1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 24 juin 2012

la cloche de juin


entends la cloche de juin

les fiançailles de la Saint-Jean
la fièvre dans les poitrines
les frissons sous les jupes
on vibre on se cache
on vibrionne on se fourmille
on rêve à deux de papillons
de myosotis
les fiançailles de la Saint-Jean
les guirlandes du bal
les étincelles des feux
l’amour est immortel sous la lune

entends la cloche de juin
les mariages de la Saint-Jean
l’ivresse dans les ventres
la promesse dans l’état-civil
on vibre on larmoie
on se congratule on se projette
on rêve à deux de jardinets
d’enfantillages
les mariages de la Saint-Jean
le trousseau solennel
la jarretière en sueur
l’amour est immortel devant la belle-famille

entends la cloche de juin
les adultères de la Saint-Jean
l’interdit dans les peaux
la tourmente dans les culottes
on frémit on se cache
on détricote on cicatrise
on rêve à deux d’horloges cassées
d’églantines
les adultères de la Saint-Jean
la cruauté du mensonge
l’exigence du masque
l’amour est immortel le temps d’un coquelicot
 
entends la cloche de juin
les amours de la Saint-Jean
c’est une trève
c’est une vacance
c’est un soleil imparfait
entends entends la cloche de juin
les amours de la Saint-Jean
font les nouveau-nés du printemps
les amours de la Saint-Jean
allument les lucioles
c’est du joli c’est du joli

24 juin 2012

dimanche 17 juin 2012

nourrir les oiseaux

point n’est besoin vraiment
de nourrir les oiseaux
vraiment
des jeunes filles en robe d’été
vont au cortège de la fanfare
barba papa et limonade
jeune tambour en gibelotte
bugle en sauce ravigote
la cantinière épluche des saucisses
et le clairon ajoute une veuve à sa portée

point n’est besoin vraiment
de nourrir les oiseaux
vraiment
des gymnastes en tenue blanche
font des pirouettes et des figures
sur le pré de foire
baume du tigre et genouillère
marraine en clafoutis
fille d’honneur en chantilly
la cantinière décompte les cornichons
et l’euphonium débande un gros soupir

point n’est besoin vraiment
de nourrir les oiseaux
vraiment
des choristes en blouse coquelicot
se caressent la quinte sous le chapiteau
contrepoint et syncope
militaire en papillote
porte-drapeau sauce grand-veneur
la cantinière chahute dans la bière
et le cantinier se couche au diapason
 
point n’est vraiment besoin
de nourrir les oiseaux
vraiment les oiseaux
vraiment

17 juin 2012

éviter le diable

le dernier qui a passé ici
était un balbuzard affamé
détonation effondrement
vacarme éboulement
la truite fario de l’étang bleu
avait un gout de printemps
une nouvelle fois franchir les alpes
éviter le diable et la braconne
glisser dans l’air
jusque dans les pays de lacs

dans un passage délicat
d’un reste de sentie aérien
une date précise vers la fin d’une guerre
tambour essoufflement
rafale épuisement
la poignée de myrtilles
avait un gout d’aurore
un vif espoir de franchir les alpes
éviter le diable et la milice
glisser parmi les pierres
jusqu’à la délivrance

sur un buisson d’épines
le long du torrent
une robe de lin
brise claire étonnement
fifre léger égarement
la sueur de la femme
avait un gout d’ivresse
une si douce envie de franchir les alpes
éviter le diable et la morale
baiser dans les hautes herbes
jusqu’aux persiennes du paradis

17 juin 2012

dimanche 10 juin 2012

j'ai le coeur hirondelle

j’ai le cœur hirondelle
qui vire haut dans le bonheur
j’ignore l’illettrisme de la carpe
et le chagrin de l’orvet
je salue le papillon violoncelliste
et l’œillet inutile
j’ai le cœur hirondelle

j’ai la cervelle coucou
qui niche loin dans le vide
je dépasse l’idée fixe du scorpion
et l’autisme du cheval
je survole les libellules cannibales
et le nénuphar inquiet
j’ai la cervelle coucou

j’ai l’œil épervier
qui guette le mouvement de l’âme
j’évite l’arrogance du cygne
et l’acharnement de la chenille
je vénère le renard élégant
et le repli de la renoncule
j’ai l’œil épervier

j’ai la main effarvate
qui tricote vif des berceaux
j’affronte le silence de l’âne
et le rire idiot du dindon
je m’incline devant la vache sage
et la sérénité de la ciguë
j’ai la main effarvate

j’ai le ventre pélican
qui digère goulu le monde
j’accepte le verdict du crotale
et la stratégie de la courtilière
j’invente un chant de rossignol
et le secret des droseras
j’ai le ventre pélican

