages avant la Chandeleur
donner un fromage au régent pour le carnet de notes
disculper la crémière pour toutes ses frivolités
 
que viennent le temps des veillées et le goût du vin chaud

vendredi 6 février 2015

cajoler la dépiauteuse de lapins


la cilice du bouvreuil au cœur de la ronce
la compassion des chenilles processionnaires dans la pinède
le chagrin de la perce-neige au front de l’avalanche
les chatons du saule crucifiés par la bise
et la musique de carnaval à narguer le deuil
 
inviter le boucher et le chasseur pour une partie de cartes
défausser les enjeux et miser sur les os
cajoler la dépiauteuse de lapins sur la table de billard
 
que vienne une carte postale de l’hirondelle sur nos avis météo

jeudi 5 février 2015

soustraire à la cartographe


la pantoufle éventrée sur la terrasse
la liquette qui pendouille à la rose trémière
la bouteille qui implore son paradis
la liste des choses à faire chiffonnée sur le compost
et le remords qui germe sur le semis de mouron
 
dégraisser la salopette en la frottant de cendres
chasser la corneille avec des jurons malotrus
soustraire à la cartographe le sentier des jardins
 
que vienne une draperie de silence sur nos destins affamés

mardi 3 février 2015

marchander avec la chiffonnière


la belette qui embrasse la neige pour se laver les dents
la pomme qui grelotte sur le bord de la fenêtre
le journal qui s’ouvre sur la page des morts
les rendez-vous d’affaires de cœur et d’hygiène
et la feuille du calendrier déchirée sous la table
 
cacher la poussière sous le cahier d’histoires
aérer la chemise de nuit après une poussée de fièvre
marchander avec la chiffonnière une vareuse de laine
 
que vienne un souffle de compassion sur les blessures de l’hiver

dimanche 1 février 2015

pourlécher la gloutonne


la pellicule de sommeil sur la belladone
la poussière de l’ennui sur le banc du jardin
la mue de la couleuvre déposée au compost
les épluchures du vide sur le cheval à bascule
et la mise à feu des espérances ratatinées
 
repeindre le dimanche avec du gris de Payne
écrémer le lait de la veille pour noyer les myrtilles
pourlécher la gloutonne et ses lèvres gorgées de bleu
 
que vienne une digestion délicate de nos amours frauduleuses