1440 minutes

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editions d'autre part

lundi 3 août 2009

noeud d'attaque

L'homme avait les cheveux jaune roux. Comme un tournesol. Il avait le rire clair et vif comme une truite de rivière. L'orage de juillet l'a cueilli dans la matinée. Au jardin, la tomate, le tournesol, la mauve et le haricot se sont enchevêtrés, les bouts de ficelle ayant cassé. J'avais gardé comme un parjure la petite ficelle qui retenait la gerbe à son cercueil.

Est-ce la même mèche ? Des régions méditerranéennes flambent. Ça et là on noue le feu et le vent pour dévorer la garrigue. Un militaire, un fanatique, un berger, un enfant, chacun détricote l'écheveau de haine et d'imprudence. La petite ficelle a une odeur de soufre et de gasoil. Un joli nœud sur un bouquet d'immortelles est un bien faible alibi.

L'administration sociale a remonté le fil des choses et du temps. Elle a écrit à une femme morte l'hiver dernier une lettre d'excuse pour une allocation erronée. Le veuf recevra trois francs six sous pour mieux éponger son deuil. La petite ficelle du boulier de fonctionnaire est fière d'avoir réparé l'injustice.

Sur l'alpe, le garde-chasse, le vétérinaire, le berger et le chien Patou font le décompte des moutons égorgés par le-la-les loups. La ficelle à gigot est en regret et empaquète la perte du moutonnier.

Au chapitre des autres morts, une philippine de cœur et de pieds, un nègre blanc, une journaliste rouge. Les hommes tombent des rocs et des balustrades. Et des ruisseaux enlèvent des enfants. La légende de Moïse n'est pas une légende suisse.

Au bout de la petite ficelle, une récompense pour celle ou celui qui tissera un nœud d'attaque.

3 août 2009

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