la nuit monte vite
sur le marais de l’ancien fleuve
un héron maussade
sommeille sur un tronc de saule
les roseaux se taisent
et regrettent les rousseroles
je fume du tabac gris
sur le trottoir du vide
je fume
et décompte les amitiés vieilles
la nuit monte vite
sur le canal de brume
une foulque agacée
broute de l’herbe brune
les joncs se taisent
et regrettent les phragmites
je fume du tabac jaune
sur la passerelle du doute
je fume
et décompte les querelles tenaces
la nuit monte vite
sur les vergers de fatigue
une pie taciturne
dépiaute une pomme tombée
les chardons se taisent
et regrettent les bouvreuils
je fume du tabac brun
sur le quai des ruptures
je fume
et décompte les actes manqués
la nuit monte vite
sur le bosquet de peupliers
une troupe de corneilles
s’installent pour la nuit
les bardanes se taisent
et regrettent les rouge-queue
je fume du tabac noir
je fume
et décompte les espoirs avortés
la nuit monte vite
la nuit monte trop vite
je fume
et décompte une vie sorcière
30 novembre 2010
mardi 30 novembre 2010
dimanche 28 novembre 2010
comme une pomme caramélisée
et puis
comme une pomme caramélisée
une heure à perdre
abandonner le temps compté comptable
contempler la sitelle à ses affaires
respirer l’éternité et le présent
saluer la calendule sous la neige
arpenter le vide et le silence
oublier sans remords le poème perdu
et puis
comme une araignée à sa toile
une heure à pendre
poser un fil à plomb sur le battant de l’horloge
décompter le tambourin de l’épeiche
funambuler le fil tendu entre les secondes
saluer la chrysalide sur l’ortie
arpenter la croix et le chemin
décrocher avec tendresse le poème pendu
et puis
comme un glas sonné dans le village
une heure à tuer
refermer la paupière et le sépulcre
tremper sa plume dans le noir du corbeau
dénouer le faire-part et l’hommage
saluer le gel sur le chrysanthème
arpenter le souvenir et la tombe
ensevelir sans remords le poème mort
et puis
comme un reflet de soleil sur la vitre
une heure à naître
inventer un nouveau petit nom de baptême
coucher sur la portée la cantate du merle
repeindre en sucre glace le lait de nourrice
saluer le sureau exorciste
arpenter le premier souffle et la promesse
accueillir avec tendresse le poème nouveau-né
28 novembre 2010
comme une pomme caramélisée
une heure à perdre
abandonner le temps compté comptable
contempler la sitelle à ses affaires
respirer l’éternité et le présent
saluer la calendule sous la neige
arpenter le vide et le silence
oublier sans remords le poème perdu
et puis
comme une araignée à sa toile
une heure à pendre
poser un fil à plomb sur le battant de l’horloge
décompter le tambourin de l’épeiche
funambuler le fil tendu entre les secondes
saluer la chrysalide sur l’ortie
arpenter la croix et le chemin
décrocher avec tendresse le poème pendu
et puis
comme un glas sonné dans le village
une heure à tuer
refermer la paupière et le sépulcre
tremper sa plume dans le noir du corbeau
dénouer le faire-part et l’hommage
saluer le gel sur le chrysanthème
arpenter le souvenir et la tombe
ensevelir sans remords le poème mort
et puis
comme un reflet de soleil sur la vitre
une heure à naître
inventer un nouveau petit nom de baptême
coucher sur la portée la cantate du merle
repeindre en sucre glace le lait de nourrice
saluer le sureau exorciste
arpenter le premier souffle et la promesse
accueillir avec tendresse le poème nouveau-né
28 novembre 2010
mardi 23 novembre 2010
les grands labeurs de l'automne
jeter les feuilles mortes aux grandes orgues
carder les épilobes à la fenêtre
chausser les sabots pour la mousson
façonner des boutons d’os et de corne
les grands labeurs de l’automne
font l’échine ronde et les cals
bénir le jardin
tisser une corde
saler les choux
embrasser sa mère
écrire à un ami
balayer les factures devant la porte
cuire et recuire la marmelade de coing
couper l’élastique des chaussettes
tricoter une écharpe de haine
les grands labeurs de l’automne
font la cervelle aigre et l’insomnie
aiguiser la faux
retendre la corde à linge
huiler la bêche
saluer son père
apprendre une chanson
brûler les remords pleins de vermine
fumer le petit lard sous le hangar
graisser le ressort des souricières
coudre une doublure au vieux chandail
les grands labeurs de l’automne
font les épaules lourdes et la migraine
tailler le poirier
fermer le jardin
