1440 minutes

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editions d'autre part

dimanche 30 mai 2010

le nom des fleurs

le souffleur dans sa trappe
a oublié le texte sur la table de l'auteur
il invente des répliques désaccordées
des chutes et des cordes
des nœuds et des mouchoirs

le premier rôle s'est enfui côté jardin
il cherche le nom des fleurs
et celui de ses amants
il file à l'italienne
le long des actes manqués
des chutes et des cordes

le souffleur dans sa trappe
a réécrit le texte à sa convenance
il répète des répliques décalées
des trahisons sous le tapis
des chutes et des pirouettes

le jeune premier retourne à l'asile
il cherche le nom des fleurs
et celui des infirmières
les médicaments et les notices
des chutes et des pirouettes

le souffleur dans sa trappe
a pris l'auteur en otage
et lui fait écrire des horreurs
des meurtres et des poisons
des chutes et des testaments

la servante débite le cadavre
elle cherche le nom des fleurs
et celui du médecin-légiste
les faire-part et les hommages
des chutes et des testaments

le souffleur dans sa trappe
incendie le décor
déchire les costumes
et fait tomber le rideau
des chutes et des cours d'eau

le metteur en scène salue et sort
il cherche le nom des fleurs
et la rubrique des spectacles
des masques et des pagaies
des chutes et des cours d'eau

le souffleur dans sa trappe
a cassé son poumon d'acier
il ferme le ventilateur
et quitte la scène
des chutes et des apnées

le souffleur dans sa trappe
quitte la scène
récite le nom des fleurs
récite le nom des fleurs
récite le nom des fleurs

30 mai 2010

samedi 29 mai 2010

je cède une part de fin du monde

je cède une part de fin du monde
pour une pluie de chardonnerets

du béton cousu main
pour les soirs républiques
des fenêtres en carton
aux discos du clergé
un salaire wonderbra
pour la caissière du ciel
des billes et des boulons
pour les cités radieuses

je vends un fonds des droits de l'homme
pour une giboulée de sansonnets

un lierre pare-vapeur
sur des indemnités chômage
des robinets de chanvre
pour la tisane du soir
un lit-de-camp de charme
pour des amours brindilles
un calicot en tôle
pour un remords syndicat

j'achète une concession de vent
pour un bouquet d'hirondelles

une piaule container
pour une nymphe kasher
une tonsure de granit
pour l'aumônier en herbe
un portail en satin
pour le travail de nuit
un lit-portefeuille
pour la monnaie plastique

je vends une action sur le rêve
pour une averse de criquets

un cargo carmélite
dans un détroit de messe
un tapis de prière
au pied des grues du port
une passerelle buvard
au cours des fonds marins
un lit de pâquerettes
aux clairières de la bourse

je sacrifie un bout d'éternité
pour un vol d'éphémères

un préau de dioxine
dans un fût de banlieue
un vignoble carbone
pour un cru millésime
une seringue de nacre
sur la robe infirmière
un lit de renoncules
à l'hôtel des finances

je garde le droit à la vie
pour une armée de vers

un wagon d'explosifs
dans la cour de l'école
un treillis barbelé
couvrant le libre-arbitre
le bustier de la juge
aux dentelles de cuivre
un delta sulfureux
sous la gaine du sable

je cède un part de fin du monde
pour un tonnerre d'alouettes

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

29 mai 2010

vendredi 28 mai 2010

qui boit qui boite

la femme qui boit qui boite
empile des briques et des cartons
sur des errances et des pardons
s'invente des couvaisons
et des jeux de Pâques

elle est connue du dispensaire
et des animaleries
dans sa tête une hélicoptère sans chrome
un caméléon noir

sur sa fenêtre une buveuse

l'homme qui ment qui mendie
assemble des valises et des adresses
sur des horaires et des titres de transport
s'invente des campements
et des fées clochettes

il est connu des salles d'attente
et des sandwicheries
dans sa tête un échafaudage sans chrome
un flamand gris

sur sa fenêtre un liseron

la femme qui boit qui boite
découd des cols et des glissières
sur des projets de robe du soir
s'invente des bribes et des chagrins
et des parfums de source

la femme qui boit qui boite
consulte dans un abribus
mange des pilules et des cachous
s'invente des loups des luxures
et des soleils de carême

