1440 minutes

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editions d'autre part

samedi 30 janvier 2010

en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

un bijou de deux sous
sur la table de nuit
un savon de marseille
sur le bord du bidet
elle fume à la fenêtre
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

de vieux roman-photo
une bouteille de soda
des épingles à cheveux
un parfum de prisu
elle fredonne un vieux rock
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

un cendrier faux murano
un bâton de rouge trop gras
un sachet de prussiens
une photo de James Dean
elle téléphone à sa mère
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

une bague de fiançailles
dans une cage d'oiseau
des dessous de dentelles
sur une corde à linge
elle mange du chocolat
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

des palmiers vert cassé
sur la nappe en ciré
des boîtes de témesta
parmi les confitures
elle dessine des cœurs
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

un reste de pizza
sur la gazinière
quelques photos d'un mec
sur la porte du frigo
elle recompte les jours
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

un livre de régime
derrière le micro-onde
une bougie à la cannelle
ça fait une atmosphère
elle rêve d'un jour à la mer
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

un corsage couleur chair
sur un cintre en fer blanc
des ballerines fatiguées
de danser la survie
elle répète un prénom
en regardant la neige

un chardonneret posé
sur une tige de bardane

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

30 janvier 2010

mercredi 27 janvier 2010

elle est la dérive

je suis un avion
en dérive
elle est la dérive
de l'avion

je me laisse emporter
sur des nuées orange
et fais des voltiges
au-dessus des villes
je salue au passage
des colonies d'oiseaux
et jette ma boussole
au-dessus du volcan
je plonge vers le soleil
en vrille exténuée
et cueille des météores
pour fleurir le jardin

je suis un avion
en dérive
elle est la dérive
de l'avion

elle pointe les balises
sur la carte de vol
et verrouille le cap
sur l'écran de contrôle
elle invente des tarmacs
sur des îles oubliées
et lances des SOS
pour troubler les archanges
elle dessine des mickeys
sur tous les hublots
et détaille en charades
tous les noms d'escale

je suis un avion
en dérive
elle est la dérive
de l'avion

je me laisse enlever
vers d'autres galaxies
et j'accroche des satellites
à la queue des comètes
je saute en parachute
dans les bras de l'hôtesse
et tire le frein d'alarme
je veux descendre ici
je peux toucher la lune
en allongeant le bras
et vole une étoile
au guide des casseroles

je suis un avion
en dérive
elle est la dérive
de l'avion

elle démagnétise le pôle
dans les plis de sa jupe
et déroute les caravanes
sur la constellation du chien
elle tricote des tropiques
avec du fil de pêche
et invente des aéroports
sur les banquises en décrue
elle dégrafe ses ailes
c'est la phase d'approche
et range l'aérofrein
au fond de son beauty-case

je suis un avion
en dérive
elle est la dérive
de l'avion

je me laisse disparaître
dans sa boîte noire
elle prend de l'altitude
et sort de l'écran radar
je troque le manuel de survie
contre un vol de sterne
elle vole dans les plumes
d'un chevalier du ciel
j'atterris en plein ciel
et j'ai fait bonne route
elle me dépose en douceur
sur la piste aux étoiles

je suis un avion
en dérive
elle est la dérive
de l'avion

sans gêne ni rapière
27 janvier 2010

lundi 25 janvier 2010

peut-être sûr

peut-être
un jour de lessive
du mange-tache
et un adoucissant
une cuite de blanc
et une corde à linge
sûr
un linge de famille

peut-être
un jour de paie
un carnet du lait
et le dernier jour du terme
un rôti du dimanche
et une verrée avec les camarades
sûr
un avis de poursuite

peut-être
une nuit de gel
un cache-nez
et des mitaines
du bois qui craque
et une cascade figée
sûr
une ère de glaces

peut-être
un vent de révolte
une vieille rogne
et une gerbe de rancune
un ressentiment
et un éclat de voix
sûr
un jour de colère

peut-être
un jour de jeûne
une gamelle vide
et une soupe maigre
une privation
et un ragoût de courants d'air
sûr
une face de carême

peut-être
un relevé de compte
une mensualité
et un bordereau d'impôt
de l'oseille sèche
et un jardin d'hypothèques
sûr
une froide reconnaissance

peut-être
un temps de réflexion
un pour contre un contre
et une échappée vers le haut
une envie d'avis
et un sac de conseils
sûr
un délai d'attente

peut-être
une alarme de tempête
un anévrisme
et une lettre de rupture
un test amant
et une prise de sang
sûr
un avis de faire-part

peut-être
un pan de vie
un ersatz
et un ectoplasme
un destin
et des rencontres
sûr
la vie pour de vrai

