quand s'éteint la bougie
ce filin de fumée bleu acre
quand s'arrête la pluie
la goutte ruisselant de travers
quand s'accroche la dernière feuille
le cerisier hésite et s'ébroue
quand sourit le dernier dahlia
l'abeille engourdie et perdue
quand la vie s'amenuise et se fait vapeur
tu sais madame
l'essentiel est fragile
ne le détourne pas
c'est vrai madame
une place au soleil
dans un village du midi
une tourterelle turque
sur le coq du clocher
un refrain trois fois renié
par l'accordéon de la rue
un foulard dénoué
sur une épaule nue
la vie s'amenuise et se fait vapeur
c'est vrai madame
l'essentiel est fragile
ne le mensonge pas
tu sais madame
quand la soupe tiédit
attendant l'inquiétude et l'incompris
quand la persienne s'ouvre
sur un matin brouillard et absent
quand le cheval se couche
remâche sa langue et le champ de course
quand le satellite renonce
désagrège l'abonné et son message
quand la vie s'amenuise et se fait vapeur
tu sais madame
l'essentiel est fragile
ne l'escarbille pas
c'est vrai madame
une boucle de cerises noires
à l'oreille indiscrète et surprise
un collier d'arsenic et de jade
sur la nuque frêle et condamnée
une marmelade de sanguines et d'épices
sur un pain tiède de campagne
un serment de deux sous
dans un papier crépon et cramoisi
la vie s'amenuise et se fait vapeur
c'est vrai madame
l'essentiel est fragile
ne le désamorce pas
c'est vrai madame
l'essentiel est si fragile
qu'il nous fera danser
sur le fil de l'eau
tu sais madame
sur le faufil de l'eau
sans gêne ni rapière
11 décembre 2009
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