dans sa tête une belladone

l'homme qui ment qui mendie
défait des guichets des passerelles
sur des raccourcis géographes
s'invente des douanes et des exils
des matins camarguais

l'homme qui ment qui mendie
habite un banc public
mange son crabe et du bois doux
s'invente des météores et des capsules
et des fées de Vénus

dans sa tête une drosera

la femme qui boit qui boite
l'homme qui ment qui mendie

28 mai 2010

lundi 24 mai 2010

j'ai dans le flanc gauche

j'ai dans le flanc gauche
une sacoche en toile de bâche
où sont consignés
tous les documents indispensables
les accouchements les agonies
les invitations les testaments
tous les actes et toutes les minutes
les certificats les justificatifs
les visas et les tickets d'embarquement
tous les carnets de santé et les autorisations

tous les documents indispensables
pour être vivant demain
et reconnu


j'ai dans le flanc gauche
une capsule de verre opaque
où sont mis en réserve
tous les plasmas indispensables
les globules les gamètes
les vitamines les dopamines
tous les tanins et toutes les humeurs
les sucres et les acides
les vaccins les anticorps
toutes les saignées et tous les coagulants

tous les plasmas indispensables
pour être vivant demain
et reconnu


j'ai dans le flanc gauche
un gousset en cuir de porc
où sont contenues
toutes les monnaies indispensables
les pistoles les traveller's
les billets à ordre les obligations
toutes les verroteries et tous les bakchichs
les lettres de créance et les pots-de-vin
les lingots et les diamants
toutes les cédules et toutes les hypothèques

toutes les monnaies indispensables
pour être vivant demain
et reconnu


j'ai dans le flanc gauche
une boîte en fer blanc
où sont empilés
tous les moments indispensables
les fiançailles les adultères
les trahisons les serments
toutes les lettres d'amour tous les mots d'adieu
les mariages les voyages
les fidélités les noces d'acier
toutes les nuits d'amour et tous les matins de bonheur

tous les moments indispensables
pour être vivant
et reconnu
et surtout reconnu

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

24 mai 2010

dimanche 23 mai 2010

au fond de l'éprouvette

ce jus au fond de l'éprouvette
c'est de l'angoisse au fond du pot
trois sentiments à la sauvette
un peu de sueur sur la peau
la tisane est sans doute amère
et la vaisselle est ébréchée
il va falloir partir en guerre
mais ton armure est trop rouillée

night in white viscose
la vie nous fait des ecchymoses
night in white nylon
la vie nous fait plus ou moins con

la vie au fond de l'éprouvette
c'est de l'envie qu'on a en trop
un air de flûte une turlurette
ça sent la gigue sous les sabots
vin de messe et jus de groseilles
tous les verres sont dépareillés
le général casse sa bouteille
son chant de guerre est tout rayé

night in white viscose
la vie nous fait des ecchymoses
night in white nylon
la vie nous fait plus ou moins con

l'amour au fond de l'éprouvette
c'est un miracle à pleins tonneaux
un jour de chance à la roulette
le gros lot sur ton numéro
du petit lait goût de liqueur
dans la plus belle porcelaine
la guerre s'arrête de bonne heure
quand on cueille la marjolaine

night in white viscose
la vie nous fait des ecchymoses
night in white nylon
la vie nous fait plus ou moins con

la mort au fond de l'éprouvette
frissonnent les os sous la peau
on volait d'étoiles en comètes
on n'enjambe plus le ruisseau
au compte-goutte du semainier
on se nourrit d'un jus de sonde
on se dit que le compte y est
on n'verra pas la fin du monde

night in white viscose
la vie nous fait des ecchymoses
night in white nylon
la vie nous fait plus ou moins con

night in white viscose
la vie nous fait des ecchymoses
night in white nylon
la vie nous fait plus ou moins con

23 mai 2010

vendredi 21 mai 2010

incendier l'angoisse

devant la mer
devant le mur
devant le fer
devant le dur

rebrancher le courant
et resserrer les tringles
incendier l'angoisse

quand j'ai quitté la ville
j'ai souhaité la gare
quand j'ai détruit la gare
j'ai pénétré la halte
quand j'ai fermé la halte
je me suis dit au revoir


sous le manteau
sous le couvert
sous le corbeau
sous le mystère

désarticuler le temps
éteindre la bastringue
dégoupiller l'angoisse

quand j'ai maudit l'espoir
j'ai tricoté du doute
quand j'ai chassé le doute
j'ai déroulé la carte
quand j'ai brûlé la carte
je me suis salué


face au rideau
face au miroir
face au drapeau
face au comptoir

relever le gant
et retirer l'épingle
fusiller l'angoisse

quand j'ai expulsé dieu
j'ai accueilli l'alcool
quand j'ai renié l'alcool
j'ai accepté l'humain
quand j'ai lâché l'humain
je me suis dit bonjour

