1440 minutes

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editions d'autre part

lundi 29 juin 2015

j'entends la nuit


j’entends la nuit qui exhale des miasmes de fatigue
 
le dessèchement
la plèvre collée, l’apnée
l’affolement du ventilateur
les particules de rouille, la limaille
le métronome époumoné
moins que rien
 
j’entends la nuit qui exhorte des colonies d’insectes
 
le gribouillis des ailes
le grattement, la succion
la machinerie des rostres
les pinces, les dards
les déjections collantes
moins que rien
 
j’entends la nuit qui exhibe des draperies cobalt
 
le tissage d’ombres
le mouvement, le tombé
le courant d’air sur les reins
le désir du gris, le plaisir du noir
le ricochet des étoiles
moins que rien
 
j’entends la nuit qui exulte

samedi 27 juin 2015

les heures disparaissent


les heures disparaissent dans les bras de la sieste
 
la révocation
les choses à faire, les listes
la récompense abimée
la nécessité, l’oubli du réel
la clepsydre qui se bouche
en attendant
 
les heures fuient vers les transports quotidiens
 
la soumission
le cahier des tâches, le mot d’ordre
le retour de la marée comme seule certitude
le besoin, l’abandon du réel
l’outre percée
en attendant
 
les heures s’envolent vers les nuages de pluie
 
la contrition
le programme éventré, le protocole
l’injonction à la fenêtre
l’utile, la déconstruction du réel
le sablier qui fuit
en attendant
 
les heures se perdent dans un trou de poche

vendredi 26 juin 2015

l'atelier de vitrail


l’atelier de vitrail fait la magie du petit matin
 
le buffet de jonquilles
l’armoire à pharmacie, l’arnica
le diamant dans la mire
le miroir menteur, la fuite
la perspective qui déroute
encore et encore plus
 
l’atelier de vitrail fait cortège des orages
 
la topographie de la pivoine
le buisson en feu, la piéta
l’arc-en-ciel de la paix
le plomb fondu, la foudre
le vent qui fait bouger les ombres
encore et encore plus
 
l’atelier de vitrail fait saigner la vie
 
la dissection du bouton d’or
le nombre d’or, l’angle de vue
le corridor vers le vide
la musique du verre, le marteau
l’intention qui s’évade par la fenêtre
encore et encore plus
 
l’atelier de vitrail donne le signal

mercredi 24 juin 2015

la musique fait naufrage


la musique fait naufrage devant le dortoir des chevaliers combattants
 
les litanies du sel
l’écume mauve, les salicornes
la muraille du vent
la chevelure des roseaux
l’envie de tuer la marionnette
et pourquoi pas
 
la musique fait barrage aux insectes électriques
 
la transpiration des élytres
la boussole hémiplégique, le sud boiteux
le filet à papillons
le soleil fusillé
l’envie de déchirer le costume de danse
et pourquoi pas
 
la musique ouvre le passage vers le fleuve abreuvoir
 
l’agacement des sabots
la vapeur du mufle, le brouhaha du ventre
le buisson d’épines
l’oreille inquiète
l’envie de briser le masque
et pourquoi pas
 
la musique tire la sonnette d’alarme devant le bunker

mardi 23 juin 2015

je descends


je descends de mon talus avec un pressoir sur le dos
 
les poulies des genoux
le palan, le contrepoids
le verjus pour les articulations
la vis sans fin, le tablier
la bonde qui clapote
et pas le moindre mal
 
je descends de mon cheval avec un sac d’avoine sur le dos
 
le mors dégoupillé
la cravache, l’éperon
le sabot ferré sur le goudron
la sueur du cuir, le hennissement
les oreilles en alerte
et pas le moindre mal
 
je descends de mon rempart avec une armure sur le dos
 
les gants de limaille
l’arquebuse, le tromblon
l’oriflamme tachée de sang
la fronde inutile, la herse
la sentinelle pendue
et pas le moindre mal
 
je descends de mon lit avec une croisade sur le dos

lundi 22 juin 2015

toutes les ficelles


toutes les ficelles ne peuvent nouer des guerres
 
l’anniversaire des gens
la tranche de gâteau sous la tonnelle
le vin doux, la chanson
les lamentations
la mémoire à genoux
et rien du tout
 
tous les nœuds ne réfléchissent pas pareil
 
la filiation
le trait de caractère démultiplié
la tache de vin, la musique
les fiertés anonymes
l’honneur du sérail en miettes
et rien du tout
 
tous les miroirs n’attrapent pas la lumière
 
la conviction des gens
leur part d’ombre
les renoncements, le tempo
les migrations nécessaires
la destinée à bout de souffle
et rien du tout
 
toutes les fatigues ne boivent le même lait

dimanche 21 juin 2015

baiser avec la reine


la pilule qui fait mentir les miroirs
l’intention du hasard face à la double peine
l’abandon de la miséricorde dans la roseraie
la reptation vers le péché véniel, l’absolution du glacier
et l’insouciance du rouge-gorge au temps des cerises
 
dissoudre les négligences des vieilles rognes
ronger les cartilages des amours usagées
baiser avec la reine parce que c’est dimanche
 
que vienne à jamais l’harmonie des gestes délicats

 
ainsi prend fin cette litanies d’évocations païennes
cent cinquante, comme autant de psaumes
merci

