1440 minutes

1440 minutes
editions d'autre part

dimanche 30 novembre 2014

dépuceler la passionaria


les aventures des chiennes dans la châtaigneraie
le jus de la guimauve sous la source de tuf
le corbillard dérupité dans le pierrier du torrent
la couronne de fleurs en plastique sur la croix des missions
et le berger qui fait boucherie d’une brebis boiteuse
 
allumer des contre-feux pour conjurer l’hiver
promener une brouettée de choux à la sortie de la messe
dépuceler la passionaria l’après-midi du grand soir
 
que vienne le chant du clairon à la porte du dispensaire

samedi 29 novembre 2014

entretenir un commerce avec la dame-pipi


le caillou dans la chaussure du mille-pattes
la rancœur qui mijote dans le sang du jaloux
la crise de foie de la mante religieuse
la brume qui s’invite dans les yeux de l’amoureuse
et la panoplie de Tarzan dans l’armoire à balais
 
tirer le rideau sur une mélancolie malpropre
essuyer la vaisselle des mots de divergences
entretenir un commerce avec la dame-pipi du théâtre
 
que vienne l’allumeur de lanternes à la soirée de veille

vendredi 28 novembre 2014

vouvoyer la douairière


la livraison retardée d’une pinte de bon sang
le mousqueton du chasseur-alpin oublié au bistrot
la chanson viking sous le balcon de l’amoureuse
l’envie de voyage incrustée dans les ovaires
et le ticket de tramway pour donner illusion
 
composter le chagrin à la sortie du supermarché
parfumer la literie d’un jus de crocus
vouvoyer la douairière à la porte de la chambre
 
que vienne l’échanson avec son vin de noces

jeudi 27 novembre 2014

gourmander la cousine


le démembrement de la poulie dans les viscères
la cartouche à dessein dans la poche à gousset
la carte d’anniversaire postée à fausse date
les miettes de pain dans le caleçon du samedi
et la mélancolie pitonnée dans un ressaut de falaise
 
raboter une fatigue vieille sur la nuque
décompter les soucis dans le bidon à récurer
gourmander la cousine nue dans la cabane de chantier
 
que vienne un salmigondis de ressentiment dans les interstices de l’âme

mercredi 26 novembre 2014

délacer le corset de la flûtiste


les pives de mélèzes déversées dans la hotte
le casse-noix qui grince dans le talus d’en face
le berger des nuées mâchouillant une racine de gentiane
le chien de rouge qui retrouve la trace de l’abattoir
et le gardien des heures sombres qui s’ennuie à mourir
 
mêler le calendrier des saints au carnet des saillies
brasser la bière amère des chemins de croix
délacer le corset de la flûtiste avant l’allegretto
 
que vienne la métaphore d’une nuit de l’Avent

lundi 24 novembre 2014

embarquer la sommeilière


le genou qui transhume les scories du bal
l’escarpin qui brille de salive et de bière
l’euphonium qui ronfle un excédent de vinasse
la tombola qui ravive une parcelle de dieu
et la mélancolie du torchon ressuyant les verres de cantine
 
éteindre son mégot d’un talon présomptueux
ordonner au petiot de surveiller les verres
embarquer la sommelière dans un tango ravagé
 
que vienne un solo de trompette pour saluer le désir

dimanche 23 novembre 2014

lacérer la robe de la pacificatrice


l’ectoplasme du juge dans le miroir de l’étang
le nénuphar pendu parce qu’il ne sait pas se noyer
l’absence d’intention dans l’œil du crapaud
le coupeur d’osier s’excusant auprès du butor
et le carré de chocolat fondu dans la poche de l’écolière en fugue
 
jeter la tarte aux pommes parce que personne n’est venu
ravauder la toile d’araignée dans la chambre d’ami
et lacérer la robe de la pacificatrice des affligés
 
que vienne l’armistice des vents de dessiccation

jeudi 20 novembre 2014

blâmer la démarieuse


le balai-de-riz sur l’escalier des mariages
les confettis qui dansent sous la bise mesquine
le dormeur du banc public qui ronfle du Wagner
la marchande de nems dans sa roulotte en carton
et le pigeon qui rame sur le trottoir encombré
 
remonter le ressort de la stupéfaction
rassembler les bons mots pour les salutations
blâmer la démarieuse des accouplés de la nuit
 
que vienne un service de voirie sur nos résolutions

caresser à rebrousse-poil la brodeuse de corsets


le rideau souffreteux ajouré par l’araignée
l’idée d’un feu de cheminée dans le pouls de la carotide
la chaussette impaire accoudée à la fenêtre
la chemise imprégnée d’odeur de choucroute
et la pamoison d’une rose sur l’édredon des lundis
 
recuire la nostalgie dans un jus de saindoux
abreuver le cancrelat grignotant le cortex
caresser à rebrousse-poil la brodeuse de corsets
 
que vienne l’abandon des agapes familiales

mercredi 19 novembre 2014

étreindre la savetière


la tronçonneuse manchote dans la saulée
l’huile de ricin brûlée dans le chiffon d’étoupe
le mazout de chauffage dans l’amorce de la pompe
le bois de lune pour les lattes du sommier
et les rémiges du canard dans la minuterie
 