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

21 mai 2010

jeudi 20 mai 2010

la vie en a profité

le guetteur
assis sur ma rétine
n'a pas vu le feu sur la ville
ni le pompier dans le bal des étincelles
ni l'arrosoir d'eau de mer

la vie en a profité
pour faucher des violettes
la vie en a profité
pour se vautrer dans un transat

j'aurais bien voulu t'y voir


le guetteur
assis sur ma cornée
n'a pas vu le volcan sur la dune
ni le ramoneur dans sa redingote
ni le radiateur bain de sable

la vie en a profité
pour griller des légumes
la vie en a profité
pour se dorer dans une chaise longue

j'aurais bien voulu t'y voir


le guetteur
assis sur ma pupille
n'a pas vu la foudre sur l'étang
ni le monteur de lignes funambule
ni l'accumulateur tempête

la vie en a profité
pour incendier des luzernes
la vie en a profité
pour balancer dans un hamac

j'aurais bien voulu t'y voir


le guetteur
assis sur mon cristallin
n'a pas vu le monde sur le vif
ni le sorcier sur l'entraille de la poule
ni la boule de cristal en pyrex

la vie en a profité
pour tirer le gros lot
la vie en a profité
pour s'allonger sur la fortune

j'aurais bien voulu t'y voir


le guetteur
couché dans mes cils
n'a rien vu venir
de ton amour atlantique
de ton delta mer rouge

la vie en a profité
pour fermer les yeux
la vie en a profité
pour découcher

j'ai bien aimé t'y voir
j'ai bien aimé t'y contempler

sans gêne ni rapière

20 mai 2010

mardi 18 mai 2010

un soleil de guimauve

un soleil de guimauve
aux vitrines fanfreluches
un bandeau de réclame
au nez rouge du clown
un poème frisquet
sous le réchaud à gaz
le pavé qui résonne
aux chansons patriotes

un vin d'honneur trop jaune
un discours candélabre

un soleil de guirlande
aux aubes communiantes
un calicot d'accueil
au bouclier du vigile
un poème détrempé
au bord de la soucoupe
le bitume qui crisse
aux chants des camarades

des jus de fruits acides
un discours réverbère

un soleil de théâtre
sur la mer en papier
un slogan contrepet
aux portes des waters
un poème charade
au cadran de l'horloge
le plancher qui martèle
le rythme des tangos

du café rebouillu
un discours lampadaire

un soleil de tire-pipe
au dimanche forain
une tombola du diable
aux tickets des saucisses
un poème moutarde
sur l'assiette en carton
la piste des étoiles
pour des slows éternels

des gobelets de bière
un discours bec-de-gaz

un soleil feuilleton
au festival pacotille

un soleil sous-titré
pour des starlettes en braille

un soleil de vingt heures
sur les ombres du monde
un soleil de vingt heures
sur la nuit du monde

18 mai 2010

des seins de glace

un homme chuchote de froid
derrière la remise
souvenirs de sarabandes
débandent
au surplus des caleçons
au surmoins des liquettes

un roulement de tambour
une chaufferette
une anisette
dzim boum des seins de glace


un homme susurre de givre
derrière le hangar
souvenirs de chiffonnades
mascaradent
au surplus des mitaines
au surmoins des chasubles

un tonnerre de cymbales
un brasero
un apéro
tsoin tsoin des seins de glace


un homme psalmodie de gelure
derrière l'entrepôt
souvenirs de ratiboises
dégoisent
au surplus des cache-nez
au surmoins des gaines-culottes

un ricanement de hautbois
une bouillote
une bergamote
lalalère des seins de glace