bercer le rosier
embrasser sa femme
écrire un nouveau poème
les grands labeurs de l’automne
font le regard fatigué et la mélancolie
embrasser sa femme
récrire le même poème
et passer l’hiver
23 novembre 2010
carder les épilobes à la fenêtre
chausser les sabots pour la mousson
façonner des boutons d’os et de corne
les grands labeurs de l’automne
font l’échine ronde et les cals
bénir le jardin
tisser une corde
saler les choux
embrasser sa mère
écrire à un ami
balayer les factures devant la porte
cuire et recuire la marmelade de coing
couper l’élastique des chaussettes
tricoter une écharpe de haine
les grands labeurs de l’automne
font la cervelle aigre et l’insomnie
aiguiser la faux
retendre la corde à linge
huiler la bêche
saluer son père
apprendre une chanson
brûler les remords pleins de vermine
fumer le petit lard sous le hangar
graisser le ressort des souricières
coudre une doublure au vieux chandail
les grands labeurs de l’automne
font les épaules lourdes et la migraine
tailler le poirier
fermer le jardin
bercer le rosier
embrasser sa femme
écrire un nouveau poème
les grands labeurs de l’automne
font le regard fatigué et la mélancolie
embrasser sa femme
récrire le même poème
et passer l’hiver
23 novembre 2010
nous emmêlons
regard étincelle
année-lumière à ta poitrine
je remonte la passerelle
vers la cuisine
soupe aux légumes et fromage vieux
nous emmêlons nos rires
et nos soucis
je t’aime
je t’aime jusqu’au fond du bol
prunelle danse
année-lumière à ton jupon
je remonte l’échelle de corde
vers le grenier
souvenirs jaunis et livres vieux
nous emmêlons nos rêves
et nos carnets du lait
je t’aime
je t’aime jusqu’au dernier centime
pupille brûle
année-lumière à ton cœur
je remonte l’escalier
vers la chambre
dentelles fines et corset vieux
nous emmêlons nos désirs
et nos grains de peaux
je t’aime
je t’aime jusqu’à la marée de l’aube
je t’aime
je t’aime jusqu’aux marais salants
sans gêne ni rapière
23 novembre 2010
année-lumière à ta poitrine
je remonte la passerelle
vers la cuisine
soupe aux légumes et fromage vieux
nous emmêlons nos rires
et nos soucis
je t’aime
je t’aime jusqu’au fond du bol
prunelle danse
année-lumière à ton jupon
je remonte l’échelle de corde
vers le grenier
souvenirs jaunis et livres vieux
nous emmêlons nos rêves
et nos carnets du lait
je t’aime
je t’aime jusqu’au dernier centime
pupille brûle
année-lumière à ton cœur
je remonte l’escalier
vers la chambre
dentelles fines et corset vieux
nous emmêlons nos désirs
et nos grains de peaux
je t’aime
je t’aime jusqu’à la marée de l’aube
je t’aime
je t’aime jusqu’aux marais salants
sans gêne ni rapière
23 novembre 2010
dimanche 21 novembre 2010
quelqu'un a dû pousser l'interrrupteur
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
une éolienne de bronze dans la trachée
un sirocco brûlant dans le pharynx
un chant d’incendie
un hymne de caverne
ces voix viennent des volcans
des abysses
de la banquise
ces voix parlent une langue
d’oiseaux de mer et d’insectes
elles mettent à mal des dieux et des dogmes
elles mettent bas des tempêtes et des aurores
elles réconcilient les forêts
et bénissent les roses trémières
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
des ventilateurs dans les hautbois
des souffleries dans les bassons
une cantate de cristal
un hymne de torrent
ces voix viennent des glaciers
des avalanches
de la paroi de granit
ces voix parlent une langue
de lagopèdes et de bouquetins
elles mettent à mal une déesse et ses sbires
elles mettent bas des trompettes et des floraisons
elles consolent les grèves
et soulagent les boutons de pivoines
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
des vibrations dans les bronches
des vrombissements dans les ventres
un opéra de cathédrale
un hymne de haut-fourneau
ces voix viennent des usines
des forges
des laminoirs à ciel ouvert
ces voix parlent une langue
de scies et d’enclumes
elles mettent à mal le diable et ses prêtresses
elles mettent bas des gouffres et des orages
elles aiguisent les querelles
et bercent les ruminations d’aubépines
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
j’attends sans impatience
le bal des machines de l’insomnie
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
j’attends sans impatience
le bal des machines de l’insomnie
21 novembre 2010
une éolienne de bronze dans la trachée
