1440 minutes

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editions d'autre part

jeudi 15 juillet 2010

lait de nourrice des mauvais jours

mâchoires des contre-feux
et des sarcasmes
dans ton roman naïf
tu ajoutes un chapitre
vers la contrition
ton estagnon est vide
et ta gourde est crevée

hey hey pose ton tambour
sur la chaise-longue
ta guerre est finie
jusqu’à demain
et demain c’est dimanche
lait de nourrice des mauvais jours


morsures de feux de Bengale
et des fredaines
dans ton concerto de carême
tu ajoutes un mouvement
vers la reddition
ton ventre est vide
et ton fiel est crevé

hey hey joue de l’harmonica
à la barrière du parking
ta guerre est finie
jusqu’à ce soir
et ce soir c’est trêve
lait de nourrice des mauvais jours


mâchoires des pare-feux
et des ironies
dans ton oratorio plaintif
tu ajoutes une mesure
vers la soumission
ta cervelle est vide
et ta méninge est crevée

hey hey accorde ton banjo
à la grille de l’école
ta guerre est finie
jusqu’à l’automne
et l’automne est hors saison
lait de nourrice des mauvais jours


morsures des incendies
et des mensonges
dans ton poème à tiroir
tu ajoutes un verset
vers la sublimation
ton cœur est vide
et ton rêve est crevé

hey hey déhanche ton basson
au soupirail du dancing
ta guerre est finie
jusqu’à la chanson des cerises
et la chanson des cerises est en compote
lait de nourrice des mauvais jours

15 juillet 2010

lundi 12 juillet 2010

bonne nuit si tu t'endors

étoile fauchée
caravane perdue
chameau bouchoyé
poussière salée
la nuit est sans humeur
bonne nuit si tu t’endors

lit écartelé
drap de sueur
rabot d’insecte
huile rance
la nuit est sans oxygène
bonne nuit si tu t’endors

tambour aux tempes
bronche soufflée
chat-huant à l’agonie
pailles brûlées
la nuit est sans heures
bonne nuit si tu t’endors

rêve de craie
mitraille de sable
bouillie de crapaud
fleurs de compost
la nuit est sans objet
bonne nuit si tu t’endors

météore tombé
berger à la dérive
mouton crevé
boisson pourrie
la nuit est sans limite
bonne nuit si tu t’endors

bonne nuit si tu t’endors
endors-toi la nuit te guette

12 juillet 2010

jeudi 8 juillet 2010

lune étroite

cortège des ouvrières
agricoles
bouteilles de limonade
dans le ruisseau
un petit chef jappe
au bas de la vigne

trois sansonnets livides
dansent dans le pré
soleil à naître
lune étroite


chorégraphie des foulards
et des chapeaux
cisailles et raphias
un atomiseur crache
du sulfate de cuivre

deux pies revêches
s’engueulent dans l’ormeau
soleil malingre
lune étroite


tableau champêtre
pause sous l’escalier
pain frotté d’ail
tomates à l’huile
une radio donne
une météo de feu

une huppe laborieuse
exhume des larves
soleil tordu
lune étroite


chacun son rôle
dans l’opéra du vin
à chaque millésime
sa sueur
chansons de caillasse
chansons à boire

un chœur de grives folles
répète dans le talus
soleil fuyant
lune étroite


la jeep repart
vers le village
derrière le rideau
des jets d’eau
rires de fatigue
soupirs d’aise

un faucon ivre
dépèce un passereau
soleil mort
lune étroite

8 juillet 2010

lundi 5 juillet 2010

suivez cette voiture

la pharmacienne a ri
quand elle a donné
un test de grossesse
et une lolette
la jeune femme avait
les cernes et les veines indigo
il pleuvait des grappes de piment
et des rapports de police
un vrai temps de bataille
elle a craché par terre
et monté dans un train de banlieue

suivez cette voiture
et déclenchez le taximètre

la pharmacienne a blêmi
quand elle a donné
des lames de rasoir et de l’anticoagulant
le jeune homme avait
les yeux poupins et un collier de clous
il pleuvait des clés de cadenas
et des permis de séjour
un vrai temps de funérailles
il a shooté un pigeon
et filé sur sa mobylette

suivez cette voiture
et enclenchez le taximètre

la pharmacienne a souri
quand elle a donné
de l’extrait d’artichaut
et de la trinitrine
l’homme avait
des muscles de cuivre et de la couperose
il pleuvait des fiançailles
et des casiers judiciaires
un vrai temps de manœuvre
il a ravalé sa salive
et grimpé dans sa camionnette

suivez cette voiture
et enclenchez le taximètre

la pharmacienne a reniflé
quand elle a donné
un tire-lait et de la mort-aux-rats
la femme avait
le cheveu sale et les chevilles enflées
il pleuvait des coques de noix
et des fiches de signalement
un vrai temps de sacrifice
elle a maudit un prénom
et monté dans un taxi

suivez cette voiture
et déclenchez le taximètre

le pharmacien a soupiré
quand la pharmacienne est tombée
une fiole d’éther
du verre pilé et de l’antimoine
suivez cette voiture
il pleuvait des confettis d’étoiles
et des permis d’inhumer
un vrai temps de regrets
il a mordu sa langue
et grimpé dans le fourgon

suivez cette voiture
et déclenchez le tachygraphe
et déclenchez le tachygraphe

5 juillet 2010