18 mai 2010

mercredi 12 mai 2010

les amants

derrière le noisetier
les amants de l'année
déroulent des projets
un lit de chêne
une robe blanche
derrière le noisetier
les amants de l'année
débitent des promesses

derrière le lilas blanc
les amants du printemps
ensemencent des projets
des vacances à la mer
une chambre pourpre
un éventail de nacre
derrière le lilas blanc
les amants du printemps
récitent des promesses

derrière la haie de troènes
les amants de la semaine
dessinent des projets
un week-end à la montagne
un lit d'arole
un pyjama pour deux
derrière la haie de troènes
les amants de la semaine
soupirent une promesse

derrière le bar du carrefour
les amants d'un jour
s'inventent un projet
une nuit à l'hôtel
un lit de passage
une demi-bouteille de clairette
derrière le bar du carrefour
les amants d'un jour
épluchent une promesse

derrière le parking du square
les amants d'un soir
n'ont qu'un simple projet
une séance de cinéma
une bière une frite
derrière le parking du square
les amants d'un soir
évitent une promesse

derrière l'enseigne du coiffeur
les amants d'une heure
ne font pas de projet
des baisers à la va-vite
des caresses sous le manteau
derrière l'enseigne du coiffeur
les amants d'une heure
mentent une promesse

derrière la cantine du quai
les amants qui se sont manqués
boivent et reboivent leurs projets
une petite place sur le zinc
un nœud à la chemise
derrière la cantine du quai
les amants qui se sont manqués
recrachent leurs promesses

le canard graisse ses plumes sans se soucier de son cholestérol

12 mai 2010

lundi 10 mai 2010

j'ai bravé des vertiges

j'ai bravé des vertiges
et j'ai plongé
dans les abysses des bibliothèques
j'ai mélangé les codex
déroulé les glossaires
décortiqué les encyclopédies
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai monté le volume

j'ai bravé des vertiges
et j'ai grimpé
la face nord des romans
j'ai dérouillé les styles
déshabillé les héroïnes
détourné les happy end
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai monté le volume

j'ai bravé des vertiges
et j'ai nagé
dans le courant de la poésie
j'ai falsifié les rimes
déchaussé les chevilles
tronçonné les césures
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai monté le volume

j'ai bravé des vertiges
et j'ai plané
dans les vents des phrases
j'ai défaussé le verbe
trucidé le conditionnel
conjugué le beau temps
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai monté le volume

j'ai bravé des vertiges
et j'ai survolé
les miracles des mots
j'ai escamoté les syllabes
frelaté les pluriels
dépouillé le singulier
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai monté le volume

j'ai bravé des vertiges
et j'ai traversé
les corridors des ponctuations
j'ai décapité les apostrophes
serré les points virgules
ouvert tes guillemets
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai baissé le volume
je voulais te dire des trucs et des machins
j'ai baissé l'abat-jour

sans gêne ni rapière

10 mai 2010

dimanche 9 mai 2010

blouson des mauvais jours

c'est le blouson des mauvais jours
des gros mots des injures
des guet-apens et des beignes
des rendez-vous de fin du monde
des cicatrices et des assises
c'est le blouson des bons copains
des bocks de bière des pistaches
des thunes au quatre cent vingt et un
à la vie à la mort et puis santé
des disparitions et des embrouilles
c'est le blouson des mauvais jours
qui pleure sur son clou
c'est le blouson des mauvais jours
qui pleure sur son clou

c'est le chandail des promenades
tricoté de moutons tristes
mauvais endroit tout à l'envers
vieilles bardanes méchantes ronces
des poches ouvertes aux courants d'air
c'est le chandail des giboulées
des faux verglas des vraies glissades
des colères et des trahisons
à toujours à jamais et puis à plus jamais
des larmes froides et des ruptures
c'est le chandail des promenades
qui frissonne au portemanteau
c'est le chandail des promenades
qui frissonne au portemanteau

c'est le paletot de la misère
des poches trouées des crans de ceinture
des nœuds coulants sur un seul bout
des ardoises longues comme des bibles
des usuriers et des poursuites
c'est le paletot de l'infortune
des trains ratés des faux départs
des annulations et des amours manquées
des clefs perdues des pannes d'ascenseur
des tickets perdants et le cheval tombé
c'est le paletot de la misère
qui se lamente à la patère
c'est le paletot de la misère
qui se lamente à la patère

c'est le pardessus des diagnostics
des rhumes tenaces des excès de bile
des bouquets de nerfs et des poitrines d'ange
des eaux miraculeuses des litanies d'ave
des semainiers et des neuvaines
c'est le pardessus des rémissions
trois pas dans le soleil d'un nouveau printemps
une branche de lilas parmi les chrysanthèmes
la vie goutte-à-goutte la mort dans le drain
le sourire impuissant de la soignante
c'est le pardessus des diagnostics
qui se pend à son crochet
c'est le pardessus des diagnostics
qui se pend à son crochet

