1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 29 août 2010

à l'heure du laitier

à l’heure du laitier
je détournerai
tous les wagons-citernes
sur la voie des étoiles

les aiguillages du ciel
rempliront les nébuleuses
à pleines soucoupes

le ciel deviendra blanc
les nambules et les crobates
tomberont à genoux
je crois bien
je crois bien que je vais t’aimer


à l’heure de l’usine
je détournerai
tous les charrois de minerais
sur le ballast des hauts-fourneaux

les petits soldats du contrôle
rempliront les stratégies
de plomb fondu

le ciel deviendra vermillon
les nambules et les crobates
tomberont à genoux
je crois bien
je crois bien que je vais t’aimer


à l’heure des éboueurs
je détournerai
tous les camions recycleurs
sur les autoroutes troglodytes

les martiens des enzymes
rempliront les consciences
à pleines fosses

le ciel deviendra vert
les nambules et les crobates
tomberont à genoux
je crois bien
je crois bien que je vais t’aimer


à l’heure du journal
je détournerai
tous les containers de rames
sur les plates-bandes de salades

les penseurs typographes
rempliront les petites annonces
de bonnes nouvelles

le ciel deviendra anthracite
les nambules et les crobates
tomberont à genoux
je crois bien
je crois bien que je vais t’aimer


à l’heure de l’angélus
je détournerai
toutes les brouettes de rosaires
sur les travées laïques

les tintements de la cloche
rempliront les credo du doute
à pleins vents

le ciel deviendra mauve
les nambules et les crobates
tomberont à genoux
je crois bien
je crois bien que je vais t’aimer

sans gêne ni rapière

29 août 2010

jeudi 26 août 2010

dans le cul de la bouteille

le long du fleuve
les marchands de sable
tiennent conseil
dans la vase
des fleurs de béton
dans le tamis
des minuteries de sabliers
dans les bennes
des projets de ville
le long du fleuve
les marchands de sable
se retroussent les manches
et crachent dans les mains

insolite insoluble
insoumis insultant
insoluble insolite
insultant insoumis

sur le dos de la colline
les géomètres de l’ombre
se tiennent à carreaux
dans le pré de fauche
des glissades d’ombellifères
dans les ressacs
des étoiles de quartz
dans le fourré
des literies de mousse
sur le dos de la colline
les géomètres de l’ombre
déploient leurs parasols
et tirent la couverture

insolite insoluble
insoumis insultant
insoluble insolite
insultant insoumis

sur l’épaule de la montagne
les tireurs de ficelles
roulent les mécaniques
dans les armoires
des sacs de cordes
dans la paroi
des balles de soie
dans les pierriers
des cadavres de pendus
sur l’épaule de la montagne
les tireurs de ficelles
tissent des liens
et lancent des rappels

insolite insoluble
insoumis insultant
insoluble insolite
insultant insoumis

sur le flanc de la ville
les artisanes du sommeil
tricotent des berceuses
dans le presbytère
un bouquet d’immortelles
à la machine à coudre
des points de non-retour
sur le couvre-lit
des recettes somnifères
sur le flanc de la ville
les artisanes du sommeil
amidonnent les fantasmes
et repassent pour le plaisir

insolite insoluble
insoumis insultant
insoluble insolite
insultant insoumis

dans le cul de la bouteille
les apothicaires du rêve
se paient notre fiole
dans les bonbonnes
des macérations de promesses
dans les jarres
des fermentations imbéciles
dans les pots
des onguents belzébuth
dans le cul de la bouteille
les apothicaires du rêve
se paient notre tête
et gardent la monnaie

insolite insoluble
insoumis insultant
insoluble insolite
insultant insoumis

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

26 août 2010

mardi 24 août 2010

si la montagne ment

il est difficile pour la ville
de s’évader
des routes de ceintures
des routes de bretelles
des routes rocades
et des chemins de ronde
pas d’issue pas de méharée

dahlia rouge dahlia sang
dahlia rouge dahlia feu
dahlia noir dahlia nuit
dahlia noir dahlia guerre

si la montagne ment
la sentinelle est perdue
si la montagne ment
la sentinelle meurt sous signal


il est difficile pour l’aéroport
de s’envoler
des yeux miradors
des yeux tours de contrôle
des yeux d’agents de sécurité
et des guichets de douane
pas d’issue pas de plan de vol