 

masser l'esclave mulâtresse


l’été enfant qui s’ébroue sous une pluie matinale
le mendiant qui paie cash un bout de parapluie
la femme du boulanger qui ravaude sa couette
le chien paresseux qui remâche un rêve de fémur
et le banc public qui embarque dans un wagon postal
 
épargner de la tendresse pour les mauvais jours
poser un cataplasme de rémiges sur une vilaine cicatrice
masser l’esclave mulâtresse pour calmer son tour de rein
 
que vienne un vent chaud sur nos amours frileuses

samedi 20 juin 2015

déshabiller la dentelière


les nervures de la musique sur la chemise du basson
les dentelles de l’été sur la forêt de trembles
les ombres immobiles qui attendent le vent
la salade de fèves, le jambon fumé, le vin clairet
et l’eau chaude de la source pour les ablutions
 
remercier la faux pour le repas de sainfoin
encourager l’hirondelle dans son trille passionné
déshabiller la dentelière pour ses taches de son
 
que vienne un parfum d’angélique sur nos siestes scélérates

vendredi 19 juin 2015

prévenir la surveillante du barrage


la génuflexion du saule à la montée des eaux
la contrition du héron devant un excès de grenouille
le bourdon suicidé pendu à une tige de ciguë
l’amanite frivole qui effraie les jeunes filles
et la sieste nécessaire sur un tapis de trèfle
 
dépecer un chagrin pour un ragout d’insouciance
ressentir sous les pieds la bascule de l’équinoxe
prévenir la surveillante du barrage de la perte des eaux
 
que vienne un commando de soignantes pour nos plaies et nos bosses

agacer la serveuse


la pierre à fronde dans la poche du juge des mineurs
la vitrine des souvenirs et des promesses de rencontres
la une du journal avec des lettres de sang
la pucelle en robe à fleurs qui mange des framboises
et le peintre du dimanche en manque de vermillon
 
traverser l’intolérance avec un bouclier de soie blanche
faire halte sur la terrasse des jours tranquilles
agacer la serveuse avec des jeux de mots malpropres
 
que vienne une injonction d’orage pour bousculer la bêtise

jeudi 18 juin 2015

attacher l'arlésienne


l’oratoire discret abritant une couleuvre
le bouquet de boutons d’or renversé sur la pierre
la pancarte indiquant la direction du paradis
la partition musicale d’une mazurka d’enfer
et le casse-noix qui s’égosille en stéréo
 
consolider le cairn avec de la pierre-à-fusil
repeindre un peu le ciel avec du cyan de fortune
attacher l’arlésienne au nuage qui passe sur les crêtes
 
que vienne un solfège apaisé sur nos cœurs en quenouille

mercredi 17 juin 2015

mordre l'épaule de la cabarettiste


le sommeil qui s’annonce au champ des coquelicots
l’énervement du verdier sur l’épine-vinette
le fantôme du chat dans la nonchalance de l’après-midi
l’arrosoir à genoux, le râteau en déséquilibre
et le rendez-vous manqué avec les indulgences
 
cracher sur le miroir pour brouiller les images
maquiller le remords avec de la poudre de riz
mordre l’épaule de la cabarettiste pour le jus d’une valse
 
que vienne la chanson des faucheurs pour conjurer la météo

samedi 13 juin 2015

frictionner la nageuse


la libellule qui grince sur l’étang asséché
l’argile qui se souvient du passage des animaux
le squelette d’un brochet qui prend la pose
le jonc qui migre, la renoncule qui se pend
et l’odeur de pourriture qui stagne sur le hameau
 
implorer le torrent qu’il libère ses eaux
dynamiter le glacier pour lui faire rendre gorge
frictionner la nageuse avec de la graisse à traire
 
que vienne un temps de mousson pour le mariage des truites

vendredi 12 juin 2015

réchauffer la clandestine


la poubelle remplie de vent et d’exil
la gare terminus dans une vallée discrète
le policier municipal qui oublie la frontière
le cairn qui s’habille avec des étoffes de prières
et la source sulfureuse pour dissoudre les papiers d’identité
 
rentrer les foins avant l’orage
bénir le pain avant de le donner aux pèlerins
réchauffer la clandestine avec une couverture militaire
 
