1440 minutes

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editions d'autre part

vendredi 30 septembre 2011

bondé bouché

la vie est affaire de questions
la réponse est un pas vers la mort

une souris traquée trahie
un corridor bondé bouché
une serrure sans projet sans clef
un tournesol à genoux en guenilles

suffit-il d’un regard ténu
d’une promesse
d’une boîte à lettres
d’un patronyme mis aux archives


la vie est en question
la réponse est un faux pas

un papillon cramé sans carrière
un ciel-de-lit bondé bouché
un rideau déchiré déchirant
un pissenlit soufflé soulagé

suffit-il d’une carotide alerte
d’un prie-Dieu
d’un remords
d’un judas à la porte


la vie hors de question
sans droit de réponse

une grenouille sans queue sans corne
un deuil bondé bouché
une famille sans heurt sans chef
un coquelicot sans feu sans maquillage

suffit-il d’un pansement sur l’œil
d’un chagrin orienté
d’un chemin
d’un amour à la petite semaine


la vie quelle question
la vie sans réponse

30 septembre 2011

mercredi 28 septembre 2011

on n'a pas pensé

dans le roulis de ses yeux
un couteau long comme un cercueil
un tombeau profond comme une insulte
dans son sac à pain
des miettes et du chagrin
et dans son ventre
une colère volcan

quand on a fait les lois
on n’a pas pensé à lui
quand on a dessiné des fenêtres
on n’a pas pensé à lui
quand on a tissé l’amitié
on n’a pas pensé à lui
quand on a dit bienvenue
non plus


dans le torrent de son cerveau
un marteau et des clous
une barrière de ronces
dans sa gibecière
le cadavre de l’hiver dernier
et dans son ventre
un scud du tonnerre

quand on a ouvert les portes
on n’a pas pensé à lui
quand on a tué le veau gras
on n’a pas pensé à lui
quand on a servi les vins et les liqueurs
on n’a pas pensé à lui
quand on a lancé le bal popu
non plus


sans émotion
il dit qu’il pensera à nous

28 septembre 2011

lundi 26 septembre 2011

je fais mon marché


je fais les courses dans le pré aux libellules
je prends des fleurs toxiques qui puent
je prends des couleurs rares dans des écrins de cuivre
je prends des balles traçantes
je prends des hameçons fluo pour des truites arc-en-ciel
je prends la tangente et la fuite
je prends ton ticket de transport et ton viatique

je fais mon marché dans le grand orchestre du bal
un violoncelle aux herbes
un xylophone à la tomate
un macaron glockenspiel
un accordéon gnocchi
un œuf mimosa et mazurka
un piano safran
un cymbalum à la rhubarbe

je calcule les dépenses des certitudes
et le budget des rires
je calcule l’angle mort
et le diamètre des mariages
je calcule le rêve après la virgule
et le chagrin sous zéro
je calcule les jours impairs sous la lune
et la météo du point rencontre

je fais mon magasin pour les offenses
et les victoires
je fais mon magasin pour les sacrements
et le benjoin
je fais mon magasin pour les amours de deuxième main
je fais mon magasin pour les sourires invendus
je fais mon magasin pour les faillites et les bons offices

j’ai gagné aux enchères le clavier des balloches
et la java des grands-papas
le menuet des lavandières
et le twist des jeunes étrangères
le slow pour les soldats
et la salsa des vieilles tantes
une sardane de curé
et la valse pour les remords

je fais les courses dans le jardin des soucis
je prends une promesse de papillon
je prends un amour à la fraîche
je solde un rire et ses honoraires
je sépare les contrats par douzaines
j’emballe un jour de congé
je fais des escomptes sur les tickets de repas
et distribue les intérêts de vacances

je fais mon marché dans le gibus du chef d’orchestre
un pipeau un triangle une cloche
un clavecin un tuba un sax
un contrepoint un contre un
un pas de deux
un flamenco académique
une valse qui boite
une turlute en syncope
une turlute
une turlute
et chapeau bas

