1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 20 septembre 2009

un seul geste de toi

les pieds nus sans boussole
je longe les roseaux
je fais le rossignol
total amoroso
danse le tournesol
sous le poids de l'oiseau

un seul geste de toi
et j'ai la peau heureuse


tu traverses le pré
tu nages dans le trèfle
ton chemin est diapré
clair-obscur bas-relief
ton pas est chaloupé
élégant noureïev

une audace une pose
et j'ai la peau heureuse


parmi les capucines
je m'assois au jardin
tu sais tu me fascines
me ferai baladin
de désir me calcine
je suis rendu bredin

un seul geste de toi
et j'ai la peau heureuse


tu entres dans ta chambre
et tu te déshabilles
contre-jour reflets d'ambre
le soleil est vanille
tu souris et te cambres
brûlantes banderilles

une audace une pose
et j'ai la peau heureuse


j'entre dans ton jardin
pour humer tes jonquilles
le geste est libertin
ton muscat je grappille
dans le creux du satin
le plaisir nous fusille

un seul geste de toi
et j'ai la peau heureuse
une audace une pose
et j'ai la peau heureuse
20 septembre 2009
mis en musique et créé
à la Ferme-Asile à Sion
le 16 janvier 2010
par Hervé Chavanon
merci

jeudi 17 septembre 2009

les migrateurs

le soir monte de la peupleraie
une dentelle de brume
et un rosaire de feuilles sèches
un jappement dans les roseaux
et un envol de canards

ils ont fait un brasero
dans un tonneau de fuel
qui les rassemble
quelle feuille de route
quel ordre de marche

deux enfants somnolent dans une couverture
ça sent l'urine et le lait caillé
une femme fredonne une berceuse slave
quatre cordes à sa guitare
un grelot à sa cheville
trois hommes se disputent un chemin sur la carte
une bouteille de gnôle est un signal de trêve
un patriarche caresse un mousquet
qui se souvient des colonies
guerres sans nom et sans héros
une mama prie tous les saints du calendrier
chacun sa protection
chacune son martyre

la nuit se tisse dans les branches
un tricot de brouillard
et un chemin de croix de ronces
un ululement bref
et la mort campagnole

ils ont fait un brasero
dans un tonneau de fuel
qui les rassemble
quelle feuille de route
quel ordre de marche

un chien gris lèche une patte blessée
ses yeux coulent et il a mal aux dents
un enfant renifle
un autre pleure en silence
une femme remonte sa robe
et danse une mazurka d'amour
le chemin est une piste aux étoiles
un homme mime le trapéziste sur la frontière
son frère au nez rouge marche sur des verres en pyrex
un troisième fait le nain en marchant à genoux
il faut rire et chanter
il faut boire et danser
un patriarche ricane et flatte sa troupe
une mama claque un ora pro nobis
à la saint Barthélémy

la nuit est tendue sur le fossé
un ourlet de rosée
et un chapelet d'épines
un sifflet de sirène
et un coup de feu

le brasero est éteint dans le tonneau éventré

quand les services de sécurité sont arrivés
ils ont touché la peur, l'abattement et l'abandon

qui les disperse
quelles directives quelle procédure
quels formulaires quelle déshumanité
quels matricules quelle abomination


le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

17 septembre 2009

vendredi 11 septembre 2009

pour traverser

tant souffert tant souci
cimetière et boursoufflure

le vent s'est levé vertical
dansent noix et noisettes
la montagne athée ne bouge pas
elle mange un peu plus de ciel
le soir est acide et tremblant
pour traverser ta nuit
me ferai soudard

tant souffert tant souci
sarabande et serpentine

un arbre est tombé
emportant la route
le marché aux poissons
ne nourrit plus son homme
la pivoine a roulé
devant le motocycliste
pour traverser ton matin
me ferait soudard

tant souffert tant souci
ciboire et sacrifice

l'orme s'est défeuillé
le long d'un dimanche
à l'heure de la messe
le troisième larron s'est enfui
l'orgue hésite entre tango et mazurka
pour traverser ton printemps
me ferai soudard

tant souffert tant souci
prothèse et statuaire

le raisin a pourri
méprisant la grive et le sansonnet
triste noce l'eau est restée eau
et la mariée a cassé son talon
le garçon d'honneur a crevé l'accordéon
pour traverser ta vie
me ferai soudard
soudard et bandit

tant souffert si souci
tant souci si souffert

sans gêne ni rapière

11 septembre 2009

madame l'évêque

madame l'évêque a mis des perles à sa mitre
un jour je lui ferai un poème

madame l'évêque a mis du vin dans son vin
un jour je lui ferai une noce

madame l'évêque caresse son sceptre à deux mains
un jour elle me sexcommunie

madame l'évêque s'est trompée de jésus
un jour je lui serai prie-dieu

madame l'évêque depuis choisit son paradis
un jour je lui ferai un enfant

sans gêne ni rapière

11 septembre 2009

dimanche 6 septembre 2009

je suis une étoile famélique

c'est une musique
un chant de femme
mélopée païenne dans une église
tambour de deuil et d'espérance
un désaccord violent et tonique

c'est une musique
un rituel
venu des entrailles et de la caverne
venu des poumons et de la mer

il est l'heure des abandons
et de solitude nécessaire
ouvrir la fenêtre et fermer le voilage
je suis une étoile famélique
et mensongère

c'est une musique
une cantate fanfaronne
des cuivres et des bois dans un souterrain
cymbale et grosse caisse d'ivresse et d'orgie
des claquements et des chevauchées

c'est une musique
une sublimation
venue des pieds et de l'orage
venue de l'aorte et du champ de bataille

il est l'heure des renoncements
et de colère nécessaire
ouvrir la fenêtre et fermer le rideau
je suis une étoile famélique
et lapidaire

c'est une musique
une complainte de contrebasse
un hurlement dans la forêt
une vibration de transe et de folie
un staccato en vrille et chute libre

c'est une musique
une démesure
venue de la cochlée et du typhon
venue du cervelet et de la tornade

il est l'heure des enfermements
et de silence nécessaire
ouvrir la fenêtre et fermer la tenture
je suis une étoile famélique
et meurtrière

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

6 septembre 2009