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

25 janvier 2010

jeudi 21 janvier 2010

je dessine un tramway

le soir est sorti de la pinède bleue
la ville s'énerve
les automobiles grommellent

j'atlantique un café gros grain
je tricote un bouquet de violettes
et je dessine un tramway jaune
le long de tes boulevards

à la première allumette
il manque une écharpe au tableau

le soir est remonté le canal du nord
la ville cuisine à l'emporté
les automobiles font le passe-plat

je groenlande un apéro pilé
je faufile une liseré de pervenches
et je dessine un tramway vermillon
le long de tes avenues

à la première flamme
il manque un escarpin au tableau

le soir s'est assis sur la grand' place
la ville digère
les automobiles fument le cigare

je mandchourie un steak boucané
je ravaude une chaussette d'œillets
et je dessine un tramway rouge
le long de tes rues

à la première bûche
il manque un corsage au tableau

le soir s'est agenouillé sur le parvis
la ville fait ses comptes
les automobiles balaient les terrasses

je cordillère une effilochée de poisson blanc
je couds un bouton de tournesol
et je dessine un tramway grenat
le long de tes allées

à la première braise
il manque une dentelle au tableau

le soir s'est endormi dans la cage d'escalier
la ville tire la chasse d'eau
les automobiles ronflent en apnée

je pacifique une liqueur de miel
je zigzague un chemin de glaïeuls
et je dessine un tramway mauve
le long de tes impasses

à la première cendre
il manque un nu sur le tableau

sans gêne ni rapière

21 janvier 2010

mercredi 20 janvier 2010

c'est le doute et c'est le vertige

c'est un regard qui se néglige
et qui vous met dans l'embarras
un désarroi que l'on protège
comme la madone sur la sierra

casser l'anneau de la voltige
déchirer l'habit d'apparat
resquiller le tour de manège
incendier le sahara

ce maquillage de prestige
débordement de mascara
le compliment le privilège
le pas léger d'une señora

c'est le doute et c'est le vertige
la rencontre du choléra
toucher du doigt le sortilège
d'un ventre-creux d'un scélérat

c'est le doute et c'est le vertige
c'est un regard qui se néglige
soleil brisé sur la toundra
c'est un regard qui se néglige
c'est le doute et c'est le vertige


c'est du béton sur des vestiges
un os à moelle pour drosera
une volonté de sacrilège
un clafoutis de mort-aux-rats

atteler un bœuf au quadrige
lâcher trois thunes au baccara
briser le rythme du cortège
la pavane du fier-à-bras

c'est un grand vent dans les rémiges
frémissement du grand tétras
tango nuptial et grand arpège
plumes et becs tout un fatras

c'est le doute et c'est le vertige
une tornade dans les draps
subir le feu du sortilège
dieu que les remords sont ingrats

c'est le doute et c'est le vertige
c'est un regard qui se néglige
soleil brisé sur la toundra
c'est un regard qui se néglige
c'est le doute et c'est le vertige
20 janvier 2010

lundi 18 janvier 2010

cash et trash

le plus salaud
c'est le premier kopeck
c'est pas l' gros lot
d'se farcir un blanc-bec
mon pauv' mat'lot
c'est pour ton dernier rouble
qu'au grand galop
t'éclate le gras-double
le plus voyou
c'est le premier dollars
pour un cachou
se farcir un flambard
mon pauv' marlou
c'est pour le moindre euro
que sans tabou
elle déchire ton velcro

pour l'amour cash cash cash
tu paies rubis sur l'ongle
en amour trash trash trash
l'ongle sur le pubis

mon beau salaud
elle prendra tes kopecks
dans ton manteau
bons baisers et gros-becs
mon pauv' soldat
tu peux lâcher tes roubles
kamasoutra
grimace et farigoule
mon p'tit voyou
un à un tes dollars
feront joujou
sans tambour ni fanfare
mon pauv' marlou
ton matelas d'euros
pour un bisou
sourit au maquereau

pour l'amour cash cash cash
tu paies rubis sur l'ongle
en amour trash trash trash
l'ongle sur le pubis

le plus salaud
c'est le premier kopeck
sale numéro
sales salamalecs
mon pauv' mat'lot
c'est pour ton dernier rouble
que l'angelot
mettra les bouchées doubles
le plus voyou
c'est le premier dollars
sous le licou
c'est un mauvais polar
mon pauv' marlou
c'est pour le moindre euro
qu'au coupe-chou
elle te fait un accroc

pour l'amour cash cash cash
tu paies rubis sur l'ongle
en amour trash trash trash
l'ongle sur le pubis

car l'amour flash flash flash
se paie rubis sur l'ongle
car l'amour clash clash clash
l'ongle sur le pubis

