c’est du bon temps
de fin d’après-midi
ça sent les derniers foins coupés
le bois humide
et la pomme qui fermente
la vie attend son quatre-heures
c’est l’heure des vaches à la
fontaine
je revois mon père
qui fredonne une vieille chanson de
rue
en alignant les miettes sur la table
où sont passées les histoires dans
sa tête
vers quelle forêt
vers quel tonneau
les cimetières sont des livres qui
bousculent
l’oiseau tombé du nid
la fleur coupée
et l’avalanche
je ne revois plus mon père
ses pouces
ses sourcils
et sa démarche
les images sont parties
vers quel alpage
vers quelle vigne
les places du village
sont des musées d’histoires d’amour
les mariages arrangés
les adultères énigmatiques
les veuves et les idiots éberlués
la vie digère sa soupe
et rote un peu la bière
c’est l’heure des chiens qui aboient
c’est du bon temps d’automne
ça sent les premières lies
le brou de noix
et la châtaigne rôtie
je ne parle plus à mon père
il n’entend rien à mon tourment
il a levé son camp
vers quel torrent
vers quel cheval
l’écurie est un lieu camarade
où se partagent les serments
un bon hiver de neige
beaucoup de veaux femelles
et la fille au collège
la vie gigote sur le plancher de bal
c’est du bon temps
ça sent
ça se sent
23 septembre 2011
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