1440 minutes

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editions d'autre part

samedi 30 avril 2011

le chat mange un lézard

le chat mange un lézard
faridondaine et maître queux
le chat mange un lézard
prendra ma chaise et ma place au soleil

le chat mâchouille une grenouille
faridondaine et maître queux
le chat mâchouille une grenouille
prendra mes amours et ma princesse

le chat dévore un rouge-gorge
faridondaine et maître-queux
le chat dévore un rouge-gorge
prendra mes révoltes et mes chansons

le chat grignote un papillon
faridondaine et maître-queux
le chat grignote un papillon
fera des rêves et des crottes en couleur

le chat chipote une araignée
faridondaine et maître-queux
le chat chipote une araignée
sucera ma cervelles et mes idées

faridondaine tant pis pour lui
faridondon bien fait pour lui

30 avril 2011

sur le banc du monde

le pavé se soulève
sur une crue d’illusions
la terre et la révolte fermentent
demain nous boirons des liqueurs neuves
nous chanterons des chants nouveaux
et nous caresserons le ciel

une vielle dame est assise
sur le banc du monde
elle jette des miettes aux moineaux

le goudron se déchire
sur une crue d’espérances
l’école et le torrent bouillonnent
demain nous arroserons des prairies neuves
nous réciterons des poèmes nouveaux
et nous déshabillerons la comète

une vieille dame est assise
sur le banc du monde
elle jette des miettes aux moineaux

le ballaste craquelle
sur une crue de rêves
les rues et les jardins fleurissent
demain nous bénirons des places neuves
nous écrirons des codes nouveaux
et nous baiserons le ciel

une vieille dame est assise
sur l’aile d’un moineau
elle jette ses miettes au monde

30 avril 2011

lundi 25 avril 2011

tant de lunes et tant de printemps

dans le cimetière de Blatten
les morts racontent
des histoires d’avalanches
et d’incendies
ils regardent le couchant
et saluent le touriste et la factrice

tant de lunes et tant de printemps

dans le cimetière de Blatten
les morts remâchent
les fièvres et les couches désastreuses
ils regardent la vallée
et saluent les amoureux et le troupeau de chèvres

tant de lunes et tant de printemps

dans le cimetière de Blatten
les morts dorment très longtemps
temps d’un mélèze ou d’un glacier
ils regardent le ciel
et saluent les grives et le jodle

tant de lunes et tant de printemps

24 avril 2011

comme un chapelet du diable

un casse-noix a lancé le printemps
dans le haut val de l’alpe
le peintre du village noir
a gardé sa palette d’hiver
vert sombre des sapins
ocre brûlé des mélèzes
terre de sienne des prés
dans le lit du Tännbach
j’ai vu des rochers de granit
comme un chapelet du diable

une marmotte a traversé le névé
le fumier de mouton défile dans le village
dans un camion turquoise
le curé du village noir
a gardé sa liturgie des ténèbres
noir sale de la soutane
noir sombre du confessionnal
noir charbon des péchés
dans le lit du Milibach
j’ai vu les barons de l’hydraulique
comme un statuaire du diable

la trompette du car postal
a sonné dans le tunnel
la veuve du village noir
a gardé le deuil coutumier
rouge des lumignons
rouge des pensées
mauve de la voilette
dans le lit du Nestbach
j’ai vu la chute des séracs
comme un bowling du diable

23 avril 2011

vendredi 22 avril 2011

je cueille du soleil

le ramier crache son gramophone
le frêne du voisin stoppe sa course vers le ciel
et la révolution gonfle dans le noisetier
le matin me surprend sur mon tabouret
je cueille un bouquet de soleil
et le dépose dans ta chambre

le chardonneret se soûle de pissenlit
le frêne du voisin nourrit le capricorne
et la révolution s’envole vers le sureau
le matin me surveille dans le pré
je cueille un brin de soleil
et le dépose dans ton lit

le merle tire la langue au chat
le frêne du voisin est un loft pour sitelles
et la révolution embrasse la pivoine
le matin me bouscule à ta rencontre
j’attrape un rayon de soleil
et le dépose sur ton sein

sans gêne ni rapière

22 avril 2011

samedi 16 avril 2011

coucou est revenu

dans une boîte en fer blanc
des mots reclus
sans envergure sans entregent
un geste fermé sur l’oubli
des bribes du monde
grincent aux jointures d’un sourire
le ciel peut bien s’énerver
coucou est revenu dans le vallon

dans un cabas des lundis
des mots fatigués
sans nerfs sans couleurs
un geste éteint sur les envies
des soldes de rencontres
se bradent au plus offrant
le ciel peut bien s’effriter
coucou est revenu dans le vallon

dans un sac de farine
des mots teigneux
des vers blancs des rimes moisies
un geste déboité sur le tangage
des lambeaux d’illusions
gondolent sur le papier peint
le ciel peut bien jaunir
coucou est revenu dans le vallon

dans un cageot potager
des mots germés
en promesses en boutons
un geste éclaté dans un bugle de printemps
des grappes de désirs
remontent les artères
le ciel peut bien s’évader
coucou est revenu dans le vallon

16 avril 2011

samedi 2 avril 2011

je croque une pomme

à un jour près
il est temps d’inonder le pré
de marcher dans la vase
de surveiller les chauve-souris
le vigneron sulfate sa vigne
le cheval s’impatiente
je croque une pomme
et je ris avec le pic épeiche

à une heure près
il est temps d’arroser les pivoines
de s’allonger sur l’herbe
d’agacer le bourdon
le vigneron respire le soufre et le cuivre
le cheval gratte du sabot
je croque une pomme
et je bisse le chant du merle

à une minute près
il est temps de saluer le facteur
de boire un sirop d’orgeat
et de suivre le vol nuptial du rouge-queue
le vigneron fait un feu de sarments
le cheval hennit et rue
je croque une pomme
et je prête une rime au rouge-gorge

à une seconde près
il est temps d’ouvrir le cœur et la fenêtre
de respirer le printemps
de guetter ton réveil
le vigneron boit son vin au goulot
le cheval se roule sur la terre humide
je vais croquer la pomme
tu nages en plein soleil

2 avril 2011