26 septembre 2011

dimanche 25 septembre 2011

chaque année c'est pareil

chaque année c’est pareil
le monde se rassemble autour d’un cendrier
y naissent et meurent
les palabres
les invectives
les complots et les assertions

je donne une viande à la guêpe
je donne une trompette à la foulque
je donne ma moisson au campagnol

le chat fait ses griffes sur le samedi de la terre
et je descends au marché de la ville
acheter des fleurs et des courges

chaque année c’est pareil
mon poème s’imprègne d’humus et de feuilles


chaque année c’est pareil
le monde s’éloigne du désert et de l’incendie
en y laissant des dogmes
des reposoirs
et des restes d’agapes
je donne de l’avoine au cheval
je donne une pomme au vicaire
je donne mes doutes au busard

le chat fait ses griffes sur le samedi de la terre
et je descends au jardin
cueillir la dernière tomate
et téter de l’estragon

chaque année c’est pareil
mon poème se nourrit du poireau et de l’orage


chaque année c’est pareil
le monde prend l’hélicoptère
pour des pèlerinages indécents
des armistices
des négoces
et des vestiges de paix

je donne la colère au geai
je donne le tambour au pic
je donne mon destin aux étoiles

le chat fait ses griffes sur le samedi de la terre
et je descends au torrent
laver ma chemise
et laver mon âme citoyenne

chaque année c’est pareil
mon poème rime à l’urne et au coquelicot

25 septembre 2011

vendredi 23 septembre 2011

c'est du bon temps



c’est du bon temps
de fin d’après-midi
ça sent les derniers foins coupés
le bois humide
et la pomme qui fermente
la vie attend son quatre-heures
c’est l’heure des vaches à la fontaine

je revois mon père
qui fredonne une vieille chanson de rue
en alignant les miettes sur la table

où sont passées les histoires dans sa tête
vers quelle forêt
vers quel tonneau

les cimetières sont des livres qui bousculent
l’oiseau tombé du nid
la fleur coupée
et l’avalanche

je ne revois plus mon père
ses pouces
ses sourcils
et sa démarche
les images sont parties
vers quel alpage
vers quelle vigne

les places du village
sont des musées d’histoires d’amour
les mariages arrangés
les adultères énigmatiques
les veuves et les idiots éberlués

la vie digère sa soupe
et rote un peu la bière

c’est l’heure des chiens qui aboient

c’est du bon temps d’automne
ça sent les premières lies
le brou de noix
et la châtaigne rôtie

je ne parle plus à mon père
il n’entend rien à mon tourment
il a levé son camp
vers quel torrent
vers quel cheval

l’écurie est un lieu camarade
où se partagent les serments
un bon hiver de neige
beaucoup de veaux femelles
et la fille au collège

la vie gigote sur le plancher de bal

c’est du bon temps
ça sent
ça se sent

23 septembre 2011

jeudi 22 septembre 2011

à quoi pense

à quoi pense la clef
au bout de la cordelette
à l’angélus
au musée
au tabou
il y avait les choses faites
et les choses à faire
jouir du temps posé là
détricoter du rêve
et simplement dire qu’on l’aime
et dire qu’on est bien
à quoi pense la clef

à quoi pense la boîte de clous
sur le bord de la poutre
aux obsèques
au portail
aux portraits
il y avait les choses tues
et les choses à dire
couver la marmaille
compter les cloches
et simplement saluer les mariages
et dire que c’est bien
à quoi pense la boîte de clous

à quoi pense la fourche
plantée dans le fumier
au grand soir
à la choucroute
au loto de la paroisse
il y avait les choses reçues
et les choses à donner
profiter de la pluie
graisser les outils
et simplement payer les ouvriers
et dire que c’est rien
à quoi pense la fourche

à quoi pense le tire-bouchon
sur l’encadrement de la porte
aux baptêmes
à carnaval
au commissaire
il y avait les choses sans prix
et les choses à vendre
solder les maléfices
brader la mitraille
et simplement renouer contact
et dire qu’il est temps
à quoi pense le tire-bouchon