18 janvier 2010

dimanche 17 janvier 2010

et la chienne

des nuages en caravane
de la pluie en dentelles
et la chienne du sourcier

donnez-moi une pomme
et je serai serpent
donnez-moi une flèche
et je serai caïn


des peupliers en escale
de l'avoine à marée haute
et la chienne du meunier

donnez-moi un moulin
et je serai le vent
donnez-moi une roue
et je serai petit matin


des vignes en transit
une guérite en torchis
et la chienne du caviste

donnez-moi un sarment
et je serai promesse
donnez-moi une rafle
et je serai milice


des forêts en déroute
une souche au combat
et la chienne du bûcheron

donnez-moi des racines
et je serai étranger
donnez-moi des papiers
et je serai frontière


des prairies en grand-voile
un talus en brûlis
et la chienne du vacher

donnez-moi une ombelle
et je serai vinaigre
donnez-moi une cardère
et je serai beau temps


un verger en carafe
un potager en oubli
et la chienne du jardinier

donnez-moi une pomme
et je serai savoir
donnez-moi un serpent
et je serai talon

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

17 janvier 2010

vendredi 15 janvier 2010

passé la porte

passé la voie de chemin de fer
la poignée de l'aiguillage
le ballast rouillé
et le talus d'herbes brûlées
passé la voie de chemin de fer

je déchirerai le plan-horaire
l'ordonnance et la posologie
je jetterai un regard tiède
sur les vitrines des lingeries et des prothèses
je boirai un café fade
au bar des voyageurs jamais partis
toujours perdus et de plus en plus enivrés
et j'écrirai une chanson
sur la vitre du juke-box

passé la porte le présent est passé
ah pouvoir passer son tour

passé le fleuve gris et froid
la dernière pile du pont
la berge aux pêcheurs
et la péniche abandonnée
passé le fleuve gris et froid

je déchirerai le carnet d'adresses
le contrat d'assurance et celui du don d'organe
je jetterai un regard sombre
sur les épaves de voitures sur le chemin de halage
je boirai un soda glacé
au bar des marins d'eau douce
amarrés au bastingage d'un fût de bière
et j'écrirai un poème
sur la porte des water

passé la porte le présent est passé
ah pouvoir passer son tour

passé le poste-frontière
les barbelés et les chiens
les écrans de contrôle
et les avis de recherches
passé le poste-frontière

je déchirerai le passeport
l'itinéraire et les recommandations
je jetterai un regard d'acier
sur le parking des camions-citernes et des semi-remorques
je boirai une lampée d'eau métallique
au campement des chauffeurs
en attente de prostituées et de permis de transit
et j'écrirai une épopée
sur un rapport de douane

passé la porte le présent est passé
ah pouvoir passer son tour

passé le col sud
le dernier cairn
le couloir d'avalanche
et les ex-voto sur la croix
passé le col sud

je déchirerai la carte d'état-major
le permis de chasse et les directives
je jetterai un regard bleu
sur le motoneige près de la bergerie en tôle
je boirai du lait de brebis
à la buvette panorama du moutonnier
qui fermente sa solitude et sa peur du loup
et j'écrirai un refrain
sur la mer de brouillard

passé la porte le présent est passé
ah pouvoir passer son tour

passé la ligne de l'horizon
les dangers inconnus
la trouée sur le vide
et la chute du monde
passé la ligne de l'horizon

je déchirerai l'atlas universel
l'horoscope et le manuel de survie
je jetterai un regard de feu
sur les territoires non conquis
je boirai un tonneau de ciel
à l'hôtel de l'étoile
et des comètes assoiffées
et je déposerai mon texte
sur les ailes d'un satellite

passé la porte le présent est passé
ce soleil d'hiver est trop jaune
je passe mon tour