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

9 mai 2010

dimanche 2 mai 2010

tant de fortune

dans le ciel vers l'ouest
un ours blanc
un chien jaune
un taureau gris
puis sont descendus les moutons de la pluie

tant de fortune et tant de transport
tant de bonne étoile et tant de flamme
ces nuages sont les messagers des horizons
fumées des mines à ciel ouvert
fumées des hauts-fourneaux
suées des métropoles
suées des autoroutes
crachats des pétroles et des kérosènes
crachats des ports et des gares routières
fumées des distilleries de parfum
suées des champs de coton
crachat des plaines maraîchères
tant de fortune et tant de transport
tant de bonne étoile et tant de flamme

il pleut sur les places publiques
il pleut sur les cours d'écoles
il pleut sur les trottoirs
il pleut sur l'arrosoir
la vie fait ce qu'elle peut
il pleut sur ton arrosoir
la vie fait ce qu'elle pleut

dans le ciel juste en dessus
des baleines noires
des mammouths dorés
des rhinocéros argentés
puis sont descendus les criquets de l'averse

tant d'auspice et tant de ravissement
tant de filon et tant de commerce
ces nuages sont les malle-poste des continents
fumées des usines à risque
fumées des crématoires interdits
suées des feux de forêts tropicales
suées des centrales atomiques
crachats des volcans
crachats des tankers
fumées des feux d'eucalyptus
suées des orchidées du désert
crachats des laboratoires de pavots
tant d'auspice et tant de ravissement
tant de filon et tant de commerce

il pleut sur les débarcadères
il pleut sur les châteaux d'eau
il pleut sur les tarmacs
il pleut sur l'arrosoir
la vie fait ce qu'elle peut
il pleut sur ton arrosoir
la vie fait ce qu'elle pleut

tant de fortune et tant de transport
tant de ferveur et tant de d'exaltation
il pleut sur l'arrosoir
la vie fait ce qu'elle peut
il pleut sur ton arrosoir
la vie fait ce qu'elle pleut
tant de fortune et tant de transport
tant de ferveur et tant d'exaltation

like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman

2 mai 2010

ça rajoute

j'ai posé mon regard sur le vide du monde
une barrière
un champ de veaux
des trembles fatigués
je suis présent à toute présence
comme une pivoine sous la pluie

le matin donne
le jour ajoute
le soir rajoute
la nuit s'ajoute
je ne retiens rien et ça fait division

venu de droite
le semi-remorque de misère
pourquoi dites-vous priorité
monsieur l'agent
ça rajoute
je ne retiens rien et ça fait division


j'ai posé mon regard sur le vide du monde
une abreuvoir
une vache pleine
un sureau
je suis présent à toute présence
comme un pivoine sous la pluie

le journal donne
la radio ajoute
la télévision rajoute
la nuit s'ajoute
je ne retiens rien et ça fait division

venu de droite
le poids-lourd de souffrance
priorité dites-vous
monsieur l'agent
ça rajoute
je ne retiens rien et ça fait division


j'ai posé mon regard sur le vide du monde
un tracteur
une jument suitée
une colline d'épicéas
je suis présent à toute présence
comme une pivoine sous la pluie

la rosée donne
la pluie ajoute
l'orage rajoute
la nuit s'ajoute
je ne retiens rien et ça fait division

venu de droite
le train routier de détresse
priorité
monsieur l'agent
ça rajoute
je ne retiens rien et ça fait division


j'ai posé mon regard sur le vide du monde
une bétaillère
un taureau excité
un grand chêne
je suis présent à toute présence
comme une pivoine sous la pluie

le père donne
la mère ajoute
des cousines rajoutent
la nuit s'ajoute
je ne retiens rien et ça fait division

de droite sûr
le quarante-tonnes de chagrin
oui
monsieur
ça rajoute
je ne retiens rien et ça fait division

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

2 mai 2010