relancer toutes les machineries pour rallumer le doute
mettre dans le bas de laine la mansuétude du mouton
étreindre la savetière dans le hangar des sauvagines
 
que vienne sur la table de la cuisine l’excuse de l’usurier

lundi 17 novembre 2014

abreuver la diamantaire


la ronde des couleurs dans le lit des tempêtes
les nuances d’affliction sur le calendrier
le point noir comme un trou au milieu de l’horloge
le point cardinal émacié au creux de la main
et la cartographie des roseaux sur le pain quotidien
 
abraser les aspérités des jours de la semaine
vernisser les écorchures de la rancœur
abreuver la diamantaire avec un jus de réglisse
 
que vienne l’heure des courriers du cœur

dimanche 16 novembre 2014

enfermer l'oiseleuse


l’écorce du bouleau qui raconte les anges
le fauteuil Voltaire sur le tapis de feuilles mortes
le thermos de thé de Chine trop sucré de miel
le gingembre confit pour réchauffer les entrailles
et la plainte du roitelet abandonné
 
rincer la vie à l’eau des torrents
colmater la conscience avec la vase de l’étang
enfermer l’oiseleuse dans la cage des ressentiments
 
que vienne un chant de repos et de contrition

samedi 15 novembre 2014

enlacer la mercière


le silence emmuré dans la queue d’une comète
la déchirure de l’après-midi sur un seul coup de vent
l’avoine fermentée pour l’ivresse d’un vieux cheval
la fatigue déshabillée sur la banquette d’une salle d’attente
la nuit qui tire son coup au premier coup de l’horloge
 
délacer avec tendresse la prison d’un corset
délaisser la musique sur un piano en déroute
enlacer la mercière et ses attaches câlines
 
que vienne une flambée de bois de rose dans le ventre de la veuve

mercredi 12 novembre 2014

soûler la montreuse d'ours


l’alcool de cafard dans la gourde abimée
le mouchoir sale de sueur fatiguée
la trappe à souris dans le buffet des conquêtes
le chaudron de soupe à la misère
et le calendrier sans jour de fête
 
raviver la verrue d’un coup d’ongle noir
essorer la liquette dans la cuve à soucis
soûler la montreuse d’ours avec de l’hydromel
 
que vienne la neuvaine des tornades et des tremblements

dimanche 9 novembre 2014

soudoyer la pêcheresse


le cri de la sarcelle au-dessus de l’étang
le vélo couché au bord de la roselière
le peintre exténué qui lèche son bleu de Prusse
le chagrin de la clématite abandonnée sur un banc
et le chant sublime de la jeune femme sur sa barque
 
tremper son pinceau dans une grenouille rousse
détourner la perspective du tableau
soudoyer la pêcheresse avec une cuiller en argent
 
que vienne la pêche miraculeuse des bonbons colle-aux-dents

samedi 8 novembre 2014

séduire la sacristaine


l’incendie de la forêt à l’arrière d’une ville trop blanche
le fleuve qui charrie des pénitences et de la cendre
la fontaine qui goutte le fiel du rituel
le béret du violoniste pour faire la quête
et le remords de la grenouille qui coagule le sang des pauvres
 
harmoniser le chant du corbeau
repeindre les pétales de la rose gelée
séduire la sacristaine derrière la Vierge aux Cent Douleurs
 
que vienne l’hébétude sous l’assommoir indulgent

jeudi 6 novembre 2014

racheter une esclave


l’envol du bouquet au-dessus d’un paravent
le lit de noces dans une boule à neige
l’incertitude comme un caillou dans la chaussure
le livre des prénoms sous le livre des heures
et le sang des menstrues sacrificielles
 
lire l’avenir dans le foie d’un coq
marier le chardon avec le myosotis
racheter l’esclave pour le prix d’un diamant
 
que vienne la mousson sur un désir de mariage

mardi 4 novembre 2014

réchauffer la colonelle


le soldat endormi sur son quart de vin
les feux de balises étouffés par la pluie
le clairon rouillé sous le lit de camp
la carte des denrées bouffée par les rats
et l’ennemi qui siphonne un verjus de victoire
 
repriser la bannière avec du gros fil de cuivre
écrire un couplet sombre à l’hymne du canton
réchauffer la colonelle avec du baume tranquille
 
que vienne la relève dans cette nuit chahutée

dimanche 2 novembre 2014

caresser le jarret de la vétérinaire


les plumes du choucas pour conjurer la neige
la mue du serpent pour camoufler les rides
la flambée de bois résineux pour feu d’artifice
la porte de la grange ouverte aux bohémiennes
et le trombone qui renonce à l’angélus
 
négocier au rosier une rose de dentelles
plumer une poularde pour un anniversaire
caresser le jarret de la vétérinaire
 
que vienne la poussière de Vénus sur le drap de lit

 

samedi 1 novembre 2014

mentir à l'infirmière-visiteuse


la contrition des amoureux au motel des fleurs
la serviette de bain qui sent le musc et le forçat
le géranium qui ment sur le bord de la fenêtre
la mésange sans pudeur ni scrupule
et l’incendie de la chapelle des mariages
 
ouvrir la barrière du parc au vieux cheval
saler la soupe aux choux avec du petit lard
mentir à l’infirmière-visiteuse le lundi matin
 
que vienne un brouillard de rédemption sur le séjour des morts