que vienne un soleil vif pour ressuyer l’espoir

jeudi 11 juin 2015

lécher le sel de la tripière


la soupe aux pois cassés pour réchauffer la poésie
la femme du métral qui rigole au sujet des panais
la brouette en attente qui rouille sous la pluie
le purin d’orties, la paille de seigle
et la nostalgie passée au hachoir à betteraves
 
marchander le prix du veau au marchand de saucisses
rehausser l’étable pour le confort du taureau
lécher le sel de la tripière sur sa face rougie
 
que vienne le temps de la caillette, du boudin et des amourettes

absoudre la paroissienne


le silence collé aux vitraux de la chapelle
la présence de la Sainte aux heures de la quête
la voilette oubliée volontairement dans le confessionnal
le bouquet d’églantines posé sur le prie-Dieu
et l’odeur de la femme au-dessus des Saintes Ecritures
 
balayer les cadavres d’insectes sur l’autel
sonner la petite cloche pour le vendredi maigre
absoudre la paroissienne pour les péchés dans sa tête
 
que vienne un concert d’angelots à la messe de fiançailles

dimanche 7 juin 2015

surveiller la sourcière


le ciel a sucé tout le lait des nuages
l’odeur et le jaune soufre précipite des crêtes
le bouc jaloux saillit les plus belles femelles
l’herbe de l’année aura de belles saveurs
et le braconnier périra dans le pierrier
 
brosser la mule avec respect et déférence
préserver les fromages de la putréfaction
surveiller la sourcière au retour du chapelet
 
que vienne une nuit sans blasphème sur le conseil de famille

samedi 6 juin 2015

bercer la gardienne


la canicule qui s’installe dans la chambre des amours
le sablier qui fait son travail sur la table de chevet
l’outre qui patiente, le bréviaire qui se pâme
l’orage pudibond qui évite le hameau
et la musique des songes soufflant sur la chandelle
 
graisser les gonds du volet pour le sommeil des poules
éclairer le saut-de-loup pour dérouter le renard
bercer la gardienne des heures blanches avec une pavane

que vienne l’heure du bourreau pour décapiter l’insomnie

saupoudrer la fille d'honneur


la baguette du tambour cassée au lever du drapeau
les géraniums brisés par l’orage renégat
l’adjudant et le fourrier compromis dans le gratin
la verrée solennelle qui tiédit sous la tente
et le Männerchor assoupi sous le tilleul
 
diffuser une marche militaire dans la sono nasillarde
relancer la tombola pour les vacances des aînés
saupoudrer la fille d’honneur d’un sucre-glace à la cerise
 
que vienne l’homélie de l’évêque pour rajuster les cœurs

jeudi 4 juin 2015

essuyer les épaules de la nageuse


l’abnégation des mandibules pour le repas de l’aube
la rosée qui donne de la saveur atlantique
le serpolet qui s’ébroue avant de rendre gorge
le spectacle des jets d’eau mariés à la lumière
et l’insecte grossier piétinant la vergogne
 
découdre les surprises des ourlets du matin
marcher jusqu’au transept de le prairie d’avoine
essuyer les épaules de la nageuse avec une serviette de lin
 
que vienne un souffle d’intempérance sur le nouvel été

mercredi 3 juin 2015

toucher les fesses de la romanichelle


la forteresse des lavandes devant la miséricorde
la détresse du scarabée tout nu devant le mistral
le héron harassé qui boit tout le fleuve
la mélancolie qui fait de l’autostop sur le tarmac des anges
et la consolation du vin des assistés
 
casser le remontoir de la cigale avant que midi sonne
suivre la trace du silure dans la mémoire de l’eau
toucher les fesses de la romanichelle comme porte-bonheur
 
que viennent les menstrues de la Vierge Noire sur nos fêtes païennes

mardi 2 juin 2015

ébouriffer la balayeuse


le cerisier qui prend la route vers des pluies indiscrètes
le merle qui remâche le fantôme du chat
la nettoyeuse des trottoirs qui compte les chewing-gums
le soda qui tiédit sur la terrasse de la buvette
et le résumé des nouvelles du jour sur l’automate à tickets
 
dompter les pâquerettes à enjamber la lame de la faux
décompter les conquêtes sur un boulier d’olives
ébouriffer la balayeuse d’une effusion saugrenue
 
que vienne un chariot de roses pour demander pardon

lundi 1 juin 2015

flatter la sénégalaise


la Méditerranée à bout portant sur le fil du téléphone
la standardiste à demi-nue qui roucoule des grigris
le couscous qui s’invite à l’heure du pastis
l’ivoire dans le container, le diamant dans le boubou
et l’incendie des criquets au large du port
 
déshabiller le vent jusqu’à l’odeur du méthane
équarrir la mélopée jusqu’au squelette du pharynx
flatter la sénégalaise, sa croupe et sa poitrine
 
que vienne une poule amicale dans le dortoir à grains