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre
15 janvier 2010

jeudi 14 janvier 2010

un arbre s'est dressé

un arbre s'est dressé dans la cour
l'homme en survêtement blanc
ne s'en étonne pas
il l'a planté hier matin
un beau peuplier blanc
qui cause avec le vent
de verticalité et de chemin vers dieu
il l'utilisera demain
comme pinceau pour rajouter du cyan au ciel
comme bâton de marche
et porte-drapeau
un beau peuplier blanc
au beau milieu de la cour

la cour compte trente-cinq pas de long
et dix-sept de large
il marche le long du mur
à chaque treize pas
il marque sur le mur une virgule avec l'index
et chaque douze fois treize pas
il croque une pastille de plantain
et quand il passe à la grand' ourse
il boit d'un trait la voix lactée

un arbre s'est dressé dans la cour
l'homme en survêtement blanc
ne s'en offusque pas
il l'a planté hier matin
un beau chêne trapu
pour les écureuils les geais et les vicaires
pour les armoires à secrets
les dénis de justice
et la balançoire à salomon
demain il le mettra dans la soupe à la farine
le grand livre des comptes
et le livret de famille
un beau chêne trapu
au beau milieu de la cour

qui compte bien trente-cinq pas de long
et dix-sept de large
en marchant le long du mur
il sait très bien qu'à chaque treizième pas
il doit marquer avec l'index une virgule sur le mur
et chaque douze fois treize pas
il croque une pastille de plantain
et quand il s'arrête à saturne
il passe l'anneau à deux doigts de porto

un arbre s'est dressé dans la cour
l'homme en survêtement blanc
ne s'en émeut pas
il l'a planté hier matin
un beau tremble vif
qui donne vie aux peurs et aux terreurs
cliquetis et psaumes
carillons et frémissements
il l'utilisera demain
comme un bâton de pluie
un balai de sorcière
un plumeau à émotions
un beau tremble vif
au beau milieu de la cour

est-ce bien vrai
qu'elle mesure trente-cinq pas de long
et dix-sept de large
y a-t-il toujours une marque sur le mur
à chaque treize pas
a-t-on assez de pastilles de plantain
pour en croquer à chaque douze fois treize pas
et quand on est dans le verseau
peut-on caresser le petit robinet

un arbre s'est dressé dans la cour
l'homme en survêtement blanc
en est tout énervé
il l'a scié hier matin
ce sombre noyer
ou se pendaient les rêves les guirlandes et les écolières
nœuds coulants dégoulinants
cadavres passés au brou de noix
âmes en dérives feux-follets de bengale
il en fera demain
un cercueil à ailettes
un tabernacle
et un semainier pour ses médicaments
ce si sombre noyer
au beau milieu de la cour

le temps de neuf pastilles de plantain
il a fait six fois le tour de la cour
le temps d'une pastille de plantain
il a compté douze marques sur le mur
à intervalle de treize pas
pourquoi ne lui avez-vous pas dit
que la cour faisait trente-cinq pas de long
et dix-sept de large
docteur il vous cause
de choses sérieuses
docteur quand vous serez sur terre
laissez faire les jardiniers
leurs tremblements
leurs boniments
leurs pourquoi et comment

le canard graisse ses plumes sans se soucier de son cholestérol

14 janvier 2010

samedi 9 janvier 2010

casse pas trois pattes

assis sur le bord de l'étang
il veut lui offrir des jonquilles
comme elle hésite il prend le temps
de lui reluquer les gambilles
ce passe-temps est excitant
elle sent bien qu'il s'émoustille
si elle lui ouvre son sextant
il va déchirer ses pupilles

ne le prenez pas sur ce ton
ce n'est rien qu'un refrain peinard
je sais très bien que cette chanson
casse pas trois pattes à un canard


assis sur le bord du ruisseau
il lui donne des renoncules
comme elle hésite il bel canto
en décrochant ses mandibules
il lui montre son vibrato
tout en gonflant ses caroncules
elle se languit moderato
il va péter ses ventricules

ne le prenez pas sur ce ton
ce n'est rien qu'un refrain pas beau
je sais très bien que cette chanson
casse pas trois pattes à un corbeau


assis sur le bord du trottoir
il va lui donner des œillets
comme elle hésite sans crier gare
il lui égrène le millet
elle lui laisse apercevoir
un bout de son ventre douillet
et son calice et son ciboire
pour le plaisir y a plus d'billet

ne le prenez pas sur ce ton
ce n'est qu'un refrain rigolo
je sais très bien que cette chanson
casse pas trois pattes à un moineau


assis sur le bord du chemin
il veut lui offrir des glaïeuls
comme elle hésite il tend la main
mimant la queue d'un écureuil
elle dénude en un tournemain
ses seins en guise d'amuse-gueule
elle le voit devenir carmin
quand elle lui ouvre son linceul


ne le prenez pas sur ce ton
ce n'est qu' le fond d'la carafe
je sais très bien que cette chanson
casse pas trois pattes à Edith Piaf

