1440 minutes

1440 minutes
editions d'autre part

jeudi 17 septembre 2009

les migrateurs

le soir monte de la peupleraie
une dentelle de brume
et un rosaire de feuilles sèches
un jappement dans les roseaux
et un envol de canards

ils ont fait un brasero
dans un tonneau de fuel
qui les rassemble
quelle feuille de route
quel ordre de marche

deux enfants somnolent dans une couverture
ça sent l'urine et le lait caillé
une femme fredonne une berceuse slave
quatre cordes à sa guitare
un grelot à sa cheville
trois hommes se disputent un chemin sur la carte
une bouteille de gnôle est un signal de trêve
un patriarche caresse un mousquet
qui se souvient des colonies
guerres sans nom et sans héros
une mama prie tous les saints du calendrier
chacun sa protection
chacune son martyre

la nuit se tisse dans les branches
un tricot de brouillard
et un chemin de croix de ronces
un ululement bref
et la mort campagnole

ils ont fait un brasero
dans un tonneau de fuel
qui les rassemble
quelle feuille de route
quel ordre de marche

un chien gris lèche une patte blessée
ses yeux coulent et il a mal aux dents
un enfant renifle
un autre pleure en silence
une femme remonte sa robe
et danse une mazurka d'amour
le chemin est une piste aux étoiles
un homme mime le trapéziste sur la frontière
son frère au nez rouge marche sur des verres en pyrex
un troisième fait le nain en marchant à genoux
il faut rire et chanter
il faut boire et danser
un patriarche ricane et flatte sa troupe
une mama claque un ora pro nobis
à la saint Barthélémy

la nuit est tendue sur le fossé
un ourlet de rosée
et un chapelet d'épines
un sifflet de sirène
et un coup de feu

le brasero est éteint dans le tonneau éventré

quand les services de sécurité sont arrivés
ils ont touché la peur, l'abattement et l'abandon

qui les disperse
quelles directives quelle procédure
quels formulaires quelle déshumanité
quels matricules quelle abomination


le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

17 septembre 2009

Aucun commentaire: