1440 minutes

1440 minutes
editions d'autre part

samedi 5 novembre 2011

ce vent fait barrage

maintenant un vent
sombre et teigneux
martèle aux tempes
renfrogne et mâche

à défaut de pluie
c’est une mine de charbon
qui s’abat sur le pays

la vigne s’éprend d’une danse mortuaire
la grive est soûle d’ennui et de vermine
la ville se bougonne et s’anthracite


ce vent fait barrage à la pluie
aux deuils et aux agapes
lève une armée de feuilles
de chants glaciaires et mercenaires

Ötzi m’emmène au bal
un tuba serpent une caisse une trompe
un harmonica toundra
un triangle épineux

le lac est pris d’angoisse
dans la pourriture des joncs et des nénuphars
le merle fiente de l’argousier et du gratte-cul
et je sais le renard qui ronfle
sous un ressaut de tuf


ce vent démonte le meccano
des sentiments et des révoltes
la balayeuse de la voirie
emporte le tout et la notice

c’est un vent de samedi
qui déchante et déroute
chauds les marrons et vin nouveau

une corneille sur le clocher
un ciel de chocards et de dettes


c’est un vent qui dégoûte
et qui ravine la cervelle
c’est un vent abortif
et qui corrode la ventraille

c’est un vent qui dessoude la raison
c’est un vent qui dissout le rêve

c’est un vent

5 novembre 2011

Aucun commentaire: