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editions d'autre part

dimanche 13 décembre 2009

et c'est l'hiver

devant moi de l'autre côté du val
un village qui n'est qu'une rue
l'école et l'église le café et l'épicerie
les maisons des familles
plus loin les fermes les écuries
et les prairies

l'air est jaune et gris
le froid remonte du torrent
et s'inscrit dans les vignes
c'est un après-midi de solitude
c'est l'hiver

un paysan brûle du foin pourri
les planches du vieux poulailler
et des tonnes de sueur inutile
une fumée lourde et acre
enveloppe les granges et le cimetière
le chagrin est immense et brûle mal

l'air est beige et gris
le froid remonte les vernes
et s'inscrit dans les vergers
c'est un après-midi de torpeur
c'est l'hiver

une homme jeune et sombre
brûle des lettres et des photos
des promesses en fagots
des serments secs et tordus
une fumée acide et bleue
enveloppe la chambre et le grenier
la jalousie est une épine et brûle à vif

l'air est gris et gris
le froid remonte le mur de pierre
et s'inscrit dans le cellier
c'est un après-midi d'ennui
c'est l'hiver

un homme sans âge et sans colère
fume une cigarette avec lenteur
sa vie est en cendres et en souvenirs
il s'agrippe à son mégot et à son banc
une fumée blanche et fine
enveloppe sa prière et son adieu
la vie est une brindille et brûle vite

l'air est indigo et gris
le froid remonte les veines
et s'inscrit dans la cervelle
c'est un après-midi du monde
et c'est l'hiver

devant moi de l'autre côté du val
un village allume ses réverbères
l'air est indigo et anthracite
c'est le soir sur le monde
et c'est l'hiver

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

13 décembre 2009

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