9 janvier 2010

jeudi 7 janvier 2010

cataracte et garde-feu

il y a de l'entraille
il y a de l'embrun
le vertige le plus fou
et la plus belle colère
de l'irrémédiable et de l'irréel
de la durée et de l'instantané
le fracas et l'écrasement
s'agenouiller
s'agenouiller devant la cataracte

ça vient de la lance
ça vient de la tranchée
du courage le plus fou
et du plus bel inutile
de l'absolu et du frisson
de la terreur et de la soif
la foudre et le volcan
mobiliser
mobiliser le garde-feu


il y a de l'arrachement
il y a de la tension
la précision la plus folle
et l'impact le plus mordant
du barbare et de l'éternel
de l'assassin et de la surprise
la guêpe et le sifflement
psalmodier
psalmodier devant la catapulte

ça vient de l'étoile
ça vient du col d'est
le tracé le plus fou
et la borne la plus sobre
de l'ouverture et de l'élan
de la ligne et de la quête
le cairn et le peuplier
abriter
abriter le garde-voie


il y a de l'explosion
il y a de l'avalanche
le vacarme le plus fou
et la plus vive détresse
de l'insensé et de l'impétueux
de l'effroyable et de l'incrédule
le tonnerre et la ravine
célébrer
célébrer le cataclysme

ça vient du ciel
ça vient de la forêt
le dérèglement le plus fou
et la muraille la plus épaisse
du sacrifice et de la soumission
de l'incantation et du talisman
la camisole et le breuvage
vénérer
vénérer le garde-fou


il y a du grandiose
il y a de la rémission
l'abandon le plus fou
et la révolte la plus muette
de l'invraisemblable et du constat
du banal et de l'incompris
le voyage et la réclusion
se taire
se taire devant le catafalque

ça vient de l'argile
ça vient de l'incendie
le chagrin le plus fou
et le déchirement le plus bref
du rituel et de la cérémonie
de la confiance et de la délégation
l'humilité et l'espérance
encenser
encenser le garde-corps


il y a de la caverne
il y a de la cathédrale
le silence le plus fou
et la mémoire la plus forte
de l'intransigeant et du carbone
du grimoire et de la scorie
le tumulus et le gravé sur la pierre
chanter
chanter devant la catacombe

ça vient du désert
ça vient de l'océan
la saison la plus folle
et la nuit la plus longue
de la clepsydre et du cadran
de la lumière et de l'ombre
l'ici maintenant et le désir d'inconnu
mesurer
mesurer le garde-temps

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

7 janvier 2010

vendredi 1 janvier 2010

des nuits

des nuits je suis à court
à court de recours
à court d'argument
des nuits je suis à court
à court de secours
à court de calmant

des nuits
je me lâche je me tire
champ de tir sous la bâche
je transpire je me fâche
à la hache fends le cuir
je remâche un délire
à reluire sans panache

des nuits je suis à cran
à cran de roman
à cran de discours
des nuits je suis à cran
à cran d'instrument
à cran de tambour

des nuits
je salope un mystère
je galère en syncope
c'est une guerre que j'écope
elle galope la misère
je me dope aux paters
c'est vulgaire dans ma chope

des nuits je suis à cœur
à cœur de rancœur
à cœur de ciment
des nuits je suis à cœur
à cœur de malheur
à cœur de tourment

des nuits
je dételle je cogite
je visite ta Babel
carmélite et rebelle
je scalpelle des pépites
j'infidèle ton invite
je palpite ton missel

des nuits je suis à mort
à mort de remords
à mort de serment
des nuits je suis à mort
à mort never more
à mort de diamant

des nuits
je me cogne je m'ramasse
je m'efface et je grogne
je fracasse ma trogne
ma charogne dégueulasse
se besogne la culasse
la caillasse plein les pognes

des nuits je suis à court
des nuits je suis à cran
des nuits je suis à coeur
des nuits je suis à mort

1 janvier 2010