la
ville déroule ses jours
comme
autant de pétales
des
bouquets des mariages
un
café qui ferme
les
travaux à l’école
un
décret sur les chats
le
ricanement des fouines
la
fête d’un quartier modèle
lorsqu’il
arrive en ville
cet
homme divise les pensées et les lieux communs
il
ne dit rien
mais
son regard est clair comme les chansons des dimanches
il
dépose sur le parvis
des
pignes d’arolle
un
collier de gratte-culs
et
une boule à neige de la Dent-Blanche
la
ville déroule ses jours
comme
autant de groseilles
du
potager de la vieille dame
un
galetas qui brûle
le
cancer de la boulangère
une
loi d’hygiène des bénitiers
le
dédain des crapauds
et
l’amicale des landaus
lorsqu’il
arrive en ville
cet
homme inquiète les pigeons et le clergé
il
ne parle pas
mais
son regard est clair comme un livre de poésie
il
donne au marché
des
crottes de chamois
des
écuelles de myrtilles
et
des timbres-poste en patois de Savièse
la
ville déroule ses jours
comme
autant de suffrages
des
sourires des nouveaux arrivants
une
caserne qui musique
la
mésalliance des courgettes
un
directive pour les chocards
la
résistance des perruches
et
la révolution des lampadaires
lorsqu’il
arrive en ville
cet
homme sépare les eaux et les fanfares
il
dit des mots graciles dans une langue ancienne
et
son regard est clair comme le myosotis
il
offre aux bancs publics
des
plumes de lagopèdes
des
boutons de rhododendrons
et
les rires des tchagattas
la
ville déroule ses jours
comme
autant de grains de raisins
aux
pressoirs syndiqués
une
bibliothèque qui danse
les
archives du chœur d’église
un
règlement sur les déchets carnés
la
tristesse du gypaète
et
la confrérie des ossuaires
lorsqu’il
arrive en ville
cet
homme tourmente la justice et le souvenir des potences
il
sanctionne en volapük
et
son regard est clair comme l’eau des glaciers
il
expose aux plus offrants
un
cristal de roche
un
bout de poutre millésimé
et
du béton de la Grande-Dixence
19
août 2012