un sirocco brûlant dans le pharynx
un chant d’incendie
un hymne de caverne
ces voix viennent des volcans
des abysses
de la banquise
ces voix parlent une langue
d’oiseaux de mer et d’insectes
elles mettent à mal des dieux et des dogmes
elles mettent bas des tempêtes et des aurores
elles réconcilient les forêts
et bénissent les roses trémières
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
des ventilateurs dans les hautbois
des souffleries dans les bassons
une cantate de cristal
un hymne de torrent
ces voix viennent des glaciers
des avalanches
de la paroi de granit
ces voix parlent une langue
de lagopèdes et de bouquetins
elles mettent à mal une déesse et ses sbires
elles mettent bas des trompettes et des floraisons
elles consolent les grèves
et soulagent les boutons de pivoines
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
des vibrations dans les bronches
des vrombissements dans les ventres
un opéra de cathédrale
un hymne de haut-fourneau
ces voix viennent des usines
des forges
des laminoirs à ciel ouvert
ces voix parlent une langue
de scies et d’enclumes
elles mettent à mal le diable et ses prêtresses
elles mettent bas des gouffres et des orages
elles aiguisent les querelles
et bercent les ruminations d’aubépines
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
j’attends sans impatience
le bal des machines de l’insomnie
quelqu’un a dû pousser l’interrupteur
j’attends sans impatience
le bal des machines de l’insomnie
21 novembre 2010
vendredi 19 novembre 2010
qu'à démesure
il n’y a de mesure qu’à démesure
il n’y a de chant qu’à contrechant
un bout de parchemin
en robe du soir
une lettre d’amour
en nuisette ajourée
un certificat médical
en chemise à carreaux
un avis de droit
en petite liquette
c’est du Mozart en béchamel
c’est du Mahler en garbure
comment dit-on
comment dit-on les manques et les envies
il n’y a de mesure qu’à démesure
il n’y a de danse qu’à contredanse
un pacte du jour
en papier d’Arménie
un salut solennel
en buvard jaunâtre
un sacrement de nuit
en carton bitumé
un contrat sans témoin
sur une liste mailing
c’est du Mozart en béchamel
c’est du Satie à la ficelle
comment dit-on
comment dit-on les manques et les envies
il n’y a de mesure qu’à démesure
il n’y a de point qu’à contrepoint
un silence avoué
sur le porte-manteau
un regard receleur
sur la poignée complice
une promesse à défaire
sur le sentier trahi
un ordre ravalé
au bloc opératoire
c’est du Mozart en béchamel
c’est du Schubert en rémoulade
comment dit-on
comment dit-on les manques et les envies
19 novembre 2010
il n’y a de chant qu’à contrechant
un bout de parchemin
en robe du soir
une lettre d’amour
en nuisette ajourée
un certificat médical
en chemise à carreaux
un avis de droit
en petite liquette
c’est du Mozart en béchamel
c’est du Mahler en garbure
comment dit-on
comment dit-on les manques et les envies
il n’y a de mesure qu’à démesure
il n’y a de danse qu’à contredanse
un pacte du jour
en papier d’Arménie
un salut solennel
en buvard jaunâtre
un sacrement de nuit
en carton bitumé
un contrat sans témoin
sur une liste mailing
c’est du Mozart en béchamel
c’est du Satie à la ficelle
comment dit-on
comment dit-on les manques et les envies
il n’y a de mesure qu’à démesure
il n’y a de point qu’à contrepoint
un silence avoué
sur le porte-manteau
un regard receleur
sur la poignée complice
une promesse à défaire
sur le sentier trahi
un ordre ravalé
au bloc opératoire
c’est du Mozart en béchamel
c’est du Schubert en rémoulade
comment dit-on
comment dit-on les manques et les envies
19 novembre 2010
dimanche 14 novembre 2010
mourir d'excès
je mourrai
je mourrai d’un excès de sucre
jus d’abeilles et danse de caresses
cerises au sirop et melons confits
liqueur de cassis et meringues
barba papa et bastringue
caramel petit filet et douce liesse
vin de pêche et lacrima christi
appuyé sur des cannes
je mourrai d’un excès de sucre
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressuscitis aussitôt
et je ressuscitos au City
et je ressuscitas au guignol
et je ressuscitol en petit tas
je mourrai
je mourrai d’un excès de sel
prairie de salines et suc de Gomorrhe
liqueur de mer morte et bœuf en croûte
bouillon cube et réduction de consommé
viande en saumure et petit lard fumé
goûte goûte sale et sale encore
concentré de sodium et salpêtre sans doute