à quoi pense le contrat
sur la table de la cuisine
aux étrennes
au sommeil
à la promesse
il y avait les choses pensées
et les choses à vivre
essorer le destin
sourire à la fortune
et simplement lui dire qu’on l’aime
et dire que c’est bien
à quoi pense le contrat

22 septembre 2011

dimanche 18 septembre 2011

boute le feu


boute le feu
à l’indolence sur la place publique
à l’intransigeance des idiots
au vacarme inutile
à la pirouette inutile
à la sentinelle inutile
au retranchement

des avions font des fumées
dans un ciel vêtu d’orage
des moutons paissent sous la pluie
et mon chandail sent la rouille


boute le feu
à l’ignorance du confessionnal
à la vanité de midi
à l’armée inutile
au dogme inutile
à la passerelle inutile
à la reculade

des chariots de betteraves campent
dans la cour du collège
des bovins ruminent un vieux foin
et ma sacoche sent le purin


boute le feu
au nénuphar de la princesse
au bannissement du fou
à l’exode inutile
à la prière inutile
au solstice inutile
au dessèchement

des trains de céréales traversent
les grandes cités durant la nuit
des chevaux boivent à la fontaine
et ma gourde sent le lait fermenté


boute le feu
au suffisant qui passe
à l’échéance de l’usurier
au boulier inutile
au calendrier inutile
au jour meilleur inutile
au renoncement

un corbillard perd une roue
devant le monument aux morts
un pigeon fiente une patenôtre
et mon chagrin sent la poussière


boute le feu
aux deuils de l’après-midi
au souvenir qui doute
à la mémoire inutile
à la photographie inutile
au regret inutile
au déchirement

18 septembre 2011

vendredi 16 septembre 2011

et le poème au carré

et puis c’est ainsi
les soleils mis en boîte
les cartouches de sel
la soif quotidienne
le pas d’un cheval qui boite
et le poème au carré

les femmes en vendanges
portugaises capverdiennes
enrubannées de couleurs et de vent
chantent des refrains traditionnels
un figuier dans sous le muret
un faucon éparpille une récréation de grives


et puis c’est ainsi
des soleils en caissettes
l’épée de noisetier
la peur et les rires
le jappement d’un renard surpris
et le poème au carré

les femmes au marché
artisanes bonimenteuses
corolles ouvertes et patchouli
font des œillades exagérées
le réverbère se retient de pisser
un pigeon bouffe un reste de pizza


et puis c’est ainsi
les soleils en papier bulle
l’escopette en carton
la fringale du goûter
la trompette étranglée du crapaud amoureux
et le poème au carré

les femmes en dentelles
basanées et maquillées de trop
offertes à vendre offertes en pâture
font des promesses qui gonflent
le lumignon rouge sifflote un gigue
une chouette harfang couine bref


et puis c’est ainsi
les soleils glissés sous le lit
l’arbalète distendue
le sommeil par rafales
le feulement d’un fantôme en ribote
et le poème au carré

le poème au carré
le poème dans l’angle
dans l’angle de tir

16 septembre 2011

mercredi 14 septembre 2011

qui de nous se lèvera

les cousins entrent par la lucarne du rêve
ils viennent pour l’héritage et les cousines
pour goûter le vin vieux et le vin de l’année
ils caressent les chiens et flattent les bœufs
ils vacancent et se goinfrent
s’installent sous nos fusils devant nos cheminées

reviendront sans doute
reviendront reviendront
qui de nous se lèvera et prendra la parole


les acrobates et les palefreniers
entrent par le halo du projecteur
ils viennent pour la recette et l’écuyère
pour écouter la musique et la chanteuse
ils dansent dans la sciure
ils coyotent et ricanent
s’assoient sur nos strapontins et nos trapèzes

reviendront sans doute
reviendront reviendront
qui de nous se lèvera et prendra la parole


la cartomancienne entre par la tisanière
elle vient pour le vote et le lanceur de couteau
pour tirer le gros lot et le tarot innocent
elle fume une cigarette mentholée et un shilom
elle fanfare et s’égosille
s’épanche sur nos fauteuils et nos visites