dahlia rouge dahlia sang
dahlia rouge dahlia feu
dahlia noir dahlia nuit
dahlia noir dahlia guerre

si la montagne ment
le trapéziste est effacé
si la montagne ment
le trapéziste meurt sous vide


il est difficile pour la place d’arme
de rêver
des portes interdites
des portes barbelées
des portes électrifiées
et des passages minés
pas d’issue pas de trêve

dahlia rouge dahlia sang
dahlia rouge dahlia feu
dahlia noir dahlia nuit
dahlia noir dahlia guerre

si la montagne ment
le capitaine est disloqué
si la montagne ment
le capitaine meurt sous narcose


il est difficile pour l’évêché
de s’élever
des cellules séminaires
des cellules de repos
des cellules de dégrisement
et des grilles de tabernacle
pas d’issue pas de rosaire

dahlia rouge dahlia sang
dahlia rouge dahlia feu
dahlia noir dahlia nuit
dahlia noir dahlia guerre

si la montagne ment
l’enfant de chœur est révolu
si la montagne ment
l’enfant de chœur meurt sous pénitence

dahlia rouge dahlia sang
dahlia rouge dahlia feu
si la montagne ment
dahlia noir dahlia nuit
dahlia noir dahlia guerre
si la montagne ment

le canard graisse ses plumes sans se soucier de son cholestérol

24 août 2010

dimanche 22 août 2010

la dernière pêche

sur le plancher de mélèze
un sabot s’ennuie des polkas
quelques feuilles du poirier déjà
le balai de paille est malade
et sommeille en plein soleil
sur la table en plastique
un verre d’eau de menthe
la dernière pêche de l’année

un geai éberlué se soûle dans le prunier
un rythme un peu chamane
vient de la forêt

sous le banc du jardin
un sabot s’ennuie des gavottes
quelques chardons secs déjà
la pioche est rouillée
et dort à l’établi
sur le bidon en plastique
une verre d’eau de mélisse
la dernière pêche de l’année

un roselin cramoisi se gave de framboises
un rythme un peu lavandière
vient du ruisseau

derrière le cuvier de la ferme
un sabot s’ennuie des bourrées
quelques grappes sèches déjà
le fouloir est ivre
et ronfle sous les tonneaux
sur la caisse en plastique
un verre de verjus
la dernière pêche de l’année

une grive en ribote siffle un cul de bouteille
un rythme un peu pressoir
vient de la vigne

derrière la corbeille d’honneur
un sabot s’ennuie des rigodons
quelques boutons d’or fanés déjà
la bannière est tombée
et repose dans le caniveau
sur un guéridon en plastique
un verre de café froid
la dernière pêche de l’année

un moineau ivre mort tombe dans le tuba
un rythme un peu fanfare
vient de la halle des fêtes

une pie lubrique danse dans la bière
un rythme un peu salace
monte du soupirail

dans un sac en plastique
un cachet d’aspirine
la dernière pêche de l’année

22 août 2010

samedi 21 août 2010

un poème s'est assis

un poème s’est assis
sur le manche de ma bêche
il a dit
je veux parler de la prêle
et de la bourrache
de la solitude de la guimauve
et de la folie des valérianes

moi je voulais chanter la rose trémière
et trouver une rime à cam-pa-nule
le poème a souri


un poème s’est assis
sur mon cheval à bascule
il a dit
je veux parler de la rougeole
et des écorchures aux genoux
des jupes cruelles
et des savons qui piquent

moi je voulais chanter des comptines
et trouver une rime à mi-ra-belle
le poème a ri


un poème s’est assi
sur la grille de mon perron
il a dit
je veux parler des trahisons
et des serrures
des chaussures crottées
et des sonnettes cassées

moi je voulais chanter les rendez-vous
et trouver une rime à bien-ve-nue
le poème a ricané


un poème s’est assis
sur la descente de mon lit
il a dit
je veux parler des chaussettes
et des ronflements
des pyjamas troués
et des insomnies solitaires

moi je voulais chanter jeux interdits
et trouver une rime à tes des-seins
le poème a rosi


le poème s’est agenouillé
sur notre traversin
il n’a rien dit
je l’ai embrassé à pleine bouche
je lui ai caressé la césure