décharné dans le désert
je mourrai d’un excès de sel
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressuscitis aussitôt
et je ressuscitos au City
et je ressuscitas au guignol
et je ressuscitol en petit tas
je mourrai
je mourrai d’un excès de vitesse
sortie de route et mur du son
liqueur de bielles et carlingue en miettes
année lumière et cervelle vitrifiée
chute libre et vol de martinet
nerfs en pelote et neurones pris d’ivresse
embardée du cœur et voltige des poumons
catapulté dans le ciel
je mourrai d’un excès de vitesse
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressuscitis aussitôt
et je ressuscitos au City
et je ressuscitas au guignol
et je ressuscitol en petit tas
je mourrai
je mourrai d’un excès de zèle
richesse du protocole et sombre répétition
cumul aveugle et frustration sourde
noir ravissement et froid éblouissement
fleurs fauchées et coupe de sentiments
diagnostic forcené et funeste obsession
fierté en bidon et bêtise en gourde
ficelé dans les mots d’ordre
je mourrai d’un excès de zèle
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressusciti aussitôt
et je ressuscito au City
et je ressuscita au guignol
et je ressuscitol en petit tas
le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre
14 novembre 2010
je mourrai d’un excès de sucre
jus d’abeilles et danse de caresses
cerises au sirop et melons confits
liqueur de cassis et meringues
barba papa et bastringue
caramel petit filet et douce liesse
vin de pêche et lacrima christi
appuyé sur des cannes
je mourrai d’un excès de sucre
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressuscitis aussitôt
et je ressuscitos au City
et je ressuscitas au guignol
et je ressuscitol en petit tas
je mourrai
je mourrai d’un excès de sel
prairie de salines et suc de Gomorrhe
liqueur de mer morte et bœuf en croûte
bouillon cube et réduction de consommé
viande en saumure et petit lard fumé
goûte goûte sale et sale encore
concentré de sodium et salpêtre sans doute
décharné dans le désert
je mourrai d’un excès de sel
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressuscitis aussitôt
et je ressuscitos au City
et je ressuscitas au guignol
et je ressuscitol en petit tas
je mourrai
je mourrai d’un excès de vitesse
sortie de route et mur du son
liqueur de bielles et carlingue en miettes
année lumière et cervelle vitrifiée
chute libre et vol de martinet
nerfs en pelote et neurones pris d’ivresse
embardée du cœur et voltige des poumons
catapulté dans le ciel
je mourrai d’un excès de vitesse
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressuscitis aussitôt
et je ressuscitos au City
et je ressuscitas au guignol
et je ressuscitol en petit tas
je mourrai
je mourrai d’un excès de zèle
richesse du protocole et sombre répétition
cumul aveugle et frustration sourde
noir ravissement et froid éblouissement
fleurs fauchées et coupe de sentiments
diagnostic forcené et funeste obsession
fierté en bidon et bêtise en gourde
ficelé dans les mots d’ordre
je mourrai d’un excès de zèle
mais je mourus d’un excès d’alcool
et je ressusciti aussitôt
et je ressuscito au City
et je ressuscita au guignol
et je ressuscitol en petit tas
le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre
14 novembre 2010
samedi 13 novembre 2010
une tentation
une tentation
clouée sur la porte de la grange
comme une interdiction
comme un ultimatum
que reste-t-il
après que la brume
ait tout emporté
une tentation
pendue à la branche du poirier
comme un talisman
comme un oracle
que reste-t-il
après que la brume
ait tout escamoté
une tentation
fichée en terre dans le jardin
comme un épouvantail
comme une menace
que reste-t-il
après que la brume
se soit déchirée
une tentation
accrochée à la corde à linge
comme un fétiche
comme un appât
que reste-t-il
après que la brume
se soit dissoute
une tentation
piquée au milieu d’un bouquet
comme un signal
comme un message
que reste-t-il
après que le soleil
ait fait son baptême
une tentation
déposée sur la boîte à lettres
comme une halte
comme un recueillement
que reste-t-il
après que le soleil
ait tout blanchi
une tentation
couchée sur le paillasson
comme une offrande
comme une bienvenue
que reste-t-il
après que le soleil
se soit révélé
une tentation
épinglée au rideau de la chambre
comme une langueur
comme une invite
que reste-t-il