10 juin 2012

jeudi 7 juin 2012

rêver debout le vol du rapace

vivre les yeux rivés vers le ciel
accrocher les nuages aux chariots du vent
ruser la pluie
rêver debout le vol du rapace
haut si haut

sirène des pompiers
klaxon des mariages
le chant métallique de la cité
gémissement de la forêt
itinéraire biaisé des parachutes
le chant grégorien des chenaux

vivre les yeux plongés dans le ciel
atteler les nuages aux juments idiotes
tromper la pluie
rêver debout le piaulement du rapace
fort si fort

cloche du goûter
alarme du bijoutier
le chant rigodon de la place publique
frémissement des pivoines
trille des chardonnerets
le chant énamouré d’un jeune coq

vivre les yeux plombés sur le ciel
éperonner les nuages aux crochets de l’orage
baiser la pluie
rêver debout la plongée du rapace
loin si loin

7 juin 2012

mercredi 6 juin 2012

à quoi pense le chat

avec la réverbération des toits d’ardoise
avant l’orage
avec l’agacement des libellules
dans les sautes de vent
avec la patience cultivée
avec l’attente
à quoi pense le chat quand les heures s’absentent

avec la rémission des péchés
sur le chemin de l’école
avec les désarroi des hannetons
tombés sur le bitume
avec le dégout calculé
avec la touffeur
à quoi pense le chat quand les heures s’effilochent

avec la circulation des trépas
des soirs de juin
avec la colère des grenouilles
devant les pièges à mouches
avec la réjouissance des limonades
avec la torpeur
à quoi pense le chat quand les heures s’abîment

avec l’irruption de la sieste
sous le poirier distrait
avec l’égarement des guêpes
dans le tourbillon du faucheur
avec le ravissement syncopé
avec la confusion
à quoi pense le chat quand les heures se dessèchent

avec la frustration des cortèges
sur les toboggans matinaux
avec le renoncement du lucane
sur la table de la loi
avec le pardon du hasard
avec la cicatrice
à quoi pense le chat quand les heures miaulent

6 juin 2012

samedi 2 juin 2012

nous bâtirons je crois

un tas de pierres
sur le chemin des bartavelles
rendez-vous des receleurs
et des butins grotesques
mémoire des plantains et des ciguës
alors quoi de l’angoisse
des mensonges et des reculades

nous bâtirons je crois
des basiliques de fonte et de basalte


un tas de pierres
sur le chemin des bouquetins
fuite des braconnières
et des sarraus ajourés
mémoire des martagons et des asters
alors quoi de la suffocation
des balivernes et des certitudes

nous bâtirons je crois
des reposoirs d’arolle et d’ardoise


un tas de pierres
sur le chemin des craves
repaire des déserteurs
et des bannissements torves
mémoire des myrtilles et des genièvres
alors quoi du tourment
des barcaroles et des échappées
 
nous bâtirons je crois
des chapelles de tuf et de torchis


un tas de pierres
sur le chemin des chamois
cahute à sentinelles
et aux adultères aériens
mémoire des asphodèles et des abortives
alors quoi de l’inquiétude
des trahisons et de la cloche du hameau

nous bâtirons je crois
des chemins de croix de paille et de poutre
 
 
un tas de pierres
sur le chemin des gypaètes
halte des colporteuses
et des merceries précieuses
mémoire des boutons d’or et des sabots de Vénus
alors quoi du simulacre
des simagrées et des génuflexions

nous bâtirons je crois
des cathédrale de granit et de sérac

2 juin 2012