moi je veux chanter nuit câline
et trouver une rime à au-bè-pine
le poème a joui

j’ai chanté nuit câline
et trouvé une rime à au-bé-pine

sans gêne ni rapière

21 août 2010

jeudi 19 août 2010

l'avenir se promène

l’avenir se promène
sous des lunettes noires
un soleil ironique
le traque dans les rues
les barques sont cassées
frontières verrouillées
et les chiens des douaniers
mordent sans aboyer

requiem inquiet
inquiet requiem
opéra camorra
angora opéra

l’avenir se promène
en pièces détachées
un mécano lubrique
en fait un sarcophage
les barques sont brisées
frontières emmurées
et les chacals des côtes
ont les dents barbelées

requiem inquiet
inquiet requiem
opéra camorra
angora opéra

l’avenir se promène
dans un fourgon blindé
un malfrat imbécile
a fait tout explosé
les barques sont coulées
frontières électrifiées
les molosses de la loi
ont des mâchoires d’acier

requiem inquiet
inquiet requiem
opéra camorra
angora opéra

l’avenir se promène
sur l’étoile égarée
un archange obstiné
a soudoyé l’orbite
les barques sont perdues
frontières pointillées
constellation du chien
lèche le paradis

requiem inquiet
inquiet requiem
opéra camorra
angora opéra

requiem inquiet
inquiet requiem
opéra camorra
angora opéra

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

19 août 2010

lundi 16 août 2010

une cape rouge

l’extincteur est rassuré
les consignes sont polycopiées en vingt-sept langues
le feu est polyglotte
de la Mandchourie au Yucatan
de la Haute-Loire à la Sierra Leone
d’Isérables à Bonatchiesse
du Chemin des Roseaux à la Rue des Granges
l’extincteur a le costume du héros
une cape rouge une épaulette d’argent
il est le gardien universel de l’escalier

l’enfer est sous surveillance
la foudre est en cage
le volcan est en croûte
l’enfer est sous surveillance

goupillon goupillette
dégoupillons la dégoupillette

l’extincteur est fier
peu de gens ont autant d’importance
de la Mandchourie au Yucatan
de la Haute-Loire à la Sierra Leone
d’Isérables à Bonatchiesse
du Chemin des Roseaux à la Rue des Granges
l’extincteur a le costume du héros

une cape rouge une épaulette d’argent
un statut et une stature

goupillette et goupillon
dégoupillons la dégoupillette

l’extincteur s’est vidé de son sang
l’extincteur s’est vidé de son sens
l’extincteur est mort

feu l’extincteur

de la Mandchourie…

16 août 2010

samedi 14 août 2010

je fais défaut

je m’écris de Provence
des chemins de lavande
des lits de miel et de serpolet
je m’écris des ciels de Provence
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de l’alpe
des chemins de caillasse
des lits de gentiane et de rhododendron
je m’écris des rochers de l’alpe
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de la cuisine
des chemins de daube
des lits de salades et de petit salé
je m’écris du buffet de la cuisine
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de Camargue
des chemins de sable
des lits de flamands et de salicorne
je m’écris des roubines de Camargue
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de la prairie
des chemins de pâture
des lits de fromage et de luzerne
je m’écris des barbelés de la prairie
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de la cave
des chemins de victuailles
des lits de confitures et de légumes
je m’écris des dédales de la cave
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de la mer
des chemins d’écume
des lits de marée et de méduses
je m’écris des tourbillons de la mer
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de la vigne
des chemins de sulfate
des lits de mildiou et d’étourneaux
je m’écris des murets de la vigne
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écris de la chambre
des chemins de moustiquaires
du lit de satin et de pervenches
je m’écris des secrets de ta chambre
je m’écris
je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

je m’écrie
sans aucun bruit je cherche noise
sans fausse note je fais défaut

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

14 août 2010

mercredi 11 août 2010

un enfant dessine

à quoi pense l’abeille devant un cageot de pêches
quelle est la couleur du paradis
quel goût ça a l’indigestion

gorgé d’ennui
un enfant vise à cailloux le réverbère

à quoi pense l’éboueur devant des sacs d’habits neufs
y a-t-il un programme mépris à sa machine
quel est son jour de mode

défiant l’ennui
un enfant crève les pneus des vélos

qu’est-ce qui traverse le chat de sa cervelle à sa vessie
combien de griffes compte la peur
quel goût ça a l’indifférence