après que le soleil
se soit consumé
jusqu’au trognon
sans gêne ni rapière
13 novembre 2010
clouée sur la porte de la grange
comme une interdiction
comme un ultimatum
que reste-t-il
après que la brume
ait tout emporté
une tentation
pendue à la branche du poirier
comme un talisman
comme un oracle
que reste-t-il
après que la brume
ait tout escamoté
une tentation
fichée en terre dans le jardin
comme un épouvantail
comme une menace
que reste-t-il
après que la brume
se soit déchirée
une tentation
accrochée à la corde à linge
comme un fétiche
comme un appât
que reste-t-il
après que la brume
se soit dissoute
une tentation
piquée au milieu d’un bouquet
comme un signal
comme un message
que reste-t-il
après que le soleil
ait fait son baptême
une tentation
déposée sur la boîte à lettres
comme une halte
comme un recueillement
que reste-t-il
après que le soleil
ait tout blanchi
une tentation
couchée sur le paillasson
comme une offrande
comme une bienvenue
que reste-t-il
après que le soleil
se soit révélé
une tentation
épinglée au rideau de la chambre
comme une langueur
comme une invite
que reste-t-il
après que le soleil
se soit consumé
jusqu’au trognon
sans gêne ni rapière
13 novembre 2010
mercredi 10 novembre 2010
tu remets une bûche
la vase au fond de l’étang
garde le secret des libellules
je cueille le jonc des tonneliers
ce soir de lune noire
le bonheur est en terre battue
devant le cellier aux légumes
la chemise sent la fleur de foin
une salopette danse sur la coursive
le vin chante l’écurie transpire
une porte grince sous le vent
je rentre par le sentier des granges
le bétail est tranquille
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
la glaise sur le chemin
garde le secret des belladones
je cueille des raisins oubliés
dans le matin frisquet
le bonheur est en terre cuite
sur le bord de la fenêtre
la chemise sent la lavande
les épis de maïs dansent sous l’avant-toit
je réchauffe la soupe de poireaux
pain grillé et vieux fromage
bientôt la lecture du journal
la page des morts et les éphémérides
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
la terre des labours
gardent le secret des avoines
je cueille les pives de mélèzes
ce jour de première neige
le bonheur est en terre arable
sous les semelles des socques
la chemise sent l’humus
le chien mouillé dort sur le perron
je jette du lard aux pinsons
une pomme rouge pour le vieux merle
je fume sur le banc
une chanson bucolique
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
le monde est aux arrêts
le roi dort
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
le bouffon est insomniaque
il veille sur l’ordre des choses
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
sans gêne ni rapière
10 novembre 2010
garde le secret des libellules
je cueille le jonc des tonneliers
ce soir de lune noire
le bonheur est en terre battue
devant le cellier aux légumes
la chemise sent la fleur de foin
une salopette danse sur la coursive
le vin chante l’écurie transpire
une porte grince sous le vent
je rentre par le sentier des granges
le bétail est tranquille
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
la glaise sur le chemin
garde le secret des belladones
je cueille des raisins oubliés
dans le matin frisquet
le bonheur est en terre cuite
sur le bord de la fenêtre
la chemise sent la lavande
les épis de maïs dansent sous l’avant-toit
je réchauffe la soupe de poireaux
pain grillé et vieux fromage
bientôt la lecture du journal
la page des morts et les éphémérides
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
la terre des labours
gardent le secret des avoines
je cueille les pives de mélèzes
ce jour de première neige
le bonheur est en terre arable
sous les semelles des socques
la chemise sent l’humus
le chien mouillé dort sur le perron
je jette du lard aux pinsons
une pomme rouge pour le vieux merle
je fume sur le banc
une chanson bucolique
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
le monde est aux arrêts
le roi dort
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
le bouffon est insomniaque
il veille sur l’ordre des choses
tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie
sans gêne ni rapière
10 novembre 2010
mardi 9 novembre 2010
un vieux cheval fourbu
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
la pelisse fatiguée
d’un chagrin ordinaire
