lorsque
je descends
les filins de l’outrage, couperets mensongers. Embuscades
de fiel et d’immondices, ratonnades et complots, plages mémoires des
envahissements, scrofules de l’âme, conscience purulente, je suis la haine et m’en
délecte, pansements empoisonnés, plasma pourri, débâcle d’urée, bile noire
les lianes tressées de mauve vers l’examen de
minuit, où les hyènes et les dingos pissent dans le fleuve, où l’antilope joue
aux dés la panique et les olympiades de saut, où l’esturgeon dégaze une
laitance Tchernobyl, où les miroirs condescendants sont jetés dans les gouffres
inquisiteurs, où les chauves-souris bavent de l’incrédule
la corde de rappel des mémoires olfactives,
marée qui sent un peu la moule cacochyme, l’huitre phtisique, le crabe
pétomane, chemin des lisiers des cochons laineux et de purin charollais,
fermentation des ruts de boucs, caleçons d’ivrogne, menstrues de nonne, œillet de
poète qui sent la rime pourrie
lorsque
je descends
je participe à l’archéologie de la
honte
j’assiste à la germination du mépris
j’assiste le conscrit au bizutage de l’alpe
je marie le désespoir de la cerise à
la girouette
lorsque
je descends
le sentier du désert,
où sèchent les fourrures de fennecs, les djellabas bleues et les mues des
vipères à corne, où se réarment les papillons carnivores, où le typhus rampe
après l’orage salé, où les outres se racontent des histoires de vins de miel et
de chèvres sacrifiées
l’escalier de cave vers
les conserves et les saumures, la choucroute et l’endive, le vin de la mariée
et le fromage de l’enterrement, la piquette, le vinaigre, la madéré, le fusil
militaire et le sac à pain, la confiture de couvent, le sucre candi et le
costume du Père Noël
la trappe des travaux
inconfortables, l’épandage des fumiers, le débroussaillage des ronces, le
ravaudage des fûtaines, le décrottage de la marmaille le samedi dans le baquet
de fer, la fabrication des saucisses, la confection des reposoirs de la
Fête-Dieu, les chapelets des veillées funèbres, les répétitions de théâtre pour
la mi-août dans les mayens
lorsque
je descends
je participe à la perpétuation des
rites
j’assiste à la révocation du dogme
j’assiste la garde-malade lors du pèlerinage
je marie l’alléluia à la fanfare de midi