puant d’ennui
un enfant cuisine des cafards

à quoi pense la fleuriste devant une salade de capucines
y a-t-il un programme mouillette à sa machine
quel est son jour de jeûne

torchant l’ennui
un enfant s’enferme dans les toilettes

qu’y a-t-il dans l’œil du cheval quand aboie le petit caporal
quel est ce chant d’éperon
quel goût ça a l’indignation

crevant d’ennui
un enfant dessine avec le diable

11 août 2010

dimanche 8 août 2010

au début il y a la guerre

des sacs de blé
des esclaves femelles
des travailleurs enfants
au début il y a la guerre

des forêts déchiquetées
des troncs dans les gouffres
des copeaux dans la bouche
des incendies dans les garrigues

des plaines assoiffées
des puits désaffectés
du sable dans les dents
des cadavres de chameaux

des sacs de blé
des esclaves femelles
des travailleurs enfants
au début il y a la guerre

des fleuves colériques
des villages engloutis
de la vase dans la bouche
des corps dans le courant

un vent venu d’enfer
des maisons décapitées
des sifflements dans les dents
des églises arrimées aux rochers


des sacs de poudre
des esclaves enfants
des travailleurs femelles
jour et nuit il y a la guerre

un parc derrière les grilles
une pelouse interdite
une gélule dans la bouche
chlorophylle obligatoire

des avenues de pierres
des devantures de rêves
un gel bactéricide dans les dents
un fonds de musique commerciale

des sacs de poudre
des esclaves enfants
des travailleurs femelles
jour et nuit il y a la guerre

un canal prisonnier
des vannes électroniques
du chlore dans la bouche
des canards en plastique

des ventilateurs fraîcheur marine
des terrasses factices
un cocktail lagune dans les dents
de nouveaux évangiles


des sacs de poussières d’os
des esclaves de sexe
des travailleurs de sang
à la fin il y a la guerre

des sacs de poussières d’os
des esclaves de sexe
des travailleurs de sang
à la fin et toujours il y a la guerre

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

8 août 2010

samedi 7 août 2010

et la samaritaine

la halle des fêtes s’ébroue sous la pluie du matin
on déroule des nappes aux couleurs de la banque
la fille d’honneur nettoie d’un fil de salive son escarpin
un jeune tambour répète une syncope
le préposé à la sécurité gesticule son numéro
et la samaritaine a un souci de ventre

oiseaux dégringolés
chats funambules
et un chien triste

la halle des fêtes est décorée de géraniums et de gentianes
le tonneau de vin d’honneur attend dans la chambre froide
la fille d’honneur a perdu son mouchoir de dentelles
le premier bugle mélange ses partitions
le préposé à la sécurité décapsule une bière
et la samaritaine fait le décompte de jours

oiseaux dégringolés
chats funambules
et un chien triste

la halle des fêtes transpire la raclette et les saucisses
on ricane doucement aux bons mots des discours
la fille d’honneur se moque des compliments
le directeur de la fanfare rabroue un joueur de fifre
le préposé à la sécurité barricade une entrée de service
et la samaritaine se désespère du calendrier

oiseaux dégringolés
chats funambules
et un chien triste

la halle des fêtes sent la fatigue ivrogne
on empile les tables et les chaises
la fille d’honneur a fait une tache à son tablier
un tuba somnole derrière la scène
le préposé à la sécurité signe son rapport
et la samaritaine boit au goulot une bouteille d’humagne blanche

oiseaux dégringolés
chats funambules
et un chien si triste

7 août 2010

dimanche 1 août 2010

une femme aux seins blancs

une cuillerée de sable
une danse de vent
un insecte de cuivre
un drap de soleil
une femme aux seins blancs

une cuillerée de sel
des pains de ciel
des mouettes d’acier
un grand carré de mauve
une femme aux seins blancs

une cuillerée de mer
une parure d’écume
des couteaux endormis
des écumoires de rêves
une femme aux seins blancs

une cuillerée de chaleur
un trou de braises
un lézard desséché
un cheval vapeur
une femme aux seins blancs

une cuillerée de lumière
un néon titane
une cigale électrique
un carreau de faïence
une femme aux seins blancs

une cuillerée d’orage
un bidon de soufre
un scorpion paratonnerre
un drapeau rouge
une femme aux seins blancs

22 juillet 2010