le regard un peu faux
de tendresse soldée
la musique des bronches
du carrousel fantôme
le portemonnaie marron
au zinc des cacahuètes
l’exéma du bitume
dans le champ de luzerne
l’ascenseur de l’étoile
au palais des stigmates
l’ennui à quatre mains
des pivoines et des roses
et la fenêtre ouverte
sur le bal des martyres
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
l’éponge délaissée
d’un chagrin anthracite
les galets de la grève
sous la marée des flics
une envie de sourire
au crabe trisomique
le coucou mécanique
sur l’écran de contrôle
la marmelade tiède
sur le pain du lundi
le ticket du toubib
pour le transport de l’âme
le corset de la dame
de la plage lombaire
la bière moussaillonne
du rafiot fossoyeur
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
la cravate nylon
d’un chagrin au rabais
la péninsule noire
d’un quartier oublié
le bouquet de tulipes
à l’arrêt d’autobus
le filet grand veneur
à la roulette russe
le parfum en bidon
dans le métro du soir
le saxo cabossé
sur le mur de l’école
la leçon de conduite
sur une carte postale
le gain de la loterie
selon le plan de guerre
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
les cuissardes crottées
d’un chagrin de banlieue
le renard orphelin
au vestiaire de la crèche
la sucette framboise
dans la poche du maître
le salaire consterné
devant le frigidaire
le vrai portrait robot
sur le permis de séjour
le moineau électrique
dans la lanterne rouge
le rideau de velours
sur le néon grésille
et la tendresse enfuie
dans un papier kleenex
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
un vieux cheval couché
me fourvoie les méninges
et fait le décompte du reste
9 novembre 2010
me fourvoie les méninges
la pelisse fatiguée
d’un chagrin ordinaire
le regard un peu faux
de tendresse soldée
la musique des bronches
du carrousel fantôme
le portemonnaie marron
au zinc des cacahuètes
l’exéma du bitume
dans le champ de luzerne
l’ascenseur de l’étoile
au palais des stigmates
l’ennui à quatre mains
des pivoines et des roses
et la fenêtre ouverte
sur le bal des martyres
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
l’éponge délaissée
d’un chagrin anthracite
les galets de la grève
sous la marée des flics
une envie de sourire
au crabe trisomique
le coucou mécanique
sur l’écran de contrôle
la marmelade tiède
sur le pain du lundi
le ticket du toubib
pour le transport de l’âme
le corset de la dame
de la plage lombaire
la bière moussaillonne
du rafiot fossoyeur
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
la cravate nylon
d’un chagrin au rabais
la péninsule noire
d’un quartier oublié
le bouquet de tulipes
à l’arrêt d’autobus
le filet grand veneur
à la roulette russe
le parfum en bidon
dans le métro du soir
le saxo cabossé
sur le mur de l’école
la leçon de conduite
sur une carte postale
le gain de la loterie
selon le plan de guerre
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
les cuissardes crottées
d’un chagrin de banlieue
le renard orphelin
au vestiaire de la crèche
la sucette framboise
dans la poche du maître
le salaire consterné
devant le frigidaire
le vrai portrait robot
sur le permis de séjour
le moineau électrique
dans la lanterne rouge
le rideau de velours
sur le néon grésille
et la tendresse enfuie
dans un papier kleenex
un vieux cheval fourbu
me fourvoie les méninges
un vieux cheval couché
me fourvoie les méninges
et fait le décompte du reste
9 novembre 2010
samedi 6 novembre 2010
les jours sont comptés
ça y est les jours sont comptés
les catastrophes
les affrontements
un avion est tombé
sur un océan du nord
un taciturne brûle des livres
pour réchauffer la soupe
une écervelée réapprend à compter
sur les digicodes de l’hôpital
un enfant sourd grimace
devant la grosse caisse
un chien coupé oreilles couilles et queue
lèche la main de sa patronne
ça y est les jours sont comptés
les feux de forêts
les guérillas
un train a brûlé
dans un tunnel alpin
un forcené récite un poème
dans les haut-parleurs du parking
une délaissée hautaine
prend congé dans un tonneau de porto
un enfant idiot
se bave une berceuse
un chien coupé oreilles couilles et queue
lèche la main de sa patronne
ça y est les jours sont comptés
les ouragans
les attentats
un camion citerne a explosé
dans le marché aux esclaves
un illuminé lance des imprécations
sur les trottoirs du doute
