1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 28 août 2016

les avoines sont parties prenantes


je devrais me dire que les avoines sont parties prenantes de la musique, quand le vent fait le tempo, quand la crécerelle chasse, bourdonnement du lucane et torpeur de la veuve

je devrais dire la symphonietta du retour d’âge, la harpe du désir, les vibrations des ovaires et la tension de la corde de l’arc

je dois me dire que les seigle est un chœur d’hommes païen et de service public chantant devant les portes de la ville, blatèrement de la chamelle et gloussement du berger amoureux

je dois dire le chant du muezzin devant le supermarché, parmi les emballages, les cendriers, les mendiants, le distributeur de préservatif défoncé par l’urgence

je me dis que le sainfoin est l’allié du percussionniste, sous la bise, sous la fourche, dans le char à foin des amoureuses, étonnement du criquet et essoufflement de l’adultère

je dis les grandes orgues du pardon et le carillon des espérances, le frottement des peaux et l’incendie de la croix des missions

je me, accotement du stupre et  fossé de pénitence

je, trop longtemps j’ai baisé des anges

dimanche 21 août 2016

le gratte-cul est un regret


je devrais me dire que le gratte-cul est le miroir du regret, de la facétie du regret, une imagerie de la mort qui se balance dans le vent, contrition du souffleur et mise en garde du rouge-gorge

je devrais dire le raidissement des épines, la rigueur des procurations et l’anéantissement des pétales, rosée recuite et vent mauvais

je dois me dire que l’argousier puise l’énergie dans la chanson des graviers, et la motivation dans le sel du limon, succès du sourcier et encouragement du héron

je dois dire l’effondrement de la digue sous le rabot du glacier et de l’épouvante, crainte du feu et soumission à la ravine

je me dis que le chardon est le dernier rempart contre la bourrasque, la griffe et l’abandon, le jardin du bohémien et la méditation de la mule

je dis le dernier lopin de maraiche avant le péage, l’abnégation de l’asperge sauvage et la sieste du faisan

je me, veillée d’armes et simagrées

je, trop longtemps j’ai cueilli des ombellifères

mardi 9 août 2016

les chiens errants dans la montagne


je devrais me dire que les chiens errants dans la montagne chassent le reproche et la revendication, témoignage du pèlerin blême et accusation de la vouivre sainte

je devrais dire la piste de sang de la biche en chaleurs, de l’ânesse en travail, de la cousette vierge

je dois me dire que le coyote aux os rafistolés ne court que dans mon âme, entre l’angélus désobligé et la veillée d’étoiles mortes

je dois dire le sabayon de larmes, d’œuf de poule faisane et de mirabelles, la soupe à la tomate verte et au nez rouge

je me dis que l’animal griffu qui guide ma conscience est un grand malin et un petit singe à la fois, fruit de la coutume et du désœuvrement

je dis les accoutrements disponibles pour les stratégies de fuite et de simulacre, chant du coucou et cri de la falaise

je me, filouterie et férocité

je, trop longtemps j’ai coupé les colliers

jeudi 4 août 2016

la caravane malheureuse


je devrais me dire que la caravane est malheureuse dans la plaine désertique, la halte n’est pas sûre, et sans eau, mauvais conseil du chamelier, mauvaise piste du fennec

je devrais dire les nuages pourpres, l’absence d’air, la théière cassée, feuille de menthe et fleur d’hibiscus

je dois me dire que la roulotte est inquiète dans l’éboulis du torrent, la nuit sera bancale, et sans soupe, gesticulation du berger, rassemblement de vipères

je dois dire les framboisiers sauvages de l’ubac parmi les chardons et les églantiers, sifflement de marmotte et fuite du lagopède

je me dis que la nuit à la belle étoile est vide de fantômes, et sans tisane, le génie de la forêt et les farfadets sonnent les heures sur les sonnailles, chant du parapentiste et celui du coq de gélinotte

je dis le grésil sur le toit de l’écurie d’alpage, la motte de beurre dans le bassin, et le petit lait pour le pâtre et le cochon

je me, essoufflement et myrtilles

je, trop longtemps j’ai compté les avalanches

mardi 2 août 2016

les deux balsanes de l'allant gauche


je devrais me dire que les deux balsanes à l’allant gauche de mon cheval font part de mon dédain pour les folles choses et les belles gens, jugement du taciturne et grogne de la blatte

je devrais dire le crottin qui sent le houblon fermenté et la poire surie, la herse qui se lamente des pierres du champ

je dois me dire que le toupet tressé fait plus Vaterland que cosaques du Don, que l’aventure est au bout du carré de sainfoin, promesse du ravi et rigolade du bousier

je dois dire le pain, le sel et la carotte pour soudoyer l’animal revêche et conquérant

je me dis que le sabot mal ferré est une arme redoutable contre les bonimenteurs calamiteux, menace du justicier et sentence du sphinx

je dis la graisse de marmotte pour apaiser la tendinite et le pétrole contre les taons

je me, galop du silence et coup de lune

je, trop longtemps j’ai bavé devant l’écuyère

lundi 1 août 2016

la renoncule qui ne s'assagit


je devrais me dire que renoncule ne s’assagit pas sous l’averse, erreur du jardinier et sauve-qui-peut de la couleuvre à collier

je devrais dire l’abnégation de la souche, rancœur du capricorne, senteur de l’humus et du sulfate de cuivre

je dois me dire que la pivoine est dépressive sous l’orage, désaveu de l’amoureuse et confusion de Pinocchio

je dois dire la faillite de la futaie, le rire de la foudre, l'odeur de la corne brûlée et du soufre

je me dis que la gaillarde est trop fière sous la rosée, orgueil de l’aquarelliste et ricanement du rouge-queue

je dis le renoncement de la racine le vendredi saint, désarroi du marguillier et silence du coq de saint Pierre

je me, litanie et fanfare

je, trop longtemps j’ai balbutié la forêt