1440 minutes

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editions d'autre part

mercredi 10 novembre 2010

tu remets une bûche

la vase au fond de l’étang
garde le secret des libellules
je cueille le jonc des tonneliers
ce soir de lune noire
le bonheur est en terre battue
devant le cellier aux légumes
la chemise sent la fleur de foin
une salopette danse sur la coursive
le vin chante l’écurie transpire
une porte grince sous le vent
je rentre par le sentier des granges
le bétail est tranquille
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée

tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie

la glaise sur le chemin
garde le secret des belladones
je cueille des raisins oubliés
dans le matin frisquet
le bonheur est en terre cuite
sur le bord de la fenêtre
la chemise sent la lavande
les épis de maïs dansent sous l’avant-toit
je réchauffe la soupe de poireaux
pain grillé et vieux fromage
bientôt la lecture du journal
la page des morts et les éphémérides
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée

tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie

la terre des labours
gardent le secret des avoines
je cueille les pives de mélèzes
ce jour de première neige
le bonheur est en terre arable
sous les semelles des socques
la chemise sent l’humus
le chien mouillé dort sur le perron
je jette du lard aux pinsons
une pomme rouge pour le vieux merle
je fume sur le banc
une chanson bucolique
le monde est à l’arrêt
le roi peut s’endormir
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée

tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie

le monde est aux arrêts
le roi dort
ainsi que le chat
ainsi que l’araignée
le bouffon est insomniaque
il veille sur l’ordre des choses

tu remets une bûche dans le feu de notre amour
tu jettes une forêt sur notre bel incendie

sans gêne ni rapière

10 novembre 2010

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