une hémiplégique danse une hémi-salsa
dans l’atelier purgatoire
un enfant bègue répète à l’infini
une moitié de phrase
un chien coupé oreilles couilles et queue
lèche la main de sa patronne
ça y est les jours sont comptés
les couvre-feux
les révoltes
le vélo est tombé
dans la cour de la ferme
un chien coupé oreilles couilles et queue
mord la main de sa patronne
6 novembre 2010
les catastrophes
les affrontements
un avion est tombé
sur un océan du nord
un taciturne brûle des livres
pour réchauffer la soupe
une écervelée réapprend à compter
sur les digicodes de l’hôpital
un enfant sourd grimace
devant la grosse caisse
un chien coupé oreilles couilles et queue
lèche la main de sa patronne
ça y est les jours sont comptés
les feux de forêts
les guérillas
un train a brûlé
dans un tunnel alpin
un forcené récite un poème
dans les haut-parleurs du parking
une délaissée hautaine
prend congé dans un tonneau de porto
un enfant idiot
se bave une berceuse
un chien coupé oreilles couilles et queue
lèche la main de sa patronne
ça y est les jours sont comptés
les ouragans
les attentats
un camion citerne a explosé
dans le marché aux esclaves
un illuminé lance des imprécations
sur les trottoirs du doute
une hémiplégique danse une hémi-salsa
dans l’atelier purgatoire
un enfant bègue répète à l’infini
une moitié de phrase
un chien coupé oreilles couilles et queue
lèche la main de sa patronne
ça y est les jours sont comptés
les couvre-feux
les révoltes
le vélo est tombé
dans la cour de la ferme
un chien coupé oreilles couilles et queue
mord la main de sa patronne
6 novembre 2010
vendredi 5 novembre 2010
dans le grand fracas
devant la porte de la caverne
un enfant souffle dans un os
dans le même temps
devant la porte du métro
un tzigane fait pleurer son violon
le monde vibre
dans le grand fracas des tempêtes et des typhons
dans le grand fracas des volcans et des orages
la mégapole danse
et le désert chante
dans la cave du caboulot
une trompette déchire la fumée
dans le même temps
dans le haut-parleur du supermarché
un synthé diffuse une musique dentifrice
le ciel vibre
dans le grand fracas des avions et des bombardiers
dans le grand fracas des blizzards et des siroccos
le viaduc sur le bras de mer danse
et la forêt de feuillus chante
sur la place du village
un homme tape sur des bidons
dans le même temps
dans la grande nef
une cantatrice lance des kyrie
l’océan vibre
dans le grand fracas des sirènes et des cachalots
dans le grand fracas des brise-glace et des thoniers
la plateforme pétrolière danse
et la banquise chante
dans l’os de la tempe
la vie rythme son allant
dans le même temps
dans les orgues des bronches
la vie siffle son hymne
l’humain vibre
dans le grand fracas des joies et des peines
dans le grand fracas des envies et des doutes
le cervelet mène la danse
et le cœur délivre le chant
l’humain vibre
dans le grand fracas
l’esprit vibre
dans le grand fracas
depuis le premier matin
la danse et le chant
5 novembre 2010
un enfant souffle dans un os
dans le même temps
devant la porte du métro
un tzigane fait pleurer son violon
le monde vibre
dans le grand fracas des tempêtes et des typhons
dans le grand fracas des volcans et des orages
la mégapole danse
et le désert chante
dans la cave du caboulot
une trompette déchire la fumée
dans le même temps
dans le haut-parleur du supermarché
un synthé diffuse une musique dentifrice
le ciel vibre
dans le grand fracas des avions et des bombardiers
dans le grand fracas des blizzards et des siroccos
le viaduc sur le bras de mer danse
et la forêt de feuillus chante
sur la place du village
un homme tape sur des bidons
dans le même temps
dans la grande nef
une cantatrice lance des kyrie
l’océan vibre
dans le grand fracas des sirènes et des cachalots
dans le grand fracas des brise-glace et des thoniers
la plateforme pétrolière danse
et la banquise chante
dans l’os de la tempe
la vie rythme son allant
dans le même temps
dans les orgues des bronches
la vie siffle son hymne
l’humain vibre
dans le grand fracas des joies et des peines
dans le grand fracas des envies et des doutes
le cervelet mène la danse
et le cœur délivre le chant
l’humain vibre
dans le grand fracas
l’esprit vibre
dans le grand fracas
depuis le premier matin
la danse et le chant
5 novembre 2010
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