reviendra sans doute
reviendra reviendra
qui de nous se lèvera et prendra la parole


la sangsue et l’infirmière
entrent par le cathéter
elles viennent pour les plaquettes et l’agonisant
pour fermer les yeux et brûler du papier d’Arménie
elles prient le protocole et le faire-part
elles seringuent et bactérient
se vautrent sur nos urgences et nos tombes

reviendront sans doute
reviendront reviendront
qui de nous se lèvera et prendra la parole


l’archange entre par le courrier du cœur
il vient pour le mariage et la demoiselle d’honneur
pour dégrafer la jarretière et les œillets
il tricote les promesses et le trousseau
il fantôme et patchworke
il ricane sur nos chansons et nos rites

reviendra sans doute
reviendra reviendra
qui de nous se lèvera et prendra la parole

se lèvera
et prendra la parole

14 septembre 2011

samedi 10 septembre 2011

jour d'éternité

jour des lavandes et des libellules
jour des paiements et des prises d’urine
jour des réverbérations
jour de lessive et de conciliabule
jour des Amériques et du désert
jour de traversée
jour des Amériques et du désert
oui jour de traversée

jour des chairs nues et des caresses
jour du poisson et du marché aux fleurs
jour des calendules
jour du ménage et des lanternes
jour d’examen et de promenade
jour de procréation
jour d’examen et de promenade
oui jour de procréation

jour des frivolités et des sucreries
jour du tapis rouge et des œillets
jour des accolades
jour de migraine et de congé
jour de transport et de halte
jour d’académie
jour de transport et de halte
oui jour d’académie

jour des fioles et des menstruations
jour de raccommodage et de conserves
jour des amulettes
jour de la courge et des moissons
jour de chasse et de tombola
jour de sorcellerie
jour de chasse et des moissons
oui jour de sorcellerie

jour des crêpes et du sureau noir
jour de la noix et de la pomme d’api
jour des amours neuves
jour de brocante et de rogations
jour d’épouvante et de pluie
jour de clôture
jour d’épouvante et de pluie
oui jour de clôture

jour de la chanson et du vin
jour de l’école et des comptes
jour de vendanges
jour de parole et d’accueil
jour de présence
jour de parole et d’accueil
jour de présence

jour de fête et de déclaration
jour de chambre et de fièvre
jour de soleil
jour d’abandon et de plaisir
jour de salive et de jus
jour d’éternité
jour de salive et de jus
oui jour d’éternité

10 septembre 2011

jeudi 8 septembre 2011

la peur et le chagrin

qui dit qui dit qui vient
et qui joue avec les parcelles du vent
qui lance des paroles
au-dessus de la ville
les joues gonflées de mots crus et de mots gros
le nœud dans la trachée
a pété les conduites

la colère et la joie
la peur et le chagrin


qui dit qui dit qui reste
et qui joue avec les vagues de l’étang
qui noie les sentiments
comme on noie les petits chats
les poings nouant le sac de cruauté servile
le trou dans la cervelle
a brûlé la raison

l’abandon et la haine
la peur et le chagrin


qui dit qui dit qui part
et qui emporte tout dans le sang
qui lance la mitraille
sur un jour de marché
crevant l’humanité
l’absurde dans les yeux
a voilé l’espérance

l’inutile et le doute
la peur et le chagrin

8 septembre 2011

mardi 6 septembre 2011

et remercie la dame

le poumon de la lune
s’habille de fumée
l’accordéon de l’ange
détricote un sanglot
le soldat du pavé
danse avec le bourreau
les vitrines de cuisses
vendent du sentiment
le réverbère salue
les contrats du plaisir
les mouchoirs renoncent
à recueillir les pleurs

je mouche un rossignol
et remercie la dame
je mouche un rossignol
et remercie la dame


les quinquets de l’étoile
s’habillent de brillants
le trombone du diable
déchire les passe-droits
le préposé à la nuit
danse avec un vicaire
les magasins pour hommes
vendent de la tendresse
la fontaine pissote
les larmes du plaisir
les ceinturons dénouent
le fil de la rencontre

je boucle une rengaine
et remercie la dame
je boucle une rengaine
et remercie la dame


le pinceau de Vénus
maquille sa toison
les fanfares de la vierge
tissent des mazurkas
l’infirme à l’autobus
danse avec le laitier
le marchand de pilules
vend du rêve avorté
la poubelle de la rue
décompte les plaisirs
les godets en plastic
tombent dans la mémoire

j’avale un train de nuit
et remercie la dame
j’avale un train de nuit
et remercie la dame

6 septembre 2011

lundi 5 septembre 2011

septembre s'agenouille

un espace attendu
entre l’herbe et le vent
une respiration
au ventre du bourdon
septembre s’agenouille
devant les linaigrettes
je passe sous le pont
qui mène à l’allégresse
je tends la déconvenue
aux vieilles musaraignes

un miracle lié
au dos des barricades
un ressort qui se casse
au rostre des tortues
septembre dégringole
le long du dévaloir
je franchis la moraine
qui mène à la quiétude
je donne un tambourin
au cœur des bartavelles

un mensonge de plus
au creuset des orages
un faux conciliabule
à table les complots
septembre s’éberlue
aux contes de la lune
je longe les séracs
qui mènent à l’orient
je tends des indulgences
au bouquetin aveugle

un linceul de gentianes
juste avant le désert
un noir effondrement
de rocs et de mystères
septembre se béquille
vers le renoncement
je gravis la montagne
qui mène au sacrifice
je perds la rédemption
dans la chute des pierres

5 septembre 2011

samedi 3 septembre 2011

comme une abeille hémiplégique

comme un abeille hémiplégique
sur un œillet bellâtre
comme un cerceau voilé
comme une plumée de merle
le chemin est futile et éberlué
un poteau muet
une borne inquiète
et la croix des missions
viendrez-vous danser sur les quais
au son des tubas et des horloges

comme un lucane sur le dos
au milieu de la route
comme un puits soudoyé
comme une pêche véreuse
la halte est de dalles et de ronces
un signal de traviole
un carrefour angoissé
et la fontaine tarie
viendrez-vous danser à la station de taxi
au son des clavecins et des tachygraphes

comme une rosalie neuve
sous l’écorce déchirée
comme une scie qui rouille
comme une gerbe de sarments
l’âtre est humide et boréal
un soufflet crevé
un allume-feu somnifère
et le refuge hanté
viendrez-vous danser à la télécabine
au son des fifres et des sonnailles

comme une sauterelle en panne
dans les épilobes
comme un cerf-volant déchiré
comme une gélinotte perdue
l’itinéraire est brisé d’étoiles
un cairn foudroyé
un chamois aveugle
et la crevasse qui prie
viendrez-vous danser dans le pierrier
au son du vibraphone et du dégel

comme un papillon de nuit
attiré par la lune
comme une lampe-tempête folle
comme un météorite qui fume
le bivouac est sacré et minéral
un jus de racines amères
un choucas qui renonce
et le piton qui vacille
viendrez-vous danser dans la voie lactée
au son des hautbois et des satellites

viendrez-vous danser vraiment

3 septembre 2011

jeudi 1 septembre 2011

les souvenirs sont carnassiers

les souvenirs sont carnassiers
d’illusions et d’ambitions
les matins flamboyants
les cerisiers en fleurs
les amours en bouton
et le monde à ma portée

la mémoire salive, déglutit et rote

les souvenirs sont détrempés
d’averses et d’orages
les midis lourds et dangereux
les vernes enchevêtrées
les amours en ravine
et le monde à ma source

la mémoire mâche, remâche et rote

les souvenirs sont en jachère
d’abandons et de fuites
les soirs douteux
les rosiers malades
les amours parasites
et le monde à mon compost

la mémoire rumine un rogaton et rote

les souvenirs sont brûlés
de colères et de vanités
les nuits incendiées
les forêts asséchées
les amours mortes de soif
et le monde à mes cendres

la mémoire vomit, recrache et rote

les souvenirs lâchent leurs gamètes
la mémoire est un viscère

2 septembre 2011