ici le lit du fleuve et son drap de limon
les pistes s’enlacent sur le sentier
l’épine-vinette et l’argousier
sereine et tragique la trace de la boiteuse
un sculpteur y a moulé son blason
une mouche dans la tisanière
et j’ai mis une capuche à mon stylo
ici c’est au plus pentu dans le coteau revêche
ici le talus de vigne et son muret ventru
il n’y a qu’un chemin parmi les ceps
forcenée et funambule la trace de l’ivrogne
un musicien y a rythmé son tango
une mèche de cheveux dans la soupière
et j’ai mis un chandail à mon porte-mine
ici c’est au plus sombre de la forêt
ici sous les mélèzes une trouée et son sommier d’aiguilles
marques de sabots et de souliers de marche
la pive, la mousse et le lichen
en force et en rage le passage du cerf
un photographe y a fixé une ligne de fuite
un chardon à la boutonnière
et j’ai mis un cache-nez à mon crayon
ici c’est au plus culminant de la crête
ici le pierrier austère et ses dentelles de névé
filin de sécurité et peinture rouge sur le roc
arole rabougri et rhododendron
au pic et à la dynamite le sentier de la falaise
l’architecte y a puisé son matériau
un clou de cercueil dans la bière
et j’ai mis une vareuse à ma plume
like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman
24 mai 2009