lorsque
je descends
le canal fluvial navigable de l’œsophage, parmi
les crues des bourbes et des lies, dans la mangrove des orchidées et des
lianes, au beau milieu du marigot des putréfactions, des pontes des mouches
vertes
les poulies du pylore, agrippé aux filins des
balustres, rincé des sucs perforants et chauds, démembré par les ressacs du
diaphragme, cramé par les ulcères et les œdèmes, cramé puis noyé, noyé dans des
jus d’astringence
dans les écluses de la veine cave supérieure,
scaphandre balloté par les humeurs sombres, les idées de massacres et de
conquêtes, nageur assommé par les radeaux en déroute, les humiliations
compactées en pierres de taille, baigneur attardé dans les rétrécissements
graisseux et grumeleux
lorsque
je descends
je participe à la destruction
j’assiste au dépoitraillage
j’assiste les amibes et les
septicémies
je marie la morve à la germination
lorsque
je descends
vers la rébellion des
tendons, effilochés d’efforts vains et répétés, disloqués de sautes de vent et
des ressauts de la cognée, vers le dépiautage des nerfs usés, abusés, médusés,
corridor des douleurs, paillasse des résignations
sous le démantèlement
des cartilages, pistons ruinés de rouilles et d’acide, calcification des
outrages, durcissement de l’âme et de l’affect, fragilisation des mortaises et
des queues-d’ aigles, mutation du squelette vers l’armure et le bionique
dans la stratégie des
ongles, couteaux multiples, pinces et palans, la coordination des lacérations
purulentes, les écartèlements des plaies, les distorsions des organes annexes
et sentinelles, la mise à plat de diagrammes de survie
lorsque
je descends
je participe aux transplants
nécessaires
j’assiste aux prolongations acharnées
j’assiste l’anesthésiste et le vampire
je marie le plasma et l’eucharistie
je marie le plasma et l’eucharistie
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